Une émission de télé ne fait pas le printemps
J'ai participé à une émission diffusée samedi sur la chaîne A3 (ikhbaria), émission consacrée à la situation de la presse et aux réformes envisagées. L'animatrice, Wassila Labiadh, et la chaîne A3 ont joué le jeu. Le DG de L'ENTV a affiché une réelle volonté d'ouverture. Liberté de parole, débat ouvert, aucune censure. J'impute les maladresses enregistrées au lourd poids du passé : on sort de 20 années de Bouteflika, il y'a des choses à apprendre ou à réapprendre pour reconstruire le service public et réapprendre à débattre.
J'ai accepté de participer à cette émission parce que je refusais l'attitude qui consiste à s'installer dans un blockhaus en refusant tout, sous prétexte que "tout est pourri". Il y'a des signaux contradictoires qui émanent du pouvoir. Malgré la persistance de pratiques inacceptables, il y a de vrais signaux affichant une volonté de faire avancer la presse. Les ateliers lancés par le ministère de la communication, l'action engagée pour éliminer ce que j'appelle les médias inutiles, le chantier ANEP, la volonté de pousser vers une activité formelle les chaînes offshore et la presse électronique, tout cela est extrêmement positif.
C'est une question d'appréciation. Malgré une réserve importante (la réforme de la presse ne peut être isolée du reste, elle doit faire partie d'un projet cohérent), j'ai le sentiment que le pays peut basculer. Je ne partage pas le point de vue selon lequel le système veut juste se régénérer. Je pense plutôt que l'ordre ancien est mort en 2019, que l'ordre nouveau peine à s'installer, non pas faute de volonté, mais faute de vision, faute de forces capables de le construire, faute de pôle capable de fédérer ces forces du changement.
On peut continuer à jouer au sniper, en tirant sur tout ce qui bouge, en critiquant systématiquement tout ce qui se fait et se montrer satisfait de soi, en dénonçant l'incompétence des dirigeants. On peut avoir une autre attitude. Revenons à l'émission. Beaucoup s'en sont pris à l'animatrice, à sa manière de mener le débat. Pour ma part, j'ai trouvé qu'elle a beaucoup de mérite : elle a osé l'invitation, elle a laissé les choses se dire, elle a passé l'émission dans son intégralité. Dans un pays qui sort de 20 années de fakhamatouhou, je considère que c'est énorme.
Ce n'est pas une garantie pour l'avenir. Mais une direction de l'entv qui permet ce type de débat mérite un geste.
Abed Charef
J'ai participé à une émission diffusée samedi sur la chaîne A3 (ikhbaria), émission consacrée à la situation de la presse et aux réformes envisagées. L'animatrice, Wassila Labiadh, et la chaîne A3 ont joué le jeu. Le DG de L'ENTV a affiché une réelle volonté d'ouverture. Liberté de parole, débat ouvert, aucune censure. J'impute les maladresses enregistrées au lourd poids du passé : on sort de 20 années de Bouteflika, il y'a des choses à apprendre ou à réapprendre pour reconstruire le service public et réapprendre à débattre.
J'ai accepté de participer à cette émission parce que je refusais l'attitude qui consiste à s'installer dans un blockhaus en refusant tout, sous prétexte que "tout est pourri". Il y'a des signaux contradictoires qui émanent du pouvoir. Malgré la persistance de pratiques inacceptables, il y a de vrais signaux affichant une volonté de faire avancer la presse. Les ateliers lancés par le ministère de la communication, l'action engagée pour éliminer ce que j'appelle les médias inutiles, le chantier ANEP, la volonté de pousser vers une activité formelle les chaînes offshore et la presse électronique, tout cela est extrêmement positif.
C'est une question d'appréciation. Malgré une réserve importante (la réforme de la presse ne peut être isolée du reste, elle doit faire partie d'un projet cohérent), j'ai le sentiment que le pays peut basculer. Je ne partage pas le point de vue selon lequel le système veut juste se régénérer. Je pense plutôt que l'ordre ancien est mort en 2019, que l'ordre nouveau peine à s'installer, non pas faute de volonté, mais faute de vision, faute de forces capables de le construire, faute de pôle capable de fédérer ces forces du changement.
On peut continuer à jouer au sniper, en tirant sur tout ce qui bouge, en critiquant systématiquement tout ce qui se fait et se montrer satisfait de soi, en dénonçant l'incompétence des dirigeants. On peut avoir une autre attitude. Revenons à l'émission. Beaucoup s'en sont pris à l'animatrice, à sa manière de mener le débat. Pour ma part, j'ai trouvé qu'elle a beaucoup de mérite : elle a osé l'invitation, elle a laissé les choses se dire, elle a passé l'émission dans son intégralité. Dans un pays qui sort de 20 années de fakhamatouhou, je considère que c'est énorme.
Ce n'est pas une garantie pour l'avenir. Mais une direction de l'entv qui permet ce type de débat mérite un geste.
Abed Charef
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