Selon vos propos, le Hirak originel n'existe plus. Qui continue de manifester aujourd'hui dans la rue ?
« Oui, j’ai affirmé cela. Toutes les personnalités qui parlent au nom des manifestants d’aujourd’hui ont évalué les manifestants qui occupaient les rues entre février 2019 et le mois de mai 2019 à plusieurs millions de personnes. Ces estimations ont même parlé de 20 millions et le chiffre de 12 millions a paru tout à fait acceptable. Les manifestations d’aujourd’hui sont très, très loin de regrouper autant de monde. Je ne veux pas renter dans une guerre des chiffres car à certaines dates chargées de symboles (Premier novembre ou 5 juillet) des embellies ont rassemblé plus de foule mais jamais plus que quelques dizaine de milliers.
Confrontés à leurs propres estimations des mois de février/mars 2019 ces leaders élus ou spontanés ne peuvent légitimement parler au nom des foules qui les ont laissé dans leur solitudes.
Après les élections de décembre, ces mêmes leaders ont appelé à un style d’autocritique, de réévaluation de leurs actions, pour s’expliquer pourquoi leur mouvement a échoué. Ils désignaient leur échec à réussir un boycott massivement indiscutable des élections présidentielles. Un enseignant universitaire avait même pointé que l’erreur principale était d’avoir attaqué l’ANP de façon si agressive qu’elle ne pouvait que les contrarier.
Curieusement cette remarque est la même que le reproche fait par Crisis Group aux ONG qui cherchaient à encadrer le mouvement. J’en faisais part dans une analyse du 29 février : « Le Crisis Group vient d’avertir l’opinion mondiale, dans une analyse toute fraîche, que le régime, entendez l’armée, bloque la solution de la crise en n’empruntant pas la voie d’un dialogue avec les représentants du mouvement et ne négociant pas son retrait, voire son retrait sécurisé : « à travers cette discussion, l’avancement vers la satisfaction des principales demandes des protestataires, telles que décrites plus haut, tout en garantissant au régime qu’il ne sera pas la cible de représailles l’acculant à une impasse. ». (1) ».
Le Financial Times pointait lui une autre erreur, celle que ces forces n’avaient pu influencer que les couches moyennes : « Si les organisations qui portent ces revendications ne sont pas entachées de soupçons de proximité avec le régime, elles semblent représenter principalement la classe moyenne urbaine éduquée. » (1)
C’est déjà important que Le Financial Times parle d’organisations qui portent un projet, cela m’exempte de la tare de « complotiste ».
Cela me facilite la tâche de rappeler que l’orientation de la mobilisation populaire a été l’objet d’âpres luttes entre différentes tendances et organisations.
C’est de ce 29 avril, d’ailleurs que je date la mutation du Hirak. Crisis Group et Le Financial Times venaient de signaler les deux erreurs fondamentales (ne représenter que les couches moyennes et leur radicalisme irréaliste) des forces qui voulaient cornaquer la mobilisation populaire pour réaliser une révolution colorée.
Mais je date cette mutation par l’observation que dès confirmation des arrestations des plus dirigeants de l’Etat (généraux, premiers ministres, ministres, oligarques hier seulement hyper puissants) la mobilisation populaire a connu une très, très forte décrue.
Les couches populaires venaient de percevoir clairement ou confusément que venait de se résoudre la moitié de l’équation connue de toue crise politique : « Il y a crise quand les gouvernants ne peuvent plus gouverner comme avant et les gouvernés ne veulent plus être gouvernés comme avant » Les gouvernants qui ne pouvaient plus gouverner comme avant venaient de disparaître de la scène. Restaient les gouvernés. Le mois de mai sera celui de la décantation. Les attaques contre l’ANP sous couvert d’attaque contre le défunt Gaïd Salah (Vice ministre de la Défence, Chef d’Etat-major), prouvaient à notre peuple que des divergences profondes existaient en son sein sur le modèle souhaitable de la nouvelle gouvernance.
