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Un clin d’œil à Rachid Mekhloufi

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  • Un clin d’œil à Rachid Mekhloufi

    Mekhloufi, le foot au service de la patrie
    J’ai toujours apprécié Rachid Mekhloufi comme joueur et comme personne. Parler de cet immense footballeur, c’est aussi décrire le parcours du mouvement sportif national. Pas uniquement du football. Rachid n’est pas n’importe quelle personne, c’est quelqu’un qui a pris la courageuse décision, alors qu’il était le plus grand joueur de France, de rejoindre, en 1958, au summum de sa gloire, Tunis et le FLN.
    C’est là que va naître l’équipe du FLN qui a vu de nombreux joueurs quitter leurs clubs en France pour témoigner un peu partout de la grande épopée révolutionnaire de l’Algérie combattante. Artistes, sportifs, soldats, tous allaient prendre le chemin les menant aux sentiers de la liberté. Mekhloufi m’avait raconté son choix qui était inéluctable, soulignait-il, dans un entretien qu’il m’avait accordé à Tunis où il résidait en 1994 : « C’était un devoir, je ne pouvais faire l’indifférent alors que mon peuple souffrait le martyre. Je jouais, certes, à Saint-Etienne, mais j’attendais justement cet appel.
    J’étais heureux, extrêmement heureux d’être avec mes frères. ».
    Il parlait, souriait, Rachid, timide, mais bon vivant, aimait raconter des blagues, rire, c’était pour la première fois que je rencontrais mon idole, lui, il était dans ce magasin d’équipements sportifs du boulevard Bourguiba, très à l’aise, un entretien pour Algérie-Actualité, mon directeur de l’époque, le grand Krimo Djillali avait beaucoup apprécié, lui aussi, aimait le chaabi et le football, Krimo était un rebelle, il a préféré démissionner de son poste de DG d’Algérie-Actualité que licencier SAS (Sid Ahmed Semiane), le ministre de l’époque dont personne ne retient le nom, inexistant, voulait sa tête pour une chronique qu’il n’avait pas appréciée, Krimo était un homme libre, l’autre, je ne sais rien de lui.

    Mekhloufi, en me parlant de l’équipe du FLN et du désenchantement qui a suivi, des Algériens qui tuaient d’autres Algériens, ne pouvait résister aux larmes, l’interview devenait difficile, presque impossible, il était d’une grande sensibilité. Dans un documentaire, l’autre grand joueur, Éric Cantona, un amoureux de l’Algérie, avait insisté sur l’engagement politique de Mekhloufi, « le rebelle », pour reprendre le titre et surtout sa désertion de Saint-Etienne en 1958, abandonnant tous ses biens pour retrouver un certain bonheur de participer à l’éclosion d’une lumière qui fut un peu assombrie par la suite, juste après la libération.

    Rachid a toujours été brillant. Déjà à l’USMS, ce club où évoluaient deux autres joueurs qui avaient accompagné Mekhloufi à Tunis, Mokhtar Arribi et Abdelhamid Kermali, Ferhat Abbas était le président d’honneur à vie, il était le buteur attitré du club. L’entraineur Jean Snella, ne pouvait ne pas être conquis par son talent, il avait vite convaincu l’un des plus grands clubs de France, l’ASSE (Saint-Etienne) de le compter dans ses effectifs, ce qui fut fait. C’est en 1954 qu’il débarqua à Saint-Etienne, cette ville réputée pour son industrie minière et la présence ouvrière, il y resta quatre années avant de prendre les sentiers escarpés du combat révolutionnaire, abandonnant l’ASSE, championne de France et lui, meilleur buteur avec 25 buts et l’équipe de France, il a joué quatre rencontres, il avait conquis le staff qui l’avait sélectionné pour la coupe du monde de 1958, en Suède. Il était l’un des meilleurs joueurs du moment.
    Jamais, il n’avait été aussi à l’aise que durant ces quatre années passées dans l’équipe du FLN. L’indépendance acquise, il revient à Saint-Etienne, après un bref passage au Servette de Genève, parce qu’il lui était difficile d’aller directement à l’ASSE. Là, il va gagner beaucoup de titres, il a été d’ailleurs considéré comme le meilleur joueur évoluant en France dans le prestigieux classement de France-Football pour les saisons 1964, 1966 et 1967. L’apothéose, c’était le match de finale de coupe de France contre Bordeaux, il avait inscrit les deux buts de la victoire. Je me souviens avoir vu le match dans un café à Collo, tout le monde était là pour supporter l’Algérien de Saint-Etienne qui allait terminer sa carrière à Bastia comme joueur et entraineur-joueur.

