Le 10 juin 1920
Le 10 juin 2020
Abane Ramdane est né le 10 juin 1920 à Azouza dans la commune de Larbaâ Nath Irathen dans l'actuelle wilaya de Tizi Ouzou.
En 1933, il obtient son certificat d'études primaires. En octobre 1933, il rejoint le collège Duveyrier à Blida où il accomplit toute sa scolarité secondaire en tant qu'interne[4]. En 1942, Il obtient le baccalauréat mathématiques avec mention «Bien»[5].
Il est mobilisé et affecté pendant la Seconde Guerre mondiale, avec le grade de sous-officier, dans un régiment de tirailleurs algériens stationné à Blida, en attendant le départ pour l'Italie. Démobilisé, il entre au Parti du peuple algérien (PPA) et milite tout en travaillant comme secrétaire de la commune mixte de Châteaudun du Rhummel (Chelghoum Laïd).
Marqué par les massacres du 8 mai 1945, il abandonne ses fonctions, rompt définitivement avec l'administration coloniale et entre en clandestinité pour se consacrer à « la cause nationale » au sein du PPA-MTLD.
Il est désigné, en 1948, comme chef de wilaya, d'abord dans la région de Sétif, puis dans l'Oranie. Durant cette période, il est également membre de l'Organisation spéciale (OS), bras armé du Parti, chargé de préparer la Révolution.
• Dans les prisons françaises, élaboration d'une culture politique
Recherché par la police française dans l'affaire dite du « complot de l'OS » (1950), il est arrêté quelques mois plus tard dans l'ouest du pays. Il est jugé en 1951, après avoir subi plusieurs semaines d'interrogatoire et de torture, et condamné à 5 ans de prison, 10 ans d'interdiction de séjour, 10 ans de privation des droits civiques et 500 000 francs d'amende pour « atteinte à la sûreté intérieure de l'État ». Commence alors un long séjour dans les prisons d'Algérie (Bougie, Barberousse, Maison Carrée) et de métropole. Après un court séjour aux Baumettes (Bouches-du-Rhône) au début de l'année 1952, il est transféré à Ensisheim (Haut-Rhin, Alsace) dans une prison de haute sécurité. Soumis à un régime de détention de droit commun, il entame une longue grève de la faim. À l'article de la mort, il est soigné et sauvé in extremis, et obtient gain de cause.
Prisonnier politique, il est transféré en 1953 à la prison d'Albi dans le Tarn (sud-ouest de la France) où le régime carcéral, plus souple, lui permet de s'adonner à son loisir favori, la lecture. Il découvre la condition faite à la nation irlandaise, qu'il juge semblable à celle que subit le peuple algérien depuis plus d'un siècle, et le sort d'Éamon de Valera qui connut, comme lui, les geôles britanniques.
Transféré à la prison de Maison Carrée au cours de l'été 1954, il est tenu au courant des préparatifs de novembre 1954. Il est désigné d'office comme l'un des douze membres d'un comité chargé de prendre en mains les destinées de la rébellion contre le régime français, pour l'indépendance de l'Algérie.
• Libération, retour à la clandestinité et organisation des réseaux FLN
C'est à ce titre que les dirigeants de la zone III (Kabylie, future wilaya III historique) prennent contact avec lui quelques jours après sa sortie de prison, le 18 janvier 1955, alors qu'il est assigné à résidence à Azouza. Après quelques jours passés auprès de sa mère paralysée, il quitte Azouza, entre en clandestinité et prend en charge la direction politique de la capitale.
Son appel du 1er avril 1955 à l'union et à l'engagement du peuple algérien signe l'acte de naissance d'un véritable Front de libération et son émergence en tant que mouvement national. Il y affirme son credo unitaire, « la libération de l'Algérie sera l'œuvre de tous », qu'il n'aura de cesse de mettre en œuvre.
Il obtient une grande influence dans la direction intérieure installée à Alger. Chargé des questions d'animation de la « Révolution » au niveau national en assurant la coordination inter-wilayas, il anime également la liaison avec la Délégation extérieure du FLN établie au Caire, les fédérations de France, de Tunisie et du Maroc. Il a ainsi la haute main sur toutes les grandes questions d'ordre interne et international.
