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Cherif Boubeghla et Cheikh Bouziane, deux icônes de la résistance contre l'occupation française

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  • Cherif Boubeghla et Cheikh Bouziane, deux icônes de la résistance contre l'occupation française

    Cherif Boubeghla et Cheikh Bouziane, deux icônes de la résistance contre l'occupation française


    APS
    Jeudi, 02 Juillet 2020



    ALGER - Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubeghla, et Ahmed Bouziane dont les crânes seront rapatriés, avec 22 autres, vendredi de France, sont deux icônes de la résistance populaire contre l'occupation française.


    Leurs têtes ont été prises comme des trophées de guerre avant d'atterrir dans les réserves du musée de l'Homme à Paris où elles sont "conservées" depuis un siècle et demi.

    Né en 1820, Chérif Boubeghla a été l'initiateur d'une révolte populaire, qui porte son surnom, contre la colonisation française dans la région du Djurdjura, en Kabylie. Une révolte qu'il dirigea, jusqu’à sa mort, le 26 décembre 1854. Vers 1850, il s'est établi à la Kalâa des Beni Abbès où il organise un mouvement d'insurrection, en particulier par des contacts avec les tribus des montagnes environnantes.



    En mars 1851, il a attaqué Azib Chérif Benali, chef de la zaouia d'Ichellaten et Bachagha aux ordres des Français. Défait lors d'une deuxième attaque sur Ichellaten, Chérif Boubeghla s'est replié sur le aarch des Ath Mellikeche (W.Bejaia), où il a établi son nouveau centre d'opération.

    Il a harcelé sans cesse la soldatesque coloniale avant d'être contraint de se replier vers le nord du Djurdjura, où de nouvelles tribus se sont joints à sa cause.

    Chérif Boubeghla a réussi à défaire un détachement de l'armée française dans un affrontement près de Boghni (en Kabylie), le 18 août 1851. A la suite de cette défaite, une expédition française a opéré pendant un mois sous les ordres du général Pélissier, pour tenter de réduire les insurgés.

    Après son retour à Ath Mellikech, il a étendu son action vers la Kabylie côtière si bien que le 25 janvier 1852, une colonne française de trois mille fantassins est nécessaire pour rouvrir la route entre El Kseur et Béjaïa.


    En juin de la même année, il a été blessé à la tête, pendant un combat qui a eu lieu au village Tighilt Mahmoud (près de Souk El Tenine).

    En 1853, il a réussi à relancer le mouvement de résistance. Mais, le gouverneur de la région d'Azzaga, en Kabylie, le général Randon, monte une expédition à la mi-1854, pour mater la tribu des Ath Djennad, soutien de Boubaghla.

    A la suite de la prise du village d'Azib, l'assaut est donné aux Ath Yahia. Après quarante jours d'escarmouches, l'opération coûte au général Randon, 94 soldats tués et 593 blessés.

    Cherif Boubaghla, blessé, quitte alors la région pour retourner à Ath Mlikeche, où il reprend son travail d'organisation. Il parvient entre autres à s'allier à Lalla Fatma N'Soumer.

    En 1854, après avoir été dénoncé, il est poursuivi par les frères Mokrani qui s’étaient alliés aux Français. Sa tête fut tranchée alors qu’il était encore en vie.

    Quant à Cheikh Bouziane, celui-ci fut le chef de la révolte de l’oasis des Zaâtchas, qui a tenu en échec deux mois durant l’armée française dans ce qui fut l’un des combats les plus meurtriers de la conquête de l’Algérie.

    Le 26 novembre 1849, la population en paya le prix. La victoire des troupes françaises donna le signal d’un massacre général : un millier d’hommes, de femmes et d’enfants périrent, achevés à la baïonnette.


    Les têtes de Cheikh Bouziane, de son fils et celle de Si Moussa Al-Darkaoui furent empalées et exposées, d’abord dans le camp militaire des Zaâtchas, puis à Biskra, pour "convaincre les sceptiques de leur mort et servir d’exemple à ceux qui essaieraient de les imiter".

  • #2
    Que leurs âmes reposent en paix ...
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

    Commentaire


    • #3
      Je connais bien des descendants de Bouziane. Une très nombreuse famille de Biskra.

      Je n'ai jamais compris pourquoi ces restes ont été envoyés en France.

      Commentaire


      • #4
        Bachi

        Je n'ai jamais compris pourquoi ces restes ont été envoyés en France.
        Le MNHN français (musée national d’histoire naturelle) est formé de 48% de collections européennes les 52% restants proviennent des autres parties du monde. Le but étant d’échantillonner la diversité humaine.

