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Dans la vidéo montrant l’interpellation de trois adolescents coupables d’avoir rompu le jeûne, le délateur avait le ton réjoui de celui qui vient d’accomplir une bonne action. D’autant plus que les policiers les ont embarqués avec la vigueur qui sied au traitement des pécheurs !
▪️À l’accent de la personne qui les a mouchardés, la scène s’est déroulée du côté d’Annaba. Et peut-être au même moment, à Alger, un groupe de jeunes, prenant cette-fois-ci le rôle d’agents rédempteurs, se filmait en train de surcharger de peinture une immense fresque déployée sur une façade aveugle du centre-ville. L’œuvre, panoramique, qui occupe un mur haut et large du centre-ville, a probablement été exécutée par quelques-uns de ces nombreux jeunes artistes que le hirak a révélés et inspirés. Là aussi, on entend, dans l’enregistrement, les ricanements de ces barbouilleurs de tableau exprimant la jouissance perverse qu’ils ressentent à évoquer la frustration qu’ils vont infliger à ceux qui ont créé l’œuvre qu’ils détruisent et à ceux qui l’apprécient. Par formation idéologique, l’islamiste est enclin à détruire tout ce qui peut rendre la vie plus belle, tout ce qui plaide pour la vie, pour l’intérêt de la vie. Il se fait alors apôtre du laid et détracteur de l’esthétique, sous divers prétextes. Naturellement, après la femme, l’art est une cible prioritaire de l’obscurantisme.
▪️On le voit dans le discours de ces moralisateurs autoproclamés, mais aussi dans l’image qu’ils veulent donner d’eux-mêmes : face poilue et habillement assortissant le motif para et le kamis. Une image faite pour émettre la menace de violence et le message de religiosité.
▪️Que cette sentinelle religieuse soit un quidam ou un pouvoir d’Etat, lorsqu’il traque un “mangeur” de ramadhan, c’est l’idée de choix qu’il traque et c’est la liberté de conscience qu’il réprime. Cette traque comporte aussi l’intention de faire peur, un message de menace qui s’adresse à ceux qui ont une autre conception de leur cadre de vie que celle régie par le rigorisme islamiste.
▪️Dans la première vidéo, la vigilance intégriste du bonhomme qui a dénoncé “le crime” prend une allure d’acte civique ; dans la seconde, une action de dégradation de bien public s’exhibe comme une action de moralisation de l’espace. Les deux faits, pour être possibles, ont besoin d’une connivence idéologique entre Etat et société, ou tout au moins d’une collusion entre un aspect politique de l’Etat et une vision idéologique dans la société.
▪️Les voleurs présumés de statut de Marie à Oran n’en ont pas moins été encouragés par l’ambiance islamiste d’intolérance. C’est tout de même curieux qu’on se veuille promoteur du vivre-ensemble et qu’on ait tant de mal à organiser la cohabitation des opinions et des convictions.
▪️Cette aisance avec laquelle on peut s’attaquer à la différence et à l’altérité à l’autre, sous quelque forme qu’elle s’exprime, est une marque de régression civique et politique qui, pour mieux passer, s’affiche comme un redoublement de religiosité. ✍🏻 Mustapha Hammouche / Liberté dz (ContreChamp) / 20 Mai 2020
▪️À l’accent de la personne qui les a mouchardés, la scène s’est déroulée du côté d’Annaba. Et peut-être au même moment, à Alger, un groupe de jeunes, prenant cette-fois-ci le rôle d’agents rédempteurs, se filmait en train de surcharger de peinture une immense fresque déployée sur une façade aveugle du centre-ville. L’œuvre, panoramique, qui occupe un mur haut et large du centre-ville, a probablement été exécutée par quelques-uns de ces nombreux jeunes artistes que le hirak a révélés et inspirés. Là aussi, on entend, dans l’enregistrement, les ricanements de ces barbouilleurs de tableau exprimant la jouissance perverse qu’ils ressentent à évoquer la frustration qu’ils vont infliger à ceux qui ont créé l’œuvre qu’ils détruisent et à ceux qui l’apprécient. Par formation idéologique, l’islamiste est enclin à détruire tout ce qui peut rendre la vie plus belle, tout ce qui plaide pour la vie, pour l’intérêt de la vie. Il se fait alors apôtre du laid et détracteur de l’esthétique, sous divers prétextes. Naturellement, après la femme, l’art est une cible prioritaire de l’obscurantisme.
▪️On le voit dans le discours de ces moralisateurs autoproclamés, mais aussi dans l’image qu’ils veulent donner d’eux-mêmes : face poilue et habillement assortissant le motif para et le kamis. Une image faite pour émettre la menace de violence et le message de religiosité.
▪️Que cette sentinelle religieuse soit un quidam ou un pouvoir d’Etat, lorsqu’il traque un “mangeur” de ramadhan, c’est l’idée de choix qu’il traque et c’est la liberté de conscience qu’il réprime. Cette traque comporte aussi l’intention de faire peur, un message de menace qui s’adresse à ceux qui ont une autre conception de leur cadre de vie que celle régie par le rigorisme islamiste.
▪️Dans la première vidéo, la vigilance intégriste du bonhomme qui a dénoncé “le crime” prend une allure d’acte civique ; dans la seconde, une action de dégradation de bien public s’exhibe comme une action de moralisation de l’espace. Les deux faits, pour être possibles, ont besoin d’une connivence idéologique entre Etat et société, ou tout au moins d’une collusion entre un aspect politique de l’Etat et une vision idéologique dans la société.
▪️Les voleurs présumés de statut de Marie à Oran n’en ont pas moins été encouragés par l’ambiance islamiste d’intolérance. C’est tout de même curieux qu’on se veuille promoteur du vivre-ensemble et qu’on ait tant de mal à organiser la cohabitation des opinions et des convictions.
▪️Cette aisance avec laquelle on peut s’attaquer à la différence et à l’altérité à l’autre, sous quelque forme qu’elle s’exprime, est une marque de régression civique et politique qui, pour mieux passer, s’affiche comme un redoublement de religiosité. ✍🏻 Mustapha Hammouche / Liberté dz (ContreChamp) / 20 Mai 2020