Le gouvernement prépare une feuille de route pour les 15 prochaines années
Elle sera rendue publique en mai : agriculture, justice, santé et éducation sont les secteurs prioritaires. Le cabinet Monitor, chargé de l’accompagnement, rendra une première copie ce vendredi 20 avril.
A quoi ressemblera le Maroc en 2020-2025 ? Que faut-il faire pour surmonter les grandes problématiques que sont la justice, l’éducation, la santé et bien d’autres ? Quelle place pourrait raisonnablement occuper le Maroc sur le plan économique à l’échelle régionale ? Ce sont là les questions, entre autres, auxquelles le gouvernement tente d’apporter les réponses. Objectif final : «Construire une vision autour des initiatives stratégiques prioritaires à mettre en œuvre dans les prochaines années afin d’accélérer le développement économique et social et atteindre le niveau de prospérité souhaité». En somme, il s’agira d’élaborer une véritable feuille de route pour les quinze prochaines années, indépendamment de l’impact politique que pourront avoir les prochains gouvernements sur la gestion des affaires du pays.
Un comité de pilotage travaille depuis le mois de février
Le travail de réflexion, entouré d’une grande discrétion, dure depuis février dernier et à un rythme soutenu. Deux à trois réunions par semaine, voire plus, pour tenter de faire une compilation de toutes les données aussi bien économiques que sociales, en plus de séances de brainstorming pour identifier les premières pistes.
Pour mener tout ce travail, un comité de pilotage a été constitué comprenant les représentants de plusieurs ministères et les conseillers du Premier ministre, auxquels se sont associés des experts nationaux et internationaux. Pour mettre tout cela en forme et en objectifs, le comité s’est adjoint les services d’un cabinet de renommée mondiale, l’américain Monitor Group, qui regroupe en son sein les gourous de la stratégie (voir encadré). D’où le nom de code donné de manière informelle au projet : opération Monitor.
Plan d’action ou grandes lignes ?
La première rencontre avec les experts de Monitor Group s’est tenue en février dernier. Une réunion présidée par Driss Jettou et qui a été consacrée à un premier brief des experts. Ensuite, les réunions se sont succédé ; les consultants de Monitor ont ratissé large : ministres, hauts fonctionnaires, patrons d’établissements publics, chefs d’entreprises... De même, le comité, avec l’aide des consultants, a dû d’abord établir des diagnostics, des bilans sectoriels, des études comparatives et des benchmarks entre le Maroc et d’autres pays de la région.
Ce vendredi 20 avril, une autre réunion est prévue et durant laquelle, cette fois-ci, le cabinet Monitor devra remettre un premier draft de la Vision 2020.
Que contiendra-t-elle ? «Il ne s’agira pas de donner des plans d’actions détaillés mais de préciser la direction et les grandes orientations pour relever les défis futurs», précise une source proche du dossier. De manière plus concrète, le projet devra exprimer clairement ce qu’il faudra faire dans un certain nombre de questions cruciales notamment la justice, l’éducation, la santé, l’agriculture et bien d’autres secteurs. Et le choix de ces volets n’est pas fortuit puisqu’il s’agit justement de dossiers sur lesquels l’actuel gouvernement n’a pas eu le temps de se pencher. Or, explique-t-on, si des chantiers déjà mis en place comme Emergence, le plan Azur, la mise à niveau des entreprises publiques, la politique de l’habitat ont créé la dynamique économique, cette dynamique ne peut souffrir de retards au niveau d’autres secteurs qui risquent d’handicaper le décollage économique que connaît le pays. C’est ainsi que l’éducation devra préparer les compétences de demain, que la justice offrira plus de sécurité et plus de célérité à l’environnement économique et que l’agriculture stabilisera le monde rural tout en offrant davantage de perspectives de développement. De manière globale, et comme l’explique un membre du comité de pilotage, «le Maroc connaît un décollage économique et peut maintenant se doter d’objectifs plus ambitieux».
