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Agriculture saharienne : Développer d’abord l’aridoculture

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  • Agriculture saharienne : Développer d’abord l’aridoculture

    Depuis 2000, la politique de développement du secteur agricole à travers la mise en place d’un plan national de développement agricole s’est soldée par une dépendance alimentaire de l’Algérie dépassant les 60%.

    C’est un indicateur indiscutable de l’échec de cette politique qui s’est faite à coups de subventions et d’octroi de terrains en milliers d’hectares sans suivi réel.
    La surface agricole utile atteint à peine les 8,6 millions d’hectares dont moins de 800 000 ha réellement irrigués.

    Dans l’indifférence totale, cette superficie nourricière rétrécit comme une peau de chagrin sous le vandalisme urbain qui bétonne plus de 2500 hectares de terres agricoles à haut potentiel. Les plaines d’Oran, de Sidi Bel Abbes, de la Mitidja, d’Annaba, Saida, etc… continuent d’être dilapidées par une urbanisation irréfléchie.
    Les 3000 milliards débloqués pour le secteur agricole n’ont eu qu’un impact de seulement 20 000 DA par hectare desquels il faut soustraire les services soit à peine 15 000 DA par hectare, un investissement insignifiant.
    Les exploitations de par leur superficie inférieure à 10 hectares pour plus de 700 000 exploitations est une autre entrave.
    Il faut analyser avec précision la valeur productive agricole estimée à 3200 milliards de dinars soit l’équivalent de 25 milliards de dollars ce qui équivaut à un rendement de 3500 dollars par hectare de quoi rendre les agriculteurs européens jaloux de nos agriculteurs.

    Il y a urgence à redéfinir une stratégie de développement durable des territoires agricoles dans le cadre d’une intégration des exploitations agricoles. Un cadastre des territoires agricoles suivi de leurs potentialités permettrait de privilégier les cultures stratégiques et les spéculations à forte valeur ajoutée.
    Ces deux leviers permettront de diminuer la dépendance alimentaire aux environs de seulement 25%.
    Que penser de l’agriculture saharienne ?
    Le recours à l’agriculture saharienne conforté par les immenses espaces du Sud du pays serait-elle en passe de devenir la nouvelle destination de beaucoup d’opérateurs économiques ?

    C’est surtout les subventions et les aides financières accordées qui attirent les investissements.
    Des études ont identifié quelque 300.000 hectares de terre au niveau de sept wilayas du sud avec la validation de périmètres pour y développer des céréales, de la betterave sucrière et d’espèces oléagineuses comme le soja, du colza et de l’arachide.
    Mais les ressources foncières et hydriques dont disposent les vastes étendues sahariennes ne sauraient correspondre aux objectifs politiques parfois irréalisables. Sachant que la superficie productive à des coûts acceptables est très limitée, il faut en plus maîtriser les techniques d’exploitation de sols qui ne seront que des supports et tabler sur un apport conséquent d’intrants non produits en Algérie.
    L’aridoculture devait être le cheval de bataille de la production agricole en cultures stratégiques avec un diagnostic permettant une analyse du retour d’expérience et d’identification des failles et des erreurs commises dans ces espaces.
    Il y a lieu de souligner qu’en l’espace de 15 ans seuls 44 000 hectares ont été mis en valeur réellement dans les régions sahariennes.
    Certes le Sahara renferme des ressources hydriques importantes mais non renouvelables comme les nappes du complexe terminal et les nappes du Continental Intercalaire qui couvrent une surface de 600 000 Km2 et renferment 50 000 milliards m3 d’eau.
    L’objectif stratégique est de viser les cultures à fort valeur ajoutée, à haut rendement et facilement commercialisables avec des coûts de production concurrentiels dans le marché international. La carence en maîtrise des plans de culture se traduit souvent par des problèmes de surproduction (tomates, de pommes de terre, oignons, melons, pastèques, ail, fruits de rosacées).
    L’absence d’une filière de collecte, stockage, d’exportation et transformation est à l’origine de cette situation.
    Le projet de mise en valeur agricole sous le vocable agriculture saharienne mérite une analyse multicritères à travers des outils connus en stratégie de développement comme la Méthode d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes et la méthode d’Analyse des Modes de Dysfonctionnement (MADS) et Etude de la Criticité (AMDEC) et des méthodes propres à l’agronomie tels les Indicateurs de Développement des Exploitations Agricoles (IDEA).
    Ce n’est qu’après ce diagnostic qu’il sera possible de mettre en place un programme de développement de l’agriculture saharienne. Cette dernière est très complexe et devrait confronter des aléas dont leur prise en charge est coûteuse.
    L’agriculture saharienne est exigeante en intrants, ressources hydriques, protection, gestion de l’atmosphère de production, amélioration génétique des cultures, adaptabilité des variétés etc…
    La priorité devrait d’abord être accordée aux terres à vocation agricole dans la partie septentrionale de l’Algérie où il y a possibilité de récupérer sans gros investissement plus de 5 millions d’hectares.
    La jachère occupe en moyenne annuellement plus de 2 500 000 hectares juste pour laisser le sol se reposer en défiant la loi fondamentale de l’agronomie qui stipule qu’il faut seulement respecter la loi de la restitution et le sol peut être utilisé indéfiniment.
    L’autre espace naturel s’y prêtant à une agriculture extensive est les Hauts Plateaux où la rentabilité économique reste nettement supérieure à celle de l’investissement dans le sud.
    Cet espace aux conditions écologiques et agronomiques nettement plus intéressantes que celles du Sahara dispose d’une superficie de plus de 6 millions d’hectares facilement exploitables.
    La croissance durable de la production agricole ne peut se concrétiser que par le développement de l’irrigation après mobilisation des eaux de surface et de recyclage, la mise en valeur de nouvelles terres agricoles dans des territoires connus, la réorganisation des exploitations agricoles et le développement de partenariat, le développement de filières à même de commercialiser et valoriser les produits, la lutte contre l’ensablement dans les zones présahariennes, le développement de l’agriculture de montagne et steppique et l’intensification de la reforestation et des plantations rustiques.

    Par K. Benabdeli
    Dernière modification par katiaret, 19 août 2020, 14h16.
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