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Le débat linguistique en Algérie : pourquoi pas quatre langues ?

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  • Le débat linguistique en Algérie : pourquoi pas quatre langues ?

    En Algérie, le débat sur les langues – quelles langues et quelle est leur place dans la vie sociale, la recherche et le développement – n’est pas d’aujourd’hui. Il s’est accentué après la décision, dans les années 1970, par le président Boumediène d’arabiser le pays. A cette époque, la question était : «Laquelle, de l’arabe ou du français, doit dominer ?

    Dans les années 1980, 1990 et surtout 2000, le débat s’est élargi à une autre langue, tamazight et la question est devenue : «Quelle est la place de cette langue parmi les deux précédentes ?» Depuis quelques temps, et aujourd’hui encore, une autre langue, l’anglais est venue animer et complexifier davantage le débat et la question est devenue : «De la langue française ou anglaise, quelle est celle qu’il faut privilégier ?».

    Cela s’accompagne par une guerre d’arguments en faveur ou en défaveur de l’une ou de l’autre. Notre propos ici est de dire qu’au lieu d’essayer de défendre ou d’attaquer telle ou telle langue, pourquoi ne pas simplement les adopter toutes les quatre en déterminant l’importance et la place de chacune dans la vie sociale et dans le système éducatif algérien.

    Car cette guerre des langues – qui est une guerre d’arguments – ne tient pas compte de l’histoire ancienne de l’Algérie et de la place que l’Algérie veut avoir dans l’économie globalisée d’aujourd’hui. Dans cet article, nous verrons donc quelle est l’importance et la place de chacune des quatre langues dans une Algérie qui tient à la fois compte de son histoire et des perspectives à long terme de l’économie mondiale.

    Tamazight : la langue de nos ancêtres

    Pendant presque trois décennies depuis l’indépendance, les gouvernements qui se sont succédé ont ignoré cette langue originelle et ont été jusqu’à criminaliser toute tentative consistant à revendiquer sa place dans l’histoire ancestrale du pays. Ce n’est que dans les années 2000, et notamment après ce qu’on a appelé le Printemps berbère de 2001, que les autorités algériennes ont commencé à réaliser que continuer à ignorer cette langue est un déni d’histoire alors que de nombreux historiens nationaux et internationaux ont montré que cette langue est la langue originelle de l’Algérie et de tous les pays qu’on appelle Tamazgha (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Mali, Mauritanie, Niger, Iles Canaries et Egypte). Le but ici n’étant pas de retracer l’histoire de cette langue -il faudrait certainement plus d’un ouvrage pour le faire – mais simplement de citer quelques références.

    Si on fait référence par exemple à la New World Encyclopedia, on peut lire : «Tamazight has been a written language, on and off, for almost 3000 years; however, this tradition has been disrupted by various invasions. It was first written in the Tifinagh alphabet, still used by the Tuareg» (Tamazight a été une langue écrite, par intermittence, pendant presque 3000 ans ; cependant, cette tradition a été fréquemment interrompue par plusieurs invasions. Elle fut d’abord écrite en alphabet Tifinagh qui est encore utilisé par les Touaregs).

    Et même à la suite et en dépit de toutes les invasions subies par la région, la langue amazigh n’a pas disparu comme le souligne la même encyclopédie concernant l’invasion arabe spécifiquement : «In the 7th century C.E., Arab armies from the Arabian peninsula began invading Tamazgha as part of the Muslim conquests, spreading religion on the backs of colonized peoples. However, after the majority of imazighen had converted to Islam, Tamazight remained the langua franca» (Au 7e siècle A.C, des armées arabes venues de la péninsule arabique ont commencé à envahir Tamazgha dans le cadre des conquêtes musulmanes, propageant la religion sur le dos des peuples colonisés.

    Cependant, même après que la majorité des Imazighen aient été convertis à l’Islam, tamazight est restée la langue franca »). Nous savons tous que pour que tamazight devienne une langue de travail et encore plus une langue d’éducation et de recherche, il faut plusieurs décennies. C’est pourquoi son enseignement doit être rendu possible à tous ceux, dans les régions amazigh (Aurès, Kabylie, M’zab, Sahara, etc.) et même en dehors, pour tous ceux qui veulent apprendre cette langue de nos ancêtres.