Reste à savoir jusqu’à quel niveau de détail le projet (que l’on appellera Monitor par défaut) ira-t-il ? Car si l’idée d’une feuille de route est foncièrement bonne, elle devra conjuguer entre l’obligation de laisser au prochain gouvernement la marge de manœuvre nécessaire pour appliquer son propre programme selon sa propre vision, sous peine de biaiser le jeu démocratique, et la nécessité pour le Maroc de rattraper le temps perdu en matière de réforme. Entre le dirigisme et les impératifs de développement, un juste milieu devra être trouvé.
Qui est Monitor ?
Monitor Group, qui se définit aujourd’hui comme un cabinet conseil en stratégies d’élite, a commencé comme un think-thank monté par des professeurs et, en même temps, anciens étudiants, de la prestigieuse université de Harvard. Parmi eux, on trouve des sommités mondiales de la stratégie et du conseil : Michael Porter, Chris Argyris, Peter Schwartz et d’autres. Présent dans plus de 20 pays à travers le monde, Monitor offre des prestations touchant des secteurs très diversifiés allant de l’étude de marché pour une entreprise privée à la stratégie de repositionnement régional pour un pays, passant par la conduite de changement, les stratégies de développement, l’architecture des systèmes d’information. Depuis sa création, au début des années 80, Monitor, aujourd’hui implanté dans une vingtaine de pays, a mené pour le compte de 45 gouvernements plus d’une centaine de projets similaires à la mission dont il se trouve aujourd’hui chargé par le gouvernement maro
McKinsey vs Monitor, le duel qui n’aura pas lieu
Dans le milieu du consulting, tout se sait rapidement. Rivalité entre cabinets oblige, les responsables de McKinsey (à l’origine du plan Emergence), déjà bien implantés au Maroc, ont suivi de près les manœuvres d’approche de leurs concurrents de Monitor. Mais si certains y voyaient déjà un duel entre deux poids lourds mondiaux du consulting, la confrontation n’aura finalement pas lieu. Certes, au début, des rumeurs faisaient état de la décision du gouvernement de confier à Monitor la mise en œuvre du plan Emergence élaboré par McKinsey. Il n’en est rien. Selon des sources gouvernementales, les consultants de Monitor sont là pour une toute autre mission même si le travail des deux est finalement complémentaire. Ce sera donc chacun son rayon.
Elle sera rendue publique en mai : agriculture, justice, santé et éducation sont les secteurs prioritaires. Le cabinet Monitor, chargé de l’accompagnement, rendra une première copie ce vendredi 20 avril.
A quoi ressemblera le Maroc en 2020-2025 ? Que faut-il faire pour surmonter les grandes problématiques que sont la justice, l’éducation, la santé et bien d’autres ? Quelle place pourrait raisonnablement occuper le Maroc sur le plan économique à l’échelle régionale ? Ce sont là les questions, entre autres, auxquelles le gouvernement tente d’apporter les réponses. Objectif final : «Construire une vision autour des initiatives stratégiques prioritaires à mettre en œuvre dans les prochaines années afin d’accélérer le développement économique et social et atteindre le niveau de prospérité souhaité». En somme, il s’agira d’élaborer une véritable feuille de route pour les quinze prochaines années, indépendamment de l’impact politique que pourront avoir les prochains gouvernements sur la gestion des affaires du pays.
Un comité de pilotage travaille depuis le mois de février
Le travail de réflexion, entouré d’une grande discrétion, dure depuis février dernier et à un rythme soutenu. Deux à trois réunions par semaine, voire plus, pour tenter de faire une compilation de toutes les données aussi bien économiques que sociales, en plus de séances de brainstorming pour identifier les premières pistes.
Pour mener tout ce travail, un comité de pilotage a été constitué comprenant les représentants de plusieurs ministères et les conseillers du Premier ministre, auxquels se sont associés des experts nationaux et internationaux. Pour mettre tout cela en forme et en objectifs, le comité s’est adjoint les services d’un cabinet de renommée mondiale, l’américain Monitor Group, qui regroupe en son sein les gourous de la stratégie (voir encadré). D’où le nom de code donné de manière informelle au projet : opération Monitor.
Plan d’action ou grandes lignes ?
