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Said SADI- SOUMMAM : REVANCHE DE L’HISTOIRE

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  • Said SADI- SOUMMAM : REVANCHE DE L’HISTOIRE

    Soixante quatre ans déjà. Et l’ardent souvenir, devenu irrépressible aspiration, est toujours là : vivace dans les cœurs et les âmes, y compris chez les nouvelles générations. Il y a comme ça des évènements salvateurs dans la vie de peuples opposés à leurs tyrans qui, contre toute attente, traversent les temps et défient les espaces. Plus les pouvoirs les censurent, plus ils vivent dans les mémoires. Les tentatives de dégradation acharnées des officiels leur confère d’autant plus de relief dans l’Histoire, suscitant intérêt général et inspirant les projets alternatifs de jeunes pourtant conditionnés à admettre leur négation et/ou pollution. Le congrès de la Soummam fait partie de ces rares moments bénis qui survivent à l’imposture et la folie des hommes.

    Je sais ce que ma génération doit à cette grande et belle épopée de notre passé récent et à son concepteur. Ils furent pour nous les pales et uniques lueurs d’espoir dans le long tunnel politique des peurs et des renoncements. C’est l’honneur de cette génération, en tout cas il me plait de le croire, de ne pas avoir hurlé avec les loups et d’avoir patiemment lutté dans un univers d’hostilité pour réhabiliter la seule offre politique crédible avec laquelle l’Algérie peut panser ses blessures et construire son avenir. On est revenu de loin.
    En 1972 le sujet d’histoire du baccalauréat portait sur les avancées de la révolution après le déclenchement de l’insurrection le 1er novembre 54. Ce qui impliquait nécessairement l’évocation du congrès de la Soummam. Les vigiles du FLN ne se sont aperçu du thème de l’épreuve qu’après l’examen. L’affaire remonta à Boumediene qui exigea de faire de sorte que désormais « l’éducation de nos enfants soit suivie par des structures contrôlées par des responsables soucieux des intérêts supérieurs de la révolution », entendre les éléments de la sécurité militaire.

    En cette veille de la commémoration de son soixante quatrième anniversaire, on n’a pas entendu un seul dirigeant* se soucier de la rencontre tenue à Ifri le 20 aout 1956. Les despotes et leurs proconsuls veulent bien célébrer occasionnellement le rush lancé par Zighout une année auparavant dans le nord constantinois avec des résultats politiques et militaires qui firent d’ailleurs débat à la Soummam ; mais pas question d’aborder la substance politique - pourtant vitale et si actuelle de ces assises - qui a organisé puis irrigué les arborescences de la révolution dans l’une de ses phases les plus décisives.

    Malgré cette conspiration alternant censures et anathèmes - Abane a été accusé de trahison par Kafi ! -, cette rencontre qui transforma une révolte en révolution, hante toujours les allées du système, les fossoyeurs de l’indépendance et même, implacable loi de l’Histoire, leurs petits stagiaires qui éludent ou traitent honteusement du congrès de la Soummam. « Trop clivant » disent ces derniers, vieille tactique des autostoppeurs politiques qui attendent cyniquement les derniers wagons de l’Histoire pour prendre le train des révolutions et voler, ensuite, au secours de la victoire.

    Les despotes peinent à vendre leur manipulations.
    Quand les dirigeants citent le nombre de congrès organisés par le FLN, ils comptent à partir du premier, celui de la Soummam dont il est interdit de parler. Lorsqu’ils évoquent la guerre de libération, ceux qui l’ont détournée sont obligés d’adopter les terminologies politiques, militaires et administratives élaborés dans le même congrès : CNRA, CCE, découpages régionaux, règlement militaire, grades…D’où viennent ces référents et codes ? Mystère.

