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L'obésité infantile touche 5 millions d'enfants en Europe

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  • L'obésité infantile touche 5 millions d'enfants en Europe

    Les spécialistes sont formels. Si l'on n'adopte pas des mesures radicales pour lutter contre l'obésité et le surpoids qui menacent plus d'un milliard de personnes sur la planète, en particulier les plus défavorisées, les pouvoirs publics devront faire face à une explosion massive de pathologies. Infarctus et attaques cérébrales, diabète (de type 2) et autres maladies de surcharge. Mais aussi graves problèmes articulaires, respiratoires et risque de cancers, très longtemps sous-estimé. Avec des surcoûts majeurs pour les budgets de la santé si l'on ne fait rien pour réduire cette débauche d'alimentation trop grasse et sucrée et cette augmentation préoccupante de la sédentarité (déplacements motorisés, abus de télévision et de jeux vidéo, etc.).

    Pour sensibiliser les décideurs de l'Union européenne à ce problème crucial, un congrès international sur le rôle des fruits et légumes dans la prévention de l'obésité a eu lieu cette semaine à Bruxelles à l'initiative d'Aprifel avec le concours de la DG Sanco (santé et protection des consommateurs) et de la DG Agri (agriculture). Les experts ont particulièrement insisté sur l'obésité infantile. « Il y a aujourd'hui 5 millions d'enfants concernés dans l'Union européenne et 330 000 nouveaux cas apparaissent chaque année », a précisé le Dr Tim Lobstein, coordinateur du programme de lutte contre l'obésité infantile outre-Manche. Le taux d'embonpoint des bambins et des adolescents en Europe ne cesse de croître depuis la fin des années 1970, s'inspirant du désastreux modèle américain des kids gavés à la « junk food » (sodas, hamburgers, pizzas, chips, crèmes glacées). Et ceci, même dans des pays du sud de l'Europe (en Sicile, en Espagne, au Portugal, en Grèce) car les modes de consommation traditionnels axés sur les céréales ainsi que les fruits et légumes frais ont été abandonnés.

    L'importance de l'éducation

    Tim Lobstein pointe le fait que « les prix à la consommation sont un facteur clé. Celui des fruits et des légumes a augmenté de 40 % des années 1980 à nos jours alors que, dans le même temps, celui des graisses, du sucre et des produits dérivés a chuté dans les mêmes proportions car nous sommes en situation de surproduction chronique ». Un phénomène qui incite les familles défavorisées à privilégier ces aliments à bas coût.

    Il met également en cause les « fast-foods », les effets du marketing et de la télévision. « La taille des portions vendues a considérablement crû des années 1970 à aujourd'hui. Dans les grandes surfaces, les produits à forte valeur calorique comme les crèmes glacées, les bonbons ou les biscuits sont placés à la hauteur des bambins alors que les fruits et légumes frais situés bien au-dessus leur sont invisibles. » Il stigmatise aussi les publicités télévisuelles sur des friandises au contenu lipidique et glucidique énorme afin d'influencer leurs préférences. « En Grande-Bretagne, un enfant passe plus de temps à regarder la télé qu'à aller à l'école », lance-t-il. Tant et si bien qu'à raison d'une pub alimentaire toutes les trente minutes, un petit Britannique aura absorbé 77 000 messages de ce type avant l'âge de 18 ans. Pour enrayer cette spirale infernale, Suédois et Québécois ont interdit la pub alimentaire dans les émissions enfantines. En France, on s'est contenté d'inscrire un message en petits caractères, sous la pub.

    Rappelant le rôle protecteur de l'allaitement maternel car le lait de femme contient des neuropeptides qui sont de très puissants régulateurs de la croissance, le Dr Marie-Laure Frelut, de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris, rappelle que « cette affection, même si elle a une part génétique à hauteur de 30 %, est à 70 % sous la dépendance de facteurs liés à l'environnement. Tant et si bien que les premières habitudes alimentaires seront soit protectrices, soit désastreuses ». C'est dire l'importance de proposer aux bambins dès la crèche une nourriture très variée, riche en légumes, afin de les habituer à des goûts et des textures différents comme l'a montré le Dr Sylvie Issanchou de l'Inra à Dijon. Dans la lutte contre l'obésité, le Dr Frelut pointe elle aussi la question du prix. « Tout ce qu'il faudrait consommer en grande quantité - fruits et légumes, poisson - coûte plus cher dans notre pays que les produits industriels. »

    « Nous vivons sur un système, issu de l'après-guerre, où l'on a mis l'accent sur les productions animales (viandes, beurre, produits laitiers) pour lutter contre les dénutritions au détriment des fruits et légumes », analyse le Pr Philip James, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. « Il serait grand temps d'inverser la tendance.

    Par Le Figaro
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