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Le passé, l'oubli et la providence

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    Le passé, l'oubli et la providence


    lequotidien-oran.com/
    par El-Houari Dilmi

    Après la sortie qui a fait arracher les cheveux à plus d'un du nouveau arrivé au FLN, son alter ego du RND est venu, lui, ajouter une couche pour déclarer sans broncher que le parti, « né avec des moustaches et des cheveux blancs», n'est ni de l'opposition ni dans l'allégeance au nouveau pouvoir en place. Un peu pour dire que la meilleure manière de se faire oublier un peu, c'est de tenir le bâton par le milieu, et éviter de trop regarder en haut ! Sans parler de Sofiane Djilali qui se fait descendre en flammes de la part de ses « anciens amis », qui lui reprochent une « proximité amphigourique » avec El Mouradia.

    Encore heureux que, comme le bon vieux roseau, le pays bougrement résistant, est capable de plier sans jamais se casser un traître osselet. Un peu comme si on voulait laisser le passé dans l'oubli et l'avenir à la providence, la marche du pays s'apparente à cet homme qui, arrivé au milieu du tunnel, avance vers le faisceau de lumière le plus proche de son centre de gravité. L'on savait aussi que le peuple, vachement « poreux » et héroïque jusqu'à se faire hara-kiri, a depuis longtemps reçu le sérum le prémunissant contre la douleur des coups, plus bas que la ceinture, et autres coups de Jarnac, portés dans son dos, transformé en une véritable passoire. C'est l'histoire de ce nomade à la dignité portée en bandoulière et l'adversité affichée comme le revers d'une médaille… de mérite. A se souvenir de l'histoire de cet homme qui, pour traverser l'océan désertique du sud vers le nord, fit porter sur sa chamelle sa tente mobile, sa chèvre à traire, son chien de campagne, avant de placer au sommet de la bosse du pauvre animal toute sa smala. Quelques encablures plus loin, la chamelle se fatigua et expulsa un liquide bizarre de ses narines, saignées aux quatre veines. Inquiet pour sa pauvre bête, le nomade déchargea d'abord la chèvre à traire, puis le chien de garde. Poursuivant sa route vers le monde « habité », le nomade se rendit compte, quelques mètres plus loin, que sa chamelle est encore en très mauvais état. Dégageant un liquide rougeâtre de ses oreilles, le nomade lui administra un breuvage miraculeux avant de la décharger du poids accablant de sa femme et de ses huit enfants. Arrivé à mi-chemin entre son destin confisqué et son rêve castré, le nomade se résigna à l'idée que la bête n'arrivera jamais à bon port avec le poids insupportable qu'elle porte sur son dos arqué. Il laissa sur le carreau sa chèvre à traire, son chien battu, sa tente mobile, sa femme éplorée et ses huit enfants en bas âge.

    La bête poursuivit toute seule la route jusqu'au point kilométrique numéro 47 où on l'emmena dans un abattoir fraîchement repeint avec une couleur sans tain.

    Avec sa viande fraîche, l'on organisa un giga-couscous avec un méchoui grandeur nature, un festin épique auquel on invita le nomade qui sauta de joie à l'idée que sa pauvre bête se sacrifia pour donner à manger à un peuple preux, mais au ventre creux. A la mémoire de la chamelle sacrifiée, l'on fera tatouer sur le front dégarni du nomade, avec du henné multicolore, une citation peu intelligible à la race des humains : «pour protéger un pays contre tous les chocs, rien de mieux qu'un vaillant peuple pour se dresser en bouclier». Pour se défendre contre tout et tous... Aussi vrai que la civilisation n'est pas un entassement, mais une construction, une architecture.
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