Réponse du docteur Ahmed Bensaada a ses detracteurs.
"De la liberté d’expression au temps béni du Hirak
Je dois être honnête. Lorsque j’ai écrit mon récent livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? », je me doutais qu’il allait être bassement critiqué et que son auteur n’allait pas être épargné. Mon expérience avec les activistes printanistes arabes et leur concept unidirectionnel des libertés individuelles, lors de la sortie de « Arabesque américaine » en 2011, m’a appris que le romantisme révolutionnaire était souvent plus fort que la raison. Mais en ces temps-là, cela pouvait se comprendre : pour la première fois dans l’histoire moderne de cette région, des jeunes prenaient d’assaut les rues, bravant les interdits tout en demandant avec véhémence le départ d’autocrates rouillés par le temps et l’usure d’un pouvoir spolié.
Mais près d’une décennie après l’immolation de Feu Mohamed Bouazizi et l’embrasement de la région par cette funeste saison que les Occidentaux nous ont vendu comme un « printemps », j’avais espéré que mon nouvel ouvrage allait être un peu mieux reçu.
Que nenni!
Je n’ai jamais été aussi attaqué que par certains de mes « chers » concitoyens. Et tout y est passé : complotisme, anti-Hirak, pseudo-physique, misère de la pensée, régime, système, médias publics, éthique, ANEP, APS, AUF, Canada, Vietnam, cirage, carrière, magot, coupe-feu, gauche « madkhalie » et j’en passe…
Jamais, Ô grand jamais, je n’aurais pensé que le niveau des critiques de mes contradicteurs soit aussi pitoyable!
En agissant de la sorte, ces gens-là ne comprennent-ils pas qu’ils sont juste en train de confirmer que ce sont eux qui noyautent le Hirak béni pour l’emmener sur les sentiers de la discorde, de la confrontation et du chaos, selon des directives élaborées ailleurs et susurrées dans leurs oreilles?
C’est à se poser de sérieuses questions sur les fondements de la démocratie prônée par ces défenseurs « autoproclamés » du Hirak. Veulent-ils vraiment ériger des potences dans toutes les villes du pays pour pendre haut et court toute voix jugée non conforme à leur pensée unique? Je ne suis pas loin de le croire.
Et elle sera belle, cette Algérie nouvelle!
À tout seigneur, tout honneur, commençons par le professeur Lahouari Addi que j’ai cité dans mon ouvrage. Moins de 24 h après la publication des « bonnes pages » de l’essai, M. Addi écrivit un long texte, sans avoir lu mon livre, car non disponible en dehors de l’Algérie. Il y expliqua ses relations avec un organisme américain d’ « exportation » de la démocratie. Très correcte la démarche si ce n’est un petit hic : il traita l’auteur de l’ouvrage, c’est-à-dire moi, de « doubab » (mouche en arabe).
Texte de Lahouari Addi
Allons, allons, cher professeur, un peu de retenue! Quel exemple donnez-vous à cette belle jeunesse qui a enfanté le Hirak? Respectez votre niveau académique, voyons! Évitez d’utiliser ce genre d’expressions qui peuvent entacher votre respectabilité et nuire à votre rang social.
Pensez-vous que MM. Huntington ou Fukuyama, avec qui vous prenez le thé dans les salons feutrés, auraient utilisé ce vil langage de la plèbe dans une telle situation?
Oh que non! Ils auraient d’abord lu le livre et donné, ensuite, un avis argumenté sur son contenu. Pour ou contre, certes, mais poli et respectueux.
D’autant plus que mon livre ne comporte aucune insulte ni injure à votre encontre ni à l’encontre des autres personnes mentionnées.
Le professeur Addi récidiva quelques jours plus tard en me traitant de « sinistre personnage » dans une émission de Radio Corona Internationale, radio dont il sera question plus tard.
Il ne s’agit donc pas d’une simple incartade, mais d’un comportement bien ancré : l’insulte et l’invective contre toute personne qui dérange le grand professeur dans sa béatitude féconde. Mon ouvrage l’aurait-il brusquement fait descendre de son firmament vers le plancher des vaches?