    S’il y a bien un terme qui caractérise le long règne du système militaro-policier qui a confisqué l’Algérie, c’est celui d’hypocrisie. Et cette ruse de bazari s’applique à merveille à son frère jumeau islamiste. Aujourd’hui les islamistes savent que, pour l’instant du moins, les sentences définitives du « genre dimocratiya kofr » ( la démocratie est hérétique ) ou « il faut tuer tous les impies » ou « ceux qui ne se soumettent pas à nos décisions doivent quitter le pays » ne sont ni audibles ni rentables. Ils se résignent à ponctionner dans la plate-forme de la Soummam un point particulier tout en prenant soin de nier les autres principes qui en font un projet moderne, global et cohérent. Les islamistes veulent bien admettre l’idée de la primauté du politique sur le militaire mais ils occultent la suite du texte qui stipule clairement que la révolution est : « une lutte pour la renaissance d’un Etat algérien sous la forme d’une république démocratique et sociale et non la restauration d’une monarchie ou d’une théocratie révolue ». Intemporel viatique. On ne peut mieux poser les termes de l’équation nationale dans le débat actuel.

    Paradoxe dans la vie des nations : la Soummam, pourtant si laïque, est comme ces temples de l’antiquité habités par les divinités : les puissants qui les violent sont frappés de malédiction. De Boussouf à Bouteflika, en passant par Ben Bella, Benabi, Boumediene et Kafi la diabolisation de cet événement et de son principal architecte fut féroce et permanente. Sans effet ; une force céleste faisant rejaillir chaque outrage lancé contre Ifri sur ses auteurs. Revanche de l’Histoire, le 27 décembre dernier, on vu des dizaines de milliers de manifestants, la plupart jeunes, brandir le portrait d’Abane à l’occasion du soixante deuxième anniversaire de son assassinat. Jusqu’à présent, pas un Algérien n’a daigné porter un poster de ses croque-morts. Une revanche de l’Histoire qui devrait faire méditer les apparatchiks tentés par les raccourcis et les opportunismes politiques.

    La Soummam est le berceau de l’Algérie moderne née en aout 1956. Ce projet a été enterré une année plus tard au Caire. C’est à partir du patriotisme, de l’humanisme et de l’universalisme prônés à Ifri que nous pouvons renaitre en tant qu’habitants honorant leur pays, militants crédibles et parents respectables. Vivre, enfin, en tant que citoyens libres.

    * Le 18 aout, l’agence de presse officielle APS a donné le compte rendu d’une déclaration de l’historien Mohamed El Korso. On peut lire que le « congrès de la Soummam a balisé le chemin menant à la restauration de la souveraineté nationale et indiqué la marche pour une Algérie future, ajoutant qu’il n’y a pas d’histoire sans sources, sans archives surtout ». L’APS est l’organe du pouvoir. S’il convient de noter la lucidité de l’universitaire, on peut supposer que la décision de donner la parole à un historien et de ne pas impliquer les institutions étatiques dans cet événement est un choix politique lourd de sens.

    Le 19 août 2020.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    L’APS est l’organe du pouvoir. S’il convient de noter la lucidité de l’universitaire, on peut supposer que la décision de donner la parole à un historien et de ne pas impliquer les institutions étatiques dans cet événement est un choix politique lourd de sens.
    la preuve
    au lieu d aller se recueillir a la memoire des martyrs a ouzellaguene le chef prefere se prendre en photo dans une mosquee temple de la gabegie

    grave faute politique du president
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Sans effet ; une force céleste faisant rejaillir chaque outrage lancé contre Ifri sur ses auteurs. Revanche de l’Histoire, le 27 décembre dernier, on vu des dizaines de milliers de manifestants, la plupart jeunes, brandir le portrait d’Abane à l’occasion du soixante deuxième anniversaire de son assassinat. Jusqu’à présent, pas un Algérien n’a daigné porter un poster de ses croque-morts.
      Les algériens ne sont pas dupes des manœuvres et savent parfaitement que c'est la Soummam qui est le congrès fondateur de l'Algérie. Celui du Caire était manipulé par les services égyptiens et français qui y ont imposé les textes et les pantins, il ne peut donc être crédible ; à moins que la "main étrangère" soit devenue licite ...
      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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