Hamel accuse le «groupe d’Oran de la drogue» : «Les généraux Belkecir et Kamel Abderrahmane agissaient pour Zendjabil, ex-baron de la drogue»
L’ex-Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, affirme avoir transmis un rapport accablant sur les relations entre le baron de la drogue, Ahmed Zendjabil, l’ex-chef de la 2e Région militaire, le général Kamel Abderrahmane, et l’ex-patron de la Gendarmerie nationale, le général Ghali Belkecir, qu’il a désigné comme faisant partie du «groupe d’Oran de la drogue». Ses avocats parlent de «complot» ourdi par Saïd Bouteflika, à travers Belkecir pour empêcher Hamel d’être le candidat à la succession du Président déchu, et évoquent «un massacre collectif» contre sa famille et la «tentative de liquidation physique» dont il a fait l’objet. Le verdict sera connu le 12 août courant.
Encore une fois, Abdelghani Hamel, ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), a surpris l’assistance lundi dernier, lors de son procès en appel devant la cour d’Alger, avec une déclaration gravissime sur la relation entre l’ex-patron de la Gendarmerie nationale, le général Belkecir, l’ex-chef de la 2e Région militaire, le général Kamel Abderrahmane, ainsi que plusieurs officiers de la gendarmerie et de l’armée, avec l’ancien baron de la drogue, Ahmed Zendjabil, donné pour mort dans une clinique à Chlef, sa région natale, en 2012, mais aussi sur l’interférence de l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, dans les enquêtes préliminaires et les menaces «de liquidation physique» dont il faisait l’objet.
Dès l’ouverture de l’audience, qui devait être consacrée uniquement aux plaidoiries de la défense, le président l’appelle et l’interroge : «Je ne vous ai pas interrogé sur la non-déclaration de vos bien lors de votre audition. Qu’avez-vous à dire ?» «Avant de vous répondre. Je voudrais vous expliquer pourquoi je suis ici.»
Le juge : «Vous le direz après. Répondez d’abord à la question !» «Au niveau de l’Anp, on ne demande pas la déclaration de patrimoine.
Nous n’étions pas concernés. Lorsque j’ai été nommé à la tête de la Sûreté nationale, personne ne m’a dit de le faire, pas même le ministre de l’Intérieur. Je n’étais pas tenu de le faire», répond Abdelghani Hamel, avant de lancer un pavé dans la mare : «C’est le groupe d’Oran de Zendjabil, trafiquant de drogue, qui est à l’origine de mon incarcération.
Ce groupe a juré de se venger de moi, parce que j’ai fait avorter son projet d’inonder le pays de poison. Je vous remercie de ne pas avoir pris en compte le rapport préliminaire qui dit que je facilitais le passage d’un trafiquant de drogue à l’aéroport.
Le Bungalow d’Oran, dont-ils parlent, a été construit, il y a 20 ans, pour les trafiquants de drogue avec l’argent de la drogue, et celui qui a fait les travaux est de Batna.»
Dans un silence de marbre, et sous le regard attentif des magistrats, Hamel poursuit : «En 2004-2005, il y a eu, à Oran, l’éclatement de l’affaire Zendjabil, un baron de la drogue, dans laquelle étaient impliqués de nombreux officiers de la gendarmerie et de l’armée. J’étais régional de la gendarmerie, à Oran, et le colonel Tifour, était chef d’état-major, alors que le lieutenant- colonel Allel était commandant du groupement de Tlemcen, et Ghali Belkecir chef de compagnie à Maghnia.
Ils travaillaient tous avec l’ex-chef de la 2e Région militaire, Kamel Abderrahmane. J’avais fait un rapport accablant sur les liens entre ces derniers et Zendjabil, que j’ai transmis à l’époque au commandant de la Gendarmerie nationale, le défunt général Boustila, lequel l’a remis au président de la République. Juste après, nous étions deux à avoir été maintenus à nos postes ; moi et le lieutenant-colonel, Abdelaziz, de la sécurité de l’Armée, qui avait enquêté sur ces réseaux.
Les autres ont tous été relevés, y compris Kamel Abderrahmane. Par la suite, Belkecir et Tifour ne m’ont jamais pardonné, parce qu’ils ont su que le rapport en question est parti de mon bureau. Est-il normal que je fasse sortir un trafiquant de drogue de l’aéroport alors que je mène la guerre à la drogue ?
