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Contes Persans et Soufi.

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  • Contes Persans et Soufi.

    Contes Persans et Soufi.

    Le soufisme est un courant sunnite de pensée spiritualiste, ésotérique et mystique qui apparut dans l'Islam à partir du 8ème siècle et qui se propagea dans tout le monde musulman en s'adaptant aux différentes cultures des peuples qui le composent. En contraste avec la fréquente rigidité de la pratique formaliste de l'islam, il se révèle être une philosophie et même une voie initiatique, d'amour, et de tolérance, mais l'Islam a toujours été le théâtre de profondes et meurtrières dissensions. L'originalité du Soufisme a parfois engendré une hostilité déclarée de la part des hiérarchies dominantes allant même jusqu'à la persécution sanglante. De nombreux maîtres soufi sont morts artyrisés. Citons notamment Hussein Ibn Mansour al Hallâj, soufi de Bagdad, crucifié en 922. Certaines écoles se sont alors réfugiées dans le secret, en transmettant leurs enseignements oralement et discrètement en usant de fables et de contes souvent pittoresques et savoureux, truffés d'anecdotes à la fois amusantes et symboliques à différents niveaux, évitant ainsi les obstacles et dangers des dogmatismes. Ce sont quelques réécritures de ces contes soufis qui seront présentées ici.


    Histoires de trésors et autres

    La flèche et le trésor .
    Une nuit, un homme pauvre rêva que le secret d'un trésor caché était écrit sur un parchemin vendu dans une boutique de la ville. A son réveil, il s'y précipita et il constata qu'en effet un parchemin y était en vente. Il l'acheta aussitôt et commença à le déchiffrer. Il apprit alors que pour découvrir le trésor, il devait se rendre en un certain endroit devant un certain bâtiment, puis se tourner vers l'est et mettre une flèche sur son arc. Il trouverait le trésor à l'endroit où tomberait la flèche. Il s'y rendit donc, se tourna vers l'est, banda son arc et tira une flèche. Il creusa à l'endroit où elle était tombée, mais ne trouva aucun trésor. Il recommença chaque jour suivant, tirant bien des flèches et creusant des trous partout san succès. La rumeur de ces efforts parvint jusqu'au roi qui exigea qu'on lui remit le parchemin afin de découvrir ce trésor
    pour lui même. De nombreux archers furent envoyés qui tirèrent des milliers de flèches dans toutes directions et creusèrent d'innombrables trous sans aucun résultat. Dépité, le roi rendit à l'homme son parchemin en disant que si un tel trésor existait, il serait désormais le sien puisque lui même n'avait pu le découvrir. Le pauvre homme retrouva quelque espoir, et la nuit suivante, il rêva d'un mystérieux personnage qui lui reprocha d'avoir été présomptueux et ne ne pas avoir suivi les instructions du parchemin dont le message disait simplement de placer une flèche sur l'arc en se tournant vers
    l'est. Il ne disait pas de tendre l'arc et de tirer la flèche. C'est donc par vanité et pour marque sa volonté que l'homme avait trouvé logique de bander l'arc et de tirer la flèche, alors qu'il suffisait de la laisser tomber à ses pieds. Place la flèche
    sur l'arc et laisse la tomber. Où tombera la flèche, creuse la terre, là sera le trésor. Ainsi chacun juge de tout en fonction de la place où il se trouve, mais pourtant la vraie connaissance est plus proche de l'homme que la veine jugulaire de son cou.

  • #2
    Le paysan et le trésor.

