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Coup de froid sur les relations entre Paris et Alger

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  • Coup de froid sur les relations entre Paris et Alger

    A Paris, les dernières déclarations et décisions de l’exécutif à Alger ont fait retomber l’optimisme
    13 Mai 2020



    Entre la France et l’Algérie, il y a de nouveau de la friture sur la ligne. En l’espace d’un mois, l’ambassadeur français, Xavier Driencourt a été convoqué trois fois au ministère des Affaires étrangères à Alger pour se faire remonter les bretelles, notamment à propos d’une déclaration sur la liberté de la presse passée sur France 24 puis d’un tweet de l’état-major français des armées, retiré depuis.


    Il s’agissait en fait d’une photo montrant un légionnaire français en train de clouer des plaques représentant différentes destinations géographiques dont l’Ukraine, Bayonne et l’Algérie accompagnées de l’expression : « On garde le cap ! ». Sur la plaque représentant l’Algérie, la mention Tizi-Ouzou, le drapeau berbère et le terme Bylka (Kabyle en verlan) figurait aux côtés du drapeau officiel.

    De quoi susciter l’ire de certains internautes et des autorités. Pourtant, après une année 2019 marquée par la méfiance du général Gaïd Salah, décédé depuis, à l’égard de l’ex-puissance coloniale soupçonnée de souffler sur les braises du hirak, le mouvement protestataire algérien, les premières rencontres de 2020 auguraient d’une embellie de la relation.


    Après un léger retard, Emmanuel Macron avait fini par féliciter le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, élu le 19 décembre dernier. Un geste apprécié en haut lieu. Jean-Yves Le Drian avait ensuite reçu, pour la première fois depuis longtemps, un accueil chaleureux de son homologue, le 21 janvier à Alger. De retour dans la capitale algérienne le 12 mars pour un comité mixte algéro-français de coopération économique (Comefa), le patron du Quai d’Orsay avait même évoqué une « dynamique nouvelle » entre les deux pays, louant au passage la coopération sur les dossiers malien et libyen. Et d’annoncer la tenue du comité interministériel de haut niveau, en présence des Premiers ministres français et algérien, début juillet.

    Pour la première fois, un chef de l’Etat algérien a utilisé le terme de « purification ethnique », dénonçant la mort de 5,5 millions d’Algériens de « tous âges confondus, soit plus de la moitié des habitants de l’Algérie sous l’occupation coloniale »

    « Double langage ». « Alger a un double langage, estime un observateur privilégié de la scène politique. Pour séduire les Européens, le pouvoir présente des réformes ambitieuses (nouvelle constitution, libéralisation économique...), mais le système et les méthodes n’ont pas changé. Il profite même du confinement pour durcir la répression sur les activistes et les journalistes. Ne tombons dans l’angélisme ! »

    Plusieurs déclarations et décisions récentes sont venues doucher les espoirs français. Alors qu’Emmanuel Macron s’apprêtait à commérer, le 8 mai, le 75e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, le président Abdelmadjid Tebboune a dénoncé, dans un message à la nation « les crimes imprescriptibles » de l’ancienne puissance coloniale à l’égard de son peuple.

    Pour la première fois, un chef de l’Etat algérien a utilisé le terme de « purification ethnique », dénonçant la mort de 5,5 millions d’Algériens de « tous âges confondus, soit plus de la moitié des habitants de l’Algérie sous l’occupation coloniale ». Le président Tebboune a aussi demandé aux historiens de son pays de faire la lumière sur ces crimes et a loué la maturité de son peuple « pour faire échouer les manœuvres des courants et lobbies racistes de l’autre rive de la Méditerranée ».

    Sur le plan économique, Total a aussi été informé qu’il ne pourrait racheter les actifs d’Anadarko en Algérie, préemptés par la société publique Sonatrach. Enfin, la loi de finances rectificative, adoptée dimanche, est venue mettre fin au régime avantageux accordé aux fabricants automobiles, dont les français Renault et PSA qui font de l’assemblage en Algérie. « On nous a fait comprendre que la fête était finie pour les entreprises hexagonales », poursuit l’observateur.

    Dans le même temps, le pouvoir algérien encense la coopération avec la Chine, dans le contexte de crise sanitaire du moment, renouant avec l’esprit politique des non-alignés de la conférence de Bandung. Les nouvelles autorités ne laisseront-elles que des miettes aux entreprises françaises ?