Si c’était le cas, que faisaient alors les officiers de la sécurité intérieure ? Je ne peux en dire plus, sinon je risque de faire du mal à ma famille. Depuis que Belkecir a été promu à la tête de la gendarmerie, de nombreux officiers ont été laminés. Vous pouvez le vérifier.»
Imperturbable, Hamel revient à l’affaire des 701 kg de cocaïne, où Kamel Chikhi est le principal accusé, et lâche : «Le chauffeur Benzahra a parlé de graves pressions qu’il a subies pour qu’il cite mon nom et m’implique dans le dossier.» Le juge : «Je n’ai pas pris en compte le rapport de l’enquête préliminaire, je vous interroge uniquement sur les faits contenus dans l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction.
Vous avez remarqué que je ne vous ai pas questionné sur le monopole qu’auraient vos enfants sur le marché de la distribution du ciment, de l’importation du blé tendre, ni sur votre relation avec le trafiquant de drogue, Mostefaoui.» Hamel : «Ce Mostefaoui a été utilisé par Belkecir pour m’atteindre, moi et ma famille.
Ils se connaissent bien. Il m’a été présenté en 2000, en tant que promoteur, par Abdelghani Bouteflika, alors que j’étais membre de la commission de réforme judiciaire. J’ai acheté auprès de lui un appartement et dès 2012, j’ai coupé toute relation avec lui. Lors de son audition, il a bien dit que je ne répondais plus à ses appels. Je voulais lui couper la route vers l’aéroport.»
L’ex-patron de la police cite alors, l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, dont il s’est plaint au président par écrit, dit-il, sur le fait qu’il écartait la police des enquêtes pour les remettre à Belkecir. «Après cette lettre, le Président a saisi Louh par courrier, lui ordonnant de respecter le principe de la compétence territoriale. Parce qu’ils ne pouvaient pas me corrompre, ils ont tenté de m’impliquer dans des affaires de drogue.»
«Hamel était la personne à abattre parce qu’il était pressenti candidat à la succession»
Revenant sur cette affaire de promoteur Mostefaoui, il explique : «Dans le deuxième rapport préliminaire, ils écrivent que j’avais des relations étroites avec Mostefaoui, impliqué dans des affaires de drogue.
Or, j’ai connu ce promoteur en 2000, lorsque j’étais à la commission de réforme de la justice. Il m’a été présenté par Abdelghani Bouteflika, également membre de cette commission. J’ai par la suite acheté auprès de lui un logement, mais nous n’étions pas très liés. Dès ma désignation à la tête de la Sûreté nationale en 2012, j’ai coupé tout contact avec ce personnage.
Lui-même dans ses déclarations a bien affirmé que depuis ma nomination je ne répondais plus à ses appels. Je ne lui facilitais pas ses passages à l’aéroport. Bien au contraire. Je lui ai coupé la route de l’aéroport. Comment peuvent-ils m’impliquer dans une affaire de drogue, alors que moi-même durant des années, je luttais contre les barons ?»
N’y allant pas avec le dos de la cuillère, ses avocats sont unanimes à parler d’affaire de «vengeance, de règlement de comptes et de massacre collectif commis contre la famille Hamel», avant de réclamer l’audition du général Belkecir, «qui a fait son coup et s’est enfui à l’étranger, exactement comme l’a fait le président tunisien Ben Ali en Tunisie». D’abord Me Faden, qui commence par revenir aux événements qui ont marqué les quatre dernières années.
«Depuis 2014, Hamel est devenu la cible à abattre, tout simplement parce qu’il était pressenti comme candidat à la succession de Bouteflika, après avoir obtenu la caution de ce dernier et celle du chef de l’état-major de l’Anp, feu Gaïd Salah. Saïd ne l’a pas supporté. Il a chargé Belkecir de l’anéantir.
A l’époque, avec la maladie du Président, les sondages ont montré que Saïd ne pouvait être candidat, parce qu’il n’était pas populaire, Ahmed Ouyahia, qui avait des capacités, n’était pas aimé, Abdelmalek Sellal n’avait pas le charisme d’un chef d’Etat, Ali Ghediri et Tayeb Louh, également ne pouvaient pas passer.
Il ne restait que Abdelghani Hamel, compétent et jeune mais aussi très populaire. Cela n’a pas plu à Saïd Bouteflika qui a chargé Belkecir d’utiliser tous les moyens pour le broyer.
