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Complexe sidérurgique intégré de Bethioua à Oran : La volonté d’acier de Tosyali

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  • Complexe sidérurgique intégré de Bethioua à Oran : La volonté d’acier de Tosyali

    SALAM

    L’Algérie est un pays qui s’industrialise. En perspective se dessinent, entre autres, l’industrie mécanique, l’électroménager et l’industrie navale. Toutes ces industries consomment de l’acier.

    C’est forcément ce qui donne de l’aplomb à Tosyali Algérie et surtout à un des membres de son conseil d’administration, Alp Topcuoglu, qui affiche une pleine certitude quant à l’avenir d’un des investissements les plus rentables en Algérie ces dernières années.

    La réussite n’a pas de secret pour le responsable turc : elle réside sans aucun doute dans le fait que Tosyali exerce le métier dont il a la parfaite maîtrise : le métier de l’acier. «Nous sommes l’une des plus grandes sociétés d’aciérie en Turquie, le président de notre conseil d’administration est le président de l’Association des producteurs de l’acier en Turquie.

    Nous sommes parmi les trois sociétés dans le monde qui produisent de l’acier, qui peut descendre jusqu’à 3 microns», la matière la plus fine destinée, entre autres, à l’industrie agroalimentaire. «L’acier ? C’est notre métier, nous ne sommes que dans la sidérurgie», martèle M. Alp, qui a ouvert mardi les portes du complexe de Bethioua à une poignée de journalistes de la presse nationale. «C’est-à-dire quand je quitte ce bureau, je ne vais pas aller m’occuper de mes affaires dans les travaux publics ou dans le tourisme, dans le secteur de l’énergie ou celui du bâtiment.»

    Répondant franchement à toutes les questions qui lui ont été posées, le responsable de Tosyali Algérie parle des projets du géant de la sidérurgie et de ses ambitions. Il n’a pas peur de la concurrence.

    Selon lui, «la rentabilité de chaque usine en Algérie est un atout». «Plus l’Algérie s’industrialise, plus elle s’enrichit, plus on commercialise nos produits, le développement de notre société est lié au développement de l’Algérie». Alp Topcuoglu se dit être «à la disposition du développement industriel de l’Algérie». Le responsable de Tosyali aborde en effet les nouvelles exigences de l’Algérie en matière d’intégration. «Dans toutes les industries, quand il y a plus d’intégration, il y a automatiquement plus de valeur ajoutée. Et c’est pour cette raison que notre investissement est orienté vers l’intégration», dit-il.


    Pour lui, c’est aussi clair que de l’eau de roche, «l’intégration est la condition sine qua non pour être plus compétitif». «Nous devons arriver à des prix plus compétitifs que l’importation», explique le sidérurgiste. «C’est la raison qui nous a d’ailleurs poussés à passer à l’étape du traitement du minerai de fer, depuis une année.» Tosyali n’importe plus de pellette mais le minerai de fer qui est transformé au sein de son complexe.

    Faisant de la rentabilité et l’intégration son premier défi, le géant turc de l’acier est aussi en voie d’achever la mise en place d’une usine d’enrichissement du minerai de fer. «Nous avons investi dans une usine d’enrichissement du minerai de fer pour conforter notre compétitivité sur les marchés internationaux, où nous sommes devenus un véritable concurrent devant les producteurs turcs, européens, russes canadiens et américains.» Réussir, assure Alp Topcuoglu, demande à être plus compétitif en mettant en place une usine très intégrée. «Aujourd’hui, dit-il, le plus important ce n’est pas de produire 10 000 tonnes, mais à quels prix vous les produisez et dans quels délais.»

    Le responsable turc, qui insiste sur la nécessaire maîtrise du métier de l’acier, parle aussi du coût de la main-d’œuvre locale. «Tous les managers vous dirons qu’il vaut mieux intégrer la main-d’œuvre locale que de ramener les expatriés qui reviennent plus cher à la société», souligne le manager de Tosyali pour qui c’est une évidence que «le travailleur local est une économie pour l’entreprise». Selon lui, l’expatrié qui vient ici le fait pour un salaire plus élevé et le remplacer par un Algérien est un gain certain.

