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Kitouni Hosni : Non ce n'est pas ainsi, vraiment pas !

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  • Kitouni Hosni : Non ce n'est pas ainsi, vraiment pas !

    Non ce n'est pas ainsi, vraiment pas !

    Ceux qui ont échoué, en conduisant le pays à l’impasse actuelle, ne peuvent prétendre le réformer ni l’engager vers un avenir meilleur. Quoiqu’ils en disent, ils ne le peuvent pas, parce que formés à l’école du parti unique, de la pensée unique et par-dessus tout, ils n’ont aucune confiance en la seule force capable de changer l’état des choses, c'est-à-dire le peuple comme entité politique. La notion de citoyenneté leur étant étrangère en raison d’une culture nourrie d’autoritarisme et d’élitisme, ils ignorent ce qu’est le consensus, la concertation, le débat contradictoire, la critique et l’autocritique. Toutes choses indispensables si on veut mobiliser les gens et les impliquer dans les affaires de la cité. Or on ne peut gouverner un pays contre sa volonté et aujourd’hui la majorité aspire au changement. Pas simplement un changement d’hommes mais aussi de paradigmes.

    Le vieux monde né avec l’indépendance, héritier de la colonisation pourrit sur pied, c’est une vieille machine obsolète qui ne peut servir à rein d’autre qu’à reproduire l’échec. Oui nous sommes devant une panne généralisée du système présidentialiste et non démocratique. Or au lieu d’avoir l’intelligence pour regarder les choses en face, en appeler à toutes les énergies créatrices du pays, et il y en a, on préfère jouer à huis clos, entre copains et « vieux de la vieille »

    Faute d’un diagnostic franc et sincère on opte encore une fois pour les solutions du passé. On préfère les postures rigides et populistes, consistant à vouloir faire marcher la société à coups d’oukases, de décrets et de discours moralisateurs. Que dans le plus grand pays d’Afrique, et la troisième puissance militaire du continent, la plus haute autorité de l’État en vienne à s’occuper de l’eau dans les robinets et du débit internet ou encore des feux de forêts alors que les défis auxquels fait face le pays, économiques, technologiques, environnementaux, civilisationnels sont considérables, c’est qu’il y a bugg dans la machine.

    Car peut faire un ministre en l’absence d’une organisation, de moyens, de personnel, de technicité, et de suivi etc… Or tout cela n’existe plus. Des années de prédation ont délité les appareils d’État. L’administration a perdu le savoir-faire et les techniques accumulés durant des années. L’image la plus révoltante sans doute, est ce téléphérique de Constantine (haute technologie) construit à coups de millions de dollars, et qui en moins de cinq ans est livré à la ferraille. Et que dire des milliers de nos cadres compétents aptes encore à servir, mais dont personne n’en veut. Et ces milliers de jeunes qui fuient le pays. Ces exemples peuvent être multipliés par mille. Or si on ne fait pas le bilan exact de cette débâcle comment peut-on prétendre repartir du bon pied. Il faudrait une cure de désintoxication générale de la rente accompagnée d’une catharsis collective, pour tout se dire franchement et faire le diagnostic de ce que nous avons fait de notre indépendance.

    Partout désolation, plus personne ne veut travailler pour l’État , et encore moins lui obéir. Il y a une vraie désobéissance civile… Le ministre aura beau sanctionner, hurler, se démener, encore faudrait-il qu’il soit obéi. Tout le monde fait le dos rond, du sommet à la base et vice versa. On ment, on trompe sur la marchandise, les chiffres sont faux, les ordres détournés. C’est dire combien le mal est profond. Ce n’est pas seulement une question de moyens et de leurs mises en œuvre, il s’agit d’une crise morale profonde résultat d’une évolution lente et inexorable d’un système antinational.

    Les hommes y ont leur part de responsabilité, parce qu’ils savaient où cela devait conduire et ils n’ont pas voulu entendre les rappels à l’ordre. Quand les gens se mettaient en grève, manifestaient, quand des militants s’alarmaient des risques que courait le pays, quand ils osaient parler, écrire, on les a mis en prison, on les a traités d’agents de l’ennemi.

    Voilà où nous en sommes ! Au pied du mur et tous les ordres, toutes les bonnes intentions du monde ne suffiront pas pour faire redémarrer la machine. Il en faut plus, il faut redonner confiance aux gens, une vraie confiance, sincère honnête. Comment ! Chacun doit avoir sa solution et il y en a plusieurs, mais l’une me semble la plus importance: prendre acte de l’échec du système et changer de paradigme, en remettant la souveraineté du peuple au cœur de tout projet d’avenir. Les gens ne croient plus dans les sauveurs suprêmes, ils veulent être sauvés par eux-mêmes, être au cœur de l’histoire et de leur temps. Un rêve ? Que les Drareni ne soient plus mis en prison, mais écoutés parce qu’en écoutant une pensée différente on en sort grandi et meilleur. Un autre rêve, que l’amalgame entre Politique, Religion et Histoire ne soit plus le fond de commerce de l’exécutif comme cela semble être le cas, pour ce 1er novembre. Sinon c'est à la nation et ses fondements qui risquent de prendre un coup.