Une autre célébrité du microcosme « intellectuel » algérois a décidé de s’insurger contre l’auteur du livre : M. Lazhari Labter. Dans un post d’une longueur qui devrait figurer dans le livre Guinness des records, il déblatéra une foultitude de lieux communs…sans piper mot du contenu du livre. Mais qu’est-ce qui a poussé ce gentil monsieur à se fatiguer de la sorte? Des tonnes d’efforts et des litres de sueur pour faire rire toute la blogosphère.
Texte de Lazhari Labter
Regardons ça de près. Il m’accuse d’avoir publié mon livre « Arabesque$ » à l’ANEP, c’est-à-dire une maison d’édition étatique pour démontrer que je suis « payé » par le « pouvoir ». C’est vrai que cette accusation n’est pas originale. Chawki Amari [1] me l’avait servie en 2016 lorsque mon éditeur (privé) de l’époque, M. Amar Ingrachen (Éditions Franz Fanon), avait choisi la librairie de l’ANEP comme lieu du lancement de mon livre « Kamel Daoud, Cologne contre-enquête ».
Mais ce qui est grave dans le cas de M. Labter, c’est que ce monsieur a été embecqué et gavé par l’ANEP puisqu’il a été directeur de ses éditions de 2001 à 2005. Il n’a pas été juste « payé » par le « pouvoir » : il a fait partie du pouvoir lui-même.
Le comble du ridicule? M. Labter vient d’être officiellement nommé par le ministre de l’industrie cinématographique au sein de la commission de lecture du Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique (Fdatic) [2].
Ce monsieur collabore activement avec le gouvernement actuel alors qu’il me reproche d’être « proche » de ce même gouvernement. Y comprenez-vous quelque chose?
J’utiliserai la même phrase que celle utilisée par Lazhari Labter dans une de ses lettres ouvertes :
« Mais pourquoi as-tu fait ça Lazhari, pourquoi ? » [3]
Lazhari Labter et ses "combats"
M. Labter, militant pour la démocratie, la liberté des droits humains et de la justice sociale? Pour quelle liberté milite-t-il? De celle des censeurs et des coupeurs de langues?
M. Labter, vous êtes un fossoyeur de la liberté d’expression!
Inondé par des commentaires négatifs ― car le peuple n’est pas dupe !― et traîné dans la boue par un youtubeur nommé Rafaa 156 [4], notre grand défenseur des droits humains a été finalement contraint de rendre privé son post concernant mon livre, le retirant de l’espace public.
Ah, la liberté d’expression entre amis! Elle assure un si doux cocooning!
En fait, ce que ne sait pas ce cher M. Labter et beaucoup de mes contradicteurs zélés, c’est que mon livre « Arabesque américaine » a été d’abord publié au Canada en 2011, puis en Algérie par les Éditons Synergie (éditeur privé) en 2012. Après la parution de « Arabesque$ » édité en Belgique en 2015 par Michel Collon (Editions Investig’Action), j’ai d’abord proposé l’édition algérienne à M. Amar Ingrachen (éditeur privé) avant de le soumettre à l’ANEP. M. Ingrachen avait refusé de l’éditer pour des raisons qui le concernent tout en acceptant de publier mon livre sur Kamel Daoud.
De même, bien avant de proposer mon nouveau livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? » aux Éditions APIC, je l’avais envoyé en premier lieu à M. Ingrachen, fidélité à mon éditeur privé oblige. Je n’en ai même pas soufflé mot à l’ANEP.
Si Amar Ingrachen ―membre du club privé CPP (Café Presse Politique) de Radio M― avait édité ce livre, aurais-je été lynché de la sorte sur la place publique? Et si l’APS avait annoncé la parution de mon livre édité par M. Ingrachen, quelle aurait été la réaction? M’aurait-on accusé de collusion avec des forces cosmiques?
Et parlons-en de ces médias algériens privés libres et démocrates! Aucun journal, aucune télé (même étatique!) ne m’a invité, ni questionné au sujet de mon livre. La plupart d’entre eux ont totalement ignoré sa sortie et aucun n’en a encore fait une quelconque recension!
À qui ce livre fait-il peur? Existe-t-il des sujets tabous alors que notre pays vit des moments critiques?
