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Les deux spécialistes du BTP qui viennent de rafler trois gigantesques marchés de construction de logements sociaux étaient abonnés aux contrats de gré à gré lorsque le président Tebboune était encore ministre de l'habitat.
171 millions de dollars de contrats en deux jours ! Les groupes à capitaux turcs Dekinsan et Atlas génie civil (AGC) ont été les grands gagnants de la relance des constructions de logements sociaux à Alger par l'Agence nationale de l'amélioration et le développement du logement (AADL), après des mois d'interruption en raison de la crise sanitaire.
Après l'Oranie, Dekinsan à la conquête d'Alger
Selon nos informations, Dekinsan a raflé, le 13 juillet, un marché à 7,7 milliards de dinars (60 millions de dollars) pour réaliser 1 800 appartements - y compris les réseaux tertiaires - dans la commune d'Ouled Fayet, dans la wilaya d'Alger. C'est, de loin, le plus important contrat jamais obtenu par la firme dans la région de la capitale. Implanté à Oran depuis 2007, Dekinsan s'est longtemps cantonné à l'Ouest algérien, construisant plus de 15 000 appartements bon marché pour l'AADL à Oran, Tlemcen, Saïda, Sidi Bel Abbès, etc.
Le groupe a aussi réalisé un hôpital de 240 lits à Oran. Sa filiale algérienne a traversé sans encombre l'adoption, en 2009, de la loi 51/49 obligeant toute succursale de groupe étranger à être détenue à majorité par des intérêts algériens. Elle reste à 100 % aux mains des fondateurs du groupe, Kenan Kösen et Hasan Kelesoglu. Kenan Kösen travaille à muscler ses réseaux en Algérie, puisqu'il dirige, depuis sa création en 2018, l'antenne locale de la Müsiad, organisation patronale proche de l'AKP, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le retour en force d'Atlas génie civil
De son côté, AGC a raflé, le 14 juillet, deux marchés comparables pour la réalisation de 1 800 et 2 000 logements, facturés respectivement 6,7 et 7,4 milliards de dinars (52 et 57 millions $). Dirigé par Yilmaz Barin, le groupe, de droit algérien, a déjà travaillé dans la région d'Alger, notamment sur la très problématique ville nouvelle de Sidi Abdellah (Africa Intelligence du 08/05/20) pour le compte de l'AADL.
Il a aussi réalisé plus de 10 000 unités pour un autre organisme d'Etat, l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI, chargé du parc immobilier social en location). AGC a par ailleurs construit des hôpitaux à Chlef, Aïn Temouchent, Boumerdès et même un centre de formation de la Sonatrach à Mostaganem. AGC est une filiale à 100 % d'Atlas Grup, fondé par Yunus Dogan et également très actif aux Etats-Unis.
Tebboune veille sur les intérêts turcs
L'écrasante majorité des contrats préalablement attribués à Dekinsan et AGC ont été signés entre 2012 et 2017, à l'époque où le ministre de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville (et donc exerçant sa tutelle sur l'AADL et l'OPGI) n'était autre qu'Abdelmadjid Tebboune, désormais chef de l'Etat. Nombre de ces marchés avaient été attribués en gré à gré, officiellement pour accélérer les livraisons de logements sociaux, sujet politiquement très volatil...
Depuis qu'il a accédé au palais de la Mouradia, Abdelmadjid Tebboune se livre ostensiblement à une grande opération "mains propres" chargée de solder les dépassements de l'ère Bouteflika. Mais il est peu probable que celle-ci s'étende aux contrats signés à l'époque où il dirigeait le ministère... Le président Tebboune est, par ailleurs, l'objet d'une vaste offensive de charme d'Ankara, qui veut accroître sa présence commerciale et industrielle en Algérie.
Africa Intelligence du 20/07/20).
171 millions de dollars de contrats en deux jours ! Les groupes à capitaux turcs Dekinsan et Atlas génie civil (AGC) ont été les grands gagnants de la relance des constructions de logements sociaux à Alger par l'Agence nationale de l'amélioration et le développement du logement (AADL), après des mois d'interruption en raison de la crise sanitaire.
Après l'Oranie, Dekinsan à la conquête d'Alger
Selon nos informations, Dekinsan a raflé, le 13 juillet, un marché à 7,7 milliards de dinars (60 millions de dollars) pour réaliser 1 800 appartements - y compris les réseaux tertiaires - dans la commune d'Ouled Fayet, dans la wilaya d'Alger. C'est, de loin, le plus important contrat jamais obtenu par la firme dans la région de la capitale. Implanté à Oran depuis 2007, Dekinsan s'est longtemps cantonné à l'Ouest algérien, construisant plus de 15 000 appartements bon marché pour l'AADL à Oran, Tlemcen, Saïda, Sidi Bel Abbès, etc.
Le groupe a aussi réalisé un hôpital de 240 lits à Oran. Sa filiale algérienne a traversé sans encombre l'adoption, en 2009, de la loi 51/49 obligeant toute succursale de groupe étranger à être détenue à majorité par des intérêts algériens. Elle reste à 100 % aux mains des fondateurs du groupe, Kenan Kösen et Hasan Kelesoglu. Kenan Kösen travaille à muscler ses réseaux en Algérie, puisqu'il dirige, depuis sa création en 2018, l'antenne locale de la Müsiad, organisation patronale proche de l'AKP, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le retour en force d'Atlas génie civil
De son côté, AGC a raflé, le 14 juillet, deux marchés comparables pour la réalisation de 1 800 et 2 000 logements, facturés respectivement 6,7 et 7,4 milliards de dinars (52 et 57 millions $). Dirigé par Yilmaz Barin, le groupe, de droit algérien, a déjà travaillé dans la région d'Alger, notamment sur la très problématique ville nouvelle de Sidi Abdellah (Africa Intelligence du 08/05/20) pour le compte de l'AADL.
Il a aussi réalisé plus de 10 000 unités pour un autre organisme d'Etat, l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI, chargé du parc immobilier social en location). AGC a par ailleurs construit des hôpitaux à Chlef, Aïn Temouchent, Boumerdès et même un centre de formation de la Sonatrach à Mostaganem. AGC est une filiale à 100 % d'Atlas Grup, fondé par Yunus Dogan et également très actif aux Etats-Unis.
Tebboune veille sur les intérêts turcs
L'écrasante majorité des contrats préalablement attribués à Dekinsan et AGC ont été signés entre 2012 et 2017, à l'époque où le ministre de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville (et donc exerçant sa tutelle sur l'AADL et l'OPGI) n'était autre qu'Abdelmadjid Tebboune, désormais chef de l'Etat. Nombre de ces marchés avaient été attribués en gré à gré, officiellement pour accélérer les livraisons de logements sociaux, sujet politiquement très volatil...
Depuis qu'il a accédé au palais de la Mouradia, Abdelmadjid Tebboune se livre ostensiblement à une grande opération "mains propres" chargée de solder les dépassements de l'ère Bouteflika. Mais il est peu probable que celle-ci s'étende aux contrats signés à l'époque où il dirigeait le ministère... Le président Tebboune est, par ailleurs, l'objet d'une vaste offensive de charme d'Ankara, qui veut accroître sa présence commerciale et industrielle en Algérie.
Africa Intelligence du 20/07/20).