EL WATAN
L’ex-Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, affirme avoir transmis un rapport accablant sur les relations entre le baron de la drogue, Ahmed Zendjabil, l’ex-chef de la 2e Région militaire, le général Kamel Abderrahmane, et l’ex-patron de la Gendarmerie nationale, le général Ghali Belkecir, qu’il a désigné comme faisant partie du «groupe d’Oran de la drogue». Ses avocats parlent de «complot» ourdi par Saïd Bouteflika, à travers Belkecir pour empêcher Hamel d’être le candidat à la succession du Président déchu, et évoquent «un massacre collectif» contre sa famille et la «tentative de liquidation physique» dont il a fait l’objet. Le verdict sera connu le 12 août courant.
Encore une fois, Abdelghani Hamel, ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), a surpris l’assistance lundi dernier, lors de son procès en appel devant la cour d’Alger, avec une déclaration gravissime sur la relation entre l’ex-patron de la Gendarmerie nationale, le général Belkecir, l’ex-chef de la 2e Région militaire, le général Kamel Abderrahmane, ainsi que plusieurs officiers de la gendarmerie et de l’armée, avec l’ancien baron de la drogue, Ahmed Zendjabil, donné pour mort dans une clinique à Chlef, sa région natale, en 2012, mais aussi sur l’interférence de l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, dans les enquêtes préliminaires et les menaces «de liquidation physique» dont il faisait l’objet.
Dès l’ouverture de l’audience, qui devait être consacrée uniquement aux plaidoiries de la défense, le président l’appelle et l’interroge : «Je ne vous ai pas interrogé sur la non-déclaration de vos bien lors de votre audition. Qu’avez-vous à dire ?» «Avant de vous répondre. Je voudrais vous expliquer pourquoi je suis ici.»
Le juge : «Vous le direz après. Répondez d’abord à la question !» «Au niveau de l’Anp, on ne demande pas la déclaration de patrimoine.
Nous n’étions pas concernés. Lorsque j’ai été nommé à la tête de la Sûreté nationale, personne ne m’a dit de le faire, pas même le ministre de l’Intérieur. Je n’étais pas tenu de le faire», répond Abdelghani Hamel, avant de lancer un pavé dans la mare : «C’est le groupe d’Oran de Zendjabil, trafiquant de drogue, qui est à l’origine de mon incarcération.
Ce groupe a juré de se venger de moi, parce que j’ai fait avorter son projet d’inonder le pays de poison. Je vous remercie de ne pas avoir pris en compte le rapport préliminaire qui dit que je facilitais le passage d’un trafiquant de drogue à l’aéroport.
Le Bungalow d’Oran, dont-ils parlent, a été construit, il y a 20 ans, pour les trafiquants de drogue avec l’argent de la drogue, et celui qui a fait les travaux est de Batna.»
Dans un silence de marbre, et sous le regard attentif des magistrats, Hamel poursuit : «En 2004-2005, il y a eu, à Oran, l’éclatement de l’affaire Zendjabil, un baron de la drogue, dans laquelle étaient impliqués de nombreux officiers de la gendarmerie et de l’armée. J’étais régional de la gendarmerie, à Oran, et le colonel Tifour, était chef d’état-major, alors que le lieutenant- colonel Allel était commandant du groupement de Tlemcen, et Ghali Belkecir chef de compagnie à Maghnia.
Ils travaillaient tous avec l’ex-chef de la 2e Région militaire, Kamel Abderrahmane. J’avais fait un rapport accablant sur les liens entre ces derniers et Zendjabil, que j’ai transmis à l’époque au commandant de la Gendarmerie nationale, le défunt général Boustila, lequel l’a remis au président de la République. Juste après, nous étions deux à avoir été maintenus à nos postes ; moi et le lieutenant-colonel, Abdelaziz, de la sécurité de l’Armée, qui avait enquêté sur ces réseaux.
Les autres ont tous été relevés, y compris Kamel Abderrahmane. Par la suite, Belkecir et Tifour ne m’ont jamais pardonné, parce qu’ils ont su que le rapport en question est parti de mon bureau. Est-il normal que je fasse sortir un trafiquant de drogue de l’aéroport alors que je mène la guerre à la drogue ?
