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La jeunesse sahraouie révolutionne le discours politique marocain

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  • La jeunesse sahraouie révolutionne le discours politique marocain

    Un autre pan rapproche la colonisation du Sahara Occidental à celle de la Palestine: la jeunesse de ses deux pays (RASD- Palestine) qui donne du fil à retordre aux infames dictatures marocaine et israélienne, obligeant ces dernières à procéder à de véritables génocides contre les Sahraouis et Palestiniens.

    - Les jeunes du Sahara occidental sont plus qu’un simple poids démographique, davantage qu’une catégorie sociale. Ils sont devenus depuis quelques années des acteurs politiques dont le degré d’autonomie pèse indéniablement sur l’évolution d’un conflit qui fêtera cette année ses quarante ans. En prise avec les mutations de leur société, ils forment une force dynamique aussi complexe que multiforme.

    Classé comme un « territoire non autonome » par l’ONU, le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole de 266 000 km2, « administrée » d’une main de fer par le Maroc depuis 1975 mais dont l’indépendance est réclamée par le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Près de 540 000 personnes y vivent, dont plus de la moitié sont des jeunes de moins de 30 ans.(700 000 actuellement-Ndlr).

    Pour imposer son autorité, l’État marocain a décidé dès les premières années de s’appuyer sur les notabilités tribales du Sahara occidental. Des licences de pêche en haute mer, des agréments dans différents domaines (notamment le transport), des postes élevés dans l’administration ont été accordés aux membres des familles les plus influentes du territoire pour s’assurer leur allégeance. Mais à l’égard des activistes indépendantistes intransigeants, Rabat a opté entre 1975 et 1999 pour le tout-répressif : emprisonnements, disparitions, tortures, etc.

    Le cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario est, par ailleurs, intervenu dans un contexte interne marqué par l’apaisement des rapports entre la monarchie d’un côté et les partis de l’opposition de l’autre. Le Sahara occidental n’a pas échappé à cet « apaisement », qui s’est déployé dans un contexte international marqué par la chute du Mur de Berlin, le déclin des totalitarismes en Europe de l’Est et la fin de la guerre froide. Un nouvel acteur a émergé dans ce territoire dominé par la structure tribale, qui régente comportements individuels et dynamiques sociales : les jeunes.

    Depuis quelques années, ils se présentent comme une « nouvelle donne », un acteur concurrentiel de la tribu et bousculent les mécanismes classiques de la demande sociale et de l’expression de la contestation politique et économique. Ayant pu accéder dans une large mesure aux universités marocaines (de l’intérieur)1, cette jeunesse s’est rapidement autonomisée, tant à l’égard des notabilités tribales que par rapport à la puissance « administrante » (le Maroc), après avoir pris conscience de l’ampleur du système clientéliste et des rapports inégalitaires que la monarchie a établis depuis des décennies.

    LA GRANDE RUPTURE

    En mai 2005, des troubles sociaux d’une rare violence opposent les jeunes Sahraouis aux forces de l’ordre dans les grandes villes du Sahara occidental, principalement Laayoune, où, fait sans précédent, les drapeaux du Polisario sont massivement brandis. Quatorze militants, pour la plupart des activistes indépendantistes parmi lesquels Aminatou Haidar, Mohamed Moutawakil, Mohamed Salem Tamek, jugés et condamnés à des peines de prison ferme, deviennent en quelques mois des figures emblématiques de la nouvelle contestation sahraouie. Ces événements se présentent donc comme un moment de profonde rupture.

    SURFER SUR L’ÉCHEC ÉCONOMIQUE

    Le discours mobilisateur des jeunes activistes Sahraouis oscille entre deux paramètres qui interfèrent habilement.

    Au plan interne, d’abord, la situation sociale dominée par les rapports inégalitaires confère au discours contestataire une capacité de mobilisation considérable et une légitimité conséquente. Surfer sur la réalité sociale et économique, l’échec, voire la quasi-absence d’une stratégie de développement basée sur des logiques démocratiques permet au discours indépendantiste de se déployer avec beaucoup d’ardeur. Dénoncer les injustices sociales pour remettre en cause l’utilité de la « puissance administrante », et partant sa légitimité politique, est un thème marquant du discours contestataire sahraoui. L’exemple le plus significatif est le démantèlement, en novembre 2010, du camp Gdeim Izik par les autorités marocaines.

    Tout commence un mois auparavant, lorsque des Sahraouis plantent leur tente à Gdeim Izik, à 12 kilomètres à l’est de Laayoune, pour protester pacifiquement contre leurs conditions de vie. En quelques jours seulement, 15 000 personnes les rejoignent. Début novembre, décision est prise de démanteler le camp par la force. Le 8 novembre à l’aube, la gendarmerie royale et les Forces auxiliaires investissent le camp ; coups de matraque, canons à eau et gaz lacrymogènes sont abondamment utilisés (mais pas les armes à feu). Les affrontements entre Sahraouis et gendarmes font treize morts, dont onze parmi les forces de l’ordre, et 159 blessés. En moins d’une heure, 6 000 personnes sont chassées du camp. La violence contre les Sahraouis gagne les quartiers et les maisons de Laayoune, où les manifestants tentent de se réfugier. Vers 15 h, les forces de l’ordre déclarent « contrôler » la situation.
    (...).

    « Nous revendiquons le respect de nos droits les plus élémentaires comme, par exemple, la liberté de nous réunir. Nous revendiquons également le respect de la légalité internationale, à savoir notre droit à l’autodétermination », déclarait notamment Aminatou Haidar au Journal hebdomadaire (14-20 octobre 2006). « Notre discours, qui est en même temps une composante de notre identité politique, est clairement basé sur la culture des droits de l’homme. Le droit à l’autodétermination en fait partie. Sans ce droit, notre peuple n’aura aucune existence politique. La place qu’occupe la femme dans notre société confirme l’adéquation de notre culture avec les principes universels », nous a affirmé Mohammed El Moutawakil-.

    Omar Brouksy in L'orient XXI
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