août 20, 2020 -
Par Ahmed Bensaada – Selon la formule imagée de mon ami Rafaa, mon récent livre a agi comme le projecteur d’un chalutier faisant sortir différentes sortes de poissons de la mer. Mais qui aurait pensé un seul instant que sa lumière éclairerait aussi loin que les rivages de la Bretagne ? Qui aurait parié un misérable kopeck sur une prise d’une telle taille dans cette région ? Car, il faut se le dire, Gilles Munier n’est pas du menu fretin, même s’il est connu pour se mêler régulièrement les nageoires, naviguant d’un courant à l’autre, au gré de la houle.
La pêche miraculeuse
Gilles Munier est donc apparu après la publication de mon livre. Mais pourquoi diable ce Breton s’est-il manifesté avec pas un, mais deux articles contre moi ? Des attaques avec des histoires de coup de poignard dans le dos et des rapports de police politique, rien que ça !
Ainsi, sans prendre le temps de lire mon ouvrage, Munier est intervenu dans le débat pour défendre bec et ongles son ami et protégé Mourad Dhina, membre de l’ex-FIS (Front islamique du salut) et un des fondateurs du mouvement islamiste Rachad.
Mais l’histoire a commencé un peu plus tôt. En effet, en date du 4 juin 2020, Mourad Dhina n’a rien trouvé de mieux à faire que de me citer dans sa vidéo du jour. Lui aussi a longuement disserté sur mon livre sans l’avoir lu (sic), confirmant la forte prévalence de cette maladie chronique dans la faune ichtyologique. Il y a pris plaisir à dresser mon portrait avec des termes choisis avec soin comme «fragilité intellectuelle», «soutenu par le régime», «propagandiste du système», «casseur du Hirak», etc.
Ce qui est étonnant, c’est que mon livre n’avait pas pour objet l’étude du mouvement Rachad, ni la critique de ses fondateurs. Cette sortie virulente a pourtant une explication claire qui sera discutée un peu plus tard.
L’attaque violente de Dhina méritait une réponse de ma part qui fut publiée sur mon site le 6 juin 2020. Petite précision : aucun droit de réponse n’a été demandé à Dhina, ni Rachad pour poster mon article sur leurs médias sociaux.
Certainement très irrité par le contenu et la forme de mon texte, Dhina s’est fendu d’un long texte qu’il a présenté comme un droit de réponse (sic) que je devais impérativement publier sur mon site personnel. Il n’avait pas compris qu’il aurait fallu qu’il en fasse de même avec la mienne !
Fâché par ce refus, Gilles Munier monta sur ses grands chevaux (bretons ?) pour aller défendre les droits de son suzerain. Dans son article intitulé «Un coup de poignard dans le dos du Hirak ?» on peut lire : «A la suite de la parution de Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? Mourad Dhina a réagi avec calme aux attaques mensongères et diffamatoires le concernant, en adressant à l’auteur un droit de réponse qui n’a toujours pas été publié.»
On remarque bien que, selon Munier, le nom de Dhina rime avec «calme» et «droit de réponse», alors que celui de Bensaada est associé aux «mensonges» et à la «diffamation».
Rachad peut-il trouver un vassal aussi fidèle ?
Les accointances avec l’extrême-droite
Alors qu’il vivait en Algérie dans sa jeunesse, Gilles Munier a été correspondant de la revue Nation Européenne, organe de presse du mouvement d’extrême-droite Jeune Europe. Dans de nombreuses publications, ce mouvement est considéré comme néo-fasciste. Jeune Europe a été fondé en 1962 par le Belge Jean Thiriart (1922-1992), dont la vie politique a été associée aux milieux néonazis et néofascistes, avec un début remarqué dans la collaboration avec l’Allemagne nazie : «Thiriart a dix-huit ans quand l’Allemagne occupe la Belgique. Le jeune autodidacte adhère bientôt aux Amis du Grand Reich allemand, ce qui le conduit à un séjour en prison en 1944 et à la privation de ses droits civiques jusqu’en 1959.»
Et ce n’est pas tout. Avant Jeune Europe, Thiriart avait dirigé le Mouvement d’action civique (MAC), un groupe ouvertement en faveur de l’«Algérie française» et de l’OAS : «[…] En effet, on a pu constater que les contacts entre l’OAS et le MAC/Jeune Europe furent réels : le MAC a été accusé d’aider matériellement l’OAS, avec la coopération du Centre d’études et de formation contre-révolutionnaire établi à Tournai (impression de tracts, vol et utilisation de faux passeports).»
