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Le paiement mobile en Algérie : l’histoire secrète d’un sabotage qui explique aujourd’hui la crise des liquidités

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  • Le paiement mobile en Algérie : l’histoire secrète d’un sabotage qui explique aujourd’hui la crise des liquidités

    Derrière cette crise de liquidités qui martyrisent tous les Algériens depuis plusieurs jours avec des scènes humiliantes de bousculades devant les bureaux de Poste, nous retrouvons un véritable scandale qui a saboté le développement numérique de l’Algérie. En effet, fin 2015, l’opérateur de téléphonie mobile Mobilis a dépensé plus de 3 millions de dollars pour acquérir une solution monétique auprès de l’opérateur portugais SIBS, a découvert Algérie au cours de ses investigations.

    Cette solution permettait de gérer le fonctionnement du paiement mobile, m-paiement, qui permet aux abonnés d’un opérateur de téléphonie mobile faire des achats ou réaliser des transactions bancaires via leurs smartphones. Un domaine où l’Algérie accuse un énorme retard par rapport aux autres pays africains. Cette solution du portugais SIBS a été d’ores et déjà expérimentée par la banque publique algérienne la BNA. Celle-ci a testé avec succès cette solution monétique. Mobilis et la BNA ont envisagé ainsi de fusionner leurs efforts pour proposer aux abonnés algériens une forme de paiement qui peut être réalisé depuis n’importe quel endroit à partir du moment où l’on dispose du matériel et de l’application nécessaires, et bien sûr d’un accès à Internet.

    Depuis 2016, la BNA et l’opérateur Mobilis ont demandé l’autorisation de la Banque centrale, à savoir la Banque d’Algérie, pour pouvoir commercialiser ce service. Malheureusement, des pressions politiques ont été exercées sur la Banque d’Algérie pour retarder et, finalement, saboter ce projet.


    Des pressions qui ont résulté de l’incroyable lobbying exercé par un certain… Noah Kouninef, l’un des frères Kouninef, la fratrie qui avait instrumentalisé sa proximité avec Saïd Bouteflika pour rafler de nombreux marchés onéreux.

    Justement, Noah Kouninef voyait d’un très mauvais oeil ce projet de Mobilis et de la BNA parce qu’il menaçait tout bonnement son business avec sa société Monetix, activant dans le domaine des technologies bancaires. Avec sa société, Noah Kouninef voulait imposer sa mainmise sur le paiement électronique. Et le m-paiement était, à ses yeux, un dangereux concurrent qui pourrait l’empêcher d’empocher des milliards de deniers des Algériens. D’ailleurs, dés l’arrivée de Houda Feraoun à la tête du secteur des Télécoms, le m-paiement est définitivement écarté au profit.. du paiement électronique. Pas étonnant de la part de cette ministre qui a été parrainée par les Kouninef pour entrer au gouvernement.

    L’opérateur Mobilis a dépensé donc plus de 3 millions de dollars pour acquérir une solution monétique auprès de l’opérateur portugais SIBS qui devait lui permettre de lancer officiellement le paiement mobile (m-paiement) en Algérie. Mais ce projet avait été finalement abandonné parce que le ministère dirigé à l’époque par Houda Feraoun voulait offrir la primauté au paiement électronique proposé par la société Monetix des frères Kouninef.

    Nous avons obtenu, au cours de nos investigations, des documents exclusifs qui dévoilent et racontent les dessous de cet important projet ambitieux de Mobilis, un projet avorté dans des conditions troublantes comme nous l’avons expliqué dans nos précédentes investigations. Ces documents retracent le contenu d’un procès verbal de la réunion du conseil d’administration de Mobilis qui s’était tenu le 18/02/2013 pour étudier et valider officiellement le lancement du paiement mobile en Algérie. Comme le montrent nos documents, tous les administrateurs de Mobilis étaient présents à cette importante et stratégique réunion.

    Par ailleurs, ces documents indiquent clairement que Mobilis avait déployé toute une stratégie commerciale et de marketing autour de la solution du m-paiement acquise auprès des portugais de SIBS pour la modique somme de 3 millions de dollars. Les documents en notre possession expliquent avec beaucoup de précision les dessous du plan échafaudé depuis 2013 par Mobilis et son partenaire Mobilis. Ce projet pouvait permettre à l’opérateur public d’engranger de nouveaux revenus et de contribuer de façon concrète au développement numérique du pays.

    L’abandon du paiement mobile a permis aux puissants et richissimes frères Kouninef, qui croupissent à la prison d’El-Harrach depuis le 24 avril 2019, d’obtenir d’incroyables privilèges avec Algérie Poste, a-t-on appris au cours de nos investigations.

    Grâce au lobbying exercé par ces frères auprès de leur alliée » Houda Feraoun, l’ex-ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, ces milliardaires choyés longtemps par Saïd Bouteflika et le système durant ces longues années ont contraint en 2018 Algérie Poste à abandonner l’utilisation de pas moins de 1100 distributeurs automatiques de billets (DAB) pour privilégier l’achat de leur solution de paiement électronique qu’ils commercialisaient avec leur société Monetix.

    Monetix avait introduit en Algérie une solution qui permettait de lancer le paiement électronique. Cette solution a été conçue par le russe BPC. Parrainée par Houda Feraoun, Algérie Poste a dépensé pas moins de 70 milliards de centimes pour se doter de cette plateforme qui devait permettre aux clients d’Algérie Poste de procéder à des paiements en ligne.

    Or, pour les beaux yeux des Kouninef, Algérie Poste a abandonné presque définitivement l’installation des distributeurs automatiques des billets (DAB). Ces 1100 DAB gisent dans les entrepôts d’Algérie Poste à Birtouta, dans la banlieue d’Alger. Les dirigeants d’Algérie Poste ont préféré miser d’abord et avant-tout sur la plateforme commercialisée par Monetix des Kouninef.

    Malheureusement, chaque DAB a coûté environ 150 millions de centimes à Algérie Poste. Calculez donc les immenses pertes subies par Algérie Poste puisque ces DAB n’ont jamais été utilisés ou rentabilisés dans le seul but d’accorder des avantages onéreux et financiers aux célèbres Kouninef.
    Ce “monopole” qui ne disait pas son nom et exercé par les frères Kouninef a finalement causé énormément de tort à l’Algérie puisque le paiement en ligne n’a pas été lancé à cause des déficiences du projet de Monetix.

    Face au retard du lancement du paiement en ligne, l’ex-ministre Houda Feroaoun s’est lancée dans une opération de propagande dont le seul objectif est de “politiser” les problèmes entourant le paiement électronique afin de justifier le blocage de son lancement en Algérie.

    “Nous n’avons pas besoin d’un opérateur étranger et si le paiement électronique requiert d’attendre 10 ans, nous le ferons”. Ce n’est pas Djamel Ould-Abbès, l’ex-patron du FLN, qui a prononcé cette phrase. Ce n’est pas non plus un autre haut farfelu personnage politique habitué à “bombarder” les Algériens avec ses “théories du complot”. Non, il s’agit là de la plus jeune Ministre du gouvernement algérien en février 2018, à savoir Houda Imane Feraoun, qui était à l’époque ministre des TIC et de la Poste.

    algeriepartplus.
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