    Dans la ville d’Ispahan, vivait autrefois un paysan miséreux. Il n’avait qu’une pauvre maison basse couleur de terre, un champ de cailloux avec une source et un figuier. Il reposait sous son figuier quand un rêve lui vînt. Il cheminait dans une
    cité magnifique aux riches boutiques. Au loin, on voyait des minarets et des palais couleur d’or. Parvenu au bord d’un fleuve, il s’avança sur le pont et, au pied de la première borne, il y avait un grand coffre empli d’or et de pierres
    précieuses. Une voix lui dit : Tu es ici dans la cité du Caire, en Egypte, et ces biens seront à toi. Cela entendu, il s’éveilla sous son figuier. Il pensa qu’Allah l’aimait et voulait l’enrichir. « En vérité, se dit-il, ce rêve est le fruit de sa grande bonté
    ». Il s’en alla sur l’heure pour chercher le trésor. Le voyage fut périlleux, mais il parvint enfin au Caire, la ville qu'il avait rêvée, les mêmes rues, les mêmes boutiques, et les mêmes minarets, au loin. Il parvint au bord du même fleuve et du même
    pont, et à son entrée, la même borne. Mais il n'y avait là qu’un mendiant qui tendait la main. Pas de trésor, hélas. Le paysan désespéra. « Á quoi bon vivre, dit-il. Plus rien de bon ne peut m’advenir dans ce monde ». Il voulut se jeter dans le
    fleuve. Le mendiant le retint, disant : - Pourquoi mourir, par un si beau temps ? - L’autre raconta son rêve, son espoir, et son long voyage. Alors le mendiant se prit à rire en disant - Voilà le plus grand idiot de la terre. Quelle folie qu'un tel voyage sur la foi d’un rêve ! Auprès de toi, je me sens fort sage. Toutes les nuits je rêve que je suis dans une ville inconnue dont le nom est Ispahan. J'y vois une pauvre maison basse couleur de terre, un champ de cailloux avec une source et un figuier. Je creuse un trou au pied du figuier, et je trouve un coffre empli d’or et de pierres précieuses. Ai-je jamais couru
    vers ce mirage ? Non, Je suis raisonnable, et je reste à mendier sur ce pont. "Songe est mensonge", dit le proverbe. - Tu aurais dû demeurer où Dieu t’a mis. Va, et sois moins naïf à l'avenir ! Le paysan avait reconnu sa maison et son figuier. Il
    retourna à Ispahan, et creusant au pied du figuier, il découvrit un immense trésor. Face contre terre il dit : « Allah est grand, et je suis son enfant ».

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    • #3
      L'invité repu.


      Un homme vint voir Bahaudin Naqshband et lui dit : "J'ai voyagé, je suis allé de maître en maître, j'ai étudié de nombreuses voies. J'en ai reçu de grands bienfaits et retiré maints avantages. Je voudrais maintenant me joindre au cercle
      de vos disciples, que je puisse m'abreuver à la source de la connaissance, et progresser de degré en degré sur la voie spirituelle, (la tariqa)." Bahaudin ne répondit rien, mais demanda que l'on servit le dîner. Lorsqu'on eut apporté le riz et
      le ragoût, et que son hôte s'en fut restauré, le maître insista pour qu'il en reprît. Et il en fut ainsi à plusieurs reprises. Puis il lui fit offrir des fruits et des gâteaux, et fit signe qu'on apporte d'autres mets, des légumes, des salades, et des confitures,
      tout cela en abondance. L'invité se sentit d'abord flatté, et, voyant que Bahaudin semblait toujours plus ravi lorsqu'il avalait, il mangea autant qu'il pouvait. Quant son appétit paraissait faiblir, le sheikh soufi se montrait fort contrarié. Pour
      ne pas le mécontenter, le malheureux ingurgita presque un deuxième repas. Quand son invité fut dans un état tel qu'il dût s'allonger sur des coussins, Bahaudin dit enfin: "Quand tu t'es présenté devant moi, tu étais aussi plein d'enseignements
      non digérés que tu l'es maintenant de viande, de riz, de fruits... Tu te sentais mal à l'aise. Parce que tu ne sais pas ce qu'est le vrai malaise spirituel, tu as pris cette sensation pour celle de la faim, la faim de connaissances nouvelles. En réalité, ce
      dont tu souffrais, c'était d'indigestion. Je peux t'instruire si tu es prêt maintenant à suivre mes directives, prêt à rester ici avec moi le temps qu'il faudra pour digérer - au moyen d'activités qui ne te sembleront pas initiatiques mais qui sont
      l'équivalent de la substance qu'on absorbe pour pouvoir digérer un repas comme celui-là afin qu'il soit transformé en éléments nutritifs plutôt qu'en graisse. Le visiteur accepta cette proposition. Il raconta son histoire des dizaines d'années
      plus tard alors qu'il était devenu le grand maître Sufi Khalil Ashrafzada.