La première rencontre avec les experts de Monitor Group s’est tenue en février dernier. Une réunion présidée par Driss Jettou et qui a été consacrée à un premier brief des experts. Ensuite, les réunions se sont succédé ; les consultants de Monitor ont ratissé large : ministres, hauts fonctionnaires, patrons d’établissements publics, chefs d’entreprises... De même, le comité, avec l’aide des consultants, a dû d’abord établir des diagnostics, des bilans sectoriels, des études comparatives et des benchmarks entre le Maroc et d’autres pays de la région.
Ce vendredi 20 avril, une autre réunion est prévue et durant laquelle, cette fois-ci, le cabinet Monitor devra remettre un premier draft de la Vision 2020.
Que contiendra-t-elle ? «Il ne s’agira pas de donner des plans d’actions détaillés mais de préciser la direction et les grandes orientations pour relever les défis futurs», précise une source proche du dossier. De manière plus concrète, le projet devra exprimer clairement ce qu’il faudra faire dans un certain nombre de questions cruciales notamment la justice, l’éducation, la santé, l’agriculture et bien d’autres secteurs. Et le choix de ces volets n’est pas fortuit puisqu’il s’agit justement de dossiers sur lesquels l’actuel gouvernement n’a pas eu le temps de se pencher. Or, explique-t-on, si des chantiers déjà mis en place comme Emergence, le plan Azur, la mise à niveau des entreprises publiques, la politique de l’habitat ont créé la dynamique économique, cette dynamique ne peut souffrir de retards au niveau d’autres secteurs qui risquent d’handicaper le décollage économique que connaît le pays. C’est ainsi que l’éducation devra préparer les compétences de demain, que la justice offrira plus de sécurité et plus de célérité à l’environnement économique et que l’agriculture stabilisera le monde rural tout en offrant davantage de perspectives de développement. De manière globale, et comme l’explique un membre du comité de pilotage, «le Maroc connaît un décollage économique et peut maintenant se doter d’objectifs plus ambitieux».
Reste à savoir jusqu’à quel niveau de détail le projet (que l’on appellera Monitor par défaut) ira-t-il ? Car si l’idée d’une feuille de route est foncièrement bonne, elle devra conjuguer entre l’obligation de laisser au prochain gouvernement la marge de manœuvre nécessaire pour appliquer son propre programme selon sa propre vision, sous peine de biaiser le jeu démocratique, et la nécessité pour le Maroc de rattraper le temps perdu en matière de réforme. Entre le dirigisme et les impératifs de développement, un juste milieu devra être trouvé.
Qui est Monitor ?
Monitor Group, qui se définit aujourd’hui comme un cabinet conseil en stratégies d’élite, a commencé comme un think-thank monté par des professeurs et, en même temps, anciens étudiants, de la prestigieuse université de Harvard. Parmi eux, on trouve des sommités mondiales de la stratégie et du conseil : Michael Porter, Chris Argyris, Peter Schwartz et d’autres. Présent dans plus de 20 pays à travers le monde, Monitor offre des prestations touchant des secteurs très diversifiés allant de l’étude de marché pour une entreprise privée à la stratégie de repositionnement régional pour un pays, passant par la conduite de changement, les stratégies de développement, l’architecture des systèmes d’information. Depuis sa création, au début des années 80, Monitor, aujourd’hui implanté dans une vingtaine de pays, a mené pour le compte de 45 gouvernements plus d’une centaine de projets similaires à la mission dont il se trouve aujourd’hui chargé par le gouvernement maro
McKinsey vs Monitor, le duel qui n’aura pas lieu
Dans le milieu du consulting, tout se sait rapidement. Rivalité entre cabinets oblige, les responsables de McKinsey (à l’origine du plan Emergence), déjà bien implantés au Maroc, ont suivi de près les manœuvres d’approche de leurs concurrents de Monitor. Mais si certains y voyaient déjà un duel entre deux poids lourds mondiaux du consulting, la confrontation n’aura finalement pas lieu. Certes, au début, des rumeurs faisaient état de la décision du gouvernement de confier à Monitor la mise en œuvre du plan Emergence élaboré par McKinsey. Il n’en est rien. Selon des sources gouvernementales, les consultants de Monitor sont là pour une toute autre mission même si le travail des deux est finalement complémentaire. Ce sera donc chacun son rayon.
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