Il se consacre également à organiser et à rationaliser la lutte, et à rassembler toutes les forces politiques algériennes au sein du FLN pour donner à la « révolution » du 1er novembre la dimension d'un grand mouvement de résistance nationale. Secondé par Benyoucef Benkhedda, il impulse la création d'El Moudjahid, le journal clandestin de la Révolution, qui prend la suite de Résistance algérienne[6], ainsi que de l'hymne national algérien Kassaman[7] (en contactant lui-même le poète Moufdi Zakaria). Par ailleurs, il appuie la naissance des organisations syndicales ouvrière (UGTA), commerçante (UGCA) et estudiantine (UGEMA), qui deviendront, elles aussi, un terreau pour la rébellion.
Il s'efforce également de détruire les organisations concurrentes au FLN comme l'Union syndicale des travailleurs algériens (USTA) en envoyant en France Rabah Bouaziz pour cette mission [8]
• Structuration politique du mouvement national et luttes internes
Il met en chantier et supervise la rédaction d'une base doctrinale destinée à compléter et à affiner les objectifs contenus dans la Proclamation du 1er novembre 1954. Appuyé par Larbi Ben M'hidi, il fait adopter au congrès de la Soummam du 20 août 1956 un statut pour l'armée de libération nationale (ALN) devant se soumettre aux « lois de la guerre », et surtout, devenir une plate-forme politique dans laquelle est affirmée la « primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur ». Critiquant la violence sans limite des militaires, il fait adopter par le Congrès des consignes très fermes : « Les tribunaux: aucun officier, quel que soit son grade, n’a plus le droit de prononcer une condamnation à mort. Les tribunaux à l’échelle secteur et zone seront chargés de juger les civils et les militaires. L’égorgement est formellement interdit à l’avenir, les condamnés à mort seront fusillés. L’accusé a le droit de choisir une défense. La mutilation est formellement interdite, quelles qu’en soient les raisons que l’on puisse alléguer. Les prisonniers de guerre: il est formellement interdit d’exécuter les prisonniers de guerre. A l’avenir un service des prisonniers de guerre sera créé dans chaque wilaya ; il aura surtout pour tâche de populariser la justesse de notre lutte »[10].
En réponse à la déclaration de Guy Mollet, en février 1956, de faire exécuter les « rebelles » algériens condamnés à mort, Abane déclara :
« Nous prenons le monde à témoin des conséquences qui découleraient de ce monstrueux crime devant lequel ont reculé même les Pinay, Faure et Soustelle. Si le gouvernement français faisait guillotiner les condamnés à mort, des représailles terribles s’abattront sur la population civile européenne » [11].
Le 10 juin 2020
Abane Ramdane est né le 10 juin 1920 à Azouza dans la commune de Larbaâ Nath Irathen dans l'actuelle wilaya de Tizi Ouzou.
En 1933, il obtient son certificat d'études primaires. En octobre 1933, il rejoint le collège Duveyrier à Blida où il accomplit toute sa scolarité secondaire en tant qu'interne[4]. En 1942, Il obtient le baccalauréat mathématiques avec mention «Bien»[5].
Il est mobilisé et affecté pendant la Seconde Guerre mondiale, avec le grade de sous-officier, dans un régiment de tirailleurs algériens stationné à Blida, en attendant le départ pour l'Italie. Démobilisé, il entre au Parti du peuple algérien (PPA) et milite tout en travaillant comme secrétaire de la commune mixte de Châteaudun du Rhummel (Chelghoum Laïd).
Marqué par les massacres du 8 mai 1945, il abandonne ses fonctions, rompt définitivement avec l'administration coloniale et entre en clandestinité pour se consacrer à « la cause nationale » au sein du PPA-MTLD.
Il est désigné, en 1948, comme chef de wilaya, d'abord dans la région de Sétif, puis dans l'Oranie. Durant cette période, il est également membre de l'Organisation spéciale (OS), bras armé du Parti, chargé de préparer la Révolution.
• Dans les prisons françaises, élaboration d'une culture politique
Recherché par la police française dans l'affaire dite du « complot de l'OS » (1950), il est arrêté quelques mois plus tard dans l'ouest du pays. Il est jugé en 1951, après avoir subi plusieurs semaines d'interrogatoire et de torture, et condamné à 5 ans de prison, 10 ans d'interdiction de séjour, 10 ans de privation des droits civiques et 500 000 francs d'amende pour « atteinte à la sûreté intérieure de l'État ». Commence alors un long séjour dans les prisons d'Algérie (Bougie, Barberousse, Maison Carrée) et de métropole. Après un court séjour aux Baumettes (Bouches-du-Rhône) au début de l'année 1952, il est transféré à Ensisheim (Haut-Rhin, Alsace) dans une prison de haute sécurité. Soumis à un régime de détention de droit commun, il entame une longue grève de la faim. À l'article de la mort, il est soigné et sauvé in extremis, et obtient gain de cause.