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      • #4
        Le maître soufi.


        Un jeune soufi voyageait avec son maître aux confins du désert. Ils connaissaient mal le pays qui était fort rocailleux, et perdirent bientôt leur chemin. Après quelques jours d'errance, ils vinrent à manquer de nourriture et d'eau . Ils se
        préparaient à mourir quand ils aperçurent au bas de la montagne une ville lointaine au bord d'un grand lac. La maître dit alors : " Je suis épuisé et ne pourrai aller plus loin. Tu es jeune et tu peux encore sauver ta vie en marchant un peu. Va
        vers la ville et rapporte moi de l'eau. Je vais m'allonger à l'ombre de ce rocher et je t'attendrai". Le jeune soufi gagna donc la ville et se désaltéra auprès du puits où des femmes puisaient de l'eau. Il remarqua une jeune fille particulièrement
        belle dont il tomba amoureux sur le champs. Il la suivit jusqu'à la maison de son père, un commerçant dont il se fit rapidement connaître Le personnage était vieux et veuf et il avait besoin d'aide pour son commerce. Il demanda au jeune
        soufi de demeurer chez lui et de devenir son commis. Les jours, les mois et les années passèrent. Le jeune soufi épousa la fille, et, lorsque le vieux père mourut, il fit prospérer le commerce. Le soufi eut plusieurs enfants et devint bientôt riche et
        fort influent dans la cité. Il arriva qu'un jour, passant devant le puits de sa rencontre, il vint à penser au vieux maître qu'il avait laissé dans la montagne au bord du désert. Pris de remords il décida d'aller chercher ses restes pour leur donner une
        sépulture. Il revint donc vers le rocher ou il l'avait quitté. Le vieux maître était toujours allongé dans l'ombre protectrice du rocher, et, relevant la tête il lui dit simplement . " M'as tu apporté cette eau que je t'ai demandée ?".

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        • #5
          Le rêve du derviche.


          Une nuit, dans sa pauvre cellule, un derviche fit un rêve étrange. Il vit une chienne qui était pleine et entendit les aboiements des chiots qui étaient en son ventre. Cela lui parut vraiment très étrange. Comment ces chiots pourraient-ils
          aboyer avant même d’être nés ? se demandait-t-il. Personne au monde n’a jamais entendu telle chose ! Á son réveil, son étonnement augmenta encore. Comme il était seul dans sa cellule, nul ami ne pouvait l’aider à percer ce mystère. Il
          s’adressa donc à Dieu avec cette prière : « Ô Seigneur ! Je suis frappé de stupeur par cette énigme ! Je voudrai comprendre sa signification » Et du monde de l’inconnu lui parvint mystérieusement cette réponse : « Ce rêve est
          simplement la représentation de la vanité du discours des ignorants. Ils peuvent parler de tout alors qu’ils sont encore dans les voiles d'ignorance qui les entourent. Leurs yeux sont restés fermés et ils bavardent cependant inutilement de ce
          qu'ils ne connaissent pas. Leurs paroles sont aussi vaines que les aboiements d’un chiot dans le ventre de sa mère. Il aboie mais il ne sait ni ce qu'est le gibier ni ce qu'est de monter la garde, et il n’a jamais vu ni le loup ni le voleur. Le désir de se
          mettre au premier plan et de paraître important aveugle les ignorants et leurs paroles sont inconséquentes et parfois téméraires. Ils décrivent la lune sans même l’avoir vue et vendent de l’air à leurs clients. Cherche des relations qui te
          cherchent vraiment, et ne te préoccupe point des beaux parleurs. Car il est mauvais d’être amoureux de deux bien-aimés ! »

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          • #6
            Les oiseaux blancs et les oiseaux noirs.


