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Ouïghours : que se passe-t’il au Xinjiang ?

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  • Ouïghours : que se passe-t’il au Xinjiang ?

    Partie 1

    (voir suite partie 2)

    Depuis quelques temps, le sort des Ouïghours, ethnie musulmane de la région chinoise de Xinjiang, est l’objet de nombreuses publications et préoccupe aussi bien les gouvernements occidentaux que les médias traditionnels. Trois millions d’Ouïghours (sur une population de 10 millions) seraient enfermés dans des camps de concentration. Sur les réseaux sociaux, des vidéos et images choquantes de tortures et violences contre des personnes présentées comme des Ouïghours tournent en boucle. Il y a pourtant de sérieuses questions à se poser, tant le vrai et le faux semblent s’entremêler. Tentative de décryptage.

    Attention aux faux sur les réseaux sociaux

    Si nous voulons voir clair, il faut démêler le vrai du faux sur les accusations concernant la répression contre les Ouïghours. Une première mise en garde : attention aux « fake news ». Au niveau international, différentes initiatives de journalisme d’investigation, qui combattent la désinformation, ont démontré ces fausses (« fake »)informations. C’est surtout sur les réseaux sociaux que beaucoup de fakes circulent. Mais parfois ces informations fausses sont reprises par des blogs, ou même par la presse « traditionnelle ».



    Sur cettehttps://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2020/08/IMAGE-1-Enfants-
    gel%C3%A9s-pour-organes.png vidéo, 300 enfants auraient été retrouvés – congelés vivant – pour récolter leurs organes. Le site Snoops a pu retracer l’origine de la vidéo. Un enfant chinois s’est noyé. Vu les températures élevés dans la région à ce moment là, les parents ont conservé le corps dans un frigobox rempli de glace, en attendant que les autorités arrivent. Le tweet original, posté par un supporter d’Azerbaïdjan de Trump, n’a jamais été retiré, malgré le fait qu’il a été prouvé que l’info était fausse. Elle a été retwettée près de 8 000 fois et vue plus de 440 000 fois.

    https://www.investigaction.net/wp-co...%C3%A9sien.jpg

    Cette autre vidéo montre un policier ou un militaire frapper sans merci un homme. Elle a été présentée comme « le traitement inhumain des Ouïghours dans les camps de concentration ». Le site 20minutes.fr a pu démontrer qu’il s’agissait d’un policier indonésien frappant un gangster. Un faux grossier donc mais la vidéo continue de circuler.

    Cette image de violences contre un Ouïghour présumé a été publiée sur Facebook sur la page Erdogan in Deutschland. Le site allemand Correctiv.org a pu retrouver l’origine indonésienne de ces images. Il n’y a là non plus aucun lien avec la Chine, ni les Ouïghours.

    Cette image d’une femme torturée a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elle sera reprise via la page Erdogan in Deutschland. En réalité, cette photo est une mise en scène réalisée lors d’une action par la secte du Falun Gong. Il a à nouveau été prouvé qu’il s’agissait d’un faux, mais les images continuent à circuler.

    Une campagne organisée

    De nombreuses fausses informations circulent sur Internet. Et celles-ci ne viennent pas de nulle part, mais de personnes dont l’intention d’influencer l’opinion publique est claire. Plusieurs éléments confirment que cette campagne sur les réseaux sociaux est très organisée, et reçoit beaucoup de moyens. Ainsi Facebook a dû supprimer des centaines de faux comptes d’un réseau lié à l’Epoch Times, le site de la secte Falun Gong, qui a dépensé 9,5 millions dollar dans de publications pro-Trump (et anti-Chinois).[1] Certains sites turcs ont été actifs dans le démontage des fakes, et ont dévoilé tout un réseau à l’origine d’une campagne sur les réseaux sociaux à partir de 2019[2]. Cette tentative d’influencer l’opinion publique via les réseaux sociaux a un enjeu : organiser une pression de l’opinion publique pour que plus de pays suivent la ligne des États-Unis envers la Chine sur la scène internationale.

    Un débat international

    Le débat n’est pas nouveau, et se mène déjà depuis quelque temps au niveau international. Depuis 2019, ce sont surtout les États-Unis qui veulent parler des Ouïghours dans les instances internationales. A leur initiative, une résolution a été déposée aux Nations Unies, soutenue par 22 pays (surtout des alliés de l’OTAN) réclamant la condamnation de la Chine, accusée de violer les droits humains de cette ethnie musulmane. La situation humanitaire dramatique au Yémen n’a malheureusement pas reçue la même attention des États-Unis.
    La responsabilité de leur allié saoudien dans cette catastrophe n’y est pas étrangère.

