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La dernière des dernières de Gnawa Diffusion en Algérie

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  • La dernière des dernières de Gnawa Diffusion en Algérie

    19h à la Coupole. Ça grouille de monde. Sous une pluie fine, une fouille minutieuse s’opère à l’entrée. Une armada de sécurité conséquente assure la bonne organisation de l’événement. AS Production veille au grain.

    19h45 Djemawi Africa monte sur scène et égrène ses tubes qui sortiront, prochainement, sur le premier album que Abdou and Co comptent enregistrer, tantôt, en France. Un échauffement salutaire avant l’arrivée, vers 20h45, de la star de la soirée. Amazigh et ses acolytes sont accueillis comme à l’accoutumée avec un tonnerre d’applaudissements. Un pincement au coeur inévitable. Ce soir, c’est la dernière des dernières de Gnawa Diffusion en Algérie.

    Le groupe se sépare pour laisser place à d’autres «rêves» en solo...Gnawa se sépare mais laisse, derrière lui, des enfants qui essaient, tant bien que mal, de suivre sa trace, assurant la filiation musicale et identitaire que véhicule son message.

    Fini les Gnawa? Mais la gnawa mania attitude est plus que jamais là! Les Gnawa ne sont donc pas si loin. Djemawi et bien d’autres en assurent la lignée...Une minute de silence à la mémoire des martyrs du 11 avril dernier, à la demande d’Amazigh. Exécution générale. Mais la vie est plus forte que tout, la paix, l’amour et la liberté aussi, martèle Amazigh dans ses chansons.

    15 ans de carrière et quelle carrière! Amazigh entraîne ses férus jusqu’à minuit dans son délire de rap, reggae, danse, ska et chaâbi avec un petit zest de raï, le tout passé sous le crible d’un texte aussi fort que cette musique qui vient du tréfonds, des tripes de l’artiste, avec dans les veines la rage contestataire du père et le goût du sel et de la terre de la «mère» Afrique. Le concert est placé sous l’égide de «Alger, capitale de la culture arabe», et puis qu’importe, Amazigh n’a rien à faire de ces slogans, et clame haut et fort son algérianité, son africanité par-dessus tout. Rêche comme le chèche ou doux comme un amoureux, Amazigh ne fait pas dans la dentelle, il désarme par son regard de braise d’abord et ses flamboyants brûlots de textes revendicateurs acides et humanitaires...chante son Afrique charnelle, la décadence surréaliste du monde d’aujourd’hui, celui-là plongé dans le terrorisme, la folie et le génocide capitaliste et politique assassine, lequel mené par Bush et ses sbires. Evoque aussi les harraga et la hogra et chante, enfin et heureusement, l’amour, même si les titres y afférents se font de moins en moins. Guelb ou dem, Ya laymi, Ouvrez les stores, Métropole, Sharla’Town, Matche batihk, Timimoun Tamboukoutou, Fucking Cowboys, Douga Douga, Algéria, Charallah Ya djirani, Itchak El Baz, Deca-Dance, Saharagga (dans le désordre) et bien d’autres encore...15 ans de musiques égrenées comme un éclair.

    De l’émotion pure, beaucoup de chaleur, du verbe qui sonne comme de la foudre, avec un sens pointu de l’improvisation et de la fête. Un régal à chaque fois renouvelé! On voudrait bien poursuivre la soirée, mais apparemment, les gens de cette salle ne l’entendent pas de cette oreille. Les lumières sont rallumées bien avant la fin du concert.

    Bizarre n’est-ce pas? De 2001 à 2007, Gnawa Diffusion auront fait un sacré chemin. De l’hôtel Hilton, on se souvient comme c’était hier, à la salle Ibn Zeydoun, ou encore en plein air à Zéralda l’été dernier, pour finir avec la Coupole du complexe sportif Mohamed-Boudiaf. 6 ans que Gnawa Diffusion déferlent leur tornade en Algérie. Avec grâce et élégance, doublé d’un message qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. La Gnawa Attitude, synonyme d’une société debout. «Pas de Al Qaîda, mais nous sommes El Wakifa!» scande Amazigh qui, dès son arrivée sur scène, a tenu à saluer tout le public qui n’a eu de cesse de suer et clamer sa fidélité depuis toujours. On s’est bien amusé.Dehors, une pluie timide recommence à tomber. Il faut bien se couvrir après une douche d’émotion pareille.

    La mélodie est présente encore dans nos têtes. On marche dans la boue mais l’esprit ailleurs. Avec un sentiment d’inachevé quand même. Certains déplorent l’absence de quelques titres phares, à l’instar de Sabrina, Ombrel...peut-être que Amazigh les a gardés pour son dernier concert d’hier où il a clôturé, assurément, en apothéose, après Annaba et Alger. Ce fut tout de même merveilleux...Un repos bien mérité pour AS Production avant le prochain événement.

    Par L'Expression
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