La mise en liberté provisoire de Karim Tabou, d'Amira Bouraoui et d'autres détenus d'opinion renseigne sur la nature du régime et sur sa conception du droit et des droits des gens. La police arrête des personnes qui ont critiqué les détenteurs de l'autorité publique, reprochant aux agents de l'Etat de faire un mauvais usage de cette autorité censée être au service du public. Ensuite, ces personnes, mises en prison un certain temps, sont libérées provisoirement. Elles seront jugées quelques mois plus tard par un tribunal qui tiendra compte de leurs déclarations durant la période de liberté provisoire.
Le mécanisme est malicieux: on vous enlève un droit inaliénable, et après, on vous le prête comme s'il ne vous appartenait pas. Prenons un exemple plus concret. Vous êtes évincé d'une maison qui vous appartient et l'administration décide de vous la prêter. Vous habitez votre propre maison mais vous pouvez être mis dehors à tout moment si vous critiquez le Prince usurpateur de propriétés.
Cela signifie clairement que le régime algérien considère les Algériens comme des administrés et non comme des SUJETS de DROIT. Ce concept est constitutif de la modernité juridique et de l'Etat de droit. Il signifie que toute personne, à la naissance, possède des droits inaliénables qui ne proviennent d'aucune institution, y compris l'Etat; ils proviennent de la nature. Le droit de marcher librement, le droit de faire du commerce, le droit d'exprimer son opinion, le droit de croire ou de ne pas croire en une divinité, etc. sont des DROITS NATURELS que seuls les régimes tyranniques ne reconnaissent pas.
L'Etat moderne est né pour protéger ces droits sans lesquels l'homme ne peut pas vivre dans la dignité. Bien sûr, ces droits peuvent être conflictuels et ont besoin de coexister pour assurer l'ordre public protégé par la LOI. Karl Marx dit qu'ils sont formels, mais il reconnaît que c'est un progrès par rapport à l'ordre féodal où les serfs sont la propriété des seigneurs.
Les hirakistes qui contestent le régime crient haut et fort que les Algériens ne sont pas la propriété de l'Etat et qu'ils voudraient être reconnus comme les propriétaires de l'Etat. Dawla ta'ana ou dirou rayna. C'est ce que disent Karim Tabou, Amira Bouraoui et d'autres hirakistes, arbitrairement détenus.
En exprimant cette revendication, ces détenus ont exercé un droit naturel: celui de critiquer le détenteur de l'autorité publique. Ils disent que cette autorité est exercée en Algérie par des personnes frauduleusement élues, donc non représentatives, et qu'elle a besoin d'être exercée par des personnes élues qui ont le souci du BIEN PUBLIC. Ils ont osé remettre en cause le mécanisme de désignation des élites qui dirigent les institutions, commettant ainsi, aux yeux du Prince, un délit de lèse-majesté.
Pour le régime, ni Tabou, ni Bouraoui, ni personne n'a le DROIT de critiquer le fonctionnement des institutions. Sans jeu de mot, c'est tabou. La principale caractéristique politico-juridique du régime algérien est qu'il ne reconnaît pas les Algériens comme des SUJETS de DROIT. Il estime que leurs droits proviennent gracieusement de l'Etat et non de la nature. Ils sont libres seulement parce que le régime, dans son infinie générosité, le veut. La liberté de l'administré provient de l'administration; celle du sujet de droit provient de la nature.
02-07-2020
Le mécanisme est malicieux: on vous enlève un droit inaliénable, et après, on vous le prête comme s'il ne vous appartenait pas. Prenons un exemple plus concret. Vous êtes évincé d'une maison qui vous appartient et l'administration décide de vous la prêter. Vous habitez votre propre maison mais vous pouvez être mis dehors à tout moment si vous critiquez le Prince usurpateur de propriétés.
Cela signifie clairement que le régime algérien considère les Algériens comme des administrés et non comme des SUJETS de DROIT. Ce concept est constitutif de la modernité juridique et de l'Etat de droit. Il signifie que toute personne, à la naissance, possède des droits inaliénables qui ne proviennent d'aucune institution, y compris l'Etat; ils proviennent de la nature. Le droit de marcher librement, le droit de faire du commerce, le droit d'exprimer son opinion, le droit de croire ou de ne pas croire en une divinité, etc. sont des DROITS NATURELS que seuls les régimes tyranniques ne reconnaissent pas.
L'Etat moderne est né pour protéger ces droits sans lesquels l'homme ne peut pas vivre dans la dignité. Bien sûr, ces droits peuvent être conflictuels et ont besoin de coexister pour assurer l'ordre public protégé par la LOI. Karl Marx dit qu'ils sont formels, mais il reconnaît que c'est un progrès par rapport à l'ordre féodal où les serfs sont la propriété des seigneurs.
Les hirakistes qui contestent le régime crient haut et fort que les Algériens ne sont pas la propriété de l'Etat et qu'ils voudraient être reconnus comme les propriétaires de l'Etat. Dawla ta'ana ou dirou rayna. C'est ce que disent Karim Tabou, Amira Bouraoui et d'autres hirakistes, arbitrairement détenus.
En exprimant cette revendication, ces détenus ont exercé un droit naturel: celui de critiquer le détenteur de l'autorité publique. Ils disent que cette autorité est exercée en Algérie par des personnes frauduleusement élues, donc non représentatives, et qu'elle a besoin d'être exercée par des personnes élues qui ont le souci du BIEN PUBLIC. Ils ont osé remettre en cause le mécanisme de désignation des élites qui dirigent les institutions, commettant ainsi, aux yeux du Prince, un délit de lèse-majesté.
Pour le régime, ni Tabou, ni Bouraoui, ni personne n'a le DROIT de critiquer le fonctionnement des institutions. Sans jeu de mot, c'est tabou. La principale caractéristique politico-juridique du régime algérien est qu'il ne reconnaît pas les Algériens comme des SUJETS de DROIT. Il estime que leurs droits proviennent gracieusement de l'Etat et non de la nature. Ils sont libres seulement parce que le régime, dans son infinie générosité, le veut. La liberté de l'administré provient de l'administration; celle du sujet de droit provient de la nature.
02-07-2020
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