    Les langues arabe et française : les langues-butins

    La langue arabe – qui est utilisée depuis plus de 3 siècles en Algérie, même si c’est principalement dans sa version dialectale et non classique – et la langue française – qui est pratiquée depuis près de deux siècles en Algérie – sont incrustées dans la vie sociale et culturelle des Algériens. Avec l’arabisation depuis les années 1970, la langue arabe – qui était jusque là pratiquée essentiellement sous sa forme dialectale – a connu un développement non négligeable en dépit de la controverse concernant les résultats atteints par l’arabisation en termes de qualité linguistique.

    Une partie des Algériens – appelés «arabophones» -utilisent cette langue comme leur unique moyen de travail et de communication. Une autre partie utilise l’arabe et le français conjointement, ce qu’on appelle communément les bilingues, dont une partie est souvent taxée, sarcastiquement, de «bilingues illettrés», c’est-à-dire ne maîtrisant ni l’une ni l’autre parfaitement. Un troisième morceau de la population utilise uniquement le français dans la vie sociale et au travail, ce qu’on appelle généralement les «francophones».

    Le résultat est que les deux langues – l’arabe et le français – se partagent la population algérienne de façon quasi égale, même si le français domine dans les domaines du travail, de l’éducation et de la recherche. Etant donné le niveau d’intégration de ces deux langues dans la vie sociale et professionnelle des Algériens, le débat – ancien et nouveau – portant sur laquelle des deux langues à privilégier et qui pousse même certains à proposer qu’on abandonne l’une ou l’autre – est à notre avis un débat stérile qui fait abstraction des acquis faits par les Algériens dans les deux langues.

    En effet, d’un côté, il y a ceux qui considèrent que la langue arabe n’est pas une langue de la science et qu’elle est une langue plutôt de la littérature et de la poésie et qui demandent qu’elle soit abandonnée. D’un autre, il y a ceux pour qui la langue française est la langue du colon et qu’elle véhicule, par conséquent, la culture et l’idéologie de ce dernier, et que pour ces raisons, il faut y renoncer.

    La langue anglaise : la langue universelle (or the “money langage”), «Do we like it or not»

    Un autre débat – qui a, en fait, commencé déjà dans les années 2000, voire même plus tôt selon certains – consiste à proposer que l’on remplace le français par l’anglais. L’argument ici – vrai ou faux (that is the question) – est que l’anglais est davantage que le français une langue de science de «business». Pour certains, il n’est pas question de remplacer le français car c’est un «butin de guerre» et qu’il est profondément intégré dans la vie sociale, culturelle et professionnelle des Algériens. Pour d’autres, l’anglais doit désormais remplacer le français comme langue de recherche et la langue du «business».

    La réalité est que lorsqu’on compare comment ces deux langues sont utilisées dans les deux domaines, on observe que les deux langues sont utilisées partout dans le monde de façon quasi semblable, même si quantitativement – en termes de population – l’anglais est certainement utilisé par un plus grand nombre de personnes et d’organisations dans le monde.

    En effet, le français est utilisé aussi bien dans les affaires que dans la recherche et il en est de même de l’anglais. Un autre débat au sein de ce débat est celui qui concerne la qualité (et l’efficience) des résultats atteints par les chercheurs et les hommes d’affaires dans chacune des deux langues. Pour certains, les anglophones ont plus et mieux réussi dans les affaires et la recherche que les francophones. Tout dépend, bien sûr, de comment on évalue ces résultats : en argent, en volume d’affaires et de produits de recherche, en qualité, etc.

    La seule chose qui est certaine est que la langue anglaise est plus universelle – «we like it or not» – que la langue française. Elle joue un peu le rôle que le dollar joue dans le monde monétaire et économique, ce qui fait que j’appelle parfois la langue anglaise «the money language» (la langue-monnaie). Un troisième débat compare les deux langues – la langue de Molière et la langue de Shakespeare – dans le domaine de la littérature. Ici aussi, le constat est qu’on trouve de grandes œuvres et de grands écrivains dans les deux langues et que dans ce domaine, encore plus que dans les domaines des affaires et de la recherche, il est difficile, voire impossible de dire quelle langue domine.

    Conclusion

    Il est donc évident, sur la base des constatations précédentes, que l’Algérie n’a rien à gagner à passer son temps dans ce débat concernant laquelle des quatre langues doit être adoptée ou abandonnée et quelle est celle qui doit venir la première (le fameux «egg and chicken problem»).