    Une autre alliance de 50 pays a refusé de soutenir l’appel des États-Unis à condamner la Chine, et a fait une contre-résolution soutenant la Chine. Dont 22 pays à majorité musulmane, comme la Palestine, l’Irak, l’Iran, l’Algérie, le Pakistan, le Yémen, et même le Turkménistan…[3]

    Cela peut être interpellant à première vue. Comment se fait-il que parmi la vingtaine de pays qui veut une condamnation de la Chine sous prétexte de défendre une minorité musulmane chinoise, on ne retrouve aucun pays à majorité musulmane ? Et comment se fait-il qu’autant de pays à majorité musulmane ont signé la résolution de soutien à la Chine ? Comment se fait-il que les États-Unis et la Grande Bretagne qui ont mis le feu au Moyen Orient pendant la première et la deuxième guerre du Golfe (contre l’Irak), et contre l’Afghanistan, causant la mort de centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, deviennent des défenseurs des droits humains… en Chine ? Comment se fait-il que Trump, qui contribue à créer un climat islamophobe aux États-Unis, fermant les frontières aux musulmans, devienne tout d’un coup un grand défenseur des droits des musulmans ?

    En Belgique aussi, cette question se pose. Une résolution visant à condamner la Chine pour des prélèvements d’organes a été soutenue au Sénat par quasiment tous les partis, y compris les partis de droite et d’extrême-droite (Vlaams Belang). Comment se fait-il que des partis qui en Belgique interdisent le port du foulard, par exemple, deviennent des défenseurs des musulmans en Chine ?

    Comprendre les enjeux géostratégiques

    Pour comprendre cette situation contradictoire et paradoxale, il faut revenir en arrière sur le contexte géo-stratégique. C’est dans l’Extrême Orient que l’avenir se décide. La moitié de la population mondiale y habite. C’est le plus grand marché mondial. Et depuis peu, la Chine est devenue un challenger du pouvoir hégémonique des États-Unis. Les contradictions entre les États-Unis et la Chine s’aiguisent de plus en plus. Il y a la guerre commerciale qui se mène à coup de tarifs et de taxes douanières. Il y a une guerre d’influence politique qui se mène dans les instances internationales (Organisation mondiale de la Santé, Organisation Mondiale du Commerce, Nations-Unies), avec des menaces américaines d’arrêter de financer ou de carrément se retirer de ces institutions. Il y a la lutte pour le contrôle des ressources de matières premières (pétrole, mais aussi de plus en plus des métaux rares, dont la Chine est un des producteurs les plus importants). Et le Xinjiang, la région des Ouïghours, est un vrai carrefour d’oléoducs amenant le pétrole du Moyen Orient, et des routes sortant les produits chinois vers le Moyen Orient, la Russie et l’Europe. Un endroit clé pour faire mal à la Chine au niveau économique et commercial. Et finalement, il y a une lutte d’influence géostratégique, avec l’encerclement de la Chine par des bases militaires. En 2018, les États-Unis ont officialisé cette tension et désigné la Chine comme étant un ennemi stratégique. Depuis, on peut reconnaître de plus en plus de méthodes utilisées durant la Guerre Froide, cette fois-ci utilisées contre la Chine.

    Des pays qui ont tiré les leçons des expériences passées
    Cette confrontation entre les États-Unis et la Chine peut expliquer pourquoi des pays et des organisations musulmanes n’ont pas voulu suivre les tentatives américaines pour isoler et condamner la Chine. Les pays du Moyen Orient comme l’Irak, l’Iran, la Palestine ou le Pakistan se souviennent encore trop bien des ingérences de l’Occident dans leur région. Et ils ont vécu des campagnes médiatiques pour criminaliser leurs pays (ou dirigeants). Ils savent que dans une guerre (chaude ou froide) qui se prépare, la première victime est la vérité. L’Iran a « l’honneur » d’avoir été le premier pays où, en 1953, le Premier ministre Mohammad Mossadegh a été destitué par un coup d’État organisé par la CIA, et accompagné d’une campagne médiatique mensongère. La première Guerre du Golfe contre l’Irak a été préparée par le mensonge des « bébé-couveuse »[4]. Une jeune infirmière koweïtienne avait témoigné devant le Congrès américain d’actes horribles de l’armée irakienne en Koweït. Ce témoignage a suscité une grande émotion et a été décisif pour créer un climat dans lequel le Congrès américain a voté l’invasion. Cela a aussi créé un climat dans lequel ceux qui osaient remettre en question la version « officielle » étaient accusés d’être « pro-Saddam », pro-dictature et anti-droits humains. Après coup, il s’est avéré que cette jeune fille n’était pas infirmière, mais la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington. Ce témoignage faisait partie d’une campagne organisée par un bureau de relations publiques pour la somme de 10 millions d’euros.

