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La culture des armes aux Etats-Unis

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    En l'an 2000, il fallait compter un peu plus de 48 % des électeurs américains ayant déclaré avoir au moins une arme à feu. 64% de la population appuie le droit de porter des armes. Cette proportion donne déjà une idée sur le poids politique et social que représentent les partisans des pro-fusil. Un véritable lobby quoi!

    Avec le carnage perpétré par un détraqué mental à l'université de technologie de Virginie, les États-Unis viennent ainsi de connaître la pire tuerie de leur Histoire. Ce drame s'est produit au moment où, le débat fait rage sur le rôle que pourrait encore représenter la puissante corporation des partisans du droit au port d'arme, dans les prochaines élections présidentielles de novembre 2008. Ici, un petit retour en arrière permet de dire qu'en 2000, juste après le scrutin présidentiel lequel a vu arriver au pouvoir l'actuel Bush Junior, la NRA (National Rifle Association) représentante par excellence des militants du pistolet aux États-Unis, se targuait d'avoir aidé à battre le démocrate Al Gore, le candidat démocrate qui avait signé ce qu'on appelait le Brady Bill (1994) alors qu'il assumait les charges de vice-président sous Bill Clinton.

    Le Brady Bill se résumait dans une enquête que pourraient déclencher les services de police sur tout acheteur d'une arme, elle concerne aussi une procédure de vente visant à imposer au vendeur un délai de cinq jours avant d'effectuer la livraison. Al Gore était toujours favorable à une législation pour le contrôle des armes à feu et devenant ainsi le dauphin «anti-gun» de tous les Etats-Unis. Pour la NRA, il était donc l'homme à écarter, et c'est pour cela qu'elle n'avait pas hésité à dépenser des millions de dollars pour supporter Georges Bush. En 2004, et lors du nouveau rendez-vous électoral, John Kerry le candidat démocrate, avait bien saisi la leçon en invitant une cohorte de journalistes et de photographes à l'accompagner lors d'une partie de chasse à l'outarde dans la région de Springfield dans l'Ohio.

    Dans une grande photo du Washington Post, Kerry se faisait passer pour un chasseur en s'exhibant avec un fusil à la main. Mais, malgré cela, la NRA ne l'avait pas cru et a vite rappelé à ses supporteurs la consigne anti-démocrate, celle de ne pas voter pour le candidat Kerry. En vérité, la NRA jouit d'un rôle très important dans le fonctionnement de la machine présidentielle américaine. Lorsque Donald Reagan est devenu le chef de la Maison Blanche, il fut ainsi le premier président en titre à s'adresser au Congrès de cette puissante association, qui lui avait accordé une nomination de prestige, en le désignant en 1983 «membre honoraire à vie».

    Ronald Reagan (1911-2004), ce rancher et héros de la NRA, aime garder chez lui un fusil d'assaut Colt AR 15 comme disaient ses biographes. Mais, Reagan n'était pas le seul président ayant la bénédiction de l'association des armes, Georges Bush père était lui aussi vénéré avant qu'il ne soit décrié. Membre à vie de la NRA, il avait manifesté au début de son règne une farouche opposition au contrôle des armes à feu.

    C'est grâce, d'ailleurs, à cette NRA que Bush père a pu écarter son rival Michael Dukakis, à coup de publicité pro-fusil dont le fameux mot d'ordre se résumait dans cette célèbre phrase «Defend Firearms Defeat Dukakis» Défendre les armes à feu, Vaincre Dukakis. Mais, juste au milieu de son mandat, une mouche a pu le piquer et le voilà qui interdisait d'un coup l'importation des fusils d'assaut et rompait carrément avec le Lobby du NRA. Vers la fin de son règne, Georges Bush père renoncera à sa carte de membre à vie (il l'avait payée à 500 dollars) pour protester contre une lettre ouverte que la corporation a pu diffuser, dans laquelle elle s'attaquait aux agents fédéraux en les qualifiant de brutes au service d'un régime totalitaire.

    Aujourd'hui, la NRA a un grand supporteur au sein de la Maison Blanche, en l'occurrence Dick Cheney. Elle avait aussi, avant la victoire des démocrates, une grande influence chez les sénateurs républicains lesquels ont pu remettre en cause l'interdiction des fusils d'assaut pourtant imposée par un de leurs références : Georges Bush père. Ils n'avaient toujours pas réussi à arracher l'immunité judiciaire complète, touchant l'ensemble du territoire américain, et protégeant les manufacturiers d'armes, objet de poursuites dans certaines régions. Selon un journaliste canadien, c'est en septembre 2004, qu'un détaillant d'armes qui avait «égaré» un fusil d'assaut (il n'a pas pu savoir à qui il l'avait vendu) s'est retrouvé face à une plainte.

    Le fusil non retracé, s'est avéré celui qui fut utilisé par Allan Mohamed et Lee Malvo pour tuer 10 personnes dans la zone métropolitaine de Washington en octobre 2002. Le détaillant avait accepté de payer 2,5 millions de dollars pour les familles de victimes. La firme Bushmaster qui avait fabriqué le fusil était elle aussi concernée par le déboursement. Ce n'est pas fini. La tuerie de l'université de Virginie risque de révéler d'autres incohérences.

    D'ailleurs, la police croit avoir pu prouver que le marchant en question avait perdu la trace de 238 fusils au cours de ces trois dernières années, dont 50 se sont retrouvés entre les mains de criminels. Il reste à dire que 33 États sur les 50 interdisent encore toute poursuite contre l'industrie des armes. La NRA ne sera satisfaite que lorsque la mesure touchera l'ensemble des États-Unis d'Amérique. Ainsi, les pro-Gunners, cette caste de malades de pistolet, peuvent toujours vociférer l'inviolabilité de la déclaration des droits, en tenant à leur objet fétiche : un revolver. Comme quoi une arme toute seule n'a jamais tué personne.

    Par Le Quotidien d'Oran
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