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Opération Torch à Oran

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    Opération Torch à Oran

    ÉCRIT PAR GEORGES BOSC. ASSOCIE A LA CATEGORIE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

    La "Task Force" centrale a pour objectif Oran. Les forces terrestres, entièrement américaines comptent 39 000 hommes sous les ordres du général Fredendall. Les forces navales, Placées sous le commandement de l'amiral anglais Troubridge, se composent d'une escadre britannique extrêmement puissante (une centaine de bâtiments de guerre) destinée à décourager toute intervention italienne et dissuader la sortie de la flotte française de Toulon (véritable marotte de Churchill). Elle se partage en un groupe de combat, comprenant les cuirassés "Nelson" et "Duke of York", le croiseur de bataille "Renown", les porte-avions "Victorious" et "Formidable", 4 croiseurs et 17 destroyers, et un groupe de couverture composé du cuirassé "Rodney", des porte-avions "Furious", " Bitter " et "Dasher", du croiseur lourd "Delhi", de 2 croiseurs, 11 destroyers et 6 corvettes. L'armada est complétée par quelque 140 transports et cargos.



    L'appareillage a lieu les 22 et 26 octobre en Ecosse, dans l'embouchure de la Clyde. Le commandement a prévu un mouvement d'encerclement d'Oran par l'est et par l'ouest, ainsi que deux opérations de commando qui se révèleront des plus malencontreuses. La première consiste en une attaque "surprise" du port, la seconde en un parachutage sur les terrains d'aviation de Tafaraoui et La Sénia.

    Le 8 novembre à 1 heure, un petit patrouilleur arrivant du Maroc se retrouve au milieu de l'escadre alliée et donne l'alerte. A 2 heures, tous les organes de commandement sont avertis et prennent des mesures de défense.

    A 3 heures, 2 corvettes britanniques arborant pavillon américain, le "Walney" et le "Hartland", se présentent à la passe du port d'Oran en s'annonçant par haut-parleur. Elles ont a leur bord 400 soldats américains et 200 marins qui constituent le commando "Reservist" dirigé par un officier britannique, le capitaine de vaisseau en retraite Thornton Peters. Ce raid d'une folle témérité se propose de neutraliser les postes clés et de se rendre maître du port. Il se solde par un échec total : les deux bâtiments sont coulés, plus de 300 hommes tués et le reste capturé.

    L'opération aéroportée n'aura guère plus de succès. Décollant de Cornouailles, 550 parachutistes sont transportés d'une seule traite sur une distance de 1700 kilomètres pour être largués entre le mont du Tessala et la Sebkha afin d'investir les bases aériennes de La Sénia et Tafaraoui. Ils seront décimés et pour la plupart faits prisonniers.

    Le gros du corps expéditionnaire se scinde en trois groupes:

    - La "Green Force" du colonel Robinett débarque sur la plage de Marsa-Bouzedjar ("Beach X"), 45 kilomètres à l'ouest d'Oran. Il est constitué d'une unité blindée, environ 3 000 hommes et 40 chars. Il doit réaliser un mouvement enveloppant en direction de La Sénia, vers l'est.

    - Le "Combat Team 26" (26e Régiment d'infanterie renforcé), soit 5 000 hommes représentant environ le tiers de la 1ère Division d'Infanterie U.S., sous les ordres du général Théodor Roosevelt (fils du président), débarque sur la plage des Andalouses ("Beach Y"), 30 kilomètres à l'ouest d'Oran. Son objectif est Mers-el-Kébir, puis Oran.

    - La force du général Fredendall. C'est sur le port d'Arzew et la plage de Saint-Leu ("Beach Z"), 25 kilomètres à l'est d'Oran, que se concentre. Elle est constituée par 2 régiments renforcés de la lère Division d'Infanterie U.S., environ 12 500 hommes, d'un bataillon de "Rangers", 500 hommes, et d'un groupement blindé de la 1ère Division Blindée U.S. ("Combat Command B"), 4 500 hommes avec soixante chars légers et moyens. Le port d'Arzew étant occupé sans résistance, ces effectifs sont complétés par une deuxième vague composée de 2 régiments d'infanterie renforcés ("Combat Team 16" et "Combat Team 18"), soit environ 12 500 hommes. Tandis que l'infanterie a pour mission de se déployer vers Oran, les blindés doivent rejoindre Tafaraoui dans un mouvement d'encerclement dirigé vers l'ouest.

    L'aviation embarquée se compose de 180 appareils.

    Côté français, le secteur de défense d'Oran est commandé par la marine ; le contre-amiral Rioult exerçant ce commandement a sous ses ordres le général Boissau et la division d'Oran. Les forces terrestres sont importantes et regroupent 13 bataillons d'infanterie, 6 groupes d'artillerie, 1 régiment de cavalerie, 1 brigade légère mécanique de 45 chars D-1. L'effectif total de 15 500 hommes peut être porté à 20 000 par mobilisation rapide, sans compter le renfort plus ou moins hypothétique de 3 700 volontaires civils appartenant au S-O-L. Des batteries côtières abritées dans les anciennes fortifications espagnoles, notamment au Santon, au Ravin Blanc et à Canastel, offrent une défense appréciable vers la mer, que vient compléter une flotille formée d'1 contre-torpilleur, 3 torpilleurs, 1 aviso, 4 sous-marins armés et 4 en gardiennage, 4 patrouilleurs et 2 sections de dragage. L'aviation compte plus de 100 avions répartis sur les terrains de La Sénia et Tafaraoui, ainsi qu'un groupe d'hydravions à l'hydrobase d'Arzew. Malgré une information tardive, la résistance civile bien organisée jouera son rôle. C'est ainsi que la passe sera dégagée de son filet de protection et le paquebot "Laferrière", devant faire barrage, échoué le long de la jetée par le pilote Forlemeyère ; les docks flottants ne seront pas coulés mais simplement immergés ; de nombreux navires marchands refuseront le sabordage ; l'explosion du tunnel des Bains-de-la-Reine et la destruction de la centrale électrique de Mers-el-Kébir seront empêchées par le chef d'équipe Tropin, de même que sera évité l'incendie du port d'Oran par le déversement des stocks de mazout. Malheureusement, la résistance militaire échouera et le colonel Tostain se retrouvera aux arrêts après avoir tenté de rallier le général Boissau.

