En Algérie, le pouvoir entretient un climat général de répression à l'encontre de journalistes. Au moins huit d'entre eux ont été emprisonnés depuis février 2019 et le début du Hirak, le mouvement de contestation du régime.
Dans les années 1980, le pays fut pionnier en matière de liberté de la presse au Maghreb. Il figure *aujourd'hui à la 146e place sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) en 2020, perdant 27 places par rapport à 2015. En cause, plusieurs sites d'information en ligne régulièrement *bloqués, mais aussi les arrestations et les condamnations de journalistes. Selon *Amnesty International, au moins huit d'entre eux ont été *emprisonnés depuis février 2019 et le début du Hirak, le mouvement de contestation du régime.
Parmi eux, Khaled Drareni, directeur du site d'information Casbah Tribune, par ailleurs correspondant de la chaîne francophone TV5 Monde, condamné à trois ans de prison ferme le 10 août et qui sera rejugé en appel mardi. Ou encore Abdelkrim Zeghileche, directeur de la radio indépendante en ligne Radio-Sarbacane, condamné le 24 août à deux années de détention. Des journalistes accusés par le *régime de semer la discorde, de menacer l'intérêt national ou d'être à la solde de "parties étrangères"…
Pressions et chantages
Ce qui n'empêche pas les rédactions de se battre. C'est ainsi que le quotidien algérien El Watan, à la une de son édition de lundi, titrait "Les détails d'une fortune à l'ombre du général". Le journal francophone – un des plus réputés de la presse algérienne – y détaille par le menu les investissements des enfants du *général Ahmed Gaïd Salah, ancien chef d'état-major décédé le 23 *décembre 2019, dont deux font l'objet d'une enquête judiciaire et sont frappés d'une interdiction de sortie du territoire. Le coup de bâton ne s'est pas fait attendre : au motif qu'il aurait porté atteinte à l'image de l'armée, le journal est depuis privé de publicité publique, alors que l'État reste le plus gros annonceur en Algérie.
"C'est comme à l'époque de Saïd et Abdelaziz Bouteflika, dénonce Tayeb Belghiche, le directeur d'El Watan. Ce sont des pressions et des chantages intolérables." D'où ce commentaire de Christophe Deloire, secrétaire général de RSF : "Le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, avait fait beaucoup de promesses, notamment celle d'un pays plus démocratique et plus ouvert, il y avait tout pour que les choses s'améliorent. Or elles sont pires aujourd'hui que sous la présidence précédente. Le pouvoir profite de l'épidémie de coronavirus pour violer la liberté de la presse et éteindre toute revendication populaire."
Par Camille Neveux
JDD
07-09-2020
Dans les années 1980, le pays fut pionnier en matière de liberté de la presse au Maghreb. Il figure *aujourd'hui à la 146e place sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) en 2020, perdant 27 places par rapport à 2015. En cause, plusieurs sites d'information en ligne régulièrement *bloqués, mais aussi les arrestations et les condamnations de journalistes. Selon *Amnesty International, au moins huit d'entre eux ont été *emprisonnés depuis février 2019 et le début du Hirak, le mouvement de contestation du régime.
Parmi eux, Khaled Drareni, directeur du site d'information Casbah Tribune, par ailleurs correspondant de la chaîne francophone TV5 Monde, condamné à trois ans de prison ferme le 10 août et qui sera rejugé en appel mardi. Ou encore Abdelkrim Zeghileche, directeur de la radio indépendante en ligne Radio-Sarbacane, condamné le 24 août à deux années de détention. Des journalistes accusés par le *régime de semer la discorde, de menacer l'intérêt national ou d'être à la solde de "parties étrangères"…
Pressions et chantages
Ce qui n'empêche pas les rédactions de se battre. C'est ainsi que le quotidien algérien El Watan, à la une de son édition de lundi, titrait "Les détails d'une fortune à l'ombre du général". Le journal francophone – un des plus réputés de la presse algérienne – y détaille par le menu les investissements des enfants du *général Ahmed Gaïd Salah, ancien chef d'état-major décédé le 23 *décembre 2019, dont deux font l'objet d'une enquête judiciaire et sont frappés d'une interdiction de sortie du territoire. Le coup de bâton ne s'est pas fait attendre : au motif qu'il aurait porté atteinte à l'image de l'armée, le journal est depuis privé de publicité publique, alors que l'État reste le plus gros annonceur en Algérie.
"C'est comme à l'époque de Saïd et Abdelaziz Bouteflika, dénonce Tayeb Belghiche, le directeur d'El Watan. Ce sont des pressions et des chantages intolérables." D'où ce commentaire de Christophe Deloire, secrétaire général de RSF : "Le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, avait fait beaucoup de promesses, notamment celle d'un pays plus démocratique et plus ouvert, il y avait tout pour que les choses s'améliorent. Or elles sont pires aujourd'hui que sous la présidence précédente. Le pouvoir profite de l'épidémie de coronavirus pour violer la liberté de la presse et éteindre toute revendication populaire."
Par Camille Neveux
JDD
07-09-2020
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