Libération (Casablanca)
Publié sur le web le 9 Avril 2007
Nadia Ziane
Un aliéné mental s'est attaqué samedi après-midi à deux ressortissants espagnols à Mrirt (province de Khénifra), blessant grièvement l'un d'eux. Les deux touristes étaient en train de prendre leur déjeuner dans un restaurant lorsqu'un individu leur a asséné des coups de couteau. La victime blessée grièvement a été évacuée vers l'hôpital militaire Mohammed V à Rabat pour y subir une opération, alors que l'autre, légèrement blessée, a été transportée à l'hôpital militaire Moulay Ismaïl de Meknès.
L'auteur de l'attaque, un aliéné notoirement connu d'une quarantaine d'années et qui était sous traitement anti-dépressif et psychotrope et suivi par un neurologue de Meknès depuis août 2005, a été arrêté. En 2006, une touriste française âgée de 62 ans a été blessée à l'arme blanche au niveau de l'abdomen par un individu, dans la médina de Fès près du musée Nejjarine. Le mis en cause natif de Fès en 1981, cordonnier de son état, habite le quartier périphérique de Bourniat situé dans la zone nord de Fès. Il a été immédiatement neutralisé par les forces de l'ordre qui ont procédé à son arrestation.
Il s'agit d'un aliéné mental qui a déjà séjourné à l'hôpital psychiatrique d'Ibn Al Hassan qu'il a quitté pour la dernière fois le 21 novembre dernier.
Rien qu'à Fès, on recense plus de 4.000 aliénés mentaux traînant en liberté dans la médina. En 2005, un Français, Benjamin Vanse Veren (16 ans) a été poignardé par un "aliéné mental", alors qu'il faisait du tourisme avec ses parents et son jeune frère (9 ans). L'auteur de ce crime, purge actuellement une peine de prison à vie. En 2006, un autre aliéné a agressé dans l'ancienne médina, un Hollandais. Ce dernier faisait partie d'une délégation officielle représentant les Pays-Bas et qui était en train de visiter les monuments historiques de la ville.
Ces faits divers dévoilent une triste réalité. Le Maroc laisse en toute liberté des personnes qui peuvent être dangereuses pour elles-même et pour d'autres personnes. Le manque de structure psychiatrique est plus que notoire surtout dans les petites villes. Que faut-il faire quand ces personnes se trouvent impliquées dans des agressions voire des meurtres ?
Selon certains psychiatres, ces personnes arrêtées et condamnées ne sont pas de vrais "criminels", mais des personnes atteintes de maladies mentales. Leur esprit dérangé est certes un grand alibi, mais que faut-il en faire ?
Le Code pénal est plutôt clair. L'article 134 stipule que «N'est pas responsable et doit être absous celui qui, au moment des faits qui lui sont imputés, se trouvait par suite de troubles de ses facultés mentales dans l'impossibilité de comprendre ou de vouloir» et l'article 136 prévoit: «Lorsqu'une juridiction d'instruction estime qu'un inculpé présente des signes manifestes d'aliénation mentale, elle peut, par décision motivée, ordonner son placement provisoire dans un établissement psychiatrique en vue de sa mise en observation et, s'il y a lieu, de son hospitalisation dans les conditions prévues par le dahir n° l-58-295 du 21 chaoual 1378 (30 avril 1959) relatif à la prévention et au traitement des maladies mentales et à la protection des malades mentaux».
Or, les établissements de santé mentale manquent. Et à ces structures d'accueils censées mettre les aliénés en dehors de tout danger, sont prévues deux solutions. L'une est l'emprisonnement à vie dans ce qui est fort ressemblant à une prison à savoir les asiles et l'autre est de les confier aux soins des familles qui se trouvent dépassées et n'ont d'autres issues que de les enchaîner dans les marabouts devenus potentiellement
Publié sur le web le 9 Avril 2007
Nadia Ziane
Un aliéné mental s'est attaqué samedi après-midi à deux ressortissants espagnols à Mrirt (province de Khénifra), blessant grièvement l'un d'eux. Les deux touristes étaient en train de prendre leur déjeuner dans un restaurant lorsqu'un individu leur a asséné des coups de couteau. La victime blessée grièvement a été évacuée vers l'hôpital militaire Mohammed V à Rabat pour y subir une opération, alors que l'autre, légèrement blessée, a été transportée à l'hôpital militaire Moulay Ismaïl de Meknès.
L'auteur de l'attaque, un aliéné notoirement connu d'une quarantaine d'années et qui était sous traitement anti-dépressif et psychotrope et suivi par un neurologue de Meknès depuis août 2005, a été arrêté. En 2006, une touriste française âgée de 62 ans a été blessée à l'arme blanche au niveau de l'abdomen par un individu, dans la médina de Fès près du musée Nejjarine. Le mis en cause natif de Fès en 1981, cordonnier de son état, habite le quartier périphérique de Bourniat situé dans la zone nord de Fès. Il a été immédiatement neutralisé par les forces de l'ordre qui ont procédé à son arrestation.
Il s'agit d'un aliéné mental qui a déjà séjourné à l'hôpital psychiatrique d'Ibn Al Hassan qu'il a quitté pour la dernière fois le 21 novembre dernier.
Rien qu'à Fès, on recense plus de 4.000 aliénés mentaux traînant en liberté dans la médina. En 2005, un Français, Benjamin Vanse Veren (16 ans) a été poignardé par un "aliéné mental", alors qu'il faisait du tourisme avec ses parents et son jeune frère (9 ans). L'auteur de ce crime, purge actuellement une peine de prison à vie. En 2006, un autre aliéné a agressé dans l'ancienne médina, un Hollandais. Ce dernier faisait partie d'une délégation officielle représentant les Pays-Bas et qui était en train de visiter les monuments historiques de la ville.
Ces faits divers dévoilent une triste réalité. Le Maroc laisse en toute liberté des personnes qui peuvent être dangereuses pour elles-même et pour d'autres personnes. Le manque de structure psychiatrique est plus que notoire surtout dans les petites villes. Que faut-il faire quand ces personnes se trouvent impliquées dans des agressions voire des meurtres ?
Selon certains psychiatres, ces personnes arrêtées et condamnées ne sont pas de vrais "criminels", mais des personnes atteintes de maladies mentales. Leur esprit dérangé est certes un grand alibi, mais que faut-il en faire ?
Le Code pénal est plutôt clair. L'article 134 stipule que «N'est pas responsable et doit être absous celui qui, au moment des faits qui lui sont imputés, se trouvait par suite de troubles de ses facultés mentales dans l'impossibilité de comprendre ou de vouloir» et l'article 136 prévoit: «Lorsqu'une juridiction d'instruction estime qu'un inculpé présente des signes manifestes d'aliénation mentale, elle peut, par décision motivée, ordonner son placement provisoire dans un établissement psychiatrique en vue de sa mise en observation et, s'il y a lieu, de son hospitalisation dans les conditions prévues par le dahir n° l-58-295 du 21 chaoual 1378 (30 avril 1959) relatif à la prévention et au traitement des maladies mentales et à la protection des malades mentaux».
Or, les établissements de santé mentale manquent. Et à ces structures d'accueils censées mettre les aliénés en dehors de tout danger, sont prévues deux solutions. L'une est l'emprisonnement à vie dans ce qui est fort ressemblant à une prison à savoir les asiles et l'autre est de les confier aux soins des familles qui se trouvent dépassées et n'ont d'autres issues que de les enchaîner dans les marabouts devenus potentiellement
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