Le 12 mai dernier, nous décidions, mes amis et moi, de suspendre El Manchar, avec la promesse de revenir un jour. Trop de peurs, d’angoisses, d’inquiétudes ont eu raison de nous, de notre légèreté habituelle. Il fallait marquer une pause, si ce n’est pas par prudence, au moins par honnêteté. Le rire est la chose la moins compatible avec la peur. Avoir peur ou rire, il fallait choisir. Nous ne regrettons pas avoir pris le parti de le peur. J’espère que nous ne regretterons pas de prendre à partir de cet instant le parti du rire.
« Suspendre », c’est interrompre momentanément le cours d’une action, de quelque chose. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est le petit Robert. Le “momentanément” a duré dans notre cas 109 jours.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Rien n’a changé. Ou si peu. Tebboune est à El Mouradia, Drareni à El Harrach, Boussalem à l’ENTV et le petit peuple à la queue leu leu devant les bureaux de poste pour retirer sa pension de misère sous 40°C. Le préposé au guichet est grincheux. Il la cinquantaine, et porte sur le bout de son nez des lunettes que son gosse a craqué au beau milieu hier en s’asseyant dessus par inadvertance. Il les a rafistolées avec du sparadrap après avoir mis une bonne paire de claques au gosse. Et ça lui donne un petit air ridicule. Rien a changé pour lui non plus. Le masque l’étouffe. Il ne voit pas clair. L’air qu’il expire piégé par le masque embue ses verres. Alors il s’arrête toute les cinq minutes pour essuyer ses lunette avec le revers de son polo en polyester rose. Et les clients pestent contre cet employé “lent et pas sérieux”. L’Algérie est-elle devenue meilleure ? Non. Est-elle devenue pire ? Non plus. Les choses sont ce qu’elles sont. Nous devons faire avec.
Pourquoi maintenant ?
Pourquoi revenons-nous maintenant ? La question mérite d’être posée. La réponse est toute simple : Parce que nous en avons envie. Mais il y a moult réponses possibles. Nous vous en livrons ici les meilleures.
1. La CIA, le Mossad et la DST nous ont débloqué des fonds.
La main étrangère n’est pas qu’un mythe. Elle est là, dans l’ombre, toujours prête à frapper. On ne vous le dit pas, mais il arrive souvent que la main étrangère soit munie d’une scie à bois. Cette scie, c’est nous. Hier, nous avons reçu les fonds avec lesquels nous allons essayer de faire vaciller l’Algérie au moyen de quelques vannes bien senties. C’est pas gagné. Surtout quand je me rappelle qu’il faut retirer tout cet argent par tranche quotidienne de 30.000 DA dans un bureau de poste.
2. Le général Toufik
Toufik est puissant comme chacun le sait. Il a de loin le meilleur réseau d’Algérie, bien avant Mobilis, Djezzy et Ooredoo. El Manchar, au même titre que Saïd Saadi, Abdallah Djaballah, Louisa Hanoune, Abderrazak Makri, et votre voisin qui ne vous dit pas “bonjour” ; fait partie du réseau Toufik. Ce n’est pas un hasard si El Manchar rouvre juste au moment où le Général Toufik fait son retour. Coïncidence ? Je ne pense pas.
3. France 24
Nous avons signé un partenariat avec France24. Depuis l’arrestation du correspondant de la chaîne française à Alger et sa libération 24h après, il est de l’intérêt de tout journaliste de s’inventer un lien avec la chaîne. Nous voilà sauvé de la prison. Enfin pas tout à fait. Le maximum que nous risquons est de passer une journée à El Harrach. D’ailleurs, je me demande si le 24 dans France 24, ne correspond tout simplement pas au nombre d’heures maximum que la chaîne accorde aux autorités Algériennes pour s’exécuter. Dans quel cas, il aurait mieux valu signer avec France 2.
Enfin, tout ça c’est de la connerie. C’est le président Tebboune lui-même qui a ordonné l’ouverture progressive d’El Manchar. N’était-ce pas lui qui reconnaissait banane aux lèvres qu’il lisait quotidiennement El Manchar pour garder le sourire ?
