MOHAMED MELHAG, CHERCHEUR EN VIROLOGIE
«Le virus a muté et se diffuse plus rapidement»
Entretien réalisé par
Karima Alloun Kordjani
Pour Mohamed Melhag, exbiologiste de laboratoires d’analyses médicales et chercheur en
virologie, la lutte contre la pandémie de la Covid-19 est une question de conscience. Pour s’en sortir, il recommande rigueur et respect des règles barrières, notamment à l’approche de l’Aïd
El Adha. D’après lui, toutes les
études confirment que le virus a
muté pour devenir moins dangereux. Mais sa vitesse de diffusion
est devenue plus rapide et impose
de ne pas baisser la vigilance.
Comment expliquer l’augmentation des contaminations à la Covid-19 ?
Cette flambée des cas positifs
est stimulée par trois causes principales. La première, c’est le
citoyen qui, semble-t-il, ne croit
toujours pas à l’existence du
coronavirus. L’allégement des
mesures de confinement et de
distanciation sociale a mené également à cette situation. Les individus ont pensé que ce mal faisait
partie du passé avec l’ouverture
des magasins et de certains lieux
publics. Ils se sont permis d’assister à des fêtes et à des enterrements. Tout cela explique l’augmentation du nombre de cas.
S’ajoutent à cela les personnes
malades qui ne se déclarent pas.
Ils véhiculent le virus, le font circuler et nuisent volontairement
aux autres. Sur le plan scientifique, le virus subit des mutations
et des modifications dans ses
structures génétiques. Ce qui se
répercute directement sur son
caractère et notamment sur sa
vitesse de diffusion et de propagation. C’est une probabilité et
une piste à ne pas écarter car à
travers le monde, il a été prouvé
que le virus a effectivement
muté. Actuellement, compte tenu
de la courbe des décès, on peut
dire qu’il est devenu moins
pathogène et moins dangereux.
Au début, le taux de décès était
de presque 14%. Aujourd’hui, on
est aux alentours de 2 à 3%. Cela
s’explique par la virulence qui a
diminué. On doit évoquer également une autre cause qui est
administrative. En l’absence
d’études stratégiques et prospectives en matière de prévention, il
s’est avéré difficile de faire face à
cette situation non prévue. Un
relâchement a été constaté aussi
de la part des services chargés de
la lutte contre la Covid-19. Cela
peut être dû au manque d’expérience en ce sens. Le dernier
Conseil des ministres s’est racheté en faisant un rappel à l’ordre. Il
a pris des mesures coercitives
visant la décentralisation de la
décision. Davantage de prérogatives ont été attribuées aux walis,
à la société civile et aux
comités de quartier afin
de mieux circonscrire la
pandémie.
Un confinement total
serait-il utile ?
Imposer un couvrefeu alors que des regroupements sont toujours de
mise ne mènera à rien.
Cette question relève de
la conscience citoyenne.
Le comité scientifique ayant plus
de données est le seul habilité à
se prononcer à ce propos. Des
décisions doivent être prises en
fonction de l’évolution de la pandémie et la gravité de la situation.
Avons-nous atteint le pic ?
On ne peut pas le savoir maintenant. Il se peut qu’on soit dans
le pic, comme il se peut aussi
qu’on n’y soit pas si le nombre de
cas remonte encore une fois. Ce
sont les études rétrospectives qui
définiront celui-ci.
Beaucoup de pays ont
accompli des avancées
considérables dans l’élaboration d’un vaccin antiCovid mais des craintes se
font déjà sentir.
Faut-il accepter de se faire
vacciner ?
A travers le monde, près de
cent laboratoires ont engagé des
recherches pour trouver un vaccin. Une vingtaine a atteint des
étapes très avancées. Ils sont au
stade clinique 2. Des expériences
doivent être faites
sur des animaux,
ensuite sur des
humains afin de
cerner tous les
effets pathogènes.
Tout cela doit être
finalisé d’ici un
mois. D’après les
prévisions, le vaccin sera commercialisé en septembre
prochain. Il faut
ensuite attendre un peu avant son
utilisation pour connaître s’il n’a
pas d’effets secondaires ou des
contre-indications. Je tiens à souligner qu’un vaccin n’est pas efficace à cent pour cent et que la
prévention reste importante.
Que recommandez-vous
comme mesures à l’approche de l’Aïd El Adha ?
Les citoyens doivent être
conscients que nous sommes
dans un état d’exception. C’est
comme dans une guerre. Il faut
éviter les déplacements familiaux
et les regroupements susceptibles
d’aggraver la situation. Je suis un
partisan de la rigueur. Il est
important d’imposer des mesures
plus rigoureuses. La protection
de la société relève des prérogatives exclusives de l’Etat. La lutte
contre cette pandémie est une responsabilité partagée. Pour s’en
sortir, tout dépendra aussi de la
culture sanitaire du citoyen.
pro.medias-dz.com
n K. A. K.