«Par ailleurs, le MAC était le principal soutien de l’OAS en Belgique. Il avait développé ses contacts avec les mouvements favorables à l’Algérie française, tels que Jeune Nation, la Fédération des étudiants nationalistes ou le MP13. Non seulement sa presse publiait les communiqués ésotériques de l’OAS mais, de plus, son réseau accueillait les clandestins et leur fournissait le gîte et des faux papiers. Et l’imprimerie produisait le journal Appel à la France.»
C’est, d’ailleurs, à cause de son soutien à l’OAS que Jeune Europe a été interdit en France.
Dans une interview à Amel TV (sic !) datée du 9 janvier 2019, et ce quelques jours avant une émission avec le président du MAK, Ferhat Mehenni (resic !), Gilles Munier s’explique sur ses fréquentations de jeunesse : «Parmi les organisations que j’avais contactées de droite et d’extrême-droite, lorsque j’étais allé en France, il y en a une qui m’avait semblé, et qui a semblé aussi aux Algériens, intéressante. C’était une organisation belge mais qui rayonnait sur une partie de l’Europe, qui avait des représentants en Italie et en France, mais qui était interdite en France. C’était une organisation dont le dirigeant avait soutenu l’OAS. La guerre est finie et la page est tournée. C’était une organisation antiaméricaine. Disons prosoviétique. Oui, voilà, il y avait deux blocs. Elle publiait une revue qui s’appelait La Nation Européenne et ils ont décidé, moi je les avais contactés, j’étais allé les voir à Bruxelles. Et, donc, ils m’ont demandé si je voulais être leur correspondant en Algérie. Moi, je leur ai dit oui […]» (transcription littérale).
Dans cette déclaration hésitante, on voit bien que Munier cherche à taire les noms compromettants de «Thiriart» et de «Jeune Europe». Par contre, il reconnaît lui-même avoir contacté des mouvements de droite et d’extrême-droite. Pour cela, il a fait personnellement le déplacement en Belgique pour proposer ses services (à Thiriart ?). Ayant vécu en Algérie et connaissant le passé de son père, il devait bien savoir que Thiriart et sa Jeune Europe avaient fricoté avec l’OAS ! Rien de cela ne l’a dérangé : ni le passé collaborationniste, ni le néonazisme, ni le néofascisme, ni l’OAS.
Et avec tout cela, Gilles Munier passe son temps à crier sur tous les toits à la calomnie et à la diffamation lorsque ses accointances avec l’extrême-droite sont évoquées.
Les relations de Munier avec l’extrême-droite ne se sont pas estompées avec le temps. Dans un livre collectif intitulé Autopsie d’un déni d’antisémitisme, ses relations avec Frédéric Chatillon sont relatées : «C’est dans un dossier réalisé par le site antifasciste Réflexes sur Frédéric Chatillon que le nom de Mohamed Sifaoui apparaît une première fois. En l’espèce, la note 30 de cette enquête mettant à nu la face cachée du FN mariniste nous indique que Sifaoui a publié un livre chez Erik Bonnier (Encre d’Orient), vieille connaissance de Frédéric Chatillon et de Gilles Munier, lobbyiste bien connu de Saddam Hussein mis en cause dans le dossier Pétrole contre nourriture. Quand, en 1999, Gilles Munier publie son Guide de l’Irak (éditions Jean Picollec), Erik Bonnier, qui édite aujourd’hui Munier, apparaît comme l’auteur des photos publiées. La mise en page de ce guide est, par ailleurs, réalisée par la société Riwal de Frédéric Chatillon et sans surprise recensé dans la revue du GUD Jusqu’à Nouvel Ordre.»
Frédéric Chatillon est l’ancien président du GUD (Groupe Union Défense), un mouvement d’extrême-droite néofasciste, néonazi, connu pour son usage de la violence. Admirateur des Waffen SS, il a été aussi un proche collaborateur du Front National et de Marine Le Pen.
A travers sa société Riwal, Chatillon a réalisé des affaires juteuses avec la Syrie dans le domaine de la promotion du tourisme, et ce bien avant la «printanisation» de la Syrie.
Notons la spécialité commune à Munier et Chatillon : la promotion touristique des pays arabes. Le premier avec l’Irak et le second avec la Syrie.
Dès le début de la guerre en Syrie, Frédéric Chatillon a lancé un site progouvernemental syrien baptisé Infosyrie. Collaboration intéressante : ce site reprend les articles de Gilles Munier et France-Irak Actualité, le site du protecteur de Rachad, publie ceux d’Infosyrie. Dans un des nombreux articles de Munier publiés sur le site de Chatillon, on peut lire, en date du 31 mai 2011 : «C’est à l’excellent blog de Gilles Munier, ami et spécialiste du monde arabo-musulman, président des Amitiés franco-irakiennes d’une guerre du Golfe à l’autre, que nous empruntons cet article.»
