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Le Maghreb Faitimide

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  • Le Maghreb Faitimide

    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

  • #2
    (661-765) Origine chiite

    Ce que j'ai toujours trouvé passionnant dans l'épopée des Fatimides c'est ses débuts ! Un vrai conte à la Davinci Code ... lol Mais, pour mieux cerner la problématique fatimide, il faut situer un peu leur position dans l'échiquier du Chiisme historique. En somme, les premiers musulmans appelés chiites étaient les partisans de la limitation et de la transmission du pouvoir politique suprême de la Communauté dans la descendance directe de 'Alî b. Abi-Talib, cousin germain et gendre du Prophète Mohammad (qlssl).

    Qui étaient les premiers Chiites ?

    Concrètement, 'Ali fut calife reconnu de l'Islam de 656 à 661, ensuite son fils al-Hassan (petit-fils du Prophète par sa mère Fâtima) assuma théoriquement sa succession durant quelques mois avant d'abdiquer officiellement au profit de l'adversaire de son père, Mu3âwiyya b. Abi-Sufyân, mettant ainsi fin à la grande guerre-civile et permettant en même temps l'accès formel au califat du clan Omeyyade.

    S'étant retiré à Médine, al-Hassan b. 'Alî décédera en 670. Pourtant, beaucoup des partisans d'Ali resteront convaincus de la justesse de leur ligne "légitimiste" et considérerons que le califat de Mu3âwiyya n'était qu'une entorse à la règle et que ça sera tôt ou tard corrigée. Or, l'Omeyyade avait pour idée de garder le pouvoir califal qu sein de sa propre famille et, dès avant sa mort en Mai 680, il imposa son propre fils Yazîd, pourtant d'une réputation des plus médiocres, à sa succession. Or, pour les partisans alides, le calife légitime était déjà al-Hussein b. 'Alî qui, à défaut de succéder à son frère al-Hassan dix ans plus tôt, c'est à lui que Mu3âwiyya devait remettre le pouvoir. Et, comme Yazîd b. Mu3awiyya savait très bien se rendre impopulaire, les prémices d'un remake de la grande guerre-civile s'annonçaient avec le très populaire petit-fils du Prophète comme porte-étendard de la justice et le vilain jeune-omeyyade pour usurpateur et oppresseur à la fois. Toutefois, contre toute attente, le choc se résoudra très rapidement avec le massacre d'Al-Hussein, de plusieurs membres de sa famille (six de ses frères germains, deux de ses fils, trois des fils de son frère al-Hassan et six autres hachémites) et 66 de leurs partisans à Kerbala par une troupe omeyyade qui les intercepta au moment il allaient prendre la tête d'une rébellion armée depuis l'Irak, en Octobre 680.

    Le choc était terrible à travers tout l'Empire et, au prix du quel le pouvoir des Omeyyades sera établi pour un siècle. D'autres rebellions de diverses parties auront lieu par la suite, mais à cet instant, les partisans de la ligne alide vont peu à peu se constituer leur propre idéologie du pouvoir califal (imâmat) et, tout en vivant sous un pouvoir de facto, considérerons le chef de la maison Hachémite (Ahl al-Bayt) du moment comme étant le vrai et légitime calife de son temps et le vénéreront secrètement comme tel. Succédera ainsi au 3e imam al-Hussein b. Alî :

    - 'Ali Zayn-al-3âbidîn b. al-Hussein (4e imam, 680 à 714)
    - Mohammad al-Bâqir b. 'Alî (5e imam, 714 à 733)
    - Ja3far al-Sâdiq b. Muhammad (6e imam, 733 à 765)

