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Location des bacs de stockage de la Samir : Comment l'Etat justifie sa démarche

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  • Location des bacs de stockage de la Samir : Comment l'Etat justifie sa démarche

    Par A.E.H
    Le 14 mai 2020 à21:11Modifié le 15 mai 2020 à 12:06

    Un contrat de bail et un cahier des charges en préparation. Une mesure prise dans le cadre de « l’Etat d’urgence sanitaire ». Le Maroc veut profiter de la baisse internationale des prix pour reconstituer ses réserves

    L’Etat marocain a reçu l’autorisation d’exploiter les bacs de stockage de la Samir. La décision a été rendue ce jeudi 14 mai par Abderrafii Bouhamria, juge-commissaire chargé de la liquidation du raffineur.

    « Urgente », la demande avait été déposée deux jours plus tôt via l’Agence judiciaire du Royaume. Elle a été initiée au nom de l’Etat en la personne du Chef du gouvernement.

    L’exploitation des cuves se fera dans le cadre d’un contrat de location. Le prix du bail, sa durée et d’autres détails restent à déterminer. L’Etat laisse au juge-commissaire le soin de fixer le prix en se référant à la pratique internationale en la matière. Les droits et obligations des différentes parties seront régis par un cahier des charges.

    Le juge-commissaire a déjà reçu des demandes similaires. Soumises par des opérateurs privés, marocains ou étrangers, elles avaient systématiquement été rejetées. Cette fois-ci, la décision judiciaire a été prise en un temps record (48H).

    Du côté de l’Etat, la démarche se prépare depuis plusieurs semaines. Avant le dépôt de la requête, une commission technique avait été dépêchée sur les sites de la Samir pour s’enquérir de l’état des citernes. Leur bon état a justement incité les autorités à sauter le pas. Mais c’est surtout l’importante capacité de stockage qui a fait la différence.

    La Samir dispose d’un parc de près de 280 réservoirs destinés au stockage du pétrole brut, de produits intermédiaires et raffinés. Les citernes sont réparties entre trois sites, dont le plus important est celui où se situe la raffinerie (Mohammedia), avec une capacité de 1,51 million de m3.

    La capacité globale est quant à elle estimée à 2 millions de m3, l’équivalent de 60 jours de consommation. Or, les réserves de sécurité marocaines sont en dessous du minimum légal (20 à 30 jour alors que le minimum requis est de 60 jours).

    L’initiative étatique est donc tout sauf anodine. Elle s’inscrit dans le contexte international de baisse exceptionnelle des prix du pétrole, conséquence de la crise provoquée par la pandémie covid-19. Pour les pouvoirs publics, il s’agit de profiter de cette situation pour acquérir des produits pétroliers et reconstituer les réserves de sécurité.

    L’idée est de « satisfaire les besoins du marché national » et assurer « la continuité d’un service public stratégique tout en garantissant la sécurité énergétique du pays », nous informe une source proche du dossier. C'est une question de "souveraineté énergétique".

    Juridiquement, l’Etat motive sa demande par l’article 5 du décret-loi sur l’état d’urgence sanitaire. Qui dispose : « En cas de nécessité impérieuse, le gouvernement peut prendre, de manière exceptionnelle, toute mesure de nature économique, financière, sociale ou environnementale à caractère urgent ». Comprenez : La location des bacs de la Samir est bien une mesure prise dans le cadre de l’état d’urgence ! C’est une décision « qui vise à prévenir les effets négatifs de la pandémie sur l’économie marocaine ».

    Que gagne la Samir ? Par la location de ses réservoirs, l’Etat espère assurer de nouveaux revenus au raffineur, à l’arrêt depuis août de 2015. De même, l’exploitation des installations implique un entretien permanent qui permettra leur préservation en vue d’une éventuelle cession à des tiers. Bien que réclamée par les syndicats de la Samir, l’option de la nationalisation n’a, pour l’heure, pas été évoquée par les pouvoirs publics.

    Ce mercredi, et avant que le dossier ne soit mis en délibéré, trois contrôleurs à la liquidation (BCP, Douane et Syndicat) ont été sollicités pour donner leurs avis quant à l'opportunité de l'opération. BCP s'est dit pour, sous réserve d'obtenir quelques éclaircissements et que la location ne nuit pas au processus en cours de cession. La Douane s'est abstenue en attendant des données plus claires sur le contrat d'exploitation.

    Troisième contrôleur, le représentant des salariés Houssine El Yamani a quant à lui exprimé son refus, expliquant que cette décision risque de " dissuader des candidats potentiels au rachat, eux aussi intéressés par l'exploitation des capacités totales de stockage". Pour lui, "la location n'impliquerait au contraire qu'une exploitation partielle, portée uniquement sur les produits finis qui ne représentent que 40%, alors que 60% de la capacité sont destinés au pétrole qui peut être exploité avec la reprise de l'activité du raffinage".

    Dans un communiqué publié la veille, le syndicat (affilié à la CDT) représentant les salariés de la Samir a quant à lui exprimé son refus face à une décision qualifiée "d'entrave au processus de cession", appelant l'Etat à prendre des mesures concrètes pour le redémarrage de l'activité de raffinage, notamment par la "cession, location gérance ou nationalisation".

