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Malika Boumendjel -M. Chirac, M. Jospin, parlez !

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  • Malika Boumendjel -M. Chirac, M. Jospin, parlez !

    M. Chirac, M. Jospin, parlez !

    Décédée dans la nuit du 10 au 11août à l'âge de 101 ans, Malika Boumendjel s'est battue avec courage pour la verité sur la mort de son époux, selon le témoignage de Benjamin Stora. L'historien a connu Malika Boumendjel et ses enfants, notamment le regretté Sami. Je partage ici la lettre ouverte que Malika Boumendjel avait adressée au président Chirac et au Premier ministre Jospin, une lettre publiée via les colonnes du Monde daté du 11 mai 2001. Verbatim :

    "Mon mari, Me Ali Boumendjel, a été arrêté le 9 février 1957 à Alger par des parachutistes. Le 23 mars suivant, il était mort : après quarante-trois jours de détention, il se serait suicidé. Je n'ai jamais cru à cette thèse officielle. Quarante-quatre ans après, avec les aveux du général Aussaresses, j'ai maintenant la certitude qu'il a été torturé et assassiné tout comme mon frère, et mon père, ancien combattant blessé et mutilé au Chemin des Dames, décoré de la médaille militaire, croix de guerre avec palme pour la libération de la France, porté disparu le 28 mai 1957 pendant la bataille d'Alger.

    Devant ces énormités revendiquées, j'ai considéré, avec mon conseil Me Antoine Comte, comme très aléatoire l'utilité de saisir la justice. Trop d'obstacles et trop d'années pour les surmonter. D'abord, les crimes contre l'humanité n'ont été définis en droit français qu'en 1994 et nous savons que les lois ne sont pas rétroactives. Si autrefois cette notion existait en droit français, elle était toutefois limitée aux seuls crimes de cette nature commis par les nazis en Europe, comme l'a rappelé maintes fois la Cour de cassation.

    De plus, pas moins de cinq lois d'amnistie concernent les événements d'Algérie, entre autres celle de juillet 1968 qui a été votée peu après le déplacement subit du général de Gaulle à Baden-Baden pendant les événements de mai et celle de 1982, reconstituant les carrières des officiers factieux, voulue par le président Mitterrand malgré les critiques indignées des milieux démocratiques.

    Et puis, appartient-il vraiment à la justice de dire l'Histoire, d'établir les responsabilités de toute une hiérarchie militaire et de tous les dirigeants politiques de l'époque qui savaient, laissaient faire, voire encourageaient ces atrocités ?

    Monsieur le président de la République, monsieur le premier ministre, je voudrais que mon mari soit réhabilité et que la vérité soit dite par ceux-là mêmes qui représentent la France aujourd'hui et qui n'ont eu aucune responsabilité directe dans la guerre d'Algérie. Car enfin, comment penser que le général Aussaresses ait agi en franc-tireur pendant la bataille d'Alger ? Ne dépendait-il donc d'aucune hiérarchie ? Ce serait une thèse grotesque que certains acteurs de l'époque - je pense à MM. Teitgen, Paris de Bollardière, René Capitant, André Philip - et les historiens depuis ont balayée.

    Comme l'a récemment reconnu le général Massu, la torture et les exécutions sommaires ont été massives pendant la guerre d'Algérie : dans ma seule famille, trois hommes ont été torturés et assassinés, mon mari, mon père, mon frère Dédé ; deux autres de mes frères arrêtés, internés puis relâchés.

    Le moment est venu, pour réhabiliter tous ces suppliciés, de regarder l'Histoire en face des deux côtés de la Méditerranée. Car je n'oublie pas que la grande figure du nationalisme algérien dont mon mari était le fidèle soutien, Abane Ramdane, a été tué par les siens dans l'année qui a suivi la mort d'Ali. Un demi-siècle après cette guerre qui a tant marqué nos deux peuples, n'est-il pas possible de dire toutes les vérités ? Dans l'espoir d'être entendue, je vous prie de croire, monsieur le président de la République, monsieur le premier ministre, à l'assurance de ma haute considération".
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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