Annonce

Réduire
Aucune annonce.

En Algérie, la fermeture des frontières empêche la revente des produits de marques ramenés de Paris ou Dubaï

Réduire
Cette discussion est fermée.
X
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • En Algérie, la fermeture des frontières empêche la revente des produits de marques ramenés de Paris ou Dubaï

    En Algérie, la fermeture des frontières empêche la revente des produits de marques ramenés de Paris ou Dubaï


    Cosmétiques, médicaments, vêtements… Alors que de nombreux produits sont importés via les bagages de voyageurs, l’arrêt des liaisons aériennes entraîne des ruptures de stock.

    Par Zahra Chenaoui Publié hier à 18h00, mis à jour hier à 23h54

    Dubaï et rapportés dans leurs bagages de voyageurs.

    « Les vendeurs n’ont plus de produits. Je n’ai plus de crème ni de gommage. Je fais mes propres mélanges et je me tourne vers des marques locales bio. Ce n’est pas un drame, mais si le confinement dure, ça va quand même poser problème. » Farida est trentenaire, algéroise et très pointilleuse sur la cosmétique. Depuis des années, elle obtient ses produits préférés via les réseaux sociaux et la technique du « cabas », héritée des années 1980 : alors que l’ouverture d’une entreprise et l’autorisation d’importer sont des procédures administratives très lourdes en Algérie, certains font du commerce en revendant des produits achetés en Europe, en Turquie ou à Dubaï et rapportés dans leurs bagages de voyageurs.

    « Pour moi, c’est un moyen de me procurer de bons produits alimentaires, des cosmétiques et même des médicaments pour ma mère. Tout ce qu’on ne trouve pas ici », résume Farida. Mais depuis la mi-mars, c’est fini. Toutes les liaisons aériennes et maritimes régulières depuis et à destination de l’Algérie sont suspendues dans le cadre de la lutte contre l’épidémie liée au coronavirus, qui a fait 673 morts dans le pays à la date du 4 juin.

    « Les gens ne trouvent plus leurs médicaments »
    Habituellement, Ahmed se rend en Europe chaque week-end. Pour ce salarié de banque, le « cabas » est un complément de revenu. Sur ses différents comptes Facebook, il propose des soins pour les cheveux, des parfums, des compléments alimentaires, de l’homéopathie pour les enfants… « Depuis le début de l’épidémie, j’ai perdu douze billets d’avion. On est vraiment bloqués », explique-t-il, déplorant un réel « manque à gagner ».

    Cette activité, dans laquelle il s’est lancé en 2018, lui permettait également de rapporter des médicaments pour sa grand-mère, atteinte de la maladie de Parkinson. A ses yeux, « la conséquence la plus terrible de l’arrêt des vols, c’est que les gens ne trouvent plus les médicaments dont ils ont besoin ». Ainsi, Farida a dû trouver tant bien que mal des équivalents aux huit pilules quotidiennes que prend sa mère.

    Le succès du « cabas » s’explique par la difficulté, en Algérie, de se procurer des biens venus de l’étranger. D’une part, l’accès aux monnaies étrangères est très réglementé : un habitant ne peut changer à la banque que l’équivalent de 110 euros par an, sur présentation d’un justificatif de voyage. S’il veut plus, il doit passer par le marché noir. D’autre part, comme le dinar algérien n’est pas convertible, il n’est pas possible, avec une carte bancaire d’un compte courant en devise nationale, d’acheter sur Internet un produit vendu par un commerce qui facture en dollars ou en euros.

    Enfin, l’accès aux cartes bancaires internationales est très restreint. La plupart des banques demandent soit d’avoir un statut de salarié ou de commerçant, soit d’avoir plusieurs comptes, dont un en devise étrangère alimenté de 100 à 1 500 euros en fonction des établissements, alors qu’une partie importante de la société algérienne obtient un revenu de façon informelle.

    « Je ne pourrai pas satisfaire tout le monde »
    Se pose également le problème de l’acheminement. Hormis les grands transporteurs internationaux comme DHL, les Algériens ont peu confiance dans le réseau de distribution du courrier. Raison de plus pour que les « produits cabas » soient plébiscités par la partie de la population qui veut des « produits de qualité », « éviter le risque de la contrefaçon » ou « faire des économies » – car les taxes sur les produits importés déclarés font monter les prix. En 2018, selon l’Association nationale des commerçants et artisans (Anca), environ 30 % des produits de téléphonie mobile disponibles sur le marché étaient entrés sur le territoire de cette manière.

    Omar n’achète de vêtements que lorsqu’il voyage ou auprès de revendeurs sur Instagram. « J’aime les marques américaines. J’ai acheté une paire de baskets, les semelles sont bien plus solides que celles qu’on trouve dans les magasins d’Alger », justifie-t-il. L’achat qu’il a fait en mai pourrait bien être le dernier avant un moment. Son vendeur n’a presque plus de stock, car ses produits viennent des Etats-Unis, d’Europe, d’Asie ou d’Afrique du Sud. « Je peux tenir jusqu’à début juillet, mais après je n’aurai plus rien », explique le vendeur de 21 ans, qui vit à Blida, à 40 km au sud-ouest d’Alger.

    « Mes parents n’aiment pas trop mon activité. Le confinement leur donne un bon argument pour me répéter que ce n’est pas un vrai métier », rit Nina, 24 ans, qui fait livrer des produits de beauté dans tout le pays. La jeune femme, qui vient de terminer ses études, a senti le vent tourner et a pu « faire du stock » début mars. « Mais pour la fête des Pères [le 21 juin], je ne pourrai pas satisfaire tout le monde, dit-elle. Je n’ai ni assez de parfum, ni assez de cosmétiques. Les prix chez les grossistes ont beaucoup trop augmenté. »
Chargement...
X