        Le Musée de l’Homme, autre appellation du MNHN, souscrirait ainsi à la compréhension des débuts de l’humanité, ainsi que la restitution des modes de vie, des maladies, de l’alimentation à une époque donnée, etc.

        Pour les anthropologues du MNHN, des peuples du passé auraient ainsi pour mission de témoigner de l’histoire, grâce à leurs restes mortuaires. Dans l’abondante documentation que nous avons pu consulter, figurent des crânes de gardes suisses, qui avaient été décapités pendant les émeutes de la Révolution en défendant le roi Louis XVI à Versailles. Leur tête fut portée au bout d’une pique, à la manière de celle de Bouziane des Zaâtchas, de son fils et de son lieutenant, le grand mystique et soldat Moussa Al-Darkaoui.

        Les anthropologues du muséum mettent en balance, les valeurs de la science et celles de la morale. A l’occasion on n’hésite pas à introduire la laïcité française dans le débat « Vous savez qu’en France on a une sensibilité particulière, parce que c’est la laïcité, parce que c’est la République, vis-à-vis des croyances religieuses, avec lesquelles on n’est pas toujours à l’aise ».

        Ains, la tête de Bouziane (N° 5941 au MNHN de Paris), fut coupée et fixée au bout d’une baïonnette à la fin du siège de Zaâtcha. Elle a été conservée comme celles de Boubaghla (N° 5940 au MNHN de Paris) et du Cherif Bou Kedida (N° 5943 au MNHN de Paris), qui fut tué dans un combat livré sous les murs de Tébessa par le lieutenant Japy. Ces restes mortuaires font partie depuis 1880 de la collection Vital du Muséum de Paris.

        C’est Victor-Constant Reboud (médecin et botaniste français) qui fit parvenir au muséum de Paris les restes mortuaires de cette collection. Il le dit dans une lettre (Revue Africaine, Volume 30, année 1886, à la page 76).

        Chacune des têtes était accompagnée d’une étiquette, longue bande de parchemin, portant le nom du Cherif décapité, la date de sa mort, le cachet du bureau politique de Constantine et la signature du Colonel de Neveu et de M. Gresley.

        Reboud dit avoir réuni « une série de têtes de choix et d’une bonne conservation », provenant en grande partie du Coudiat-Aty, autrement dit le musée de Constantine, à ses débuts.

        En 1855, la municipalité de Constantine qui venait d’acquérir la collection phénicienne (punique) de Costa Lazare, porta son choix sur le plateau de Koudiat Aty, pour la réalisation du musée. C’est ainsi que l’ont fit disparaître la nécropole punique qui se trouvait à cet emplacement.

        Auparavant ce musée avait l’air d’un cagibi. Les têtes de Boubaghla, de Bouziane, et d’autres chefs de la résistance algérienne réunies par Reboud, se trouvaient mêlées aux bracelets, lampes lacrymatoires et à des tas d’autres autres objets entreposés dans ce réduit.

        Elles seront adressées par la suite au naturaliste J-Louis A. de Quatrefages de Bréau, le célèbre biologiste-zoologiste-anthropologue du XIXe siècle.

        Reboud avant de clouer la caisse pour l’envoi au Muséum de Paris, demanda à René-Honorin Vital, le frère du collectionneur Auguste-Edmond Vital, « s’il pouvait enrichir l’envoi de quelques crânes intéressants »…Le Dr Auguste Edmond Vital venait de décéder et sa famille ne savait plus quoi faire des restes mortuaires qui étaient entreposés dans de la poudre de charbon, au domicile de Vital.

        René Vital répondit :

        « Prenez tout ce que mon frère a laissé, vous y trouverez des têtes de gueux célèbres (sic) et vous ferez le bonheur de mes servantes, qui n’osent monter au galetas, parce que l’une de ces têtes a conservé ses chairs fraîches, et que malgré la poudre de charbon dans laquelle elle est depuis de nombreuses années, elle répand une odeur sui generis. »

        C’est ainsi que parmi plus de vingt têtes apportées de divers lieux de la province de Constantine, Reboud constata la présence de la tête de Boubaghla, de Bouziane et du Cherif de Tébessa, Bou Amar Ben Kedida, ce dernier nom transcrit Bou Guedidat par le lieutenant Japy. L’orthographe véritable de ce patronyme est Boukedida.

        Ces restes mortuaires avaient été donnés au Docteur Vital, par ses amis, le Colonel de Neveu et Gresley.

        La tête du Cherif de Tébessa répandait une légère odeur, et conservait des chaires relativement fraîches.

        Grâce à René Vital, le Muséum de Paris s’enrichit d’une vingtaine de nouvelles têtes d’algériens célèbres.

        Extraits choisis

        Ali Farid BELKADI
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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