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Algérie : le président Tebboune exclut de faire appel au FMI

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  • Algérie : le président Tebboune exclut de faire appel au FMI

    09 MAI 2020 Mise à jour 09.05.2020 à 16:34 par Pierre Desorgues

    L'Algérie est en grande difficulté financière, après des mois de forte contestation sociale et politique, à laquelle s'est ajoutée la crise du coronavirus et la chute des prix du pétrole. Le président Abdelmadjid Tebboune refuse néanmoins de faire appel au FMI. C'est une "question de souveraineté", dit-il. Le gouvernement entend pour sa part réduire de moitié le budget de fonctionnement de l'Etat. Mais est-ce réalisable ? Cela sera t-il suffisant ? Analyse de Camille Sari, économiste algérien.

    Selon des prévisions du FMI (Fonds monétaire international), l’Algérie devrait connaître une récession de -5,2% en 2020, ainsi qu’un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région. La présidence doit annoncer la mise en place d'une nouvelle loi de finance ce 10 mai. Camille Sari, économiste algérien et auteur de l'ouvrage "Algérie, histoire secrète d'un naufrage annoncé", analyse les marges de manœuvres du pouvoir algérien.


    TV5MONDE : Quelle est la situation financière du pays ?

    Camille Sari : Elle est très mauvaise. Elle est liée à une trop grande dépendance aux revenus des hydrocarbures. Le gaz et le pétrole représentent plus de la moitié de l'activité économique de l'Algérie, la quasi totalité des exportations du pays et 60% des recettes budgétaires de l’État. Or, le budget de cette année 2020 a avait été construit sur la base d'un baril à 50 dollars. La crise sanitaire est arrivée et elle est devenue une crise économique mondiale. Et, par conséquent, la demande mondiale en hydrocarbure s’effondre. Le prix du baril de pétrole est tombé à 25 dollars. Le gouvernement algérien prévoit ainsi un recul des recettes d'hydrocarbures à 20 milliards de dollars contre près de 40 milliards dans sa loi de finance initiale. C'est un désastre financier. Il manque plusieurs dizaines de milliards.

    Car, le pays était déjà dans une situation financière fragile avant cette crise sanitaire. Le prix d'un baril de pétrole au début des années 2010 avait grimpé jusqu'à 110 dollars pour tomber en 2016 à 50 dollars. Les réserves de change du pays ont donc fondu, passant de quelque 200 milliards de dollars en 2014 à 60 milliards de dollars en 2019. L'Algérie n'avait pas été autant en grande difficulté économique et financière depuis le contre choc pétrolier des années 80. Le pays avait dû à l'époque demander en urgence une aide au FMI en 1988.

    TV5MONDE : Le gouvernement algérien vient d'annoncer en urgence une réduction de 50% du budget de fonctionnement de l'Etat. Est-ce réalisable ?

    Ce sera très difficile. Il faudrait pratiquement diviser par deux le salaire des fonctionnaires. Cela n'est pas tenable socialement. C'est une annonce faite pour contenter l'opinion publique. Il faut montrer que l'État fait des efforts. Le gouvernement va faire des économies et donc il n'augmentera pas les impôts et ne touchera pas aux aides sociales. Le gouvernement pourrait freiner les importations. Mais, là aussi, c'est très compliqué. Le pays importe les biens de première nécessité dont il a besoin pour nourrir sa population, comme les céréales par exemple. Le pays pourrait faire tourner la planche à billet, créer de la monnaie. Mais, le risque d'inflation est réel et une éventuelle hausse des prix risquerait de fragiliser les plus pauvres.

    TV5MONDE : Face à de telles difficultés, le président Tebboune a répété que l'Algérie ne ferait pas appel au FMI car c'est une "question de souveraineté".

    Camille Sari : Le FMI, dans la mémoire de nombreux Algériens, renvoie à la crise sociale, puis politique des années 80 et 90. En 1988, le régime, pour faire face à la baisse des prix du pétrole, avait donc fait appel au FMI en 1988 pour sortir de la crise financière. L'État a bien remboursé rubis sur ongle les emprunts contractés auprès de l'institution financière, mais il a dû rapidement réduire très fortement les dépenses sociales. Les émeutes sociales d'octobre 1988 en sont la conséquence. Le régime a alors vacillé. Le pays est rentré dans une crise politique puis, dans la guerre qui a duré plus d'une décennie et coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes.

