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Maison d’arrêt de Tizi: Comment réussir la réinsertion

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  • Maison d’arrêt de Tizi: Comment réussir la réinsertion

    A l’occasion de la Journée de la culture et du savoir (Youm El Ilm), le centre de rééducation de Tizi Ouzou (ex-maison d’arrêt), a organisé une visite aux journalistes qui ont eu aussi à assister à une petite fête où des détenus ont reçu des cadeaux et des diplômes. La visite commence par un accueil des plus chaleureux par le jeune directeur qui était aux petits soins avec la presse. La première impression que l’on a en pénétrant en ces lieux est cette propreté qui se remarque depuis l’entrée jusqu’au moindre recoin. De prime abord, on est renseigné sur le surpeuplement de cet établissement conçu pour 800 pensionnaires et qui compte actuellement 1400 détenus, dont 8 mineurs et 20 femmes.

    Selon le procureur général adjoint, qui a rejoint le groupe peu après, la détention préventive est de 18 à 21% de la population carcérale à Tizi Ouzou. Le quartier des mineurs n’a pu être visité ainsi que celui des condamnés à la peine capitale qui, dit-on, sont une vingtaine. Tout comme il ne nous a pas été donné de voir le quartier réservé aux adeptes de la violence.

    Le procureur explique que la formation en vue de la réinsertion des détenus dans la société, tâche principale qui occupe les fonctionnaires et les juges, est difficile à mener avec les condamnés à de petites peines, car, précise-t-il, avec les condamnés aux grandes peines, on a le temps nécessaire pour essayer d’appliquer un programme de formation adéquat.

    Lors de notre visite on a pu voir, tout d’abord, les parloirs, là où des détenus, environ 17, debout, sont face aux appareils téléphoniques et à la vitre les séparant de leurs visiteurs. Ces derniers entrent par vagues, déposent dans une salle spécialisée les couffins et sont ensuite dirigés vers le parloir. Au niveau du centre de formation de l’établissement, des détenus sont encadrés par une dizaine d’intervenants tant internes qu’externes. Ces derniers, soit affectés par la direction de l’éducation, soit par la formation professionnelle, s’activaient avec des détenus apparemment avides d’acquérir qui une formation, qui une alphabétisation.

    Des tableaux explicatifs renseignent sur les efforts faits en ce sens: ainsi 236 détenus participent à un programme d’enseignement, ils sont répartis par niveau de la 1re année élémentaire à la troisième année secondaire. Ainsi, pour l’année scolaire écoulée, ce sont 23 détenus qui ont passé les examens du baccalauréat, 10 d’entre eux ont passé avec succès cet examen alors que pour cette année, ce sont 39 détenus qui s’y préparent. Un détenu inscrit en première année de droit à l’université Mouloud Mammeri suit ses cours en régime de semi-liberté. La formation professionnelle regroupe 21 éléments en section peinture-décoration, 22 en couture et prêt-à-porter, 25 en informatique, 3 en coiffure dames, 92 en formation qualifiante et 18 en sculpture. Le centre de formation est une véritable ruche où les détenus oublient leur condition en se consacrant à leur formation. Lors de notre présence, se déroulait un concours de culture générale devant déboucher par la suite à des récompenses aux plus méritants.

    Dans une autre salle, c’est un groupe de détenus qui sont initiés aux arcanes de l’écrit. Un sentiment étrange nous envahit face à ces hommes et ces femmes qui, oubliant leur condition de détention, luttent contre l’analphabétisme. En continuant la visite, toujours guidés par le directeur et les responsables de l’établissement, en compagnie du procureur adjoint et du juge de l’application des peines, on découvre la salle de consultation médicale où officient 9 médecins généralistes, 6 dentistes et 4 psychologues. La doctoresse qui nous a reçus dira que le rythme des consultations quotidiennes est d’environ 50 détenus, comme elle précise que chaque détenu possède son dossier médical et est donc suivi médicalement. Des visites périodiques sont organisées environ une visite tous les deux mois et à chaque arrivée de nouveaux détenus, ceux-ci sont soumis à une consultation médicale afin de détecter une éventuelle maladie. Les malades chroniques nécessitant un régime alimentaire précis sont également pris en charge. Les médicaments prescrits sont distribués aux détenus tous les matins et les psychotropes sont ainsi avalés en présence d’un gardien. Plus loin, c’est la bibliothèque de l’établissement qui attitre notre attention. Selon le responsable de la bibliothèque, ce sont 4938 titres en arabe et 1765 titres en français qui sont proposés aux détenus. Les prêts fonctionnent à raison de 1340 titres environ par mois. Sans oublier qu’ils ont droit à la presse à raison d’un quotidien pour 30 détenus. Tout comme les téléviseurs existent dans chaque salle et dans chaque cellule, sauf en cas de punition.

    Enfin, on passe par une belle salle de musculation bien équipée avant d’arriver au réfectoire du personnel où a lieu une petite cérémonie de distribution des prix. En présence des responsables de l’établissement et du procureur général adjoint ainsi que du juge de l’application des peines et de la presse, les détenus sont récompensés pour leurs efforts.

    II est vrai que les tableaux muraux vus en certains endroits et réalisés par les détenus sont souvent proches de chefs-d’oeuvre. Tout comme d’ailleurs certaines sculptures. A souligner que l’atmosphère générale est loin d’être cet enfer appréhendé mais une sorte de grand centre d’apprentissage avec ses règles et ses contraintes!

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