            Les hommes, les uns par rapport aux autres, sont comme des murs situés face à face. Chaque mur est percé de trous, où nichent des oiseaux blancs et des oiseaux noirs. Les noirs sont les mauvaises pensées et les mauvaises paroles. Les blancs,
            les bonnes pensées et les bonnes paroles. Les oiseaux blancs ne peuvent entrer que dans des trous d'oiseaux blancs. De même, les oiseaux noirs ne peuvent nicher que dans des trous d'oiseaux noirs. Imaginons Ali et Youssouf qui se croient
            ennemis l'un de l'autre. Youssouf, persuadé qu'Ali lui veut du mal, est empli de colère et lui envoie une très mauvaise pensée. Ce faisant, il lâche un oiseau noir qui libère donc un trou correspondant. Son oiseau noir va vers Ali, cherchant un
            trou vide adapté à sa forme. Si Ali n'a émis aucune mauvaise pensée et n'a pas envoyé d'oiseau noir vers Youssouf, aucun de ses trous noirs ne sera vide et l'oiseau noir de Youssouf reviendra à son trou d'origine, avec le mal dont il était chargé,
            lequel finira par ronger Youssouf lui-même. Mais si Ali a émis aussi une mauvaise pensée, il a libéré un trou où l'oiseau noir de Youssouf pourra entrer pour accomplir sa mission. En même temps, l'oiseau noir d'Ali ira vers Youssouf, se
            logeant dans le trou libéré par son propre oiseau noir. Ainsi les deux oiseaux pourront altérer chacun des hommes visés.
            Leur tâche accomplie, ils reviendront tous deux à leurs nids d'origine, car il est dit : "Toute chose retourne à sa source." Le mal dont ils étaient chargés n'étant pas épuisé, se retournera contre leurs auteurs, achevant de les détruire. Ainsi, l'auteur
            d'une mauvaise pensée, ou d'une malédiction, est atteint tout à la fois par l'oiseau noir de son ennemi et par les sien propre. La même chose se produit avec les oiseaux blancs. Quand nous n'émettons que des bonnes pensées, les oiseaux
            noirs ennemis, ne pouvant se loger chez nous, retourneront à leur expéditeur. Et si nos oiseaux blancs ne trouvent pas de place chez lui, ils reviendront à nous chargés de la bonté dont ils étaient porteurs. Ainsi, si nous n'émettons que de bonnes
            pensées, aucun mal, aucune malédiction ne pourront jamais nous atteindre.

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            • #7
              Le marchand et le perroquet.

              Un marchand possédait un perroquet qui conversait avec ses maîtres si adroitement qu'on le traitait comme un membre de la famille. Ce marchand décida d’aller en Inde pour des achats, et demanda aux siens ce qu’ils voulaient qu’il leur
              rapportât. Le perroquet répondit : « Je n’ai besoin de rien, mais si tu passes près de la forêt où vivent les miens, informe les de l’état où je me trouve ». Et voilà qu'au cours de son voyage, le marchand arriva justement à cette forêt dont parlait
              son perroquet. Se souvenant du message à transmettre, il s’adressa à des perroquets perchés sur les arbres en disant : « J’ai chez moi dans une belle cage dorée un perroquet de votre famille qui m’a chargé de vous saluer ». Alors, un
              perroquet pareil au sien poussa un cri, trembla et tomba mort du haut de l’arbre. Le marchand attristé, pensa que le perroquet était mort de chagrin en apprenant la captivité de son parent. Il retourna chez lui un peu désolé et il distribua
              les cadeaux de l’Inde. Le perroquet lui dit : As-tu transmis mon message ? ». « Oui, répondit le marchand, mais j’ai bien regretté de l’avoir fait ». « Pourquoi donc ? », interrogea le perroquet. Le marchand raconta ce qui s’était passé. L’oiseau
              écouta attentivement, puis se mit à trembler, et tomba mort au fond de sa cage. Le marchand désolé jeta le corps du perroquet dans le jardin. Mais aussitôt, le perroquet s'envola et se posa sur le mur. Stupéfait, le marchand lui dit : « Cher
              perroquet, pourquoi cette mort et cette comédie ? Reviens donc dans ta jolie cage ! ». Et le marchand supplia le perroquet de lui expliquer tout le secret de cette affaire. Le perroquet lui dit : « C’est vrai qu'il y a un sens caché dans cela. J’ai
              envoyé par toi un message disant que j’étais prisonnier et triste, et demandant qu’on m’aide à me sauver. En réalité le perroquet de la forêt n'était pas mort. Il voulait me transmettre une vérité très sage. Tant que l’on se trouve prisonnier
              dans la prison d'un monde étranger, il faut mourir à soi-même avant la mort fatale. J'ai donc fait ce qu’il m’a enseigné.
              Maintenant je suis libre pour vivre dans le monde auquel j'appartiens ». (Mathnawi Jalâl-ud-Din Rumî).