    Et la deuxième guerre du Golfe contre l’Irak a aussi été préparée par une campagne mensongère avec le ministre américain Colin Powell en tête d’affiche qui a avancé les soi-disant preuves de la présence d’« armes de destruction massives » de Saddam Hussein, justifiant ainsi l’invasion de l’Irak en 2003.

    Celui qui ose remettre en question la version officielle est un traître
    Les progressistes et pacifistes ont tiré des leçons de ces expériences. La diabolisation à outrance dans ce genre de situation sert à préparer les esprits à une confrontation, à justifier une réaction de l’Occident. La professeur de critique historique de l’ULB Anne Morelli en parle dans ses « 10 principes de la propagande de guerre » : « L’ennemi est le diable. » La manipulation des esprits aux guerres du Golfe ont appris qu’il ne faut pas trop vite croire le discours disant que « la cause est noble » quand les impérialistes et fauteurs de guerre commencent à parler des droits humains. Mais le plus dur dans un climat de campagne de désinformation massive, et quasi hégémonique, est d’oser aller à contre-courant. Car le dixième principe de la propagande de guerre, c’est d’intimider tous ceux qui osent remettre en question la version officielle en les accusant de traîtrise

  • #2
    -2-Ouïghours : que se passe-t’il au Xinjiang ?

    Une campagne « made in USA »

    Un deuxième obstacle pour démêler le vrai du faux est la fiabilité des sources. Une série de sites de journalisme d’investigation américains et australiens ont dévoilé que les informations dans les médias proviennent toutes d’un nombre limité de sources. Elles sont toutes liées à des organismes d’État américain ou anglo-saxons et elles se citent souvent les unes les autres :

    Le réseau du World Uyghur Congress. Dans une série d’articles d’investigation, le site Grayzone a pu démontrer que la plupart des infos dans nos médias viennent d’associations de dissidents ouïghours, membres du réseau le World Uyghur Congres (WUC). Or celui-ci est financé par la « National Endowment for Democracy », une fondation du Congrès américain. La National Endowment for Democracy (NED) est le programme américain qui soutient l’opposition des pays où les États Unis veulent un changement de régime. Pas vraiment une source « indépendante ». Les révolutions de « couleur » dans les républiques ex-soviétiques, ont été souvent soutenues par la NED. La NED a été créée pour reprendre les campagnes « ouvertes » dont s’occupait avant la CIA. Grayzone démontre qu’il ne s’agit pas vraiment d’organisations indépendantes. Ni financièrement, ni politiquement. L’ancien président du World Uyghur Congress a par exemple soutenu l’agression des États-Unis contre le Vietnam[5].

    Ce sont de drôles de défenseurs des droits humains. Finalement, le site a pu dévoiler les relations intimes entre ces organisations et les administrations de la sécurité nationale américaine, proche de l’armée et des multinationales militaires. Mais aussi des anciens collaborateurs de Radio Free Asia/Europe[6]. En Europe, le membre de ce réseau WUC est le European Uyghur Institute.

    Radio Free Asia. Le World Uyghur Congres et des organisations liées, utilisent comme « sources » la Radio Free Asia. C’est une radio créée par la CIA en 1950, et refondée en 1994. Financée essentiellement par les États-Unis[7].

    Adrian Zenz. Un « expert indépendant », qui n’est pas du tout indépendant. Adrian Zenz est un anti-communiste professionnel, collaborateur à la (très à droite) Victims of Communism Memorial Foundation (créé par le gouvernement US en 1983). Il est « Born Again Christian », un chrétien fondamentaliste (contre l’égalité hommes/femmes, contre l’homosexualité, etc), qui est convaincu qu’il est « en mission divine » contre la Chine.[8]