    Ce Ja’far al-Sâdiq, 6e imam donc, était un juriste musulman à Médine, très apprécié dans sa génération. Il assista à la chute du pouvoir Omeyyade en 650 sous les coups d’une rébellion menée par un autre clan hachémite, celui des ‘Abassides (ils se rattachent à al-‘Abbâs b. Abd-al-Muttalib, un jeune oncle du Prophète Muhammad et de ‘Ali b. Abî-Tâlib) qui activaient en secret depuis de nombreuses années, depuis le Khorassan en Iran, au nom d'un retour au pouvoir de la "Maison du Prophète" mais sans avoir jamais divulgué le nom de l'imam. Beaucoup se rallièrent donc aux 'Abassides au nom de cet idéal, et ce devait en principe être Ja3far al-Sâdiq le candidat puisqu'il était le chef du clan hachémite et qui plus est un homme parmi les plus savants, les plus pieux et plus populaires de son temps. Il n'en sera finalement rien, et les Abassides vont finalement proclamer leur propre candidat à la tête du pouvoir califal qu'ils venaient de conquérir. Le parti légitimiste alide se voyait donc à nouveau déçu et, comme le nouveau pouvoir sortait du même terreau chiite à la base, il connaissait parfaitement les rouages et se considérait en pus doublement menacé dans la mesure où il puisait sa légitimité des mêmes thèmes. Néanmoins, Ja3far al-Sâdiq ne se montra jamais intéressé par le pouvoir et il fut donc laissé en paix par les califes 'Abassides qu'il a côtoyé, tandis que les partisans chiites continuaient à vivre leur allégeance politique réelle dans le secret et, en même temps, à développer progressivement diverses doctrines qui les séparaient à petits pas de la masse des Musulmans (qui formeront le Sunnisme traditionnel), mais qui allaient aussi créer des scissions au sein de leur propre mouvement et c'est justement la succession à l'imamat de Ja3far al-Sâdiq qui va créer la première grande division du Chiisme et ça sera donc le moment précis qui conduira à l'existence des Fatimides.
    Dernière modification par Harrachi78, 28 juin 2020, 19h49.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      (765-910) Naissance du Chiisme Ismaélien et "Ere de l'Occultation" des imams

      Que c'est-il donc passé en 765 ?

      Selon la doctrine chiite de l'imamat, la succession se faisait sur la base d'un testament de l'imam en place en faveur de son héritier qui devenait aussi chef de la Maison du Prophète. Ainsi, Ja3far al-Sâdiq avait d'abord désigné son fils aîné Ismâ3îl à la charge, mais comme ce dernier décéda avant son père, Ja3far désigna son second fils Mûssâ al-Kâdhim. Or, à la mort de Ja3far en 765, si la majorité des partisans reconnut Mûssâ comme 7e imam légitime, certains considéraient cela faux dans la mesure où le premier désigné, Ismâ3il b. Ja3far, bien que mort avant d'assumer la fonction, avait laissé un jeune fils (Muhammad b. Ismâ3îl qui serait donc pour eux le 8e imam) et que c'est à ce dernier que devrait revenir la succession 'alide et non pas à son oncle Mussâ.

      Ce groupe se sépara donc de la masse des partisans qui accepta Mûssâ al-Kâdhim et commencèrent à constituer leurs propres réseaux clandestins au nom de Ismâ3il b. Ja3far comme 7e imam et sa descendance comme lignée légitime de Ahl al-Bayt, d'où leur nom de "Chiites Ismaéliens" ou encore "Septimains". Or, dans les faits, il y eut beaucoup de confusion autour de cette affaire et, la vie clandestine que menait les partisans à travers l'Empire n'aidait pas à y voir clair. Ainsi, personne n'avait semble-il connu le sort de jeune Mohammad b. Ismâ3îl. Il aurait vécu auprès de son grand-père Ja3far al-Sâdiq à Médine jusqu'à l'âge de 24 ans, et on dit qu'il serait encore resté 10 ans à Médine après sa mort, son identité n'étant connue que par quelques proches afin qu'il ne se fasse pas prendre par les agents du calife 'abasside Hârûn al-Rachid qui le recherchaient.