« Taisez-vous M. Bensaada! »
"De la liberté d’expression au temps béni du Hirak
Je dois être honnête. Lorsque j’ai écrit mon récent livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? », je me doutais qu’il allait être bassement critiqué et que son auteur n’allait pas être épargné. Mon expérience avec les activistes printanistes arabes et leur concept unidirectionnel des libertés individuelles, lors de la sortie de « Arabesque américaine » en 2011, m’a appris que le romantisme révolutionnaire était souvent plus fort que la raison. Mais en ces temps-là, cela pouvait se comprendre : pour la première fois dans l’histoire moderne de cette région, des jeunes prenaient d’assaut les rues, bravant les interdits tout en demandant avec véhémence le départ d’autocrates rouillés par le temps et l’usure d’un pouvoir spolié.
Mais près d’une décennie après l’immolation de Feu Mohamed Bouazizi et l’embrasement de la région par cette funeste saison que les Occidentaux nous ont vendu comme un « printemps », j’avais espéré que mon nouvel ouvrage allait être un peu mieux reçu.
Que nenni!
Je n’ai jamais été aussi attaqué que par certains de mes « chers » concitoyens. Et tout y est passé : complotisme, anti-Hirak, pseudo-physique, misère de la pensée, régime, système, médias publics, éthique, ANEP, APS, AUF, Canada, Vietnam, cirage, carrière, magot, coupe-feu, gauche « madkhalie » et j’en passe…
Jamais, Ô grand jamais, je n’aurais pensé que le niveau des critiques de mes contradicteurs soit aussi pitoyable!
En agissant de la sorte, ces gens-là ne comprennent-ils pas qu’ils sont juste en train de confirmer que ce sont eux qui noyautent le Hirak béni pour l’emmener sur les sentiers de la discorde, de la confrontation et du chaos, selon des directives élaborées ailleurs et susurrées dans leurs oreilles?
C’est à se poser de sérieuses questions sur les fondements de la démocratie prônée par ces défenseurs « autoproclamés » du Hirak. Veulent-ils vraiment ériger des potences dans toutes les villes du pays pour pendre haut et court toute voix jugée non conforme à leur pensée unique? Je ne suis pas loin de le croire.
Et elle sera belle, cette Algérie nouvelle!
À tout seigneur, tout honneur, commençons par le professeur Lahouari Addi que j’ai cité dans mon ouvrage. Moins de 24 h après la publication des « bonnes pages » de l’essai, M. Addi écrivit un long texte, sans avoir lu mon livre, car non disponible en dehors de l’Algérie. Il y expliqua ses relations avec un organisme américain d’ « exportation » de la démocratie. Très correcte la démarche si ce n’est un petit hic : il traita l’auteur de l’ouvrage, c’est-à-dire moi, de « doubab » (mouche en arabe).
Texte de Lahouari Addi
Allons, allons, cher professeur, un peu de retenue! Quel exemple donnez-vous à cette belle jeunesse qui a enfanté le Hirak? Respectez votre niveau académique, voyons! Évitez d’utiliser ce genre d’expressions qui peuvent entacher votre respectabilité et nuire à votre rang social.
Pensez-vous que MM. Huntington ou Fukuyama, avec qui vous prenez le thé dans les salons feutrés, auraient utilisé ce vil langage de la plèbe dans une telle situation?
Oh que non! Ils auraient d’abord lu le livre et donné, ensuite, un avis argumenté sur son contenu. Pour ou contre, certes, mais poli et respectueux.
D’autant plus que mon livre ne comporte aucune insulte ni injure à votre encontre ni à l’encontre des autres personnes mentionnées.
Le professeur Addi récidiva quelques jours plus tard en me traitant de « sinistre personnage » dans une émission de Radio Corona Internationale, radio dont il sera question plus tard.
Il ne s’agit donc pas d’une simple incartade, mais d’un comportement bien ancré : l’insulte et l’invective contre toute personne qui dérange le grand professeur dans sa béatitude féconde. Mon ouvrage l’aurait-il brusquement fait descendre de son firmament vers le plancher des vaches?
