Dix mois après le 1er novembre 1954, l’ALN, épaulée de la population, attaque simultanément plus d’une vingtaine d’agglomérations situées dans le Nord-Constantinois. Zighoud choisit la journée du samedi 20 août 1955. L’heure… midi. Pourquoi le 20 août à midi ? Pourquoi midi, à une heure brûlante où le soleil donne tous les vertiges et éclaire tous les recoins ? Que cherchait Zighoud Youcef comment déclencher une insurrection généralisée avec seulement quelque 300 combattants et presque autant de fusils ? Avant la réunion organisatrice de l’événement à Zamne près de Collo, Chihani Bachir, remplaçant à la tête de la Zone I (Aurès-Nemenchas) de Mostepha Ben Boulaïd, arrêté le 18 février 1955 à la frontière tuniso-libyenne, avait demandé dans un message à Zighoud d’intensifier les opérations dans le Nord-Constantinois pour desserrer l’étau qui étranglait les Aurès pilonnés inlassablement par l’armée française qui pensait ainsi étouffer dans l’œuf la révolution armée. Le colonel Salah Boubnider témoignera plus tard : «Zighoud nous a informés de la demande de Bachir Chihani et nous avons discuté des mesures nécessaires pour soulager nos frères des Aurès.» Le colonel Boubnider rapportera dans ce sillage que «plusieurs propositions avaient été faites, allant des actions de sabotage aux attaques des trains qui approvisionnaient l’armée d’occupation avant de décider des opérations et de la date du 20 août». Zighoud Youcef fixe, alors, les objectifs, désigne les responsables et donne les instructions.
Sur son carnet sont inscrits les noms des villes et des villages où il faudra frapper : Skikda, Jijel, Collo, El Milia, Kroub, Guelma, Annaba, Azzaba, El Harrouch, Oued Zenati, Saint-Charles, Robertville, Aïn Abid, El Halia, Kellermann, Gallieni, Condé Smendou, Aïn Kechra. La liste donnait le tournis au fur et à mesure qu’elle s’allongeait...
Si Zighoud voulait une vaste opération qui ferait autant de bruit sinon plus que celles du 1er novembre 54. Ses objectifs étaient clairs. Le chef de la zone II, avec son staff, voulait avant tout stimuler le moral du peuple par des actions d’envergure qui dépasseraient le harcèlement habituel des forces françaises. Des attaques qui prouveraient que des actions audacieuses étaient possibles sur toute l’étendue du territoire national. Le choix de l’heure du début des opérations, soit midi, était destiné à frapper l’imagination de l’ennemi. Les actions devaient avoir lieu sur les sites militaires, couper les routes et les ponts pour arrêter les secours, ainsi que l’électricité et le téléphone dans les fermes et les habitations des colons. Intimider ces derniers en leur montrant qu’ils étaient vulnérables et récupérer leurs armes pour qu’ils ne réitèrent pas la répression et les punitions collectives, de mai 1945. Zighoud et ses pairs voulaient également affaiblir les partis algériens en lice avec la ligne Soustelle et obliger les autres nationalistes à se rallier à la ligne et aux directives du FLN.
Ses attaques répondaient aussi à l’appel de Chihani et devaient permettre l’allègement de la zone des Aurès-Némencha de la forte pression exercée par l’armée française disposant de moyens humains et matériels considérables acheminés avec tout ce que cela compte en officiers fraîchement débarqués d’Indochine, et qui pensait ainsi étouffer dans l’œuf la révolution armée. Le chef de la zone ambitionnait de mettre en place un plan qui permettrait la mise en œuvre des actions militaires sur tout le territoire pour éparpiller les troupes françaises et faire jonction avec les Aurès et la Kabylie. Le choix du 20 août représentait aussi une opportunité politique pour marquer la solidarité des Algériens avec le peuple marocain. Cette date, le 20 août 1953, étant celle qui commémore la déposition du roi Mohammed V, et sa déportation, en 1954, en Corse, puis à Madagascar et les Marocains allaient organiser des manifestations à Oued Zem pour commémorer la déposition et l’exil de leur souverain. S’ajoutent à ces objectifs politiques et militaires, la consolidation de la victoire diplomatique de Bandœng du 18 mars 1955 et porter la cause d’indépendance algérienne sur l’arène internationale des Nations unies pour l’inscrire à l’ordre du jour et convaincre les amis et les alliés naturels de la cause algérienne de livrer les armes aux révolutionnaires. Réactiver la guerre de libération et mobiliser tout le peuple derrière le FLN-ALN pour sa propre libération. Zighoud ne se lassait de répéter à ses combattants : «Ce n’est pas à nous de libérer le peuple, nous ne faisons que l’organiser et l’encadrer, la responsabilité lui revient de se libérer lui-même.»