      Cette prétendue vie cachée de l'Imam (satr) et de tous ses successeurs de la première période ismaélienne fera naître le doute chez les autres tendances du parti qui accusèrent les premiers Ismaéliens de mensonge sur l'existence même de leur imâm, ensuite sur leur filiation même. Quoi qu'il en soit, la tradition ismaélienne affirme que Mohammad b. Ismâ3il (qui sera alors dit appelé al-Maktûm, "Le Dissmulé") s'enfuit secrètement de Médine en 799, au moment où son oncle Mûssa al-Kadhim se faisait arrêter puis empoisonner par les 'Abassides. Sans cesse poursuivi par la police, le rescapé se serait réfugié dans diverses régions d'Iran d'où il aurait organisé sa propre da3wa, jusqu'à sa mort dans la lointaine Ferghana (act. Oubakistan) en 813. Se seraient alors succèdés trois imams dans ce qui est appélé âr les Ismaéliens "Dawr al-Satr" ("Ere de l'Occultation") :

      - 'Abdallâh al-Wâfî b. Muhammad (9e imam, 813 à 828). Il aurait vécu officiellement comme un simple commerçant au Khorassan, mais se faisait représenter auprès de ses disciples par le biais d'un porte-parole qui était (hujja) seul à le connaitre

      - Ahmed al-Taqqy b. 'Abdallâh (10e imam, 828 à 840). Fuyant comme ses prédécesseurs la police abasside, il se serait etabli a Salamiyya au N. de la Syrie qui devint le nouveau QG de la da3wa ismaélienne. Il cacha son identité a tous et aurait lui communiqué avec ses agents exclusivement par lettres ou par le biais de son hujja, lui-meme fils du porte-parole de son père et petit-fils de celui de son grand-père. Il fut tout de même débusqué et exécuté par calife abasside al-Mu3tamid.

      - al-Hussein al-Zakyy b. Ahmed (11e imam, 840 à 881). Il aurait vécu incoincognito et sans histoires, toujours en Syrie.

      - 3ubayd-Allâh al-Mahdi b. al-Hussein (12e imam, 881 à 934). Avec lui prend officiellement fin "l'Ere de l'Occulation" des imams, avec la proclamation du Califat Fatimide au Maghreb en 910.
      Dernière modification par Harrachi78, 28 juin 2020, 19h48.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #4
        (910-1048) Le Califat Fatimide au Maghreb

        Comment en est-on arrivé au triomphe Fatimide de 910 ?

        Tout au long de leur "Ere de l'Occultation", les chefs de la da3wa Ismaélienne recrutaient et formaient des agents propagandistes (dâ3i, pl. du3âte) qu'ils envoyaient ensuite vers divers pays d'Islam pour qu'ils fassent la promotion de leur programme politique et qu'ils gagnent des partisans à la cause de Ahl al-Bayt en la personne de l'Imam Ismaélien. L'identité de ce derniers étant toujours gardée secrète, aucun des dâ3i ne le connaissait personellement ni l'a jamais rencontré. Tout contact passait par son hujja ou par quelques rares représentants attitrés. La doctrine ismaélienne etait elle aussi distillée avec parcimonie et seule l'élite qui entourait l'imam présumé était totalement dans le secret de ces choses. Depuis leur installation en Syrie vers 830, c'est depuis la ville de Salamiyya que partaient secrètement les directives et les agents de la secte.

        Parmi ces agents, il y eut un kufien du nom d'Abû-Abdallah al-Muhtassib qui rallia la da3wa ismaélienne sous l'imamat caché d'al-Hussein al-Zakky. Très engagé et prometteur, le jeune Abû-Abdallah (qui prendra le surnom d'al-Chî3i) sera envoyé auprès du chef des du3at Ismaéliens au Yemen ou la doctrine avait pas mal réussi a l'epoque afin d'y parfaire sa formation et se faire initier aux secrets supérieurs de la secte. Il y servit un certain temps puis, en 892, alors qu'il effectuait un Hajj, il fait la connaissance d'un groupe de notables maghrébins de la tribu berbère de Kutâma. Les hommes, séduits par sa piété, son savoir et son éloquence, lui proposent alors de les accompagner dans leur pays afin d'instruire leurs gens et leur inculquer l'amour de Ahl al-Bayt.

