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L’Algérie et le Liban impliqués dans un scandale de pétrole « défectueux »

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  • L’Algérie et le Liban impliqués dans un scandale de pétrole « défectueux »

    La société nationale algérienne d’hydrocarbures Sonatrach est accusée par les autorités libanaises d’avoir expédié du pétrole frelaté, une accusation qu’elle dément

    Le mois dernier, Électricité du Liban (EDL) a informé les tribunaux libanais que le pétrole des dernières livraisons effectuées par la filiale londonienne de Sonatrach était « défectueux »
    Par Yasmina Allouche
    Date de publication: Vendredi 15 mai 2020 - 11:08
    |
    Dernière mise à jour: il y a 2 jours 8 heures

    Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a ouvert une enquête sur un scandale de grande ampleur impliquant la société énergétique publique algérienne Sonatrach qui a éclaté le mois dernier au Liban.

    Des responsables libanais accusent Sonatrach d’avoir livré du pétrole défectueux à la société publique Électricité du Liban (EDL) et ont procédé à une vingtaine d’arrestations depuis le mois d’avril, dont celle du représentant libanais de Sonatrach, Tarek Faoual.



    La semaine dernière, Sonatrach a démenti « les allégations inexactes et fausses à propos de l’implication d’un cadre de Sonatrach dans cette affaire », indiquant que Faoual était un agent maritime indépendant, travaillant pour une filiale pour le compte de Sonatrach Petroleum Corporation (SPC).

    Le porte-parole du président algérien, Mohand Oussaïd Belaïd, a qualifié mercredi ce scandale de « problème libano-libanais » et précisé que « l’Algérie, en tant qu’État, n’[était] pas impliquée » mais que la « justice algérienne s’occuperait du volet concernant l’Algérie ».

    SPC a également publié un communiqué de presse pour protester contre « la vile campagne de diffamation coordonnée visant à entacher la réputation de la société ».

    Les remarques de Belaïd interviennent une semaine après que le ministre libanais de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, a reçu l’ambassadeur algérien au Liban, Abdelkrim Rekibi, pour discuter de cette affaire.

    Contrat « secret »
    La même semaine, la députée libanaise Paula Yacoubian a fustigé la nature « secrète » du contrat signé entre la société pétrolière algérienne et l’État libanais en 2005, l’année même où l’Algérie a annoncé l’ouverture de ses importantes réserves gazières aux échanges commerciaux.

    « Le dossier du carburant défectueux est un énorme scandale, documenté par de nombreux rapports », a déclaré l’élue libanaise lors d’une conférence de presse au Parlement, déplorant que certains « commencent à œuvrer pour l’enterrer ».

    « Le dossier du carburant défectueux est un énorme scandale, documenté par de nombreux rapports »

    - Paula Yacoubian, députée libanaise

    « Des déchets pétroliers sont envoyés au Liban et il faut que l’enquête à ce sujet englobe la société qui fait fonctionner les navires-centrales », a ajouté la législatrice, en référence à Sonatrach, accusant également « des responsables communautaires et des politiques de haut rang » d’être impliqués dans le scandale.

    Le mois dernier, EDL a informé les tribunaux libanais que le pétrole des deux dernières livraisons effectuées par la filiale londonienne de Sonatrach était « défectueux ».

    Les tribunaux du pays ont également émis des mandats d’arrêts à l’encontre d’un certain nombre d’employés de la société d’inspection libanaise Petrol Survey and Technics (PST), les accusant de « corruption, versement de pots-de-vin, escroquerie et abus de confiance ».

    Des accusations ont également été portées cette semaine contre douze personnes liées à l’affaire du pétrole défectueux, notamment le directeur général d’EDL, Kamal al-Hayek, pour « faute professionnelle » ; le directeur général en charge des installations pétrolières, Sarkis Hleis ; et la directrice générale en charge du pétrole au ministère de l’Énergie et de l’Eau, Aurore Feghali, pour avoir accepté des pots-de-vin et négligence.

    Feghali et la directrice des laboratoires centraux, Khadija Noureddine, ont également été accusées d’avoir falsifié des rapports afin de permettre le déchargement du pétrole frelaté au bénéfice de Sonatrach et de la société libanaise ZR Group.

    Le 6 mai, deux anciens ministres de l’Énergie libanais, Nada Boustani et Mohammad Fneish, ont également été cités à comparaître.