  • #2
    La Samir : Les contours du futur contrat de location avec l'Etat

    Par Abdelali El Hourri
    Le 18 mai 2020 à20:52Modifié le 19 mai 2020 à 00:33

    Nouveaux détails sur le contrat entre l’Etat et la Samir. La location sera automatiquement résiliée en cas d’offre sérieuse d’un acquéreur ou en cas de gérance-libre. L'acquéreur ou le gérant auront un droit de préemption sur le carburant stocké.

    L’Etat marocain se prépare à exploiter, sous forme de location, les nombreux bacs de stockage dont dispose la Samir. Objectif : Reconstituer les réserves de sécurité en carburant, aujourd’hui très en dessous des 60 jours réglementaires et ce, en profitant des cours bas à l'international.

    Cette démarche historique a été actée par une ordonnance rendue le 14 mai par Abderrafii Bouhamria, juge-commissaire chargé de la liquidation du raffineur. Médias 24 avait livré en primeur les motivations de l’Etat marocain. Aujourd’hui, nous livrons en exclusivité le contenu de l’ordonnance et les attendus du juge-commissaires. Cette décision trace les grandes lignes du contrat qui sera conclu entre les parties.

    Le contrat sera signé entre l’Etat et Abelkbir Safadi, syndic judiciaire de la Samir. Dans cette relation contractuelle, l’Etat marocain sera « l’interlocuteur légal ».

    Le locataire devra payer le bail au prix référentiel fixé à l’international. La location des capacités de stockage commence généralement à 4 dollars jusqu'à 7 dollars la tonne par mois.

    Sur cette base, le coût de la location pour l'Etat marocain sera donc de 8 à 14 millions de dollars par mois.

    L’Etat stockera uniquement desproduits raffinés. Depuis mars dernier, le juge-commissaire a reçu plusieurs offres pour la location des bacs de stockage, mais qui portaient toutes sur du pétrole brut. Elles ont toutes été rejetées (les motifs du rejet et les détails sur les offreurs feront l’objet d’un autre article).

    Pour le juge-commissaire, la location n’est pas « contradictoire avec la procédure de liquidation judiciaire » et n’aura pas d’incidence sur la cession. D’autant que « le contrat de bail sera éteint automatiquement avec la survenance d’une offre sérieuse pour l’achat de la société SAMIR ».

    En effet, la location sera résiliée de droit en cas de cession ou de gérance libre (location-gérance) de la Samir, selon l’ordonnance. Ce qui devrait rassurer les salariés et d’autres parties, inquiets que cette opération empiète sur les processus de cession et de location-gérance. En cours, celles-ci n’ont, pour l’heure, pas abouti faute d’offres recevables.

    Après la résiliation du contrat de location, l’Etat bénéficiera d’un délai pour vider les réservoirs. L’acquéreur ou le locataire-gérant auront un droit de priorité (préemption) sur l’achat des stocks de pétroles.

    Des travaux de maintenance nécessaires, à la charge du bailleur

    Selon nos sources, parmi les candidats sérieux à l’acquisition, certains souhaitaient eux-aussi profiter du contexte actuel de baisse des prix à l’international pour stocker du carburant dans les cuves de la Samir. « La revente de ces produits aurait permis de dégager les revenus nécessaire au redémarrage de l’activité de raffinage, qui reste le cœur de métier de la Samir », avance une source proche du dossier.

    L’initiative de l’Etat ne poursuit pas le même objectif. Sa demande s’inscrit « dans une perspective d’intérêt général », estime le juge-commissaire dans ses attendus. Il s’agit de sécuriser l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. La demande de l’Etat a d’ailleurs été motivée sur la base de l’article 5 du décret-loi encadrant l’état d’urgence sanitaire.

    D’autre part, « la continuité de l’exploitation de la Samir requiert le paiement des salaires et des frais de maintenance pour la préservation de l’unité de production », ajoute le magistrat. Or, tout en « remplissant les conditions juridiques, la location permettra d’activer les crédits financiers susceptibles de sécuriser – bien que momentanément – les dépenses pour la continuité de l’exploitation », ajoute-t-il.

    Qui assumera les frais de maintenance ? Intervenant devant le juge-commissaire, l’Agent judiciaire du Royaume, représentant de l’Etat, a déclaré que ces dépenses « demeurent à la charge du bailleur. »

    Cités par le syndic judiciaire, des rapports internes et externes (y compris celui dressé par un service d’inspection public) estiment que l’exploitation des réservoirs de la Samir « est possible », mais sous réserve d’une « utilisation graduelle ». Une partie de « la capacité de stockage nécessite de petites réparations, tandis qu’une autre partie requiert des réparations moyennes à importantes. Mais pour ces installations, la remise à niveau peut se faire dans un délai raisonnable à condition que soient déployées les ressources financières appropriées », estime le liquidateur.

    Les cadres de la Samir dont la compétence est reconnue, seront certainement capables d'effectuer et de superviser à la fois les réparations, la maintenance et le fonctionnement. Mais quid de la matière? Qui achètera les hydrocarbures? Qui financera les stocks? Ce sont les questions centrales qui demeurent posées.
    Dernière modification par Coram, 19 mai 2020, 05h28.

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    • #3
      la samir sera payé en crédit impôt.
      Droite des Valeurs
      Gauche du Travail
      Centre "Intérêt de Mon Pays"

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      • #4
        Bonjour

        L'état aurait du réquisitionner ces silos de stockage depuis le début de la pandémie et surtout profiter des prix bas du pétrole

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        • #5
          Haddou,


          Nous somme dans un état d urgence, l état aurait dû requestionner la Samir en entier, il faut aller lire profondément dans les lois et contrats

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