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Les réserves “prouvées” révélées par le ministre ne sont que de 19%

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  • Les réserves “prouvées” révélées par le ministre ne sont que de 19%

    La différence et non la nuance est de taille ; elle est extrêmement importante pour Sonatrach et, partant, pour l’Algérie que nous reprendrons plus loin en détail pour éclairer l’opinion publique et la débarrasser de son effet d’annonce, probablement partisan.

    Pour le moment, revenons sur la forme, révélatrice de nombreuses intentions des uns et des autres, qui ne vont probablement pas dans le sens de l’intérêt général. D’abord, sur le contexte général, le citoyen constate avec satisfaction que le ministre de l’Énergie a multiplié les sorties médiatiques à travers la télévision, les journaux et même la radio… ambiance de la volatilité des prix du baril oblige ! Mais si la communication a l’avantage de rassurer l’opinion publique, les inconvénients ne manquent pas non plus.

    Sur certaines questions, le ministre aurait dû déléguer les tâches à ses collaborateurs spécialistes. Ensuite, cette multiplication des canaux de communication peut, par des bruits, brouiller le message rassurant qu’on veuille transmettre. Exemple : le ministre a été formel sur les accords d’entente avec Exxon Mobil et Chevron qui, selon lui, ont tous pour but d’augmenter les réserves par l’exploration et la prise du risque.

    Cependant, le lendemain, rapporté par El Bilad TV, le ministre déclare que ces accords entrent dans le cadre d’un projet de partenariat public-public entre Sonatrach et Sonelgaz, qui a pour objectif de créer une joint-venture pour un projet énergétique. À ce titre justement, “la compagnie nationale d’hydrocarbures a signé des accords avec Chevron et Exxon Mobil pour concrétiser ce projet”, a-t-il expliqué.

    Et d’ajouter : “Nous allons proposer au président de la République, au cours des prochains jours, une feuille de route sectorielle dans le cadre de la stratégie de diversification économique.” D’autre part, le ministre a révélé que l’Algérie négociait en ce moment avec “les nouveaux producteurs de gaz de schiste pour maintenir sa position sur le marché”, alors qu’auparavant il a formellement exclu cette éventualité étant donné les circonstances. Cette confusion dans le discours préoccupe plus qu’elle rassure, surtout en ces temps de crise.

    Deux remarques de forme sur les chiffres des réserves des hydrocarbures
    Le ministre de l’Énergie, en révélant ces chiffres, croyait visiblement être le premier à le faire en exclusivité, alors que ce n’est pas le cas. Mais ce n’est pas la question pour le moment. Ce qui est important à ce niveau, c’est qu’il a affiché sa volonté de mettre à la disposition des experts et des journalistes toutes les données nécessaires pour s’informer, ce qui est de leur droit. Or, il aurait pu pour cela, et c’est de ses prérogatives, coordonner ses différents départements pour mettre à jour leurs sites web qui ne sont pas actualisés quelquefois il y a de cela plusieurs années.

    Alnaft, qui est censée gérer pour le compte de l’État les gisements des hydrocarbures, n’a pas actualisé les données sur son site depuis 2016. Pourquoi ? Parce que Sonatrach ne lui envoie pas de rapports mensuels. Pour le ministère de l’Énergie, le dernier bilan de réalisation du secteur date de 2018 et

    Sonatrach, elle, vient, il y a moins de deux mois, de mettre en ligne le rapport annuel 2018. Donc, si les organes statutaires jouaient leur rôle convenablement, il n’y aurait pas de confusion dans les chiffres, à commencer par ceux que vient de révéler le premier responsable du secteur ce 26 avril 2020. La deuxième remarque de forme est sans aucun doute relative à la méthode réglementaire pour révéler ces réserves.

    Il existe pour cela un arrêté ministériel du 11 juillet 1988 relatif à l’inventaire périodique des ressources nationales d’hydrocarbures liquides et gazeux. Cet arrêté fait obligation dans son article 1, lui-même se référant à l’article 14 de la loi 86-14 du 19 août 1986, toujours en vigueur pour les contrats de partage de production, à toute personne morale exerçant des activités d’exploitation d’hydrocarbures de procéder à un inventaire des réserves contenues dans le périmètre du titre minier d’exploitation.

    Dans ce cadre justement, il fait obligation de donner d’abord “les réserves en place” qu’il faudrait scinder en réserves “prouvées”, “possibles” et “probables”. On remarque ici que le législateur ne voulait rien négliger car plus on avance dans les progrès techniques, plus on reconvertit les deux derniers en “prouvées”. Parmi ces dernières, et là où les chiffres du ministre ne sont pas clairs, il y a la partie “récupérable” et celle “non récupérable”. Pour les réserves récupérables, il y a les “développées” et celles “non développées”.

    Sur le fond maintenant, de quoi parle justement le ministre de l’Énergie ?
    Ce que vient à juste titre de révéler le ministre de l’Énergie, en arrondi bien entendu, ne représente donc pas toutes les réserves prouvées, mais celles “récupérables restantes” après déduction de la production cumulée de la période. Mais quelle période ? Lors du Conseil des ministres du 6 octobre 2015, le ministre de l’Énergie de l’époque, et cela figure sur le communiqué final du Conseil des ministres, a estimé les réserves de brut à 1 387 millions de tonnes et à 2 745 milliards de m3 celles du gaz.

    Le ministre actuel, Mohamed Arkab, a donné pour le brut pratiquement les mêmes chiffres de 2015, soit 1 340 millions de tonnes pour le liquide et 2 368 milliards de m3 pour le gaz, et il a ajouté 260 millions de tonnes pour un total reconverti en millions de tonnes équivalent pétrole (tep). Cela donnerait 4 100 millions tep. Ses services ont retranché la consommation entre 2015 et fin 2019, soit 400 milliards de m3 de gaz, 200 millions de tonnes de brut et environ 36 millions de tonnes de condensat. Calcul fait, on aurait, selon ces chiffres réévalués, des réserves en plus d’environ 47 millions de tonnes.
    Pourquoi cette façon de révéler les réserves cache-t-elle l’essentiel ?
    Entre décembre 2015 et fin 2019, Sonatrach a dépensé en effort propre 5 530 millions de dollars pour 113 découvertes qui ont ajouté aux réserves en place 732 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en probables suivant la classification réglementaire. C’est-à-dire leur exploitation est envisageable, soit on peut raisonnablement compter les exploiter dans les conditions économiques actuelles avec une approche probabilistique de 50%. Ce qu’il y a en volume en place dans le sous-sol algérien qui occupe à peine 4% du domaine minier, évalué à 1 553 442 km2, est énorme.

    Il suffit uniquement d’utiliser des techniques de stimulation, et elles sont nombreuses pour reconvertir ce qui est possible en probable puis en prouvé, dont une partie importante sera récupérée en boostant le taux de récupération. Les chiffres des ressources conventionnelles donnent le vertige et malheureusement les lobbies des sociétés de services détournent les responsables qui les écoutent vers les non-conventionnelles, car elles sont très rémunératrices pour elles.

    Pour arriver aux chiffres qu’a donnés le ministre lors de son passage à la radio Chaîne III, voilà ce qu’on laisse dans le sous-sol: Ces réserves d’hydrocarbures toutes formes confondues en tonne équivalent pétrole sont réparties comme suit : 22% Hassi Messaoud, 22% Hassi R’mel, 11% Berkine, 8% sud-ouest du Sahara, 8% Rhourde Nouss et les 29% restantes sont à partager entre les gisements producteurs, dont TFT, Gassi T’ouil, Ohanet, Tinhert...




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