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Une nouvelle mission pour Belkhadem ?

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  • Une nouvelle mission pour Belkhadem ?

    «Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, ce matin (hier mardi, Ndlr), l'ancien chef de gouvernement M. Abdelaziz Belkhadem qui avait occupé également le poste de ministre des Affaires étrangères», indique un communiqué de la présidence de la République.

    Cette rencontre du chef de l’État avec des personnalités nationales n’est pas la première du genre. En effet, Abdelmadjid Tebboune a déjà eu à recevoir au palais d’El Mouradia Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement sous Bouteflika, l’ancien président de la République Liamine Zeroual, Abdelaziz Rahabi, I’ancien ministre de la Communication, et Soufiane Djilali, chef du parti Jil Jadid, en janvier dernier, c’est-à-dire un mois après l’investiture de Tebboune à la magistrature suprême.

    La rencontre de cette personnalité de l’opposition a été décriée par ses paires de la mouvance démocratique, d’autant qu’il avait déclaré juste après que : «Les intentions semblent aller dans le bon sens.» Position à l’endroit du président élu qu’il réitéra à plusieurs reprises. Si rien ne filtre de ces rencontres, par contre l’on affirme du côté de la présidence qu’elles s’inscrivent dans le cadre normal des consultations du président de la République avec les personnalités nationales. Quoi de plus normal pour le premier responsable du pays que d’échanger et de jauger du climat politique ambiant. Sans doute l’immersion de ces personnalités, éloignées des affaires publiques, leur permet d’observer avec du recul, tant la vie sociale que les tendances politiques en mouvement aidées en cela par leur expérience.

    Abdelaziz Belkhadem, quant à lui, n’est pas né de la dernière pluie, témoin pour cela son parcours aussi tumultueux que controversé. Mais il peut se prévaloir d’un préjugé favorable auprès du locataire du palais d’El Mouradia, lequel, il faut le rappeler, l’avait convié à son investiture au lendemain de sa victoire à l’élection présidentielle. Belkhadem n’avait pas manqué de déclarer qu’il faut aider Abdelmadjid Tebboune dans ses nouvelles fonctions. Vieux routier des arcanes des pouvoirs successifs, il a entamé sa carrière du temps de feu Houari Boumediène en qualité de directeur adjoint des affaires internationales attaché auprès de la présidence. Ce mardi, il a été reçu en tant qu’ancien chef de gouvernement et ex-secrétaire général du parti FLN.

    Ce natif d’Aflou (région de Laghouat), âgé de 75 ans, n’a pas chômé durant toute sa carrière puisqu’il fut longtemps député puis président de l’Assemblée populaire nationale (APN), aussi bien au temps du parti unique qu’après l’avènement du multipartisme.

    Au FLN, il occupera le poste de secrétaire général dès 2005 lors du congrès après qu’il eut mené un «mouvement de redresseurs» en 2003-2004. Et malgré ses accointances avec les islamistes qui avaient le vent en poupe, au demeurant dénoncées avec force par les partis démocrates, il sera propulsé aux avant-postes des responsabilités d’État grâce à son soutien zélé à Abdelaziz Bouteflika. Il sera ainsi plusieurs fois ministres, notamment celui des Affaires étrangères (2000-2005), ministre d’État, représentant personnel du président de la République et, surtout, Premier ministre. Durant toute cette période et la suivante, il sera sous les feux de la rampe, ce qui le poussera à nourrir les rêves les plus fous jusqu’à ce qu’il commence à goûter au goût amer de son éviction du FLN où il est contesté en février 2013 après avoir réussi le tour de force de reprendre la direction des affaires du parti.

    Sous Bouteflika, en 2000, il crée un «front du refus» contre la venue du chanteur sioniste Enrico Macias. Malgré des voix discordantes, il remportera ce challenge. Son étoile aura brillé longtemps et le 23 juin 2008, il redevient ministre d'État, représentant personnel du président de la République. Le 26 août 2014, Bouteflika met fin par décret aux fonctions de Belkhadem en qualité de ministre d'État, conseiller spécial à la présidence de la République ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'État. Il est également exclu du FLN. Ce coup du sort sera sans nul doute, un épisode dramatique dans son parcours politique. C’est qu’il a eu la folle idée de prétendre au fauteuil présidentiel et il l’a fait savoir – indirectement dans une déclaration publique. Fou de rage, le clan Bouteflika sort les grands moyens et le cloue au pilori, tout comme avant lui Ali Benflis qui ne parviendra jamais à gagner son pari d’être président, la confirmation de ce rêve brisé lui sera donnée, une fois de plus, lors de la présidentielle de décembre 2019. Abdelaziz Belkhadem traînerait des casseroles lors de son passage en tant que chef de gouvernement, selon ses adversaires. Mais pour l’heure, il est l’une des rares têtes couronnées de l’ancien régime à échapper aux fourches caudines de la justice.

    Éjecté du circuit politique, depuis maintenant six années, l’ancien chef de gouvernement croit toujours en sa bonne étoile à la faveur de sa rencontre avec le président de la République. À quelle place pourrait-il prétendre dans l’échiquier politique post-référendum de la nouvelle Constitution ? Ce cacique du FLN va-t-il se poser comme victime du régime Bouteflika, lui qui a servi sans discontinuer tous les régimes ? À frayer avec les anciennes figures du système quand bien même pour «consultations», Abdelmadjid Tebboune ne court-il pas le risque d’hypothéquer les chances de son projet d’une «Nouvelle Algérie», au moment où les impatiences commencent à s’exprimer ? Il reste que les animateurs du vieux parti FLN se frottent les mains, Abdelaziz Belkhadem reste un des leurs et sa suspension du parti n’est qu’un incident de parcours. Malgré son opposition à la dissolution des Assemblées élues (APN, APC, APW), son actuel patron sait pertinemment que cela est inéluctable.

    Le président Abdelmadjid Tebboune l’a clairement signifié. Il s’agit de se préparer aux nouvelles échéances : les législatives puis les communales. Les dés sont jetés !

    Le soir d algerie
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