Annonce

Réduire
Aucune annonce.

« Scandales dans l’Église » : la théologie ébranlée par les abus sexuels

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • « Scandales dans l’Église » : la théologie ébranlée par les abus sexuels

    « Scandales dans l’Église » : la théologie ébranlée par les abus sexuels


    Critique Quatre théologiens de l’Institut catholique de Paris analysent l’impact des abus sexuels dans l’Église sur la théologie.


    la-croix.com
    Christophe Henning, le 23/01/2020

    Collectif


    «Nous ne pouvons plus prétendre à ce que l’Église soit reconnue comme “experte en humanité” », constate sœur Catherine Fino, en introduction de cet ouvrage collectif. Quatre théologiens de l’Institut catholique de Paris (ICP) ont participé pendant deux ans à un groupe de réflexion sur « l’approche systémique des abus sexuels dans l’Église » : en 150 pages, ils analysent la crise actuelle et ses incidences théologiques.

    Les différents textes constatent une dérive « systémique », une structure ecclésiale qui a permis, voire facilité, les abus. C’est dire la profondeur du mal. Comment le décrire ? C’est la figure presbytérale qui est centrale dans l’analyse des théologiens : « Cette équipe interroge l’exercice de l’autorité et l’obéissance, les contre-pouvoirs et les possibilités de régulation, les silences complices ou contraints, le déni, le cléricalisme », souligne, dans la préface, la psychothérapeute Véronique de Thuy-Croizé.

    « L’emprise du silence »


    Le premier texte du dominicain Gilles Berceville décrypte « la foi manipulée » : « Ce n’est pas seulement malgré leur foi que les communautés catholiques deviennent des lieux d’abus. C’est en raison de leur foi que ces communautés donnent lieu à des formes très spécifiques, et particulièrement nocives, d’abus. » Le cléricalisme dénoncé par le pape François participe à ces « manières catholiques de commettre ou de favoriser l’abus », souligne l’auteur, mais aussi l’idéal mal compris de l’unité de l’Église, du pardon, de la sainteté.

    Religieuse salésienne et théologienne, sœur Catherine Fino pointe « l’emprise du silence » qui a marqué les relations ecclésiales : « La hiérarchie clercs-laïcs a pu favoriser les transgressions, mais c’est ensuite la dévalorisation du statut des prêtres, ou plutôt positivement la prise de conscience de l’égale dignité des baptisés qui a libéré la parole sur les abus, et non l’inverse. »

    Reprenant la chronologie des révélations d’abus sexuels, le père Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire, s’intéresse à la question de l’autorité dans l’Église et de l’autorité de l’Église : « Cette confusion entre l’Église et les ministres ordonnés menace bien davantage le catholicisme à cause du caractère central de l’eucharistie et de la force symbolique de la présidence de la liturgie. »


    « Renforcer l’accompagnement des prêtres »


    Ce que confirme le père Gilles Drouin, directeur de l’Institut supérieur de liturgie de l’ICP, qui évoque « le pouvoir sur le corps », tel qu’il a pu s’installer dans l’Église, notamment à travers les rites et gestes des célébrations. Il met alors en évidence ce qui fait du prêtre « un homme à part (…) caractérisé par son pouvoir sur l’eucharistie et donc sur le corps du Christ ».

    Les auteurs ont judicieusement associé à leurs réflexions le père Éric Vinçon, vicaire général du diocèse de Bourges. L’ancien vice-recteur du séminaire interdiocésain d’Orléans suggère un « suivi » plus efficace des clercs : « Renforcer l’accompagnement des prêtres, c’est aussi induire une culture de la supervision. » Il faudra du temps, estiment les auteurs, qui rappellent aussi que c’est l’affaire de tout catholique : « Tout en respectant la spécificité du ministère presbytéral, la communauté porte le souci de chacun parce que nous sommes tous en chemin, baptisés appelés à la sainteté. »
Chargement...
X