Par Ahmed Bensaada – Selon la formule imagée de mon ami Rafaa, mon récent livre a agi comme le projecteur d’un chalutier faisant sortir différentes sortes de poissons de la mer. Mais qui aurait pensé un seul instant que sa lumière éclairerait aussi loin que les rivages de la Bretagne ? Qui aurait parié un misérable kopeck sur une prise d’une telle taille dans cette région ? Car, il faut se le dire, Gilles Munier n’est pas du menu fretin, même s’il est connu pour se mêler régulièrement les nageoires, naviguant d’un courant à l’autre, au gré de la houle.
La pêche miraculeuse
Gilles Munier est donc apparu après la publication de mon livre. Mais pourquoi diable ce Breton s’est-il manifesté avec pas un, mais deux articles contre moi ? Des attaques avec des histoires de coup de poignard dans le dos et des rapports de police politique, rien que ça !
Ainsi, sans prendre le temps de lire mon ouvrage, Munier est intervenu dans le débat pour défendre bec et ongles son ami et protégé Mourad Dhina, membre de l’ex-FIS (Front islamique du salut) et un des fondateurs du mouvement islamiste Rachad.
Mais l’histoire a commencé un peu plus tôt. En effet, en date du 4 juin 2020, Mourad Dhina n’a rien trouvé de mieux à faire que de me citer dans sa vidéo du jour. Lui aussi a longuement disserté sur mon livre sans l’avoir lu (sic), confirmant la forte prévalence de cette maladie chronique dans la faune ichtyologique. Il y a pris plaisir à dresser mon portrait avec des termes choisis avec soin comme «fragilité intellectuelle», «soutenu par le régime», «propagandiste du système», «casseur du Hirak», etc.
Ce qui est étonnant, c’est que mon livre n’avait pas pour objet l’étude du mouvement Rachad, ni la critique de ses fondateurs. Cette sortie virulente a pourtant une explication claire qui sera discutée un peu plus tard.
L’attaque violente de Dhina méritait une réponse de ma part qui fut publiée sur mon site le 6 juin 2020. Petite précision : aucun droit de réponse n’a été demandé à Dhina, ni Rachad pour poster mon article sur leurs médias sociaux.
Certainement très irrité par le contenu et la forme de mon texte, Dhina s’est fendu d’un long texte qu’il a présenté comme un droit de réponse (sic) que je devais impérativement publier sur mon site personnel. Il n’avait pas compris qu’il aurait fallu qu’il en fasse de même avec la mienne !
Fâché par ce refus, Gilles Munier monta sur ses grands chevaux (bretons ?) pour aller défendre les droits de son suzerain. Dans son article intitulé «Un coup de poignard dans le dos du Hirak ?» on peut lire : «A la suite de la parution de Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? Mourad Dhina a réagi avec calme aux attaques mensongères et diffamatoires le concernant, en adressant à l’auteur un droit de réponse qui n’a toujours pas été publié.»
On remarque bien que, selon Munier, le nom de Dhina rime avec «calme» et «droit de réponse», alors que celui de Bensaada est associé aux «mensonges» et à la «diffamation».
Rachad peut-il trouver un vassal aussi fidèle ?
Les accointances avec l’extrême-droite
Alors qu’il vivait en Algérie dans sa jeunesse, Gilles Munier a été correspondant de la revue Nation Européenne, organe de presse du mouvement d’extrême-droite Jeune Europe. Dans de nombreuses publications, ce mouvement est considéré comme néo-fasciste. Jeune Europe a été fondé en 1962 par le Belge Jean Thiriart (1922-1992), dont la vie politique a été associée aux milieux néonazis et néofascistes, avec un début remarqué dans la collaboration avec l’Allemagne nazie : «Thiriart a dix-huit ans quand l’Allemagne occupe la Belgique. Le jeune autodidacte adhère bientôt aux Amis du Grand Reich allemand, ce qui le conduit à un séjour en prison en 1944 et à la privation de ses droits civiques jusqu’en 1959.»
Et ce n’est pas tout. Avant Jeune Europe, Thiriart avait dirigé le Mouvement d’action civique (MAC), un groupe ouvertement en faveur de l’«Algérie française» et de l’OAS : «[…] En effet, on a pu constater que les contacts entre l’OAS et le MAC/Jeune Europe furent réels : le MAC a été accusé d’aider matériellement l’OAS, avec la coopération du Centre d’études et de formation contre-révolutionnaire établi à Tournai (impression de tracts, vol et utilisation de faux passeports).»