«Le virus a muté et se diffuse plus rapidement»
Entretien réalisé par
Karima Alloun Kordjani
Pour Mohamed Melhag, exbiologiste de laboratoires d’analyses médicales et chercheur en
virologie, la lutte contre la pandémie de la Covid-19 est une question de conscience. Pour s’en sortir, il recommande rigueur et respect des règles barrières, notamment à l’approche de l’Aïd
El Adha. D’après lui, toutes les
études confirment que le virus a
muté pour devenir moins dangereux. Mais sa vitesse de diffusion
est devenue plus rapide et impose
de ne pas baisser la vigilance.
Comment expliquer l’augmentation des contaminations à la Covid-19 ?
Cette flambée des cas positifs
est stimulée par trois causes principales. La première, c’est le
citoyen qui, semble-t-il, ne croit
toujours pas à l’existence du
coronavirus. L’allégement des
mesures de confinement et de
distanciation sociale a mené également à cette situation. Les individus ont pensé que ce mal faisait
partie du passé avec l’ouverture
des magasins et de certains lieux
publics. Ils se sont permis d’assister à des fêtes et à des enterrements. Tout cela explique l’augmentation du nombre de cas.
S’ajoutent à cela les personnes
malades qui ne se déclarent pas.
Ils véhiculent le virus, le font circuler et nuisent volontairement
aux autres. Sur le plan scientifique, le virus subit des mutations
et des modifications dans ses
structures génétiques. Ce qui se
répercute directement sur son
caractère et notamment sur sa
vitesse de diffusion et de propagation. C’est une probabilité et
une piste à ne pas écarter car à
travers le monde, il a été prouvé
que le virus a effectivement
muté. Actuellement, compte tenu
de la courbe des décès, on peut
dire qu’il est devenu moins
pathogène et moins dangereux.
Au début, le taux de décès était
de presque 14%. Aujourd’hui, on
est aux alentours de 2 à 3%. Cela
s’explique par la virulence qui a
diminué. On doit évoquer également une autre cause qui est
administrative. En l’absence
d’études stratégiques et prospectives en matière de prévention, il
s’est avéré difficile de faire face à
cette situation non prévue. Un
relâchement a été constaté aussi
de la part des services chargés de
la lutte contre la Covid-19. Cela
peut être dû au manque d’expérience en ce sens. Le dernier
Conseil des ministres s’est racheté en faisant un rappel à l’ordre. Il
a pris des mesures coercitives
visant la décentralisation de la
décision. Davantage de prérogatives ont été attribuées aux walis,
à la société civile et aux
comités de quartier afin
de mieux circonscrire la
pandémie.
Un confinement total
serait-il utile ?
Imposer un couvrefeu alors que des regroupements sont toujours de
mise ne mènera à rien.
Cette question relève de
la conscience citoyenne.
Le comité scientifique ayant plus
de données est le seul habilité à
se prononcer à ce propos. Des
décisions doivent être prises en
fonction de l’évolution de la pandémie et la gravité de la situation.
Avons-nous atteint le pic ?
On ne peut pas le savoir maintenant. Il se peut qu’on soit dans
le pic, comme il se peut aussi
qu’on n’y soit pas si le nombre de
cas remonte encore une fois. Ce
sont les études rétrospectives qui
définiront celui-ci.
Beaucoup de pays ont
accompli des avancées
considérables dans l’élaboration d’un vaccin antiCovid mais des craintes se
font déjà sentir.
Faut-il accepter de se faire
vacciner ?
A travers le monde, près de
cent laboratoires ont engagé des
recherches pour trouver un vaccin. Une vingtaine a atteint des
étapes très avancées. Ils sont au
stade clinique 2. Des expériences
doivent être faites
sur des animaux,
ensuite sur des
humains afin de
cerner tous les
effets pathogènes.
Tout cela doit être
finalisé d’ici un
mois. D’après les
prévisions, le vaccin sera commercialisé en septembre
prochain. Il faut
ensuite attendre un peu avant son
utilisation pour connaître s’il n’a
pas d’effets secondaires ou des
contre-indications. Je tiens à souligner qu’un vaccin n’est pas efficace à cent pour cent et que la
prévention reste importante.
Que recommandez-vous
comme mesures à l’approche de l’Aïd El Adha ?
Les citoyens doivent être
conscients que nous sommes
dans un état d’exception. C’est
comme dans une guerre. Il faut
éviter les déplacements familiaux
et les regroupements susceptibles
d’aggraver la situation. Je suis un
partisan de la rigueur. Il est
important d’imposer des mesures
plus rigoureuses. La protection
de la société relève des prérogatives exclusives de l’Etat. La lutte
contre cette pandémie est une responsabilité partagée. Pour s’en
sortir, tout dépendra aussi de la
culture sanitaire du citoyen.
pro.medias-dz.com
n K. A. K.
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