    Kitouni Hosni
    Chercheur en histoire
    25 août 2020
    Dernière modification par shadok, 26 août 2020, 16h03.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    Ancien cadre du Parti de la révolution socialiste (PRS) et membre du cabinet du président Mohamed Boudiaf en 1992, Hosni Kitouni est aujourd’hui chercheur indépendant en histoire du fait colonial.

    Intellectuel, impliqué dans le mouvement du 22 Février dont il ne tarit pas de commentaires et d’analyses, il nous livre ici une réflexion sur l'impasse politique actuelle.

    Les points que j'ai retenu :

    - On ne peut gouverner un pays contre sa volonté et aujourd’hui la majorité aspire au changement. Pas simplement un changement d’hommes mais aussi de paradigmes
    - Il faut redonner confiance aux gens, une vraie confiance , sincère honnête
    - On préfère les postures rigides et populistes, consistant à vouloir faire marcher la société à coups d’oukases, de décrets et de discours moralisateurs
    Dernière modification par shadok, 26 août 2020, 16h01.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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    • #3
      👍👍👍👍👍

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      • #4
        bonjour

        Le développement n'aura pas lieu tant que c'est le système de la clientèle et de l’allégeance qui demeure.

        Il n'y a aucune volonté d'aller dans un autre sens parce que l'état est tenu par la mafia, il n'y a pas d'issue possible et il n'y a pas d'avenir tant que la mafia ne lache pas l'affaire. La mafia doit arrêter de tenir les manettes.

        La transition doit être maitrisée, c'est sur, mais elle doit vite être engagée. Ce n'est pas le cas.

        Il n'y aura pas de développement ou tout au moins d'espoir d'une vie simplement sereine tant que les citoyens engagés et militants sont considérés comme des ennemis à abattre, mis en prison, harcelés par les services de sécurités, ...etc.

        La répression, la gestion non transparence, le clientélisme et la non ouverture politique engagent les citoyens dans la défiance vis à vis de l'état et des institutions. Elles poussent les citoyens à s'engager dans tous les sens, dans des aventures qui risquent de faire effondrer l'état et de détruire la nation.
        Rebbi yerrahmek ya djamel.
        "Tu es, donc je suis"
        Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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        • #5
          Tebboune a été très mal élu. Les 4 millions d’électeurs qui l’ont plébiscité ne pèsent pas lourd sur l’échiquier politique.

          Tebboune ne peut pas réussir sans se faire admettre comme le président de tous à des dizaines de millions d’Algériens qui le rejettent ouvertement et l’ont massivement exprimés à travers tout le territoire national.

          Le seul soutien dont il bénéficie est le haut-commandement de l’Armée. Sans base sociale et politique, Tebboune est allé puiser dans les rangs des partis et organisations satellites du pouvoir regroupés sous les forces de soutien aux réformes. Il essaye de faire l'amalgame entre politique, religion et histoire pour en faire un fond de commerce mais ça ne marche pas les algériens ne sont pas dupes. Comme dit Mr Hosni Kitouni, il faut un changement de paradigmes.
          Dernière modification par icosium, 26 août 2020, 17h19.
          "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

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          • #6
            ils n’ont aucune confiance en la seule force capable de changer l’état des choses, c'est-à-dire le peuple comme entité politique.
            Je ne suis pas d'accord là dessus

            Pourquoi feraient-ils confiance au peuple ? Une minorité de ce peuple qui leur fait confiance, leur fait confiance justement et c'est un problème en soi. Parce que si cette minorité est assez conne/manipulable pour faire confiance à ces mafieux qui lui pourrissent l'existence depuis 62', on peut rien bâtir avec. Les mafieux en ont juste besoin pour maintenir au pouvoir.
            La majorité silencieuse qui veut un vrai changement, eh bien elle veut un vrai changement, du coup ils vont évidemment pas pas faciliter les choses à cette majorité qui veut les faire dégager. Mais ça sert à rien d'être la majorité si elle est et reste silencieuse, concrètement tu peux pas compter sur elle, tu peux rien faire avec, ni manifester massivement pour changer les choses par la pression de la rue, ni provoquer une grève générale, ni rien du tout. Genre, je suis la majorité, je suis mécontent mais waqt essah takhti rassi.
            خيرالكلام ما قل و دل