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              • #8
                Conte soufi.


                Il était une fois, un vieil homme assis à l’entrée d’une ville du Moyen Orient. Un jeune homme s’approcha et lui demanda - « Je ne suis jamais venu ici, comment sont les gens qui vivent dans une ville ? » Le vieil homme lui répondit par une
                question : - « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ». « Egoïstes et méchants... C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais bien content de partir » dit le jeune homme. Et le vieillard de répondre : « Tu trouveras les mêmes
                gens ici ». Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et lui posa exactement la même question. « Je viens d’arriver dans la région, comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? ». « Dis-moi, mon garçon, comment étaient les
                gens dans la ville d’où tu viens ? ». « Ils étaient bons et accueillants, honnêtes, j’y avais de bons amis, j’ai eu beaucoup de mal à la quitter », répondit le jeune homme. « Tu trouveras les mêmes ici » répondit le vieil homme. Un marchand qui
                faisait boire ses chameaux à côté avait entendu les deux conversations. Dès que le deuxième jeune homme s’éloigna, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche : « Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la
                même question posée par deux personnes ? ». « Mon fils, dit le vieil homme, celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. Chacun porte son univers dans son cœur ».

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                • #9
                  L'invisible.


                  Un soufi voyageait avec son maître en des temps troublés où périrent tant de grands soufis comme Ibn Mansour al Halladj, A'd od-Din Mahmoud Chabestari, Abdeslam Ben Mchich Alami, Baba ould Cheikhna Ahamada Hamahoullah et Cheikh Sid Mohamed ould Cheikhna. Á cette époque les soufis étaient souvent poursuivis par les religieux orthodoxes qui les persécutaient et envoyaient des soldats pour les massacrer. Pour se reconnaître entre eux et écarter le danger, les soufis portaient des signes particuliers sur leur vêture. Au cours de leur dangereux voyage, les deux soufis rencontrèrent un jour
                  un petit groupe d'autres soufis qui semblaient fort effrayés. « Joignez-vous vite à nous, dirent-ils, des soldats arrivent pour nous tuer et vous serez en grand danger si vous restez là ! ». Le maître soufi n'était pas très ému, à l'inverse de son
                  compagnon fort inquiet. « Ne crains rien, dit-il, je vais nous rendre invisibles. ». Et il ordonna à son compagnon, d'ôter tous les signes distinctifs des soufis et de les enfouir dans le sable. Puis ils installèrent un petit bivouac. Les soldats en
                  armes arrivèrent bientôt en suivant les traces des fuyards. Ils jetèrent à peine un coup d'oeil aux deux compagnons et poursuivirent leur chemin. « Ne t'avais-je pas dit que nous serions invisibles, dit le maître, les hommes ne voient que
                  l'extérieur des choses. L'intérieur est à Dieu. ».

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                  • #10
                    L'homme et la cithare.


                    C’était un homme droit et sincère qui cherchait le chemin du bonheur et de la vérité. Il alla un jour trouver un vénérable
                    maître soufi dont on lui avait assuré qu’il pourrait les lui indiquer. Celui-ci l’accueillit aimablement devant sa tente et,
                    après lui avoir servi le thé à la menthe, lui révéla l’itinéraire tant attendu : « C’est loin d’ici, certes, mais tu ne peux te
                    tromper, au cœur du village que je t’ai décrit, tu trouveras trois échoppes. Là te sera révélé le secret du bonheur et de la
                    vérité. » La route fut longue. Le chercheur d’absolu passa maints cols et rivières. Jusqu’à ce qu’il arrive en vue du village
                    dont son cœur lui dit très fort : « C’est là le lieu ! Oui, c’est là ! ». Hélas ! Dans chacune des trois boutiques il ne trouva
                    comme marchandises que rouleaux de fils de fer dans l’une, morceaux de bois dans l’autre et pièces éparses de métal dans
                    le troisième. Fatigué et découragé, il sortit du village pour trouver quelque repos dans une clairière voisine. La nuit venait
                    de tomber. La lune remplissait la clairière d’une douce lumière,lorsque tout à coup se fit entendre une mélodie sublime. De
                    quel instrument provenait-elle donc ? Il se dressa tout net et avança en direction du musicien, et, stupéfait, il découvrit que
                    l’instrument céleste était une cithare faite des morceaux de bois, des pièces de métal et des fils d’acier qu’il venait de voir
                    en vente dans les trois échoppes du village. A cet instant, il connut l’éveil. Il comprit que le bonheur est fait de la synthèse
                    de tout ce qui nous est déjà donné, et que notre tâche est d’assembler tous ces éléments dans l’harmonie.

