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Comment Al-Qaida infiltre Alger

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  • Comment Al-Qaida infiltre Alger

    Ils sont près de 40 présumés terroristes à être fichés et répertoriés dans les bulletins de recherche de la police judiciaire. Ce qui les distingue des autres fiches de recherches, c’est qu’ils font partie des activistes affiliés au Gspc, et qui résident dans ou à la périphérie d’Alger. Récemment, deux grandes affiches comportant chacune une bonne quinzaine de portraits des hommes recherchés ont été collées sur les tableaux des brigades mobiles de la Police judiciaire de la capitale. A côté, quelques autres fiches et portraits de jeunes recherchés. En tout, près de quarante présumés terroristes constituent le fichier actuel des Bmpj d’Alger. Objectif: les identifier et, le cas échéant, les arrêter. Depuis longtemps, ils ont disparu, ou ne sont plus «localisables». Les divers services de renseignements comme les RG, affirment qu’ils ont rejoint les maquis du Gspc ou se tiennent cachés dans des endroits non encore connus des services de police.

    Selon un officier de la Brigade Recherches et Investigations (BRI), la nouvelle brigade forte qui a remplacé celle de l’Onrb, «il s’agit vraisemblablement de la nouvelle équipe algéroise du Gspc-Al Qaîda. Mais il faut aussi croire que ce n’est pas ces hommes qui sont déjà fichés et connus des services de sécurité, qui activent dans la capitale, mais une autre équipe constituée de jeunes non fichés et non connus de la police en tant que terroristes, à l’instar de Merouane Boudina, qui mènent les opérations à Alger pour le compte du Gspc». Un responsable d’une Bmpj locale, qui capitalise une quinzaine d’années dans la lutte antiterroriste, suggère que la nouvelle stratégie du Gspc-Al Qaîda pour la capitale consiste à «travailler avec des jeunes dont la tranche d’âge varie entre 17 et 25 ans, et qui sont, de ce fait, encore inconnus des services de sécurité, amenés des quartiers urbains déshérités, de préférence fraîchement acquis à la cause djihadiste, endoctrinés par des agents recruteurs, qui sont les véritables plaques tournantes des circuits du Gspc, et mis à l’aise financièrement, jusqu’à l’étape de leur mise sur la rampe de lancement des actes de violences».

    En réalité, et beaucoup de responsables des renseignements pensent la même chose, la stratégie du Gspc pour la capitale, qui constitue un enjeu politique et une caisse de répercussion médiatique très recherchés, reste encore très peu connue, du fait que le chef du Groupe salafite, «Abou Mossâb Abdelouadoud», a reformé l’organisation de fond en comble, surtout depuis l’annonce de son ralliement à Al Qaîda, le 11 septembre 2006, et la déclaration de changement de nom du Gspc en «Organisation Al Qaîda au Maghreb islamique», le 24 janvier 2007.

    Un nouveau commandement

    L’organisation s’est dotée d’un nouveau commandement pour Alger qui dépendait auparavant organiquement de la zone 2 et était rattachée à Boumerdès et Tizi Ouzou. Dorénavant, elle possède une gestion autonome qui coordonne les opérations avec la direction, basée dans les maquis kabyles.
    Les attaques successives de Beaulieu, puis de Réghaia et Dergana, à la fin octobre 2006, puis celle de Bouchaoui, en décembre 2006, et enfin celles du Palais du gouvernement et Bab Ezzouar, le 11 avril dernier, prouvent que depuis la collusion définitive Gspc-Al Qaîda, à la date hautement symbolique du 11 septembre 2006, soit cinq années jour pour jour après les attentats anti-américains de 2001, une nouvelle stratégie pour Alger venait de prendre forme. Quasi spectaculaires, poussant le défi et l’audace à leurs extrêmes limites, les attentats de ce qu’il convient désormais d’appeler du 11/4, ont complètement chamboulé les donnes sécuritaires, effrité l’aplomb justifié jusque-là, de la sécurité intérieure algérienne, et poussé, de ce fait, à engager une profonde réflexion sur la gestion de ce phénomène récurrent. Les premières leçons tirées par les responsables de la sécurité les ont mis, pour la première fois depuis des années, sur la défensive.

    D’autant plus que cette fois-ci, les attentats ont été opérés dans le coeur de la capitale, dans le coeur de la sécurité intérieure, en plein jour, et ciblant uniquement des édifices-symboles et de sécurité. Cela avait donné matière à afficher plus de retenue, et tous les responsables politiques qui ont rabâché, à l’usure, les formules toujours répétées, mais à chaque fois démenties par le terrain, du «dernier quart d’heure du terrorisme», des «résidus du terrorisme» et autres citations en usage dans le marketing politique, étaient dans la gêne. «Au plan du renseignement tout reste à faire», affirme une source sécuritaire de haut rang.

    Un «schéma» à l’irakienne

    L’exfiltration opérée par le commandement du Gspc avant de rallier Al Qaîda est aujourd’hui connue par tous les hauts responsables de la sécurité. Nous savons que l’appel du pied du Gspc à Al Qaîda date de plusieurs années déjà, et que des émissaires de Oussama Ben Laden et Aymane Al-Zawahiri ont, depuis au moins le début de l’année 2002, tenté de conclure un pacte stratégique, mais qui a été, à dessein, retardé par Al-Zawahiri, qui avait à chaque fois conditionné les accords. Très suspicieux depuis, il avait exigé que le Gspc expurge ses rangs des éléments jugés douteux ou pas assez «convaincus». Ce que Abdelouadoud avait pu accomplir, et le Gspc a connu alors des purges et des révisions dans ses structures internes, ses modes opératoires et son action armée. Après quoi, le ralliement du Gspc à Al Qaîda avait été possible.

    Un point quasi grave a été relevé, c’est le rapport qui existe entre ce qui se passe en Irak et ce qui se passe et se passera au Maghreb dans son ensemble. Après avoir réussi à créer «Al Qaîda en Mésopotamie», OBL a réussi un «Al Qaîda au Maghreb». Ces deux bras armés restent à l’écoute de la branche-mère, et si une réussite se confirme pour Al Qaîda au Machrek, il y aura de fortes chances pour qu’un basculement de la violence s’opère dans la région maghrébine. D’ailleurs, tous les responsables de la sécurité et les connaisseurs en matière de guerre ont relevé que les «modus operandi» des deux branches, irakienne et maghrébine, commencent sérieusement à se ressembler.

    Autre point important: la stratégie qui consiste à ne donner d’informations aux éléments constituant la dernière étape de la chaîne que selon ce que leur mission exige. Beaucoup d’hommes de main du Gspc ont été arrêtés, mais la police n’avait pas pu les «exploiter» de manière à en tirer des indications importantes, car ceux-ci, considérés comme des sous-fifres, n’étaient au courant que d’un strict minimum qu’avait exigé leur mission. Là, apparaît le rôle important des agents recruteurs, endoctrineurs convaincus, et qui constituent une force intermédiaire et invisible entre la direction, qui se trouve dans les maquis, et les exécutants, qui mettent à exécution la mission. Ces agents intermédiaires, qui sont en contact avec les chefs, recrutent, convainquent, donnent l’argent, aident à placer les hommes, les caches et les schémas d’attaque, désignent les cibles, et s’éclipsent.

    source : l'Expression
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