Si c’était le cas, que faisaient alors les officiers de la sécurité intérieure ? Je ne peux en dire plus, sinon je risque de faire du mal à ma famille. Depuis que Belkecir a été promu à la tête de la gendarmerie, de nombreux officiers ont été laminés. Vous pouvez le vérifier.»
Imperturbable, Hamel revient à l’affaire des 701 kg de cocaïne, où Kamel Chikhi est le principal accusé, et lâche : «Le chauffeur Benzahra a parlé de graves pressions qu’il a subies pour qu’il cite mon nom et m’implique dans le dossier.» Le juge : «Je n’ai pas pris en compte le rapport de l’enquête préliminaire, je vous interroge uniquement sur les faits contenus dans l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction.
Vous avez remarqué que je ne vous ai pas questionné sur le monopole qu’auraient vos enfants sur le marché de la distribution du ciment, de l’importation du blé tendre, ni sur votre relation avec le trafiquant de drogue, Mostefaoui.» Hamel : «Ce Mostefaoui a été utilisé par Belkecir pour m’atteindre, moi et ma famille.
Ils se connaissent bien. Il m’a été présenté en 2000, en tant que promoteur, par Abdelghani Bouteflika, alors que j’étais membre de la commission de réforme judiciaire. J’ai acheté auprès de lui un appartement et dès 2012, j’ai coupé toute relation avec lui. Lors de son audition, il a bien dit que je ne répondais plus à ses appels. Je voulais lui couper la route vers l’aéroport.»
L’ex-patron de la police cite alors, l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, dont il s’est plaint au président par écrit, dit-il, sur le fait qu’il écartait la police des enquêtes pour les remettre à Belkecir. «Après cette lettre, le Président a saisi Louh par courrier, lui ordonnant de respecter le principe de la compétence territoriale. Parce qu’ils ne pouvaient pas me corrompre, ils ont tenté de m’impliquer dans des affaires de drogue.»
«Hamel était la personne à abattre parce qu’il était pressenti candidat à la succession»
Revenant sur cette affaire de promoteur Mostefaoui, il explique : «Dans le deuxième rapport préliminaire, ils écrivent que j’avais des relations étroites avec Mostefaoui, impliqué dans des affaires de drogue.
Or, j’ai connu ce promoteur en 2000, lorsque j’étais à la commission de réforme de la justice. Il m’a été présenté par Abdelghani Bouteflika, également membre de cette commission. J’ai par la suite acheté auprès de lui un logement, mais nous n’étions pas très liés. Dès ma désignation à la tête de la Sûreté nationale en 2012, j’ai coupé tout contact avec ce personnage.
Lui-même dans ses déclarations a bien affirmé que depuis ma nomination je ne répondais plus à ses appels. Je ne lui facilitais pas ses passages à l’aéroport. Bien au contraire. Je lui ai coupé la route de l’aéroport. Comment peuvent-ils m’impliquer dans une affaire de drogue, alors que moi-même durant des années, je luttais contre les barons ?»
N’y allant pas avec le dos de la cuillère, ses avocats sont unanimes à parler d’affaire de «vengeance, de règlement de comptes et de massacre collectif commis contre la famille Hamel», avant de réclamer l’audition du général Belkecir, «qui a fait son coup et s’est enfui à l’étranger, exactement comme l’a fait le président tunisien Ben Ali en Tunisie». D’abord Me Faden, qui commence par revenir aux événements qui ont marqué les quatre dernières années.
«Depuis 2014, Hamel est devenu la cible à abattre, tout simplement parce qu’il était pressenti comme candidat à la succession de Bouteflika, après avoir obtenu la caution de ce dernier et celle du chef de l’état-major de l’Anp, feu Gaïd Salah. Saïd ne l’a pas supporté. Il a chargé Belkecir de l’anéantir.
A l’époque, avec la maladie du Président, les sondages ont montré que Saïd ne pouvait être candidat, parce qu’il n’était pas populaire, Ahmed Ouyahia, qui avait des capacités, n’était pas aimé, Abdelmalek Sellal n’avait pas le charisme d’un chef d’Etat, Ali Ghediri et Tayeb Louh, également ne pouvaient pas passer.
Il ne restait que Abdelghani Hamel, compétent et jeune mais aussi très populaire. Cela n’a pas plu à Saïd Bouteflika qui a chargé Belkecir d’utiliser tous les moyens pour le broyer.
EL WATAN
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