    Falun Gong. Une secte qui prétend être un mouvement de méditation traditionnelle. Ils prétendent que les sciences sont l’œuvre d’extra-terrestres pour remplacer les humains (et que donc il faut se méfier des sciences)[9]. La secte est raciste et pense que le multiculturalisme, l’écologie, l’homosexualité et le féminisme sont le travail du diable qui a manipulé les jeunes dans les années 1970. Ben Hurley, un ex-Falun Gong, décrit comment la secte diffuse une vision apocalyptique dans lequel le Parti communiste chinois (PCC) et leurs adversaires seront détruits, et que Trump a été envoyé par les cieux pour détruire le PCC[10]. Ils sont pro-Trump, et proches des théories de Qanon, idéologie complotiste d’extrême droite selon laquelle Donald Trump serait en guerre contre des élites politiques, économiques et artistiques qui se se livrent à la pédophilie… Ils communiquent notamment à travers le site The Epoch Times et les initiatives End Transplantation Abuse in China (initiateur du China Tribunal). The Epoch Times génère 3 milliards de vues sur les réseaux sociaux.[11]

    Australian Strategic Policy Institute (ASPI) et son « Cyber Centre ». Un thinktank Australien, créé et financé par le ministère de la Défense. Le thinktank se vante d’avoir cassé le consensus sur la Chine en Australie (et l’avoir changé vers une attitude officielle beaucoup plus négative). Actuellement, l’ASPI est aussi financé par des multinationales privées de construction militaire. Nous retrouvons aussi… Adrian Zenz parmi les collaborateurs du centre.

    L’histoire des organes halal

    Une histoire a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux : celle des organes « halal ». Des prisonniers Ouïghours seraient vendus en masse aux Saoudiens qui paient beaucoup pour trouver de tels organes « halal » (venant de musulmans, donc).

    La seule source de cette histoire est une interview d’un médecin Ouïghour, le Dr Tohti, qui ne vit même pas en Chine. Dans une interview du 15 mars 2019 à Radio Free Asia (créé par la CIA, et financé par le Congrès américain), il prétend que l’ambassade saoudienne est impliquée comme plaque tournante pour vendre à des riches Saoudiens des organes « halal ». Ces Saoudiens iraient ensuite à Urumchi (Xinjiang) pour la transplantation. Pourquoi Urumchi ? C’est là où est la source des organes « halal » : les Ouïghours qui se trouveraient dans des camps de concentration selon ce docteur. Le Dr Tohti ne présente aucune preuve concrète, et parle juste d’indications.

    Quelques jours plus tard, le Dr Tohti s’excuse dans un tweet [12] pour les gens qu’il a blessés en diffusant le « hoax » (fausse info, fake news). Néanmoins, les mois qui suivent, il continuera à répéter la même histoire dans tous les médias. Dans une interview vidéo avec Vice, il avoue n’avoir aucune preuve directe, « car toutes les victimes qu’il connaît sont mortes »[13]. Mais aucun journaliste lui a demandé des noms jusqu’à présent…

    Une autre « preuve » serait un panneau indiquant la voie prioritaire pour les transports d’organes destinées à la transplantation dans l’aéroport de Kashgar. Mais ce qui n’est pas dit, c’est que depuis 2016, ce genre de panneaux « route express » a été installée dans tous les aéroports chinois. La Chine est un grand pays, et pour respecter les délais courts de transport d’organes, il faut être efficace.

    Le Dr Tothi explique aussi à Vice qu’un organe « halal » est un organe d’une personne qui n’a jamais bu d’alcool ni mangé du porc et qui a respecté les prescrits islamiques. Or, c’est un concept qui n’existe pas dans l’Islam. Sauver une vie est toujours « halal », et tous les organes qui sauveront une vie sont acceptés…

    Selon le Dr Tohti, la Chine fait dans les 100 000 transplantations par an, beaucoup plus que les 13 à 22 000 transplantations officiellement déclarées. Cela ne serait possible que s’il y a une récolte massive d’organes de Ouïghours prisonniers.

    Seulement, le 13 mars 2020, le journal américain National Review, qui est loin d’être un journal pro-chinois, écrit un article « Pourquoi les institutions médicales globales font confiance à la Chine ? » L’article cite le Dr Francis Delmonico, le principal responsable de la transplantation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a déclaré en 2019 que « la réforme de la transplantation d’organes en Chine a obtenu des résultats remarquables en peu de temps » et que « l’expérience de la Chine peut servir de modèle pour l’ensemble de la région asiatique et du monde ». Le Dr. Francis Delmonico, président du groupe de travail de l’OMS sur la transplantation, a déclaré en 2016 que « les médias doivent défier ceux qui font de telles affirmations » au sujet du prélèvement forcé d’organes. Et en 2018, Nancy Archer, la présidente de l’organisme international de transplantation « The Transplantation Society » (TTS) a réfuté les accusations d’abus généralisés.

