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Sarkozy : « Wade, Bouteflika, Kadhafi, M6 et moi »… Ce qu’il faut retenir des Mémoires africains de l’ancien président f

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  • Sarkozy : « Wade, Bouteflika, Kadhafi, M6 et moi »… Ce qu’il faut retenir des Mémoires africains de l’ancien président f

    - Du tristement célèbre « Discours de Dakar » à ses rencontres avec Abdelaziz Bouteflika, Mohammed VI et Zine El Abidine Ben Ali, en passant par la visite controversée de Mouammar Kadhafi à Paris, l’ancien président français se met en scène dans ses tribulations africaines.

    Du tome 1 de ce Temps des tempêtes, Mémoires des deux premières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le lecteur familier de la complexe relation entre l’Afrique et les présidents français retiendra avant tout les dix pages relatives au désormais fameux « Discours de Dakar », prononcé le 26 juillet 2007 à l’université Cheikh Anta Diop.

    Un discours proprement sidérant, entre exaltation culturaliste de l’Afrique ancestrale, obsession du refus de la repentance pour la période coloniale, catalogue de clichés provocateurs et jugements condescendants sur « l’homme africain ».

    François Soudan est directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

    Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi, en décembre 2017 à Paris.
    Du tristement célèbre « Discours de Dakar » à ses rencontres avec Abdelaziz Bouteflika, Mohammed VI et Zine El Abidine Ben Ali, en passant par la visite controversée de Mouammar Kadhafi à Paris, l’ancien président français se met en scène dans ses tribulations africaines.

    Du tome 1 de ce Temps des tempêtes, Mémoires des deux premières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le lecteur familier de la complexe relation entre l’Afrique et les présidents français retiendra avant tout les dix pages relatives au désormais fameux « Discours de Dakar », prononcé le 26 juillet 2007 à l’université Cheikh Anta Diop.

    Un discours proprement sidérant, entre exaltation culturaliste de l’Afrique ancestrale, obsession du refus de la repentance pour la période coloniale, catalogue de clichés provocateurs et jugements condescendants sur « l’homme africain ».

    Même s’il affirme n’avoir, sur le fond, « rien à renier » de ce texte, dont il omet de préciser qu’il a été écrit par son conseiller Henri Guaino et à peine relu dans l’avion avant d’être prononcé, Nicolas Sarkozy confesse aujourd’hui que cette adresse à la jeunesse africaine fut « une erreur politique ».

    Dakar : l’excuse pire que la faute

    Treize années plus tard, l’ancien président aurait-il enfin admis que son discours ne reposait sur rien d’autre que des stéréotypes erronés, obsolètes et blessants ? Non, hélas. Car si « erreur » il y eût (« comment le contester ? » ajoute-t-il), elle ne serait pas due aux passages totalement déconnectés de la réalité africaine dont ce texte est truffé, mais bien au fait d’avoir voulu « dire la vérité » à un public qui n’était pas encore prêt à l’entendre.

    Le « tropisme » marocain


    Autre portrait en demi-teinte, celui du président algérien Abdelaziz Bouteflika, à qui Nicolas Sarkozy rend visite en juillet, puis en décembre 2007.

    « Converser avec lui prenait du temps. L’unité de mesure, c’était trois heures. Si une réunion durait moins, on pouvait considérer qu’elle avait été écourtée. Un détail me gênait. Il ne voulait pas converser en face à face. Nous étions toujours assis côte à côte. Il fallait constamment tourner la tête pour se regarder. Je quittais souvent la résidence où il me recevait, avec un fameux torticolis. Je devais également accepter que la première heure (et c’était un minimum) fût consacrée à ce qu’il appelait « la guerre de libération ». Il s’ensuivait un cortège de reproches sur les injustices et les atrocités auxquelles tout ceci avait donné lieu […]. Je dus également me justifier de ce qu’il appelait mon tropisme marocain. Je m’en défendis avec vigueur même si, intérieurement, je me disais : « Au moins, quand je suis à Rabat, le roi ne me reproche pas le protectorat ! »

    Au Maroc justement, plus précisément à Marrakech, Nicolas Sarkozy se rend en voyage officiel en octobre 2007. Et à lire le compte-rendu ému qu’il fait de ce séjour dans ses Mémoires, il est difficile de ne pas donner raison au président algérien sur son « tropisme » chérifien, manifestement assumé.

    « Le Maroc a bien de la chance de disposer d’un souverain de cette qualité
    » écrit-il à propos de Mohammed VI, après avoir fait l’éloge d’« un homme d’une grande intelligence, très francophile et d’une gentillesse qui ne se dément jamais », combinant « l’autorité de son père Hassan II », la « modernité de son âge » et « l’humanité de son tempérament ».

    Kadhafi et « le prix à payer »


    L’exact opposé finalement d’un Mouammar Kadhafi à qui Sarkozy consacre des phrases vengeresses lesquelles seront, on l’imagine, diversement commentées par ceux qui soutiennent que le dictateur libyen a financé la campagne présidentielle de l’auteur du Temps des tempêtes (affaire dont il sera certainement question dans le tome 2 à paraître).

    Revenant sur la libération des infirmières bulgares détenues en Libye, dans laquelle il a joué un rôle majeur, Nicolas Sarkozy estime que la visite controversée de Kadhafi à Paris en décembre 2007, au cours de laquelle ce dernier lui a fait « tout ce que cet esprit dérangé était capable d’imaginer, y compris de planter sa tente dans le jardin de la résidence officielle française de l’hôtel Marigny », était « le prix à payer » pour le remercier de sa mansuétude.

    Très peu amène avec celui qu’il qualifie d’« égotique maladif », Sarkozy décrit ainsi leurs échanges : « Je fus surpris par les véritables grognements qui émanaient de sa personne. Il ne parlait ni anglais ni français. Nous avions donc recours à un interprète des deux côtés du téléphone. Mais la plupart du temps il parlait au moyen d’onomatopées et de bruits indistincts. Puis il s’enivrait de tirades interminables ».

    Jeune Afrique (extraits)
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