    Le pouvoir algérien, donc, ne veut pas entendre parler du FMI. Évoquer l’institution financière a un effet désastreux chez les Algériens. Tebboune l'a compris. Le régime ne veut également pas que l'institution financière mette son nez dans les comptes de l'État. Le pouvoir algérien a une culture du secret et il faudrait que le régime justifie ses dépenses. Elles sont pour certaines excessives, comme les achats militaires, par exemple. L’Algérie est l'un des principaux pays acheteurs d'armes sur le continent.


    TV5MONDE : Comment le pays peut-il alors sortir de cette crise financière sans aide extérieure ?

    Camille Sari : Il reste encore, dans les caisses de l'État, quelques 60 milliards de dollars de réserves de change. Le régime peut tenir encore deux à trois ans. Mais, à plus long terme, je ne vois pas comment il pourrait s'en sortir. Beaucoup de gens en Algérie vivent de l'économie informelle. Ce sont des vendeurs dans la rue ou sur les marchés. Ces gens là, avec le confinement qui a été mis en place, survivent difficilement. L'État va devoir dépenser pour faire face à ce désastre social. Il va falloir soutenir les gens économiquement. Si le gouvernement ne le fait pas, il s'expose à une nouvelle contestation politique. Il doit faire des économies, mais en même temps, il doit acheter la paix sociale. C'est une ligne impossible à tenir. Les marges de manœuvre du gouvernement sont quasi nulles.



    Pierre Desorgues

  • #2
    Quel pays africain- autre que l'Algérie- dispose d'une réserve de change de 60 milliards de dollars?

    De plus, souvenez-vous du serment de Thomas Sankara: " plutôt être pauvres qu'esclaves du FMI"

    - Camille Sari : Il reste encore, dans les caisses de l'État, quelques 60 milliards de dollars de réserves de change. Le régime peut tenir encore deux à trois ans. Mais, à plus long terme, je ne vois pas comment il pourrait s'en sortir. Beaucoup de gens en Algérie vivent de l'économie informelle. Ce sont des vendeurs dans la rue ou sur les marchés. Ces gens là, avec le confinement qui a été mis en place, survivent difficilement.

    L'État va devoir dépenser pour faire face à ce désastre social. Il va falloir soutenir les gens économiquement. Si le gouvernement ne le fait pas, il s'expose à une nouvelle contestation politique. Il doit faire des économies, mais en même temps, il doit acheter la paix sociale. C'est une ligne impossible à tenir. Les marges de manœuvre du gouvernement sont quasi nulles.-.

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    • #3
      Salam,

      C’est tjrs un plaisir d’entendre Mr Sari parler..
      Dans une situation économique désastreuse, le risque d’une révolte sociale est très grand.. Faute de pouvoir acheter la paix sociale, nos dirigeants vont l’imposer par la force. Je pense que la répression ne va pas cesser d’augmenter.

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      • #4
        Le président Abdelmadjid Tebboune refuse néanmoins de faire appel au FMI. C'est une "question de souveraineté", dit-il.
        Il a dit plus que ça.. lol

        C'était il y a une semaine.. en réponse à un journaliste :

        " Si nous recourons au FMI, bye bye à notre position sur la Palestine et à notre politique internationale ".

        Autrement dit.. FMI = Jared Kushner

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        • #5
          Camille Sari : Il reste encore, dans les caisses de l'État, quelques 60 milliards de dollars de réserves de change. Le régime peut tenir encore deux à trois ans. Mais, à plus long terme, je ne vois pas comment il pourrait s'en sortir. Beaucoup de gens en Algérie vivent de l'économie informelle. Ce sont des vendeurs dans la rue ou sur les marchés. Ces gens là, avec le confinement qui a été mis en place, survivent difficilement.
          j'imagine les pays qui n'ont 60 MDS$ de coté, comment ca va être leur situation ? dès qu'il s'git de l'Algérie le verre est toujours à moitié vide, voir complètement vide! et les autres tout va à merveille, même pendant ces temps de pandémie !

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          • #6
            à croire que l'Algérie ne produit rien, 0%, et importe 100% de ses besoins, c'est impressionnant l'image négative de l'Algérie à l'étranger, contrairement à d'autres qui sont dans une situation beaucoup plus catastrophique que nous, mais ils bénéficient d'une certaine mansuétude pour services rendus surement...

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            • #7
              Le FMI adopte une economie reel

              L'Algerie doit travailler avec le FMI pour la conseiller et guider dans ces choix economiques sans etre forcee de les adopter. Maintenant avec la crise covid. Il faut emprunter avec des taux bas d'interets qu'attendre apres que les caisses sont vides et les prets sont a un taux eleve et peut etre difficile d'avoir un pret avec cette crise du covid s'il arrive qu'elle persiste. Meme si Tebboune compte sur l'arabie saoudite de lui preter cette derniere sera en difficulte economique avec les prix depresses du petrole au cas ou la crise sanitaire persiste. Ceci est une decision strategique et il faut une reflexion serieuse.