    Tandis que le commando "Reservist" dans le port d'Oran et l'opération aéroportée de la Sebkha échouent lamentablement, les forces de débarquement américaines ont pris pied aux emplacements désignés sans rencontrer d'opposition.

    A Marsa-Bouzedjar, en raison d'équipages inexpérimentés, l'abordage des chars s'effectue lentement et le bataillon n'est finalement regroupé que dans l'après-midi du 8 novembre. La colonne se met en route et atteint Lourmel, puis Misserghin où elle se heurte à un premier foyer de résistance et fait halte dans la soirée.

    Le "Combat Team 26" débarque aux Andalouses sans essuyer un coup de feu et fait marche, par Bou-Sfer et Ain el-Turk, vers Mers-el-Kébir. Mais le 8 novembre après-midi, à l'approche du Santon, il est pris sous le feu de l'artillerie côtière et cloué au sol par un élément du 2e Zouaves. Malgré tous ses efforts, il ne pourra reprendre sa progression et ne participera pas à la prise de la ville.

    Dans le secteur d'Arzew, le bataillon de "Rangers" débarque le 8 novembre dès 1 heure et s'empare de la batterie de la Pointe par surprise. Après un simulacre de résistance, le fort du Nord tombe à 5 heures. La passe n'ayant pas été obstruée et les feux de balisage étant allumés, le débarquement se poursuit dans le port même. La base aéronavale est rapidement enlevée et, dès 9 heures, Arzew est entièrement occupé. Dès lors, les chars et le matériel lourd sont mis à terre sans difficulté L'opération amphibie sous les ordres directs de Fredendall a parfaitement réussi et la progression commence. Le "Combat Team 18" se présente devant Saint-Cloud en début d'après-midi et se heurte à une vigoureuse résistance de la part d'un bataillon du 16e Tirailleurs et d'un bataillon de la Légion. Il suspendra sa marche jusqu'au surlendemain. Le "Combat Team 16" se partage en deux éléments, l'un à l'est chargé de contenir un détachement du 2e Tirailleurs sur la Macta, l'autre à l'ouest entreprend de marcher sur Oran mais bute contre le centre de résistance de Fleurus et se contente de prendre position dans la soirée du 8 novembre. Enfin, le "Combat Command B", composé de chars légers M5 "Stuart" et moyens M3 "Grant" avec quelques M4 "Sherman", s'élance vers la base de Tafaraoui qu'il atteint le 8 dès midi et prend au premier assaut. Deux escadrilles de "Spitfires" décollant de Gibraltar s'y poseront à 17 heures 30.

    La journée du 9 novembre apportera peu de changements sinon la prise de la base de la Sénia par le "Combat Command B" vers 11 heures. Elle sera également marquée par le ralliement courageux du sous-préfet de Tiaret, Luizet, et la non-intervention du bataillon de cette ville. A Saint-Lucien, le bataillon léger motorisé de Sidi-Bel-Abbés refusera sagement d'affronter les chars américains. La ville étant encerclée selon le plan prévu, l'avance reprend le 10 au matin vers 10 heures. Malgré quelques nids de résistance à Saint-Cloud, Fleurus et Arcole, rapidement balayés par les forces blindées du "Combat Command B", la défense est des plus molles. A 11 heures, le Premier "Half Track" suivi bientôt du premier "Grant" pénètrent dans la ville et le 10 novembre avant midi, le général Boissau et l'amiral Rioult proclament le cessez-le-feu à Oran.

    En définitive, les manoeuvres terrestres généralement menées avec tact par les Américains et sans grande conviction par les Français se soldaient par des pertes relativement minimes dans les deux camps. Hélas ! il n'en allait pas de même pour les opérations navales. Une sortie par trop téméraire opposait la flottille française imprégnée du souvenir de Mers el-Kébir à l'escadre anglaise qui n'en faisait qu'une bouchée. Un contre-torpilleur, 2 torpilleurs, 1 aviso et 2 sous-marins furent coulés ou s'échouèrent. Le torpilleur restant, 4 sous-marins, 7 patrouilleurs et 13 navires marchands se sabordèrent le 9 novembre en exécution d'ordres inconsidérés. Pour le sous-marin "Fresnel", qui réussissait au prix de mille périls à regagner Toulon, ce n'était que partie remise et il disparaissait à son tour le 27 novembre dans le sabordage général de la flotte. Les combats d'Oran avaient causé la mort de 300 officiers et marins et fait 150 blessés. Les pertes alliées étaient équivalentes. Une quinzaine d'avions français avaient été détruits au combat ou au sol. Les pertes terrestres chez les Français comme chez les Américains n'excédaient pas 300 hommes (tués ou blessés).


    Aller à l'article : Débarquement Allié en Afrique du Nord
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