Prisonnier politique, il est transféré en 1953 à la prison d'Albi dans le Tarn (sud-ouest de la France) où le régime carcéral, plus souple, lui permet de s'adonner à son loisir favori, la lecture. Il découvre la condition faite à la nation irlandaise, qu'il juge semblable à celle que subit le peuple algérien depuis plus d'un siècle, et le sort d'Éamon de Valera qui connut, comme lui, les geôles britanniques.
Transféré à la prison de Maison Carrée au cours de l'été 1954, il est tenu au courant des préparatifs de novembre 1954. Il est désigné d'office comme l'un des douze membres d'un comité chargé de prendre en mains les destinées de la rébellion contre le régime français, pour l'indépendance de l'Algérie.
• Libération, retour à la clandestinité et organisation des réseaux FLN
C'est à ce titre que les dirigeants de la zone III (Kabylie, future wilaya III historique) prennent contact avec lui quelques jours après sa sortie de prison, le 18 janvier 1955, alors qu'il est assigné à résidence à Azouza. Après quelques jours passés auprès de sa mère paralysée, il quitte Azouza, entre en clandestinité et prend en charge la direction politique de la capitale.
Son appel du 1er avril 1955 à l'union et à l'engagement du peuple algérien signe l'acte de naissance d'un véritable Front de libération et son émergence en tant que mouvement national. Il y affirme son credo unitaire, « la libération de l'Algérie sera l'œuvre de tous », qu'il n'aura de cesse de mettre en œuvre.
Il obtient une grande influence dans la direction intérieure installée à Alger. Chargé des questions d'animation de la « Révolution » au niveau national en assurant la coordination inter-wilayas, il anime également la liaison avec la Délégation extérieure du FLN établie au Caire, les fédérations de France, de Tunisie et du Maroc. Il a ainsi la haute main sur toutes les grandes questions d'ordre interne et international.
Il se consacre également à organiser et à rationaliser la lutte, et à rassembler toutes les forces politiques algériennes au sein du FLN pour donner à la « révolution » du 1er novembre la dimension d'un grand mouvement de résistance nationale. Secondé par Benyoucef Benkhedda, il impulse la création d'El Moudjahid, le journal clandestin de la Révolution, qui prend la suite de Résistance algérienne[6], ainsi que de l'hymne national algérien Kassaman[7] (en contactant lui-même le poète Moufdi Zakaria). Par ailleurs, il appuie la naissance des organisations syndicales ouvrière (UGTA), commerçante (UGCA) et estudiantine (UGEMA), qui deviendront, elles aussi, un terreau pour la rébellion.
Il s'efforce également de détruire les organisations concurrentes au FLN comme l'Union syndicale des travailleurs algériens (USTA) en envoyant en France Rabah Bouaziz pour cette mission [8]
• Structuration politique du mouvement national et luttes internes
Il met en chantier et supervise la rédaction d'une base doctrinale destinée à compléter et à affiner les objectifs contenus dans la Proclamation du 1er novembre 1954. Appuyé par Larbi Ben M'hidi, il fait adopter au congrès de la Soummam du 20 août 1956 un statut pour l'armée de libération nationale (ALN) devant se soumettre aux « lois de la guerre », et surtout, devenir une plate-forme politique dans laquelle est affirmée la « primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur ». Critiquant la violence sans limite des militaires, il fait adopter par le Congrès des consignes très fermes : « Les tribunaux: aucun officier, quel que soit son grade, n’a plus le droit de prononcer une condamnation à mort. Les tribunaux à l’échelle secteur et zone seront chargés de juger les civils et les militaires. L’égorgement est formellement interdit à l’avenir, les condamnés à mort seront fusillés. L’accusé a le droit de choisir une défense. La mutilation est formellement interdite, quelles qu’en soient les raisons que l’on puisse alléguer. Les prisonniers de guerre: il est formellement interdit d’exécuter les prisonniers de guerre. A l’avenir un service des prisonniers de guerre sera créé dans chaque wilaya ; il aura surtout pour tâche de populariser la justesse de notre lutte »[10].
En réponse à la déclaration de Guy Mollet, en février 1956, de faire exécuter les « rebelles » algériens condamnés à mort, Abane déclara :
« Nous prenons le monde à témoin des conséquences qui découleraient de ce monstrueux crime devant lequel ont reculé même les Pinay, Faure et Soustelle. Si le gouvernement français faisait guillotiner les condamnés à mort, des représailles terribles s’abattront sur la population civile européenne » [11].
Commentaire