        Etabli à Ikjane (act. en Petite-Kabylie), au coeur du pays Kutâma de l'époque, Abû-Abdallah al-Chî3i parvint a rallier les tribus à la cause ismaélienne puis, au bout d'une décennie entière d'efforts, il se sentit assez fort pour les lancer à la conquête du pouvoir abasside au Maghreb qu'incarnait alors la dynastie des Aghlabides à Kairouan. Les hostilités sont ouvertes en 902, mais les Aghlabides ne seront définitivement vaincus qu'en 909.

        Entre temps, Abû-Abdallah envoit des emissaires en Syrie pour enjoindre à l'imam ismaélien du moment de gagner le Maghreb et faire triompher sa cause. De son côté, l'éteau se resserait autour de Ubayd-Allah al-Mahdi a Salamiyya et il échappa in extremis a la police abasside pour prendre effectivement le chemin du Maghreb en 905. Cependant, il ne put rejoindre son dâ3i chez les Kutâma et se retrouva captif a Sijilmassa dans le Sud-Ouest. Il ne sera finalement libéré qu'après la victoire kutamienne de 909, lorsque Abû-Abdallah ak-Chî3i eut mené une armée vers l'Ouest, prenant au passage la riche Tahert et balayant ainsi l'Émirat kharridjite des Rostemides. Il rencontra alors pour la première fois de sa vie l'Imam ismaélien de son temps et proclama publiquement la fin du "Dawr al-Sitr" et l'avènement du Mahdî, Amir al-Mu'minin (titre califal par excellence) et tenant légitime du pouvoir universel dont furent investis Ahl al-Bayt selon les dogmes chiites : ce fut le debut de al-Dawla al-Fâtimiyya.
        Dernière modification par Harrachi78, 28 juin 2020, 22h31.
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        • #5
          L’histoire du maghreb musulman au moyen âge est très compliquée.

          Mais elle est la résultante des civilisations qui ont précèdé cette époque. La civilisation en générale est toujours venue de l'est de cette partie du monde.

          Au maghreb c'est les héritiers de carthage et de l'est Algerien actuel qui ont façonné le maghreb actuel.
          « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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          • #6
            @Bledard

            Compliquée oui, et c'est peu dire... lol Elle est effectivement très complexe, mais c'est vraiment passionant comme sujet d'étude et plus on s'y étale plus on se retrouve a relativiser les certitudes... toi jours simplistes... Lol
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            • #7
              chiisme en Tunisie .

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              • #8
                @harrachi

                Celui qui a essayé de la simplifier au mieux c'est l'immortel ibn khaldun.je l'ai lu en arabe et en français.

                Il est très précis sur son époque. Mais cette histoire mérite encore d'autres ibn khladun
                « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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                • #9
                  @Bledard

                  Men fommek l-Rabbi... Héhéhé
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #10
                    Hollywoodienne comme histoire en effet, il faut tout de même savoir que les kutamas ont par la suite payé très cher leur allégeance aux fatimides, leur pays fut presque entièrement dépeuplé et ceux restés ont du subir la vengeance des successeurs.
                    P.S : irréductibles peuplades , les descendants des kutamas ont récidivé en s'alliant des siècles plus tard aux frères arroudj, entreprise qui leur valu cette fois pas mal de succès.
                    La mer apportera à chaque homme des raisons d'espérer , comme le sommeil apporte son cortège de rêves C.C.

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                    • #11
                      @Supernova

                      Tu sais, de toute manière les groupes tribaux fissent toujours par perdre l'identité "politique" qui les as constitué à un moment, généralement au bout de 5 ou 6 générations. C'est inexorable.

                      Mais il est vrai que dans le cas des Kutâma le processus fut particulièrement rapide, comme si ils s'étaient consumés dans l'explosion d'énergie que fut l'apparition du Mahdi Fatimide et dont ils ont constitué le principal combustible.
                      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                      • #12
                        P.S : irréductibles peuplades , les descendants des kutamas ont récidivé en s'alliant des siècles plus tard aux frères arroudj, entreprise qui leur valu cette fois pas mal de succès.
                        depuis,ils se sont lancés dans la boulangerie pâtisserie jusqu'a en devenir les meilleurs d’Algérie et ont investis massivement le quartier de Belcourt ..
                        ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
                        On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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