    «Dans notre investissement au Sénégal, je vais envoyer des Algériens qui ont acquis une très grande expérience et un savoir-faire et ils percevront un salaire bien meilleur que celui qu’ils perçoivent ici», assure Alp Topcuoglu, qui affirme avoir épuré, en discutant avec le partenaire social, les divergences surgies au sein du complexe de Bethioua, qui a connu quelques turbulences ces dernières années. «Ce qu’il faut savoir, précise-t-il, c’est que nos grilles de salaires sont satisfaisantes si on les compare à celles en vigueur dans la région.» «Pas seulement, indique-t-il, il y a aussi les services que nous procurons à nos employés, en matière de transport, de restauration et de formation.» «Nous avons instauré des primes pour le Ramadhan, une prime pour le mouton de l’Aïd et des primes de fin d’année», rappelle le responsable de Tosyali, qui ne regrette pas d’avoir pris le risque de venir investir en Algérie, comme tous les investisseurs qui l’ont fait en dehors de leur pays. «Mais après avoir investi, affirme-t-il, on est arrivés à la conclusion que les investisseurs sérieux qui veulent travailler peuvent réussir.» Le climat, selon lui, «ne peut être qu’approprié pour les investisseurs sérieux et professionnels dans leur domaine».

    Oran est devenue un grand pôle sidérurgique en Méditerranée

    Il y a tout pour réussir, une main-d’œuvre, des universitaires et des cadres qualifiés. Tosyali emploie 4000 travailleurs, dont 700 seulement sont des expatriés.

    Mettant l’accent sur le sens et l’importance de son investissement en Algérie, le sidérurgiste turc ne cesse de dire que «c’est grâce à la confiance de l’Algérie que nous sommes en train de réaliser notre investissement au Sénégal». «Pour notre part, soutient-il, nous sommes aussi les ambassadeurs économiques de l’Algérie à l’étranger.» Selon lui, le fait qu’Oran soit devenue un pôle sidérurgique en Méditerranée, cela a conduit des investisseurs étrangers, parmi eux des Turcs, à manifester plus d’intérêt à venir investir en Algérie. «Je vous donne un exemple concret, ajoute le responsable de Tosyali, avant que nous commencions, il n’y avait que 7 vols par semaine entre la Turquie et l’Algérie.

    Aujourd’hui, il y en a 55.»
    Alp Topcuoglu pense qu’«avec la suppression de la règle des 51/49%, qui représentait un frein pour les investissements étrangers en Algérie, il y aura certainement plus d’intérêt». «L’Algérie est un pays, notre deuxième pays où nous sommes à l’aise en raison de la ressemblance de nos cultures, a des atouts importants qui ont motivé notre investissement», explique encore le manager de Tosyali pour qui le coût de l’énergie n’est pas forcément le plus déterminant. «Dans l’industrie lourde, y compris dans la sidérurgie, les coûts de fret représentent le critère le plus important», explique-t-il en mettant en avant l’atout du positionnement géographique. L’Algérie est très proche des marchés. «Elle est située à proximité de l’Europe.

    C’est une porte qui assure l’accès vers l’Atlantique et les marchés de l’Afrique de l’Ouest.» «C’est un positionnement proche des marchés en termes de coûts de fret et de délais», précise M. Alp. «Il est vrai que les coûts de l’énergie sont compétitifs en Algérie, mais ce ne sont jamais eux qui peuvent justifier un investissement dans un pays», rappelle-t-il.

    Les ambitions de Tosyali Algérie

    Ce sont en effet tous ces avantages qui expliquent aussi bien l’investissement turc que sa soif de monter d’autres projets. Les nouvelles règles en passe d’être mises en place par le gouvernement donnent encore plus de lisibilité et de visibilité à Tosyali.