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              • #8
                le recours au credit n est pas aussi simple aupres du fmi, il vous impose la marche a suivre et devient votre tuteur jusque au remboursement de la dette ,il juge severement la gestion du pays qui ont conduit a venir frapper a la porte du fmi .

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                • #9
                  Tebboune refuse l’emprunt pour des raisons idéologiques. Mais lorsque les réserves de changes s’épuiseront, il n’aura pas d’autre choix que de recourir à l’endettement extérieur.

                  La bancarisation de l’argent du secteur informel résoudra un problème de liquidités temporaires pour le Budget de l’État, mais n’apportera pas de solution au dinars menacé sans contrepartie de devises extérieures.
                  Dernière modification par shadok, 11 mai 2020, 14h20.
                  Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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                  • #10
                    il juge severement la gestion du pays qui ont conduit a venir frapper a la porte du fmi

                    T’inquiète , on a déjà été client chez lui , on connait le boss

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                    • #11
                      Et si on posait la question inversement, le FMI accepterait il de prêter de l’argent a l’algerie ?
                      Dans l’etat actuel des choses , non
                      La mer apportera à chaque homme des raisons d'espérer , comme le sommeil apporte son cortège de rêves C.C.

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                      • #12
                        supernova

                        je suis mort de rire.MDR

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                        • #13
                          Et si on posait la question inversement, le FMI accepterait il de prêter de l’argent a l’algerie ?
                          oui pourquoi pas, puisque l'Algérie a déjà prêté (il y a 7 ou 8 ans si mes souvenirs sont bons )et aidé le même FMI et d'aprés les dires , l'argent n'a jamais été remboursé à ce jour http://www.mf.gov.dz/article/2/A-la-...e-dollars.html
                          Dernière modification par ACAPULCO, 11 mai 2020, 00h36.
                          Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
                          (Paul Eluard)

                          Commentaire


                          • #14
                            Face à de telles difficultés, le président Tebboune a répété que l'Algérie ne ferait pas appel au FMI car c'est une "question de souveraineté".

                            Depuis fort longtemps, les financiers tiennent les pays du sud et plus particulièrement les pays africains par la barbichette, et ce sont ces mêmes financiers qui gèrent ces pays. Ils sont soumis au diktat des puissants. En réalité, ils perdent leur souveraineté: il suffit de les voir comment ils abandonnent leur peuple dans la précarité, la prostitution, l'exil et la mendicité. Ils ne leur reste que les leviers de la répression et marchander leur jeunesse en mal de vivre.
                            Beaucoup de jeunes africains ont pris conscience et luttent pour une Afrique souveraine et s'exonérer de leur pseudo indépendance.
                            Même un pays puissant qui, certes peut négocier car il a des leviers politiques ou géostratégiques, se fragilise! Alors que dire d'un pays bancale!
                            Sankara l'a bien compris.....on connait la suite.
                            Dans la vie de tous les jours, celui qui a des dettes rase les murs et parfois va au-delà de tout comportement vertueux.
                            Demander de l'aide à vos amis sincères et ayant les mêmes vues géostratégiques. J'ai remarqué à plusieurs occasions, certains pays ayant perdu leur souveraineté votaient, dans les instances internationales à l'encontre de leur propre peuple et de leur continent. J'en ai côtoyé certains. Réponse: nous n'avons pas le choix!

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                            • #15
                              Envoyé par tariqlr
                              il suffit de les voir comment ils abandonnent leur peuple dans la précarité, la prostitution, l'exil et la mendicité. Ils ne leur reste que les leviers de la répression et marchander leur jeunesse en mal de vivre.
                              Tu as parfaitement raison mais on constate aussi que dans des pays comme l'Algerie, qui soi-disant refusent d'être soumis au diktat des puissants, il y a tout ce que tu cites: la précarité, la prostitution, l'exil, la mendicité et la répression.

                              La réalité est que le problème n'est pas le FMI mais les régimes en place qui pour rester en place se soumettent au diktat des puissants et tu le sais mieux que moi, le régime algérien ne fait pas exception à cette règle.

                              Et donc lorsque Tebboune répète qu'il ne fera pas appel au FMI car c'est une "question de souveraineté", ce n'est que du blabla populiste.

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