Sur son carnet sont inscrits les noms des villes et des villages où il faudra frapper : Skikda, Jijel, Collo, El Milia, Kroub, Guelma, Annaba, Azzaba, El Harrouch, Oued Zenati, Saint-Charles, Robertville, Aïn Abid, El Halia, Kellermann, Gallieni, Condé Smendou, Aïn Kechra. La liste donnait le tournis au fur et à mesure qu’elle s’allongeait...
Si Zighoud voulait une vaste opération qui ferait autant de bruit sinon plus que celles du 1er novembre 54. Ses objectifs étaient clairs. Le chef de la zone II, avec son staff, voulait avant tout stimuler le moral du peuple par des actions d’envergure qui dépasseraient le harcèlement habituel des forces françaises. Des attaques qui prouveraient que des actions audacieuses étaient possibles sur toute l’étendue du territoire national. Le choix de l’heure du début des opérations, soit midi, était destiné à frapper l’imagination de l’ennemi. Les actions devaient avoir lieu sur les sites militaires, couper les routes et les ponts pour arrêter les secours, ainsi que l’électricité et le téléphone dans les fermes et les habitations des colons. Intimider ces derniers en leur montrant qu’ils étaient vulnérables et récupérer leurs armes pour qu’ils ne réitèrent pas la répression et les punitions collectives, de mai 1945. Zighoud et ses pairs voulaient également affaiblir les partis algériens en lice avec la ligne Soustelle et obliger les autres nationalistes à se rallier à la ligne et aux directives du FLN.
Ses attaques répondaient aussi à l’appel de Chihani et devaient permettre l’allègement de la zone des Aurès-Némencha de la forte pression exercée par l’armée française disposant de moyens humains et matériels considérables acheminés avec tout ce que cela compte en officiers fraîchement débarqués d’Indochine, et qui pensait ainsi étouffer dans l’œuf la révolution armée. Le chef de la zone ambitionnait de mettre en place un plan qui permettrait la mise en œuvre des actions militaires sur tout le territoire pour éparpiller les troupes françaises et faire jonction avec les Aurès et la Kabylie. Le choix du 20 août représentait aussi une opportunité politique pour marquer la solidarité des Algériens avec le peuple marocain. Cette date, le 20 août 1953, étant celle qui commémore la déposition du roi Mohammed V, et sa déportation, en 1954, en Corse, puis à Madagascar et les Marocains allaient organiser des manifestations à Oued Zem pour commémorer la déposition et l’exil de leur souverain. S’ajoutent à ces objectifs politiques et militaires, la consolidation de la victoire diplomatique de Bandœng du 18 mars 1955 et porter la cause d’indépendance algérienne sur l’arène internationale des Nations unies pour l’inscrire à l’ordre du jour et convaincre les amis et les alliés naturels de la cause algérienne de livrer les armes aux révolutionnaires. Réactiver la guerre de libération et mobiliser tout le peuple derrière le FLN-ALN pour sa propre libération. Zighoud ne se lassait de répéter à ses combattants : «Ce n’est pas à nous de libérer le peuple, nous ne faisons que l’organiser et l’encadrer, la responsabilité lui revient de se libérer lui-même.»
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