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                    • #11
                      Le Chant de la Perle

                      Le chant de la perle est extrait des "Actes de Thomas"


                      C'est une allégorie qui semble conter l'ascension de l'âme tombée sur terre, décidant un jour de retourner au royaume divin
                      des origines. (Impérissable étincelle de lumière subsistant au coeur de l'homme.) Voyez donc cela par vous-même !
                      Les Actes de Thomas nous sont parvenus sous deux versions. La plus récente est grecque, l'autre, en syriaque, est sûrement
                      l'originale, rédigée dans la première moitié du 3e siècle par un Syrien d'Édesse. Dans l'évangélisation du monde, la tâche de
                      Jude-Thomas Didyme (le Jumeau) fut celle de l'Inde. Le roi de l'Inde, Gondaphor, acheta Thomas comme esclave. Ils
                      s'arrêtèrent en route pour le mariage de la fille du roi, (mariage calamiteux). Thomas y chanta un poème sur l'union de l'âme
                      avec la Sagesse, un hymne qui décrivait le voyage du fils du roi, (le Christ ?) à la recherche de la Perle. Ultérieurement,
                      Thomas prit de l'importance au palais, convertit beaucoup de gens mais dépensa l'argent qu'on lui donnait en généreuses
                      aumônes. Il fut arrêté, mis en prison puis tué à coups de lances. Son corps, qui faisait de nombreux miracles, fut transporté en
                      l'Occident. le Chant de la perle aurait été inséré dans les Actes de Thomas, dans la relation de l'emprisonnement de l'apôtre. Il
                      expose le thème gnostique de la déchéance de l'âme et de son retour dans le monde céleste. - Original en syriaque et version
                      grecque postérieure. - Ms unique : British Library, Londres (add. 14, 645) -

                      Le chant de la Perle.