«Par ailleurs, le MAC était le principal soutien de l’OAS en Belgique. Il avait développé ses contacts avec les mouvements favorables à l’Algérie française, tels que Jeune Nation, la Fédération des étudiants nationalistes ou le MP13. Non seulement sa presse publiait les communiqués ésotériques de l’OAS mais, de plus, son réseau accueillait les clandestins et leur fournissait le gîte et des faux papiers. Et l’imprimerie produisait le journal Appel à la France.»
C’est, d’ailleurs, à cause de son soutien à l’OAS que Jeune Europe a été interdit en France.
Dans une interview à Amel TV (sic !) datée du 9 janvier 2019, et ce quelques jours avant une émission avec le président du MAK, Ferhat Mehenni (resic !), Gilles Munier s’explique sur ses fréquentations de jeunesse : «Parmi les organisations que j’avais contactées de droite et d’extrême-droite, lorsque j’étais allé en France, il y en a une qui m’avait semblé, et qui a semblé aussi aux Algériens, intéressante. C’était une organisation belge mais qui rayonnait sur une partie de l’Europe, qui avait des représentants en Italie et en France, mais qui était interdite en France. C’était une organisation dont le dirigeant avait soutenu l’OAS. La guerre est finie et la page est tournée. C’était une organisation antiaméricaine. Disons prosoviétique. Oui, voilà, il y avait deux blocs. Elle publiait une revue qui s’appelait La Nation Européenne et ils ont décidé, moi je les avais contactés, j’étais allé les voir à Bruxelles. Et, donc, ils m’ont demandé si je voulais être leur correspondant en Algérie. Moi, je leur ai dit oui […]» (transcription littérale).
Dans cette déclaration hésitante, on voit bien que Munier cherche à taire les noms compromettants de «Thiriart» et de «Jeune Europe». Par contre, il reconnaît lui-même avoir contacté des mouvements de droite et d’extrême-droite. Pour cela, il a fait personnellement le déplacement en Belgique pour proposer ses services (à Thiriart ?). Ayant vécu en Algérie et connaissant le passé de son père, il devait bien savoir que Thiriart et sa Jeune Europe avaient fricoté avec l’OAS ! Rien de cela ne l’a dérangé : ni le passé collaborationniste, ni le néonazisme, ni le néofascisme, ni l’OAS.
Et avec tout cela, Gilles Munier passe son temps à crier sur tous les toits à la calomnie et à la diffamation lorsque ses accointances avec l’extrême-droite sont évoquées.
Les relations de Munier avec l’extrême-droite ne se sont pas estompées avec le temps. Dans un livre collectif intitulé Autopsie d’un déni d’antisémitisme, ses relations avec Frédéric Chatillon sont relatées : «C’est dans un dossier réalisé par le site antifasciste Réflexes sur Frédéric Chatillon que le nom de Mohamed Sifaoui apparaît une première fois. En l’espèce, la note 30 de cette enquête mettant à nu la face cachée du FN mariniste nous indique que Sifaoui a publié un livre chez Erik Bonnier (Encre d’Orient), vieille connaissance de Frédéric Chatillon et de Gilles Munier, lobbyiste bien connu de Saddam Hussein mis en cause dans le dossier Pétrole contre nourriture. Quand, en 1999, Gilles Munier publie son Guide de l’Irak (éditions Jean Picollec), Erik Bonnier, qui édite aujourd’hui Munier, apparaît comme l’auteur des photos publiées. La mise en page de ce guide est, par ailleurs, réalisée par la société Riwal de Frédéric Chatillon et sans surprise recensé dans la revue du GUD Jusqu’à Nouvel Ordre.»
Frédéric Chatillon est l’ancien président du GUD (Groupe Union Défense), un mouvement d’extrême-droite néofasciste, néonazi, connu pour son usage de la violence. Admirateur des Waffen SS, il a été aussi un proche collaborateur du Front National et de Marine Le Pen.
A travers sa société Riwal, Chatillon a réalisé des affaires juteuses avec la Syrie dans le domaine de la promotion du tourisme, et ce bien avant la «printanisation» de la Syrie.
Notons la spécialité commune à Munier et Chatillon : la promotion touristique des pays arabes. Le premier avec l’Irak et le second avec la Syrie.
Dès le début de la guerre en Syrie, Frédéric Chatillon a lancé un site progouvernemental syrien baptisé Infosyrie. Collaboration intéressante : ce site reprend les articles de Gilles Munier et France-Irak Actualité, le site du protecteur de Rachad, publie ceux d’Infosyrie. Dans un des nombreux articles de Munier publiés sur le site de Chatillon, on peut lire, en date du 31 mai 2011 : «C’est à l’excellent blog de Gilles Munier, ami et spécialiste du monde arabo-musulman, président des Amitiés franco-irakiennes d’une guerre du Golfe à l’autre, que nous empruntons cet article.»
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