Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Maroc : la véritable histoire d’Abderrahman Youssoufi

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Maroc : la véritable histoire d’Abderrahman Youssoufi

    - Décédé le 29 mai 2020 à l’âge de 96 ans, l’ex-Premier ministre restera une des grandes figures de la vie politique marocaine. Mais son histoire, celle d’un bras-de-fer avec la monarchie, s’est faite, comme pour tous les autres, à son détriment.

    Comme l’usage le veut quand une personnalité meurt, on la couvre d’éloges pour ce qu’elle a fait, et bien souvent pour ce qu’elle n’a pas fait. Le décès de l’ancien Premier ministre marocain Abderrahman Youssoufi n’a pas dérogé à la règle.
    (...).
    Abderrahman Youssoufi est un étudiant médiocre. Il n’obtiendra son bac, mention « assez bien », qu’à 22 ans, à Rabat en 1946. Et il va redoubler sa première année de droit. En revanche, il excelle dans l’action politique. C’est encore une fois Jamaï qui va l’aider à s’introduire à la COSUMA, la grande entreprise sucrière devenue la COSUMAR après l’indépendance du Maroc, sous prétexte de cours du soir donnés à des ouvriers du quartier des Roches Noires.
    (...).
    " La clé de voûte du système Makhzen est le sultan, monocrate dynastique héréditaire de fait, dont l’intronisation s’accompagne d’un simulacre de cérémonie d’allégeance à laquelle participent les dignitaires, tout à fait domestiqués "

    On tue pour un oui ou un non dans les rues du nouveau Maroc. Après le massacre, ceux qui ont été en première ligne dans la lutte contre le colonialisme et ont puissamment œuvré pour remettre sur son trône le sultan Mohamed ben Youssef, déporté à Antsirabe (Madagascar) en 1953, découvrent que leur victoire a été harponnée par le Palais.

    Le sultan n’a pas l’intention de devenir un monarque qui s’occuperait uniquement des affaires spirituelles du royaume, laissant les choses terrestres à des gouvernements démocratiquement élus.
    (...).
    À la mort de Mohammed V en 1961 et l’accession au trône de Hassan II, un roi qui n’a pas l’aura de son prédécesseur et veut régner et gouverner comme ses ancêtres, Youssoufi et ses camarades se décident enfin à emprunter la voie de la confrontation directe avec le Palais.

    En réponse, il est condamné à deux ans de prison en 1963 pour un énième " complot contre le roi, puis repart en exil, suivant ainsi les pas de son ami Mehdi ben Barka, qui sera séquestré le 29 octobre 1965 à Paris et sûrement assassiné par le général Mohamed Oufkir"

    De cette époque date la légende tenace de sa « condamnation à mort ». Or, Youssoufi n’a jamais été condamné à la peine capitale et les archives d’Amnesty International sont formelles : si le futur Premier ministre a bien été adopté en 1963 par le « Groupe des 3 de Glasgow » (une groupe de pression d’Amnesty International dans cette ville écossaise), au Royaume-Uni, il n’existe aucune trace d’une hypothétique condamnation à mort.

    En exil, il passe d’un pays à un autre. Un jour, on le trouve dans une république communiste et un autre, dans un État arabe totalitaire.

    C’est à la mort en 1992 du charismatique Bouabid, vaincu par la maladie et un fort sentiment d’échec face à une monarchie toute puissante qui a accaparé tous les pouvoirs et les principales richesses du pays, que Youssoufi est propulsé au premier plan.

    Beaucoup estiment que le vieil apparatchik (qui ne s’est jamais présenté à une élection et ne s’est jamais soumis au verdict des urnes), fort de son passé, devrait se ressaisir, exiger le départ de l’inamovible Basri, imposer enfin un plan de vraies réformes et, pourquoi pas, comme c’est un sujet qui lui tient à cœur, forcer le retour d’Abraham Serfaty, privé injustement de sa nationalité marocaine.

    Une simple menace de démission de sa part aurait sûrement suffi pour amener le jeune et inexpérimenté souverain, qui sait que son régime est fragile et qu’il a besoin de temps pour affermir son autorité, à céder. Or il n’en est rien.

    C’est le nouveau souverain qui se charge dès les premiers mois de son règne de permettre à Serfaty de rentrer au Maroc, à condition toutefois qu’il cesse d’évoquer le conflit du Sahara et encore moins d’encenser le Front Polisario. (Serfaty refusera de succomber au deal et s'obstinera à militer tant pour les droits légitimes des Sahraouis que les droits des Palestiniens, considérant que les deux peuples sont victimes de deux pires Etats fascistes Ndlr).
    (...).
    " Il n’a réussi ni à changer les mœurs du Makhzen, ni à redresser l’économie du pays, ni à freiner la dégradation du niveau de vie des Marocains, ni à empêcher que les disparités sociales explosent"

    Triste épilogue pour un homme dont le plus grand malheur n’aura pas été cet ultime acte de vandalisme sinon la manière posthume avec laquelle il a été porté aux nues après sa mort par les héritiers de ceux qui le vouaient aux gémonies dans le passé..

    Ali Lmrabet in le MEE (extraits).

  • #2
    L'idéologie féodale est profondément enracinée au Maroc. Les causes de cet état de fait sont multiples. Les caciques traditionnels qui encadrent la campagne et forcent obéissance aux larges masses rurales ont influencé négativement les gens de la campagne qui forment la majorité de la population. Ces populations rurales sont durement exploitées par ces caids et sanctionnées sans pitié en cas de résistance. Les conséquences sont une extrême pauvreté et la superstition que ces caciques sont envoyés par Allah et la monarchie. Une dictature monarchique qui utilise la ruse, la répression et le mensonge a réussit à se maintenir au pouvoir. Mais, les générations jeunes ne pourront être convaincues tout le temps et c'est grâce aux jeunes, qui dans un avenir proche, déracineront le pouvoir féodal et la monarchie puisque tous les politiciens de tout bord ont été mis au pas ou réprimés et empêchés comme feu Youssoufi.

    Commentaire

    Chargement...
    X