    Elle aurait plutôt intérêt à utiliser et à développer les quatre langues en même temps. Tamazight est indispensable si l’Algérie veut fouiller un peu plus dans son histoire identitaire et bâtir une cohésion nationale plus grande et éviter une guerre linguistique, ethnique et culturelle à l’avenir. Il en est de même de la langue arabe qui servirait à connaître un pan important de l’histoire algérienne. Pour ce qui est de l’anglais et du français, ces deux langues ne pourraient qu’apporter un élément de compétition et de complémentarité dans les domaines de la science, des affaires et de la littérature.

    L’Algérie n’a donc pas intérêt à abandonner le français ou à refuser d’utiliser l’anglais. Au contraire, jouer les deux cartes linguistiques ne pourrait que faire profiter les Algériens des fenêtres que ces deux langues ouvrent sur le monde.

    Même au niveau intérieur, pour éviter d’avoir une connaissance partielle, partiale et biaisée de sa propre histoire, l’Algérie aurait intérêt à encourager des études comparées dans les deux langues. En effet, encourager les historiens des deux langues et dans les deux langues – conjointement aux historiens autochtones – à entreprendre des recherches sur l’histoire nationale ne ferait qu’introduire plus d’objectivité.

    Plus encore, en dehors de ces quatre langues, l’Algérie pourrait aussi encourager l’apprentissage d’autres langues, ce qui ne pourrait que la rapprocher encore plus du reste du monde comme le suggère l’épigraphe en amazigh cité au début de cet article et que l’on peut traduire comme suit : «Les êtres humains sont nés libres et égaux avec une dignité et des droits.

    Ils sont dotés d’une raison et d’une conscience et devraient agir les uns vis-à-vis des autres dans un esprit de fraternité.» (Art.1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, cité in «Atlas Tamazight, Omliglot, Online Encyclopedia of Writing Systems and Languages).

    EL WATAN

  • #2
    Néo-shu3ûbis

    ... Les langues arabe et française : les langues-butins ...

    Ton mesuré, presentation zaama épurée et objectif prétendument a caractère positiviste... Etc.Pourtant, ce qui est bien avec cette catégorie de gens, c'est qu'ils ne parviennent jamais à tenir plus de quelques lignes en mode camouflage ! Allons-y donc pour un nouveau tour de manege neo-shu3ûbi ... lol

    ... La langue arabe – qui est utilisée depuis plus de 3 siècles en Algérie ...

    La langue arabe est connue et utilisée en "Algérie" depuis le 8e s. apr. J.-C. et ce fait est attesté dans le papier, dans la pierre et dans le langage parlé des algériens jusqu'à ce jour. Du coup, le compte du monsieur semble manquer de 10 siècles entiers ...

    ... même si c’est principalement dans sa version dialectale et non classique ...

    L'usage de l'arabe classique en "Algérie" est attesté sur l'ensemble de cette période de 1300 ans. Sinon, s'il se de donne la peine de préciser que l'usage de l'arabe en "Algérie" est aussi dialectal (comme ailleurs d'ailleurs), il semble mystérieusement omettre de préciser -une section plus haut- sous quelle forme ce berbère qu'il nomme "Tamazight" est-il attesté dans cette même Algérie durant cette même période ? Et sous quelle forme il se présente encore aujourd'hui ? Motus et bouche-cousue !

    ... et la langue française – qui est pratiquée depuis près de deux siècles en Algérie ...

    Notons bien l'énormité de la chose là : l'usage du français en Algérie ne serait postérieur à l'usage de l'arabe que de 100 ans ! Il fallait vraiment la faire celle-là ! Wallah que je suis bleuffé par l’effronterie du gars et son sang-froid ...

    ... sont incrustées dans la vie sociale et culturelle des Algériens ...

    Comme si il existait des "Algériens" avant que l'arabe ne soit une langue du pays !? A le lire, on croirais même que l'arabe aurait débarqué en Algérie un beau matin de l'été 1830 en venant directement de Toulon ! Un véritable maestro ce gars ! ...

    ... Avec l’arabisation depuis les années 1970, la langue arabe – qui était jusque là pratiquée essentiellement sous sa forme dialectale ...

    Encore une couche des plus épaisses ! L'arabe classique n'était donc pas connu en Algérie avant 1970, alors qu'un "Tamazight" fixé dans les années 80 serait la norme depuis Massinissa fils de Gaïa ! Terrible le gars, terrible ! ... Allez, je vais m'arrêter là pour l'instant ! C'est déjà beaucoup de choses à digérer en seul morceau ! Waw ! ...
    Dernière modification par Harrachi78, 08 juin 2020, 07h22.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      Éternel quadrature du cercle... J'ai bien peur que le problème linguistique en Algérie ne trouvera sa solution qu'avec l'implosion du pays ...

