Au-delà du drame humain, les attentats perpétrés à Casablanca et à Alger sont susceptibles d’avoir des conséquences économiques durables sur les économies de la région, mais aussi sur le rythme auquel les économies développées et émergentes s’intègrent.
Concernant les économies de la région, les conséquences économiques seraient particulièrement fortes dans le cas du Maroc, dans la mesure où la croissance à long terme de ce pays dépend en grande partie des investisseurs étrangers (la conjoncture algérienne reste quant à elle étroitement liée aux prix des hydrocarbures). Le Royaume est en outre frappé au moment où l’importante vague de réformes menées depuis l’arrivée de Mohamed VI sur le trône commence à porter ses fruits. La croissance et l’économie marocaine s’est en effet établie à 8,1 % l’année dernière, sans qu’il soit possible d’attribuer cette très bonne performance aux seules conditions climatiques accommodantes. La remontée du risque terroriste au Maroc toucherait l’économie de deux façons. D’une part via de moindres recettes touristiques. D’autre part via un freinage des investissements étrangers dans le Royaume. La forte croissance des exportations marocaines (+ 18 % en 2006) tient en effet beaucoup à l’implantation croissante des entreprises étrangères, et françaises en particulier, dans ce pays. La France est de très loin le premier investisseur dans le Royaume. En 2005, 75 % des flux d’investissements directs étrangers émanaient de France (en partie, il est vrai, en raison de la privatisation de Maroc Télécom). La quasi-totalité des entreprises du CAC 40 sont ainsi, sous une forme ou une autre, présentes au Maroc.
L’accroissement du risque terroriste peut également entraîner dans les zones à risque un recul de la confiance des agents économiques, et différer les projets d’investissements directement productifs, au bénéfice de dépenses de sécurité. Il peut justifier des dépenses militaires accrues, augmenter les déficits publics voire entraîner des tensions sur les taux d’intérêt à long terme. Selon l’OCDE, une hausse des dépenses de sécurité de 1,5 % du PIB se traduit par une baisse de la production de 0,7 % au bout de 5 ans. A plus long terme, la montée du risque terroriste génère aussi un accroissement des primes d’assurance. Plus globalement, cette recrudescence du risque terroriste qui frappe le Maghreb, si elle se confirme, ne sera pas neutre pour la trajectoire d’intégration des économies émergentes aux économies développées. Les passages aux frontières des hommes et des marchandises seront moins fluides, ce qui accroîtra les coûts de transport et pourra gêner les gestions en flux tendus.
Nicolas Bouzou, économiste et directeur de la société d’études économiques Asterès.Professeur d’économie à Sciences-Po et à l’université Paris-VII.
© 2007 Economie Matin
Concernant les économies de la région, les conséquences économiques seraient particulièrement fortes dans le cas du Maroc, dans la mesure où la croissance à long terme de ce pays dépend en grande partie des investisseurs étrangers (la conjoncture algérienne reste quant à elle étroitement liée aux prix des hydrocarbures). Le Royaume est en outre frappé au moment où l’importante vague de réformes menées depuis l’arrivée de Mohamed VI sur le trône commence à porter ses fruits. La croissance et l’économie marocaine s’est en effet établie à 8,1 % l’année dernière, sans qu’il soit possible d’attribuer cette très bonne performance aux seules conditions climatiques accommodantes. La remontée du risque terroriste au Maroc toucherait l’économie de deux façons. D’une part via de moindres recettes touristiques. D’autre part via un freinage des investissements étrangers dans le Royaume. La forte croissance des exportations marocaines (+ 18 % en 2006) tient en effet beaucoup à l’implantation croissante des entreprises étrangères, et françaises en particulier, dans ce pays. La France est de très loin le premier investisseur dans le Royaume. En 2005, 75 % des flux d’investissements directs étrangers émanaient de France (en partie, il est vrai, en raison de la privatisation de Maroc Télécom). La quasi-totalité des entreprises du CAC 40 sont ainsi, sous une forme ou une autre, présentes au Maroc.
L’accroissement du risque terroriste peut également entraîner dans les zones à risque un recul de la confiance des agents économiques, et différer les projets d’investissements directement productifs, au bénéfice de dépenses de sécurité. Il peut justifier des dépenses militaires accrues, augmenter les déficits publics voire entraîner des tensions sur les taux d’intérêt à long terme. Selon l’OCDE, une hausse des dépenses de sécurité de 1,5 % du PIB se traduit par une baisse de la production de 0,7 % au bout de 5 ans. A plus long terme, la montée du risque terroriste génère aussi un accroissement des primes d’assurance. Plus globalement, cette recrudescence du risque terroriste qui frappe le Maghreb, si elle se confirme, ne sera pas neutre pour la trajectoire d’intégration des économies émergentes aux économies développées. Les passages aux frontières des hommes et des marchandises seront moins fluides, ce qui accroîtra les coûts de transport et pourra gêner les gestions en flux tendus.
Nicolas Bouzou, économiste et directeur de la société d’études économiques Asterès.Professeur d’économie à Sciences-Po et à l’université Paris-VII.
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