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l'antisémitisme des Français d'Algérie

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  • l'antisémitisme des Français d'Algérie

    Quand la France vichyste faisait du zèle en Algérie


    Dans son dernier livre, Jacques Attali fouille la mémoire trouble de l'Algérie française durant la Seconde Guerre mondiale. L'Express en publie quelques extraits.

    Au détour de son nouvel ouvrage, L'Année des dupes. Alger, 1943, publié chez Fayard, Jacques Attali, ancien éditorialiste à L'Express, revient sur un aspect méconnu de notre histoire coloniale : l'antisémitisme des Français d'Algérie. Extraits.

    "En juillet 1940, les bulletins des Renseignements généraux en Algérie notent : 'L'antisémitisme progresse rapidement et la population française est à la tête du mouvement.' En Algérie, les manifestations antisémites sont tout de suite violentes. Le grand ethnologue Jacques Soustelle (qui vient alors de commencer une action en faveur de De Gaulle, à Mexico, où il est mobilisé comme adjoint de l'attaché militaire) écrira plus tard avec beaucoup de lucidité : 'Pour bien des Français d'Afrique du Nord, si la Révolution nationale n'avait pas existé, il eût fallu l'inventer... Nulle part en France ni dans l'Empire on ne vit [la propagande du Maréchal] s'étaler avec autant d'indécence : énormes slogans barbouillant les murs, gigantesques portraits du bon dictateur.' [...] Les Français d'Algérie voient leur heure arriver. Ils réclament évidemment, comme depuis qu'il a été publié soixante-dix ans plus tôt, l'abrogation du décret Crémieux et l'exclusion des juifs de toute l'économie algérienne. Ils expliquent que c'est plus important qu'en métropole, car, disent-ils, les juifs sont, en proportion, beaucoup plus nombreux en Algérie : 12 % de la population européenne en Algérie est juive, contre 0,75 % en métropole. Et, prétendent-ils, ils contrôlent toute l'économie."



    Le décret honni
    "Ils ajoutent que le décret Crémieux est très mal perçu par les musulmans, qui seront ravis de le voir abroger. Tout cela est faux, comme on l'a vu précédemment, mais nul ne cherche à le vérifier. Le 3 octobre, Pétain fait publier, sans diktat allemand, trois semaines avant son entrevue à Montoire avec Hitler, une 'loi portant statut des Juifs', appliquée immédiatement en Algérie, avant même sa publication trois semaines plus tard : les juifs sont exclus de l'armée et de la fonction publique, en particulier de l'enseignement et de la magistrature, de la presse et du cinéma. [...] Cela concerne en Algérie 2 476 fonctionnaires d'Etat, dont 1 745 sont immédiatement licenciés ; 465 professeurs et instituteurs sont aussi immédiatement exclus ; dans les services communaux, 232 fonctionnaires sont licenciés sur-le-champ ; seuls 114 sont maintenus provisoirement. Au total, de 3 000 à 3 500 fonctionnaires juifs sont licenciés et passent, du jour au lendemain, dans la misère."



    "Personne, ou presque, parmi les fonctionnaires non juifs, ou avocats, ou magistrats, ou médecins des départements français d'Algérie, ne proteste. La population non juive ne réagit pas non plus. Pas de solidarité avec les juifs. Pas non plus de mouvement de résistance. Rien. Bien au contraire. Les Européens d'Algérie sont à la pointe de l'action vichyste. L'historien américain Robert Paxton écrira : 'C'est Vichy qui subissait les pressions d'Alger et non l'inverse.' [...] En particulier, les Français d'Algérie font pression sur Vichy pour obtenir ce dont ils rêvent depuis soixante-dix ans : l'abrogation du [décret Crémieux]. Le 7 octobre (avant même que la loi du 30 octobre sur le statut des juifs n'entre en vigueur en Algérie), le [texte] est abrogé par un décret signé du ministre de l'Intérieur, Marcel Peyrouton, et du garde des Sceaux, Raphaël Alibert."
    Par Claire Chartier,
    المجد والخلود للرفيق والمناضل المغربي ابراهام سرفاتي
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