    « Il ne faut pas surinterpréter l’optimisme français qui retombe et l’enthousiasme chinois du moment, commente Thierry Pairault, sinologue et directeur de recherche émérite (CNRS/EHESS). Les autorités algériennes sont familières de ce jeu entre les grandes puissances. »

    Selon le codirecteur de Chine-Algérie. Une relation singulière en Afrique (Riveneuve), il ne faut pas surévaluer la relation sino-algérienne. « Il y a eu une période d’euphorie au début des années 2000 avec l’attribution du marché de l’autoroute Est-Ouest et le contrat du port de Cherchell, sur lequel le pays est revenu en justifiant de recherches archéologiques. Mais l’Algérie ne pèse in fine pas grand-chose dans la stratégie économique globale de la Chine. La relation est avant tout politique. La période actuelle est une opportunité de réactiver l’esprit des relations révolutionnaires nouées par la République populaire de Chine au temps de la lutte anticoloniale du Front de libération nationale (FLN). »

    « En Algérie comme dans le reste de l’Afrique, les bisbilles françaises sur l’efficacité de la chloroquine ont des allures de querelles byzantines »
    « Epouvantail chinois ». Dans l’entourage du président Tebboune, on minimise toute posture antifrançaise. « L’Algérie a simplement voulu garder la souveraineté sur les hydrocarbures, un secteur qui ne sera pas ouvert à la libéralisation actuelle », explique l’un de ses conseillers. La France savait aussi pertinemment que le traitement préférentiel accordé aux assembleurs automobiles allait arriver à terme.


    « Nous sentons un rapprochement avec la Chine et le durcissement de la relation avec la France, évoque, pour sa part, un homme d’affaires algérien. Le nouvel exécutif est en train d’imposer ses hommes dans l’administration et les entreprises publiques. Cela crée des tensions et il est trop tôt pour savoir si les autorités agitent l’épouvantail chinois pour négocier un accord plus avantageux avec l’Europe ou si elles ont fait le choix de l’Empire du Milieu. Seule certitude : notre pays connaît de sérieuses difficultés alors que ses réserves financières s’épuisent. » L’Algérie ira-t-elle frapper à la porte de la Chine alors que le président Tebboune a exclu d’avoir recours au Fonds monétaire international ? Les autorités ont encore quelques mois de marge financière alors qu’elles réduisent drastiquement le train de vie de l’Etat.

    Elles ne semblent pas avoir tourné le dos à tout ce qui est français. Elles ont généralisé les traitements à l’hydroxychloroquine du professeur Raoult pour lutter contre le Covid-19. « En Algérie comme dans le reste de l’Afrique, les bisbilles françaises sur l’efficacité de la chloroquine ont des allures de querelles byzantines, explique Samy Ghorbal de l’agence de relations publiques 35°nord. Et le médecin français est auréolé d’un statut de bienfaiteur. » Le combat de l’infectiologue marseillais contre Paris trouve aussi un écho dans des Etats qui ont lutté contre l’ancienne métropole.

    lopinion.fr
    Pascal Airault
    Dernière modification par sako, 13 mai 2020, 22h37.

  • #2


    Entre la France et l’Algérie, il y a de nouveau de la friture sur la ligne. En l’espace d’un mois, l’ambassadeur français, Xavier Driencourt a été convoqué trois fois au ministère des Affaires étrangères à Alger pour se faire remonter les bretelles, notamment à propos d’une déclaration sur la liberté de la presse passée sur France 24 puis d’un tweet de l’état-major français des armées, retiré depuis.

    Il s’agissait en fait d’une photo montrant un légionnaire français en train de clouer des plaques représentant différentes destinations géographiques dont l’Ukraine, Bayonne et l’Algérie accompagnées de l’expression : « On garde le cap ! ». Sur la plaque représentant l’Algérie, la mention Tizi-Ouzou, le drapeau berbère et le terme Bylka (Kabyle en verlan) figurait aux côtés du drapeau officiel.




    Est-ce vrai que l'ambassadeur de France a été convoqué pour cette affaire ?


    Dernière modification par sako, 13 mai 2020, 22h35.

    Commentaire


    • #3
      ce qui intéresse la france , ce n'est pas le hirak mais ses intérêts notamment coloniaux, par conséquent le hirak ne doit pas se faire flouer
      Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
      (Paul Eluard)

      Commentaire

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