    La volonté de concrétiser une politique d’intégration des industries mécanique, automobile et électroménager ne laisse visiblement pas indifférent. Pour toute cette industrie, la matière de base principale c’est l’acier plat, laminé à chaud, à froid ou galvanisé, indique le manager turc, très conscient du rôle que peut jouer le complexe sidérurgique de Bethioua dans la nouvelle stratégie de développement.

    Selon lui, «si vous n’avez pas ces produits, vous ne pouvez pas faire de l’intégration». «Tous les étrangers qui comptent s’installer en Algérie souhaiteraient bien avoir une industrie locale pour éviter les pénuries et les spéculations sur les prix.» «Contrairement à la spéculation qu’il y avait à l’époque de l’importation, aujourd’hui, il y a tout sur place.



    Le produit est disponible», affirme Alp Topcuoglu, qui assure travailler d’arrache-pied pour être au rendez-vous de tous ces défis. «Nous avons beaucoup travaillé pour ce projet d’acier plat. Nous avons déjà viabilisé le terrain qui va accueillir l’usine», indique-t-il en montrant le site qui accueillera la nouvelle infrastructure. «Nous avons fait les terrassements, préparé la mise en place de l’usine et ramené de l’énergie.

    Ce qui nous fera gagner beaucoup de temps est le fait que le complexe soit conçu dès le départ pour alimenter une usine d’acier plat en énergie», explique le responsable de Tosyali en soulignant également que les unités d’oxygène et de choux sont conçues pour alimenter les deux compartiments du complexe. «On a dépensé beaucoup d’argent et d’efforts pour créer toute l’infrastructure pour ce projet», soutient notre interlocuteur avant d’annoncer que la capacité du complexe une fois achevé sera de 6 millions de tonnes l’an, 5 millions à partir du minerai de fer et 1 million de tonnes à base de ferraille.

    Objectif : exporter pour 200 millions de dollars l’année prochaine

    L’enjeu est énorme, car l’objectif est de réduire la facture d’importation de trois millions de tonnes. Affichant les résultats de Tosyali Algérie, M. Alp affirme que l’année en cours sera achevée avec l’exportation de 150 à 160 000 tonnes, l’équivalent, selon lui, de plus 100 millions de dollars.

    L’année dernière, le complexe avait exporté pour environ 95 millions de dollars. Pour l’année prochaine, le géant de la sidérurgie se fixe comme objectif de dépasser les 200 millions de dollars. L’exportation se fait vers le Canada, les Etats-Unis, l’Europe et l’Afrique de l’Ouest. Le manager turc étale en effet la bonne santé de l’entreprise avec un chiffre d’affaires d’un milliard et demi de dollars.

    S’inscrivant dans la durée, Tosyali, souligne Alp Topcuoglu, est en train de réinvestir ses bénéfices. «On va continuer à investir, ce n’est pas comme d’autres qui viennent pour une aventure de court terme», précise-t-il.

    Et la priorité en ce moment est, selon lui, l’investissement qui est en cours. Il s’agit d’une usine d’enrichissement du minerai de fer. «Au lieu d’acheter un minerai de bonne qualité, on va acheter un minerai de moindre teneur que nous pourrons traiter au niveau de notre complexe, explique le même responsable.

    Cela va nous permettre d’acheter un minerai moins cher que nous enrichirons.» L’idée, dit-il, est d’avoir plus de possibilités de fournisseurs et une force de négociation sur la matière première de par leur proximité avec l’Algérie pour réduire les coûts de fret. Tosyali convoite le minerai de Mauritanie. A court terme, assure le manager turc, il y a le projet de production des aciers plats. Celui-ci sera lancé en 2021 et réalisé en 30 mois. «On est le plus gros producteur d’acier plat de la Turquie, et on mettra tout notre savoir-faire dans cette usine», affirme-t-il avant de parler de la crise sanitaire qui a un peu retardé l’investissement.


    Tosyali (Oran)

    De notre envoyé spécial Saïd Rabia
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