                      Lorsque j'étais encore enfant et que j'habitais dans le palais du royaume de mon Père et que je trouvais mon bonheur
                      dans la richesse et la magnificence de mon entourage, mes parents me firent quitter l'Orient, notre patrie, avec un bagage
                      et des vivres pour le voyage. Il tirèrent de notre trésor une part de richesses dont ils firent un fardeau assez léger pour que
                      je puisse le porter seul. Ils y avaient mis de l'or de Beth Ellâgé, de l'argent du Gazak, des rubis de l'Inde, des agates de
                      Beth Koushân, et des diamants étincelants. Ils m'ôtèrent alors la robe de gloire qui avait été tissée pour moi, ainsi que mon
                      manteau de pourpre, ajusté à ma taille. Ils convinrent avec moi d'un engagement irrévocable que je devais garder en mon
                      coeur. « Si tu te rends en Égypte, dit mon royal père, et si tu rapportes la Perle unique qui se trouve au milieu de la mer et
                      qui est gardée par un dragon à la brûlante haleine, tu retrouveras ta belle robe de gloire et ton manteau dessus, et, avec
                      ton noble frère notre fils aîné, tu seras l'héritier de notre royaume ». Je quittai donc l'Orient et voyageais vers l'Égypte
                      avec une petite escorte car la route était dangereuse et pénible et j'étais encore bien jeune pour un tel voyage. Je passai
                      Maishan, la cité des marchands d'Orient, j'arrivai au pays de Babel, dans la ville de Sarboug.
                      Arrivé en Égypte, mes compagnons me quittèrent. Je me mis aussitôt en quête du dragon, et l'ayant trouvé, je me tins près
                      de son gîte, attendant qu'il s'endorme pour m'emparer de la Perle. Comme je demeurais seul et discret, pour les autres
                      habitants de mon auberge j'étais comme un étranger. Cependant, je rencontrai là un jeune homme de ma race, bien fait et
                      de bonne mine, qui devint mon ami. J'en fis mon confident et lui fit part de ma mission. Je le mis en garde contre la
                      fréquentation indigne des Égyptiens dévoyés. Cependant, je m'habillai bientôt de leurs vêtements, craignant que l'on me
                      soupçonnât de vouloir m'emparer de la Perle et que l'on excitât le dragon contre moi. Mais ils s'aperçurent bien que
                      j'étais étranger. Ils captèrent ma confiance, et par ruse me firent partager leurs mets impurs. J'oubliai alors que j'étais fils
                      de roi, et j'en vint à servir le leur. J'oubliai même la Perle, pour laquelle j'avais été envoyé. Abêti par leur nourriture, je
                      tombai dans un sommeil profond. Mes parents apprirent ce qu'il m'advenait et s'en affligèrent. Il fut proclamé dans notre
                      royaume que tous devaient venir à notre aide. Et les rois et les grands de Parthie et tous les notables d'Orient résolurent
                      que je ne serais pas abandonné en Égypte. Mes parents écrivirent alors une lettre au nom de tous ces princes.
                      Voilà ce que disait la lettre qui me fut envoyée. « De la part de ton père le Roi des Rois, et de ta mère, la souveraine de
                      l'Orient, et de ton frère, le plus proche de nous par le rang, salut à toi, notre fils en Égypte. Réveille-toi présentement de
                      ton sommeil et mets-toi debout, sois attentif et perçois bien tous les mots de notre lettre. Souviens-toi maintenant que tu es
                      un fils de roi et vois dans quel esclavage tu es tombé. Pense à ta mission et à la la Perle, pour laquelle tu as été envoyé en
                      Égypte. Souviens-toi de ta robe de gloire, souviens-toi de ton manteau éclatant, afin que tu puisses de nouveau les revêtir
                      et t'en parer, afin que ton nom soit écrit dans le livre des héros, et que tu deviennes, avec ton frère, notre représentant, les
                      nobles héritiers de notre royaume ». Ainsi était la lettre que le Roi avait scellée de sa main droite contre les méchants, les
                      enfants de Babel et les démons rebelles de Sarboug. Et cette lettre s'éleva merveilleusement sous la forme de l'aigle, roi des
                      oiseaux, et prit son vol pour venir se poser près de moi, et m'appela tout comme un messager humain. Au bruit de sa voix,
                      je m'éveillai et je sortis de mon sommeil, je la ramassai, je l'embrassai, j'en brisai le sceau et je la lus.
                      Je retrouvai dans les mots de la lettre tout ce qui était écrit dans mon coeur. Je me me ressouvins que j'étais fils de roi, et
                      que mon âme, née libre, soupirait pour sa propre nature. Je me rappelai de la Perle pour laquelle on m'avait envoyé en
                      Égypte, et j'allai enfin enchanter le terrible dragon à la brûlante haleine. Je le charmai et l'endormis en prononçant sur lui
                      le nom de mon père le roi, le nom de mon frère, le plus proche de lui par le rang, le nom de ma mère, la reine de l'Orient.
                      Je m'emparai alors de la Perle, et m'employai à regagner la maison de mon Père. J'ôtai mes vêtements indignes et pris la
                      route vers la lumière de l'Orient. La lettre qui m'avais éveillé me montrait le chemin. De même qu'elle m'avait éveillé par
                      sa voix, de même elle me guidait par sa lumière qui brillait devant moi, elle me donnait courage, et m'entraînait par son
                      amour. Laissant de coté Babel, j'arrivai au grand Maishan, le port des marchands, au bord de la mer. Mes parents
                      envoyèrent à ma rencontre leurs trésoriers chargés de la robe de gloire dont j'avais été privé, et du manteau éclatant dont
                      elle était enveloppée. J'en avais oublié la splendeur, car je l'avais laissée, enfant, dans la maison de mon Père.
                      Soudain, placée devant moi, elle m'apparut comme mon image dans un miroir. Je la voyais toute entière en moi, et je me
                      voyais tout entier en elle. Nous étions distinctement deux, et pourtant, un seul dans une forme unique. Et l'image du Roi
                      des Rois y était visible partout. Je voyais vibrer sur elle tous les évolutions de la Sagesse. Je perçus ce que signifiait la robe:
                      « Je suis Cela même qui a agi dans les actes de celui qui est né dans la maison du Père, et j'ai perçu moi-même combien
                      j'avais grandi en proportion de ses travaux ». Dans son mouvement, elle coulait toute entière vers moi, et me poussait à la
                      prendre des mains de ses porteurs ; et mon amour me pressait aussi de la recevoir. Je la saisit enfin et me parais de la
                      beauté de ses couleurs et je m'enveloppai tout entier de mon manteau royal. Ainsi vêtu, je montai jusqu'à la porte du
                      Palais. Je courbai la tête et j'adorai la gloire de mon Père qui me l'avait envoyée, et dont j'avais accompli les ordres, tout
                      comme il avait fait lui même ce qu'il avait promis. Il me reçut dans la joie, et j'étais de retour dans son royaume, et tous
                      ses serviteurs le louaient d'une voix forte de ce qu'il tenu sa promesse puisque je comparaissais devant lui ayant apporté la
                      Perle.