      Pour les tenants de l'arabisme la langue arabe est indissociable de la nature du pays, pour les Berbéristes l'irruption tardive de Tamazight est une revendication des plus légitimes, son cheminement est une juste réparation d'un déni longtemps imposé à un frange de la population du pays.

      Mais quand est-il de ce substrat dans la projection de l'Algérie dans le concert des Nations en ce XXI e siècle ? ...

      A la veille de l'indépendance si l’Algérie avait opter (ou conserver) le français comme outil de travail aujourd'hui elle serait présente dans une bonne partie du monde notamment dans les pays Francophones ...

      Aujourd'hui encore au lieu de tourner en rond, hanter par le soucis identitaire sous une influence idéologique handicapante identitaire, l'Algérie doit se trouver une voie de communication compréhensible par et pour tous en l' occurrence le "derdja" populaire enrichi par les parlers (les dialectes) algériens sans exclusivité... ce serait un patrimoine culturel identitaire de tout le peuple Algérien ...

      Comme langue de travail (outil): il y a lieu de réhabilité le Français (en attendant question de faisabilité) tout en préparant les futurs générations à l’Anglais . Il y va de l'avenir, voire de la survie du pays ...
      Dernière modification par infinite1, 07 juin 2020, 21h40.

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      • #4
        Harrachi78,

        You have a knack for debunking bullshit.

        And, mind you, this is not an ordinary bullshit. It's nearly volcanic. It's shooting in all directions.

        وات ذا فاك. (WTF)
        It ain't what you don't know that gets you into trouble. It's what you know for sure that just ain't so -- Attributed to Mark Twain

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        • #5
          @Hohey

          En fait, fans le genre crypto-shu3ûbi et autres anti-arabes déguisés en khâwa-khâwa, je connais un ou deux représentants ici-meme sur le forum. Mais aucun de la qualité de ce gars ! Il est juste waw !...
          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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          • #6
            Le débat linguistique en Algérie : pourquoi pas quatre langues ?

            n'est pas la Suisse qui veut...

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            • #7
              4 langues sans maitriser une seule, voila ce que ce sera.

              Pour le moment, c'est la darija qui unit et qui prédomine largement.
              Les locuteurs en arabe ou en français ou en amazigh sont vraiment plus que minoritaires. l'anglais, n'en parlons même pas.

              A l'avenir, je crois que l'anglais va finir par supplanter le français.
              l'arabe continuera de faire dans le discours que peu comprendront.

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              • #8
                n'est pas la Suisse qui veut...
                Surtout pas. Un maghreb arabe peuplé par des Arabes qui fait partie du monde arabe est largement suffisant. On peut ajouter la planète arabe, ça passera inaperçu

                Pourquoi compliquer quand on peut faire simple.

                Je pense que la badissiya m'a séduit

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                • #9
                  Pour le moment, c'est la darija qui unit et qui prédomine largement.
                  Les locuteurs en arabe ou en français ou en amazigh sont vraiment plus que minoritaires. l'anglais, n'en parlons même pas.
                  Il aussi une région dans le Ouest ou alentour de Sidi BelAbbas très influencé par l'Espagnol.

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                  • #10
                    en amazigh sont vraiment plus que minoritaires
                    Les millions d'amazighophones de Kabylie, du Rif, des Atlas, du Souss, du Tafilalt, du pays Touareg, du Mzab...comptent pour du beurre !

                    Je ne parle même pas des Aurès qui sont addict en majorité à la badissiya, du Ouarsennis, du pays Tipaza-chlef, du pays tlemcenois, de la région de Blida, des oasis sahariens isolés...etc qui ont abandonné ou en cours d'abandon de Tamazight pour causes politique, socio-psycho-économico-religieuse ou simplement par abandon de l'état et isolement...etc

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                    • #11
                      Je parle d'Algérie.
                      Les Chaoui ne parlent plus chaoui depuis longtemps.
                      Y a qu'une partie des Kabyles qui continuent de parler amazigh

                      Face aux darijophones, c'est une minorité.

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                      • #12
                        Face aux darijophones, c'est une minorité.
                        tu proposes quoi au juste ?

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