C’est lors d’une réunion du haut conseil de sécurité, consacrée à l’évaluation de la situation sanitaire, que le président a demandé à son Premier ministre Abdelaziz Djerad “de programmer une réouverture graduelle d’El Manchar”. Une réouverture qui est programmée le dimanche 06 septembre. Soyez eu rendez-vous.
29 août 2020
El-Manchar
« Suspendre », c’est interrompre momentanément le cours d’une action, de quelque chose. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est le petit Robert. Le “momentanément” a duré dans notre cas 109 jours.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Rien n’a changé. Ou si peu. Tebboune est à El Mouradia, Drareni à El Harrach, Boussalem à l’ENTV et le petit peuple à la queue leu leu devant les bureaux de poste pour retirer sa pension de misère sous 40°C. Le préposé au guichet est grincheux. Il la cinquantaine, et porte sur le bout de son nez des lunettes que son gosse a craqué au beau milieu hier en s’asseyant dessus par inadvertance. Il les a rafistolées avec du sparadrap après avoir mis une bonne paire de claques au gosse. Et ça lui donne un petit air ridicule. Rien a changé pour lui non plus. Le masque l’étouffe. Il ne voit pas clair. L’air qu’il expire piégé par le masque embue ses verres. Alors il s’arrête toute les cinq minutes pour essuyer ses lunette avec le revers de son polo en polyester rose. Et les clients pestent contre cet employé “lent et pas sérieux”. L’Algérie est-elle devenue meilleure ? Non. Est-elle devenue pire ? Non plus. Les choses sont ce qu’elles sont. Nous devons faire avec.
Pourquoi maintenant ?
Pourquoi revenons-nous maintenant ? La question mérite d’être posée. La réponse est toute simple : Parce que nous en avons envie. Mais il y a moult réponses possibles. Nous vous en livrons ici les meilleures.
1. La CIA, le Mossad et la DST nous ont débloqué des fonds.
La main étrangère n’est pas qu’un mythe. Elle est là, dans l’ombre, toujours prête à frapper. On ne vous le dit pas, mais il arrive souvent que la main étrangère soit munie d’une scie à bois. Cette scie, c’est nous. Hier, nous avons reçu les fonds avec lesquels nous allons essayer de faire vaciller l’Algérie au moyen de quelques vannes bien senties. C’est pas gagné. Surtout quand je me rappelle qu’il faut retirer tout cet argent par tranche quotidienne de 30.000 DA dans un bureau de poste.
2. Le général Toufik
Toufik est puissant comme chacun le sait. Il a de loin le meilleur réseau d’Algérie, bien avant Mobilis, Djezzy et Ooredoo. El Manchar, au même titre que Saïd Saadi, Abdallah Djaballah, Louisa Hanoune, Abderrazak Makri, et votre voisin qui ne vous dit pas “bonjour” ; fait partie du réseau Toufik. Ce n’est pas un hasard si El Manchar rouvre juste au moment où le Général Toufik fait son retour. Coïncidence ? Je ne pense pas.
3. France 24
Nous avons signé un partenariat avec France24. Depuis l’arrestation du correspondant de la chaîne française à Alger et sa libération 24h après, il est de l’intérêt de tout journaliste de s’inventer un lien avec la chaîne. Nous voilà sauvé de la prison. Enfin pas tout à fait. Le maximum que nous risquons est de passer une journée à El Harrach. D’ailleurs, je me demande si le 24 dans France 24, ne correspond tout simplement pas au nombre d’heures maximum que la chaîne accorde aux autorités Algériennes pour s’exécuter. Dans quel cas, il aurait mieux valu signer avec France 2.
Enfin, tout ça c’est de la connerie. C’est le président Tebboune lui-même qui a ordonné l’ouverture progressive d’El Manchar. N’était-ce pas lui qui reconnaissait banane aux lèvres qu’il lisait quotidiennement El Manchar pour garder le sourire ?
C’est lors d’une réunion du haut conseil de sécurité, consacrée à l’évaluation de la situation sanitaire, que le président a demandé à son Premier ministre Abdelaziz Djerad “de programmer une réouverture graduelle d’El Manchar”. Une réouverture qui est programmée le dimanche 06 septembre. Soyez eu rendez-vous.
29 août 2020
El-Manchar
Commentaire