    L’homme d’affaire algérien Farid Bedjaoui, citoyen libanais naturalisé qui possède également les nationalités française et canadienne, est également menacé de poursuites.

    Bedjaoui est également impliqué dans plusieurs affaires de corruption en Algérie, notamment des pots-de-vin d’un montant de 275 millions de dollars entre Sonatrach et les géants italiens de l’énergie Saipem et ENI, visant à garantir plus de 10 milliards de dollars de contrats pour la construction de gazoducs et oléoducs depuis l’Afrique du Nord vers la Méditerranée, selon les enquêtes et informations des Panama Papers.

    Bedjaoui, qui fait déjà l’objet de mandats d’arrestation délivrés par l’Italie et l’Algérie, est également accusé d’avoir utilisé un groupe de sociétés offshore afin de dissimuler ses transactions en choisissant des pays qui assurent l’anonymat des actionnaires, notamment le Liban.

    Une société liée à Bedjaoui, Collingdale Consultants Inc, a détourné jusqu’à 15 millions de dollars en faveur d’associés et de la famille de Chekib Khelil, l’ancien ministre de l’Énergie algérien (1999-2010) et ancien PDG de Sonatrach (2001-2003), qui a déclaré par le passé que Bedjaoui était « comme un fils » pour lui, toujours selon les Panama Papers.

    Chekib Khelil avait été placé sur la liste des personnes recherchées par Interpol en 2013, et en 2019, des affaires de corruption ont été rouvertes contre lui en lien avec les accords Saipem-Sonatrach.

    Mounir Sakhri, directeur de la communication à Sonatrach, a nié toute responsabilité concernant le pétrole défectueux, indiquant qu’il ne s’agissait que d’« une seule cargaison ».

    « Au port de chargement, elle a fait l’objet d’analyse par des bureaux d’expertise indépendants, lesquels ont établi qu’elle répondait fidèlement aux exigences contractuelles », a-t-il expliqué dans une interview pour le journal algérien El-Watan mercredi.

    « Pourquoi le qualifier de frelaté, défectueux, voire douteux ? »

    Une société frappée par le scandale
    La société gazière et pétrolière publique algérienne, créée en 1963 – un an après l’indépendance du pays –, est devenue la principale source de revenus de l’État, permettant au gouvernement d’assurer sa survie jusqu’à présent en finançant des programmes sociaux, en subventionnant une large gamme de produits et en construisant des infrastructures.

    C’est également une arène ou les « clans » du pays – oligarques, politiciens, l’armée et les services de sécurité – règlent leurs comptes entre eux.



    L’Algérie, membre de l’OPEP, fournit 15 % des besoins en gaz naturel de l’Europe et dispose des deuxièmes réserves pétrolières les plus importantes d’Afrique.

    Cependant, entre 2004 et 2013, Sonatrach a perdu en moyenne 1,5 milliard de dollars par an à travers l’évasion fiscale, les pots-de-vin, la corruption et la criminalité, selon l’enquête des Panama Papers sur les dépôts financiers offshore illégaux.

    L’affaire de corruption la plus récente lancée par les autorités algériennes implique l’enquête sur Mohamed Meziane, le directeur exécutif de Sonatrach, et d’autres membres de son équipe de direction.

    L’année dernière, le président par intérim Abdelkader Bensalah a démis Abdelmoumene Ould Kaddour de ses fonctions de PDG de Sonatrach. Ould Kaddour était proche de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, qui l’avait nommé à ce poste en 2017 après des années d’agitation au sein de la direction de l’entreprise et de scandales de fraude.

    Trois changements sont intervenus depuis son limogeage. Depuis février, c’est Toufik Hakkar qui occupe le poste de PDG.

    L’économie algérienne dépend fortement des réserves de change tirées du gaz et du pétrole, qui ont chuté de 162,4 milliards d’euros en 2014 à seulement 57 milliards d’euros fin 2019.

    Selon les prévisions du FMI, l’Algérie connaîtra sûrement une récession en 2020 ainsi que l’un des plus importants déficits budgétaires dans la région en raison de la chute des cours du pétrole et de la pandémie de coronavirus, qui a jusqu’à présent coûté la vie à plus de 500 Algériens.

    Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
    MEE

  • #2
    L'enquête a débouché sur l’émission de plusieurs mandats d’arrêt par défaut, notamment contre le représentant au Liban de la compagnie publique pétrolière algérienne Sonatrach, qui a été placé en détention, et contre plusieurs responsables au sein du ministère de l’Énergie.

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