    Le très sérieux journal The Washington Post a enquêté également sur les accusations concernant les chiffres « officiels » chinois qui seraient soi-disant trop bas. Avec Quintiles IMS, une société américaine spécialisée dans les informations médicales, The Washington Post a comparé la demande/consommation chinoise de médicaments supprimant le système immunitaire (pour empêcher le rejet des organes). Et la conclusion est que cette consommation est raccord avec les chiffres officiels.

    Cette histoire a pourtant été largement reprise. Récemment encore, une résolution a été discutée au Sénat belge visant à condamner les prélèvements d’organes sur les prisonniers ouïghours. Lors du débat au Sénat belge, un sénateur du parti de la gauche radicale, le PTB, a posé des questions sur la validité des sources, mais il n’a reçu aucune réponse des autres partis.

    Entre-temps, il a aussi été révélé que l’organisation End Transplantation Abuse in China – qui est derrière les accusations de prélèvements d’organe – a des liens forts avec la secte chinoise des Falun Gong, comme l’a dévoilé le site d’investigation Grayzone[14].

    La seule conclusion que nous pouvons tirer est que cette « histoire » n’est pas très nette. Et il n’y a pas eu beaucoup d’efforts de la part des médias traditionnels pour vérifier leurs sources.

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    • #3
      -3-Ouïghours : que se passe-t’il au Xinjiang ?

      Trois millions d’Ouïghours emprisonnés ?

      Ce que les médias ne nous disent jamais

      Ce qui est remarquable dans toute cette campagne médiatique, c’est qu’on ne parle jamais du fait qu’il y a eu 200 attaques et attentats par des groupes islamistes et séparatistes en Chine et Xinjiang, causant 500 morts et des milliers de blessés. Ces groupes sont issus des Moudjahidins, entraînés par la CIA dans les années 1980[15]. Le East Turkestan Islamic Mouvement a été créé et a prêté allégeance à Al Qaida[16]. Ils ont combattu aux côtés des Taliban en Afghanistan. D’ailleurs, c’est pour cela que des Ouïghours se sont retrouvés à Guantanamo[17]. On ne nous parle pas des milliers de djihadistes ouïghours qui sont allés se battre en Syrie[18]. On ne nous dit pas que ces islamistes ont assassinés aussi des imams, et des Ouïghours.

      Cette question de la violence extrémiste dont on ne parle quasi pas dans les médias est pourtant importante si on veut comprendre ce qui se passe au Xinjiang. On a vu les réactions sécuritaires qui ont eu lieu après les attentats en Europe et aux États-Unis. Imaginez-vous 200 attentats et attaques sur 20 années. La Chine, comme les autres pays confrontés à de tels attentats, a dû développer une politique pour se défendre contre les mouvements radicaux et terroristes. Y-a-t’il eu des dérives sécuritaires, comme aux États-Unis ou en France, où on a commencé à mesurer la radicalisation à la longueur de la barbe ou au port du foulard ? C’est tout à fait possible. Mais tout voyageur ayant visité la Chine peut confirmer qu’on ne peut pas parler d’une répression généralisée contre l’Islam. Dans chaque grande ville, il y a un quartier musulman, avec des restaurants halal et une mosquée, y compris au Xinjiang. Il y a 39 000 mosquées en Chine. Aujourd’hui, en Xinjiang, il y a 24 400 mosquées, contre 9 000 en 1984[19]. Il y a même certains avantages pour les minorités[20], y compris les minorités musulmanes, pour l’accès à l’université, l’accès à des prêts sans intérêts pour démarrer un commerce. Toutes les écoles accueillant des Ouighours et Hui doivent fournir des repas halal[21].

      Quelles sont les sources de ces accusations ?
      En janvier 2018, la radio Radio Free Asia (RFA) estimait à 120 000 le nombre d’Ouïghours emprisonnés pour signes d’extrémisme[22]. Au cours de cette année-là, on nous parle de 1 million de prisonniers. Et, aujourd’hui, le Pentagone dit qu’il y a 3 millions d’Ouïghours emprisonnés.

      Emprisonner la moitié des adultes de tout un peuple, c’est une accusation sérieuse, qu’on ne peut pas faire sans preuves. Même « l’expert » Adrian Zenz, trouve que « cette inflation des estimations de prisonniers – essentiellement sans base empirique – vire au sensationnalisme et décrédibilise (la cause des Ouïghours) ».[23] Néanmoins, ce chiffre est répété par plein de médias. Alors, qu’en est-il ? Quelles sources sont utilisées pour appuyer ce chiffre ?