    Puis, il s’installe entre l’Algérie et la Tunisie, à la Marsa. Je ne sais pourquoi, mais chaque fois que Mekhloufi est présent, il y a le bonheur. Je me souviens de cette finale explosive des Jeux Méditerranéens, ce n’était pas un match de football, mais deux Histoires, deux mémoires qui s’affrontaient, ma mère, tenant le drapeau criait comme une folle, tous les Algériens étaient mobilisés, c’était la guerre, Mekhloufi était l’entraineur, un peu comme Zidane au Real, tous les joueurs algériens et français connaissaient sa réputation, mais aussi le fait qu’il ait choisi la patrie à l’argent, un match à suspense, La Marseillaise n’a pas été sifflée par les supporters, toute l’Algérie était triste à dix minutes de la fin, la France menait au score, Boumediene n’en pouvait plus, en colère, des larmes, avait-on dit, avait quitté les tribunes, puis était revenu juste après l’égalisation de Omar Betrouni.
    Il souffla, il se mit à se dire que peut-être il se dispensera de l’acte de remettre la médaille d’or à la France, Mekhloufi ne tenait pas à sa place, il m’avait raconté que pour lui si l’Algérie avait perdu, c’était comme si elle avait perdu son indépendance. Boumediene avait décidé de couper la télévision si les Français avaient gagné. Mais Menguelti avait tout remis en ordre en crucifiant le gardien français d’un tir des 20 mètres. Ce fut la « seconde indépendance » de l’Algérie, la « guerre » avait été remportée par cette Algérie qui se faisait appeler « la Mecque des Révolutionnaires ».

    Mais Mekhloufi, le grand Mekhloufi n’a pas réussi à sauver l’Algérie contre la Tunisie, à Tunis, un 29 décembre 1968, ce match qualificatif pour la coupe du monde de 1970, il y avait huit professionnels. Mais en 1982, en Espagne, il est là et bien là quand l’Algérie battra l’Allemagne par deux buts à un.
    Ce joueur connu pour sa correction et son excellente éducation, n’ayant jamais écopé d’un carton, est un véritable gentleman, élégant, souriant, avec une conception du foot qui ne s’accommode nullement de la primauté de l’argent sur la dimension humaine. L’important, c’est l’homme, insistait-il dans notre entretien tout en évoquant avec une grande passion et une émotion non contenue l’expérience de la fameuse réforme sportive qui avait permis au sport algérien de gagner en maturité avant que l’argent sale ne pourrisse le sport et l’Algérie à partir des années 1980. Ce que raconte si Rachid n’a pas uniquement affecté le sport, mais tous les autres secteurs appauvris par une gestion anachronique.
    Rachid parle, raconte cette Algérie qu’il aime, avance…
    Ahmed Cheniki
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Un grand monsieur, comme tout les joueurs du FLN. Les joueurs du FLN sont des exemples de conviction dans le football, contrairement à certains mercenaires qui ne pensent qu'à l'argent et la gloire.

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    • #3
      Mais Mekhloufi, le grand Mekhloufi n’a pas réussi à sauver l’Algérie contre la Tunisie, à Tunis, un 29 décembre 1968, ce match qualificatif pour la coupe du monde de 1970, il y avait huit professionnels.
      A ce moment là, il fallait parer au plus pressé. Il a ramené des joueurs de classe mondiale à l'époque, mais celà ne pouvait suffire car il n'a pas eu le temps de mettre en place une véritable tactique de jeu ou les faire jouer ensemble avant pour avoir une idée sur l'ossature à présenter le jour du match, d'autant plus que chacun des professionnels venait d'un club différent.
      Il n'y avait pas de cohérence entre eux.

      Quant à lui, c'est un grand monsieur !
      Il était adulé lorsqu'il jouait à saint Etienne, plus grand club français de l'époque !

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