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            • #7
              Non non la minorité est bien identifiée et ce n'est guère un pb de confiance, ce sont les pique assiettes qui dès leur jeune âge ont appris les leçons de prédation et ont eu très tôt l’appétit du gain facile. Ils ne peuvent pas vivre sous le contrôle d'un système juste dans lequel la devise est tu travailles ou tu meurts de faim. Pas de passe-droits, pas de faux diplômes, pas de karta, kasquitta ou kabouss, pas de hadarat à tout bout de champs, pas de cachir aux meetings partis pour demeurés etc. Ils vont donc marcher avec n'importe quel système fonctionnant sur ces privilèges.

              Une fois ces mouches éloignés, par la force des choses, une élite émergera plus vite qu'on le prévoit.

              Malheureusement la trajectoire de la "nouvelle algérie" saute aux yeux aux plus methamssins des mois précédents. Que dire de ceux qui savent que koul ma bounia alla batel fa houa batel.

              La configuration actuelle de l'algérie est simple : tourner en rond et dépenser ce qui reste de la manne pétrolière, ensuite c'est le néant.

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              • #8
                Pourquoi feraient-ils confiance au peuple ? Une minorité de ce peuple qui leur fait confiance, leur fait confiance justement et c'est un problème en soi
                Je pense que l'auteur parle de la majorité du peuple: des dizaines de millions d’Algériens qui ont rejeté Tebboune ouvertement et massivement dans la rue. Mais apparemment Tebboune veut gouverner l'Algérie avec la minorité de la Baddissiya-Novembaria manipulable et acquise à sa cause. Ignorer une grande partie de la société et diviser les algériens avec l’idéologie est très dangereux pour l'avenir du pays

                "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

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                • #9
                  Non non la minorité est bien identifiée et ce n'est guère un pb de confiance, ce sont les pique assiettes qui dès leur jeune âge ont appris les leçons de prédation et ont eu très tôt l’appétit du gain facile. Ils ne peuvent pas vivre sous le contrôle d'un système juste dans lequel la devise est tu travailles ou tu meurts de faim.
                  Cette minorité n'est pas forcément constituée que d'opportunistes et autres parasites qui vivent de la médiocrité du système. Je pense que la majorité de cette minorité est vraiment constituée de gens manipulables à souhait, j'en connais personnellement qui ne tirent absolument aucun intérêt du système, ils en sont même victimes, mais le soutiennent quand même, parce qu'ils ont la mémoire courte et croient aux conneries que leur sert le système et pour d'autres raisons que j'arrive pas à comprendre .. syndrôme de stockholm peut-être


                  Je pense que l'auteur parle de la majorité du peuple: des dizaines de millions d’Algériens qui ont rejeté Tebboune ouvertement et massivement dans la rue. Mais apparemment Tebboune veut gouverner l'Algérie avec la minorité de la Baddissiya-Novembaria manipulable et acquise à sa cause.
                  C'est ce que je dis, le pouvoir compte sur la minorité parce qu'elle lui permet de se maintenir. La majorité l'arrange pas.
                  Si la majorité gouverne, Tebboune lui-même se retrouverait en taule avec ses anciens complices
                  خيرالكلام ما قل و دل

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                  • #10
                    Kitouni Hosni, historien et fils de Chahid, sur l'instrumentalisation du 1er Novembre

                    Dernière modification par shadok, 27 août 2020, 02h19.
                    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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                    • #11
                      Le vieux monde né avec l’indépendance, héritier de la colonisation pourrit sur pied, c’est une vieille machine obsolète qui ne peut servir à rien d’autre qu’à reproduire l’échec.
                      En effet, équipe après équipe, ils n'ont reproduit que l'échec et quel échec !

                      La vieille machine en revanche a servi. Elle a servi à remplir les poches d'une bonne partie de la nomenklatura.

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                      • #12
                        Eloquente prise de parole où l'essentiel a été dit !
                        pour moi le moment fort de cette intervention est dans ce magistral passage ou est résumé la question centrale de la gouvernance de 1962 à nos jours:

                        "La notion de citoyenneté leur étant étrangère en raison d’une culture nourrie d’autoritarisme et d’élitisme, ils ignorent ce qu’est le consensus, la concertation, le débat contradictoire, la critique et l’autocritique. Toutes choses indispensables si on veut mobiliser les gens et les impliquer dans les affaires de la cité. "
                        Résistez. Gardez par-dessus tout l'amour de la liberté et votre sens critique...... Combattez par l'espérance un pessimisme trop justifié.» Jean d'Ormesson

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