      La première source pour un million d’Ouïghours emprisonnés sera baséE sur un rapport de China Human Rights Defenders (CHRD). Comment cette organisation des droits humains, subventionnée par les Etats-Unis (via la NED), arrive à ce chiffre ? Par une interview de huit Ouïghours anonymes. Leurs témoignages invérifiables, et limités à leurs petits villages, seront extrapolés à l’ensemble de la population Ouïghour. Ce rapport a été écrit spécifiquement pour une réunion d’un comité non-reconnu des Nations Unies. Le représentant américain assistant à cette réunion mentionnera « qu’il y a des rapports crédibles de la détention massive de millions d’Ouïghours ». Le jour après, Reuters sort une dépêche : « Les Nations Unies ont des rapports crédibles de la détention de millions d’Ouïghours. » Un sacré raccourci qui circule toujours aujourd’hui.

      Par hasard, Adrian Zenz a pu trouver aussi le chiffre d’un million, se basant sur des chiffres dans des documents d’État qui ont « fuités ». Encore une fois, pas de preuve directe[24]. D’autres ont essayé d’analyser les marchés publics publiés par les autorités locales. En supposant que toutes les infrastructures construites seraient des camps de concentration, cela pourrait être suffisant pour héberger 1 million de personnes. Mais à la même période, la région a aussi construit des nouvelles écoles, internats et centres de formations. Impossible donc de conclure que toutes ses infrastructures soient des prisons ou camps de concentration. Adrian Zenz estimait à 1 200 le nombre de camps pour permettre d’enfermer 1 millions de personnes[25]. Le Australian Strategic Policy Institute a essayé de trouver des traces de ces camps via des images satellite. Ils ont identifié 28 infrastructures qui ont certains éléments de protection, et pensent avoir identifié donc des centres de détention[26]. Mais nous sommes loin de ce qui est nécessaire pour enfermer un million de personnes. Nous sommes très loin des allégations d’enfermement d’un peuple.

      Quelle est la version du gouvernement chinois ?
      La Chine reconnaît avoir condamné 13 000 personnes pour terrorisme, et 30 000 personnes pour des activités illégales[27]. Mais elle dit avoir appris de l’Occident, et dit avoir compris qu’elle ne va pas s’en sortir avec des peines de prisons. La Chine a réagi à ce phénomène de radicalisation en mettant sur pied des centres de déradicalisation d’un côté, mais aussi en élevant le niveau d’étude et de formation en ouvrant des centres de formation professionnelle. Des sources vérifiables disent qu’il s’agit bel et bien de centres de formation, et non de camps de concentration. Ainsi la Banque mondiale est allée sur place pour vérifier les centres de formations qu’elle a subventionné. Des centres accusés d’enfermer les gens contre leur gré. La Banque mondiale (qu’on ne peut pas vraiment soupçonner de propagande pro-communiste) a réfuté les accusations concernant les centres concernés[28]. Et puis, il y a le haut responsable anti-terrorisme des Nations Unies qui est allé sur place au Xinjiang en juin 2019, déjà[29]. Aucune réaction officielle des Nations Unies suite à cette visite pour confirmer les accusations d’enfermement massive. La Chine a invité la haute responsable des Droits de l’Homme. Celle-ci a demandé d’avoir accès en toute transparence à l’ensemble de la région et des établissements. Il serait intéressant d’attendre cette visite avant de se former un avis définitif.

      CONCLUSION

      Il y a des raisons de se poser des questions sur ce qui se passe au Xinjiang et sur les choix qui ont été faits par la Chine en matière de lutte contre le terrorisme. Mais il est clair qu’il y a aussi une grande campagne de propagande qui est a été lancée autour de cela, et que celle-ci ne vise pas à connaître la vérité ou à défendre les droits humains, mais à préparer la confrontation contre la Chine. C’est une raison de plus d’être très prudent avec les informations que nous recevons.

      24 Août 2020 STÉPHANE PAULET

      Investig'action
      Dernière modification par Elghifari, 24 août 2020, 15h22.

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      • #4
        L'occident capitaliste et à sa tête les états-unis prolonge la survie de son système capitaliste grâce aux mensonges, aux groupes terroristes qu'il a créé et au vol des ressources des pays du tiers monde et même des pays développés.

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