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Des «théories du complot» font des ravages à Oran

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  • Des «théories du complot» font des ravages à Oran

    Ces derniers temps, le concept lié à la théorie du complot a fait l’objet, pour le démonter, de plusieurs débats en Europe mais c’est d’un tout autre niveau qu’il s’agit, celui lié par exemple au vaccin éventuel et à la mainmise des grands groupes financiers sur les conditions de production et de commercialisation de ce remède tant attendu.

    Les «complotistes», c’est-à-dire ceux qui y croient partent toujours du principe qu’on nous ment et que derrière les discours de façade se cachent toujours des réalités inavouées et motivées par des intérêts particuliers souvent financiers ou lié à la détention d’un pouvoir. Mais là ou le bât blesse c’est quand c’est la maladie elle-même qui est ignorée.

    «Moi je n’y crois pas trop à cette histoire et tout ce qui se dit c’est en réalité pour faire marcher certains commerces», déclare un vendeur de produits cosmétiques interrogé pour savoir pourquoi il ne porte pas de masque.

    Il est vrai qu’à l’entrée de tous les magasins, on trouve des affichettes avec des mentions : «Le port de la bavette est obligatoire», mais dans la réalité beaucoup passent outre cette injonction. Ils en ont un, mais tous ne le mettent pas sérieusement, sinon pour tromper les éventuels contrôles.

    Et ce comportement en dit long sur le degré de conscience face au danger. L’exemple le plus édifiant concerne le tramway. La Setram déploie au moins un agent dans chacune des stations pour, au besoin, distribuer du gel hydro alcoolique mais surtout pour veiller à ce que personne n’entre dans une rame sans masque.

    Malheureusement, une fois franchie la porte automatique, certains (et c’est déjà trop) n’hésitent pas à l’enlever alors que c’est justement là où il faut le mettre à cause de l’espace fermé. Des gestes qui traduisent déjà un certain incivisme et quand on leur demande pourquoi ? Les réponses sont diverses et toujours facile à trouver, du genre : «Tout ce qui se fait en ce moment c’est pour empêcher le hirak !».

    Pourtant, pour ce cas-là, il suffit de rappeler que c’est le gouvernement qui a décidé des mesures d’allègement du confinement pour balayer cette assertion. Les chauffeurs de taxi ne sont pas en reste : «toute cette histoire n’est qu’un complot sioniste pour dominer le monde», estime un taxieur qui rouspète devant un client qui le somme de mettre son masque !

    Parfois et dans le meilleur des cas on reconnait l’existence de la maladie mais on remet en cause son importance. «Moi, au début je n’y croyais pas mais quand des membres de ma famille par alliance ont été atteints j’ai changé d’avis», déclare une vieille dame et son voisin de lui rétorquer : «Je ne dis pas que cela n’existe pas, mais je suis sûr que le chiffres sont gonflés !».

    Une chose est sûre, en Algérie, la situation ayant été maîtrisée relativement tôt, nous n’avons pas eu, comme en Italie au début, les images choc qui ont marqué les esprits. C’est à l’exemple de l’image de cet Italien en détresse qui lance via les réseaux sociaux un cri de désespoir devant sa femme gisant morte derrière lui alors qu’aucune ambulance n’avait été disponible pour l’emmener à l’hôpital. Ou alors tous ces hôpitaux complètement débordés, ces enterrements à la chaîne, etc.

    Aujourd’hui encore, malgré cette recrudescence du nombre de cas, ici tout semble fonctionner comme si la maladie n’était visible que par le biais des chiffres communiqués quotidiennement en fin de journée par les chaînes de télévision.

    Les chiffres jamais atteints auparavant enregistrés ces derniers jours à Oran et ailleurs n’ont pas eu un effet dissuasif de masse. «J’ai toujours travaillé sans masque et je ne suis pas tombé malade», déclare ce commerçant qui en possède un mais qui ne l’exhibe que lorsqu’il soupçonne un contrôle de police. C’est comme un conducteur qui ne respecte pas les limitations de vitesse (ou une autre interdiction) et qui n’a pas eu d’accident (pas encore).

    A l’échelle individuelle, on peut effectivement dans les deux cas miser sur une probabilité relativement faible qui peut être calculée en introduisant certains paramètres dont, pour le cas de la Covid, l’incidence de la maladie.

    Mais c’est à l’échelle globale qu’on se rend compte de l’ampleur de la catastrophe. C’est sans doute cette vision d’ensemble qui manque à la prise de conscience de la gravité de la situation.

    El Watan
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent
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