Une autre célébrité du microcosme « intellectuel » algérois a décidé de s’insurger contre l’auteur du livre : M. Lazhari Labter. Dans un post d’une longueur qui devrait figurer dans le livre Guinness des records, il déblatéra une foultitude de lieux communs…sans piper mot du contenu du livre. Mais qu’est-ce qui a poussé ce gentil monsieur à se fatiguer de la sorte? Des tonnes d’efforts et des litres de sueur pour faire rire toute la blogosphère.
Texte de Lazhari Labter
Regardons ça de près. Il m’accuse d’avoir publié mon livre « Arabesque$ » à l’ANEP, c’est-à-dire une maison d’édition étatique pour démontrer que je suis « payé » par le « pouvoir ». C’est vrai que cette accusation n’est pas originale. Chawki Amari [1] me l’avait servie en 2016 lorsque mon éditeur (privé) de l’époque, M. Amar Ingrachen (Éditions Franz Fanon), avait choisi la librairie de l’ANEP comme lieu du lancement de mon livre « Kamel Daoud, Cologne contre-enquête ».
Mais ce qui est grave dans le cas de M. Labter, c’est que ce monsieur a été embecqué et gavé par l’ANEP puisqu’il a été directeur de ses éditions de 2001 à 2005. Il n’a pas été juste « payé » par le « pouvoir » : il a fait partie du pouvoir lui-même.
Le comble du ridicule? M. Labter vient d’être officiellement nommé par le ministre de l’industrie cinématographique au sein de la commission de lecture du Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique (Fdatic) [2].
Ce monsieur collabore activement avec le gouvernement actuel alors qu’il me reproche d’être « proche » de ce même gouvernement. Y comprenez-vous quelque chose?
J’utiliserai la même phrase que celle utilisée par Lazhari Labter dans une de ses lettres ouvertes :
« Mais pourquoi as-tu fait ça Lazhari, pourquoi ? » [3]
Lazhari Labter et ses "combats"
M. Labter, militant pour la démocratie, la liberté des droits humains et de la justice sociale? Pour quelle liberté milite-t-il? De celle des censeurs et des coupeurs de langues?
M. Labter, vous êtes un fossoyeur de la liberté d’expression!
Inondé par des commentaires négatifs ― car le peuple n’est pas dupe !― et traîné dans la boue par un youtubeur nommé Rafaa 156 [4], notre grand défenseur des droits humains a été finalement contraint de rendre privé son post concernant mon livre, le retirant de l’espace public.
Ah, la liberté d’expression entre amis! Elle assure un si doux cocooning!
En fait, ce que ne sait pas ce cher M. Labter et beaucoup de mes contradicteurs zélés, c’est que mon livre « Arabesque américaine » a été d’abord publié au Canada en 2011, puis en Algérie par les Éditons Synergie (éditeur privé) en 2012. Après la parution de « Arabesque$ » édité en Belgique en 2015 par Michel Collon (Editions Investig’Action), j’ai d’abord proposé l’édition algérienne à M. Amar Ingrachen (éditeur privé) avant de le soumettre à l’ANEP. M. Ingrachen avait refusé de l’éditer pour des raisons qui le concernent tout en acceptant de publier mon livre sur Kamel Daoud.
De même, bien avant de proposer mon nouveau livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? » aux Éditions APIC, je l’avais envoyé en premier lieu à M. Ingrachen, fidélité à mon éditeur privé oblige. Je n’en ai même pas soufflé mot à l’ANEP.
Si Amar Ingrachen ―membre du club privé CPP (Café Presse Politique) de Radio M― avait édité ce livre, aurais-je été lynché de la sorte sur la place publique? Et si l’APS avait annoncé la parution de mon livre édité par M. Ingrachen, quelle aurait été la réaction? M’aurait-on accusé de collusion avec des forces cosmiques?
Et parlons-en de ces médias algériens privés libres et démocrates! Aucun journal, aucune télé (même étatique!) ne m’a invité, ni questionné au sujet de mon livre. La plupart d’entre eux ont totalement ignoré sa sortie et aucun n’en a encore fait une quelconque recension!
À qui ce livre fait-il peur? Existe-t-il des sujets tabous alors que notre pays vit des moments critiques?
« Taisez-vous M. Bensaada! »
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