« Oui, j’ai affirmé cela. Toutes les personnalités qui parlent au nom des manifestants d’aujourd’hui ont évalué les manifestants qui occupaient les rues entre février 2019 et le mois de mai 2019 à plusieurs millions de personnes. Ces estimations ont même parlé de 20 millions et le chiffre de 12 millions a paru tout à fait acceptable. Les manifestations d’aujourd’hui sont très, très loin de regrouper autant de monde. Je ne veux pas renter dans une guerre des chiffres car à certaines dates chargées de symboles (Premier novembre ou 5 juillet) des embellies ont rassemblé plus de foule mais jamais plus que quelques dizaine de milliers.
Confrontés à leurs propres estimations des mois de février/mars 2019 ces leaders élus ou spontanés ne peuvent légitimement parler au nom des foules qui les ont laissé dans leur solitudes.
Après les élections de décembre, ces mêmes leaders ont appelé à un style d’autocritique, de réévaluation de leurs actions, pour s’expliquer pourquoi leur mouvement a échoué. Ils désignaient leur échec à réussir un boycott massivement indiscutable des élections présidentielles. Un enseignant universitaire avait même pointé que l’erreur principale était d’avoir attaqué l’ANP de façon si agressive qu’elle ne pouvait que les contrarier.
Curieusement cette remarque est la même que le reproche fait par Crisis Group aux ONG qui cherchaient à encadrer le mouvement. J’en faisais part dans une analyse du 29 février : « Le Crisis Group vient d’avertir l’opinion mondiale, dans une analyse toute fraîche, que le régime, entendez l’armée, bloque la solution de la crise en n’empruntant pas la voie d’un dialogue avec les représentants du mouvement et ne négociant pas son retrait, voire son retrait sécurisé : « à travers cette discussion, l’avancement vers la satisfaction des principales demandes des protestataires, telles que décrites plus haut, tout en garantissant au régime qu’il ne sera pas la cible de représailles l’acculant à une impasse. ». (1) ».
Le Financial Times pointait lui une autre erreur, celle que ces forces n’avaient pu influencer que les couches moyennes : « Si les organisations qui portent ces revendications ne sont pas entachées de soupçons de proximité avec le régime, elles semblent représenter principalement la classe moyenne urbaine éduquée. » (1)
C’est déjà important que Le Financial Times parle d’organisations qui portent un projet, cela m’exempte de la tare de « complotiste ».
Cela me facilite la tâche de rappeler que l’orientation de la mobilisation populaire a été l’objet d’âpres luttes entre différentes tendances et organisations.
C’est de ce 29 avril, d’ailleurs que je date la mutation du Hirak. Crisis Group et Le Financial Times venaient de signaler les deux erreurs fondamentales (ne représenter que les couches moyennes et leur radicalisme irréaliste) des forces qui voulaient cornaquer la mobilisation populaire pour réaliser une révolution colorée.
Mais je date cette mutation par l’observation que dès confirmation des arrestations des plus dirigeants de l’Etat (généraux, premiers ministres, ministres, oligarques hier seulement hyper puissants) la mobilisation populaire a connu une très, très forte décrue.
Les couches populaires venaient de percevoir clairement ou confusément que venait de se résoudre la moitié de l’équation connue de toue crise politique : « Il y a crise quand les gouvernants ne peuvent plus gouverner comme avant et les gouvernés ne veulent plus être gouvernés comme avant » Les gouvernants qui ne pouvaient plus gouverner comme avant venaient de disparaître de la scène. Restaient les gouvernés. Le mois de mai sera celui de la décantation. Les attaques contre l’ANP sous couvert d’attaque contre le défunt Gaïd Salah (Vice ministre de la Défence, Chef d’Etat-major), prouvaient à notre peuple que des divergences profondes existaient en son sein sur le modèle souhaitable de la nouvelle gouvernance.
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