                      Mircea Eliade, dans son ouvrage "Aspects du mythe", nous dit que cet Hymne de la Perle,
                      probablement d'origine iranienne, « a le mérite de présenter sous une forme dramatique
                      quelques uns des motifs gnostiques les plus populaires ». Ce mythe gnostique central
                      s'articule autour du thème du "Sauveur sauvé", de l'amnésie et de l'anamnèse. Immergé
                      dan la vie, le Prince oublieux et captif, retrouve un jour le souvenir de son état royal.
                      (C'est l'homme originel qui a ressouvenance de sa nature divine).

                      Aspects du mythe de Mircea Eliade

                      Commentaire


                      • #12
                        La Conférence des Oiseaux
                        Par le poète persan Farid Al-Attar
                        La Conférence des Oiseaux, (ou Cantique des Oiseeaux), est un très important recueil de poèmes médiévaux en langue
                        persane publié par le poète soufi persan Farid Al-Din Attar en1177. Cette allégorie masnavi d'un cheikh ou maître soufi
                        conduisant ses élèves à l'illumination est constituée d'environ 4 500 distiques.
                        « Chercheur de vérité, ne prends pas cet ouvrage
                        pour le songe éthéré d’un imaginatif.
                        Seul le souci d’amour a conduit ma main »


                        Présentation générale
                        La Conférence des Oiseaux est l'histoire d'une bande de trente mille oiseaux pèlerins partant sous la conduite d'une huppe
                        fasciée à la recherche du Simurgh, leur roi. Les oiseaux doivent traverser sept vallées pour trouver Simurgh. Ce sont les
                        étapes par lesquelles les soufis peuvent atteindre la vraie nature de Dieu. Le texte relate les hésitations, incertitudes des
                        oiseaux. Un à un, ils abandonnent le voyage, chacun offrant une excuse, incapable de supporter le voyage.
                        Constituée d'environ 4 500 distiques, la Conférence des Oiseaux est une allégorie masnavi d'un cheikh ou maître soufi dont
                        l’objet est de conduire ses élèves à l'illumination. Les textes de style masnavi sont des longs poèmes lyriques et narratifs ou
                        didactiques. La disposition des rimes est singulière et diffère des autres styles poétiques utilisés dans la poésie médiévale perse
                        Le nombre de couplets est indéfini et les rimes se suivent par deux, à la fin de chaque hémistiche du même distique. En Perse,
                        ce style masnavi a été utilisé pour les romans ou les légendes. Les distiques sont constitués de deux vers formant un ensemble
                        complet par le sens.
                        Dans la présentation initiale, l’ouvrage comporte originellement deux parties, à savoir, une série de longues invocations
                        traditionnelles à Dieu et à ses prophètes, (que par respect pour l’œuvre je me dois de rapporter). Le thème n’est exposé
                        qu’après ces invocations. Le récit, est fort long. L’interprétation est complexe car de très nombreux insérés dans le texte en
                        accentuent la portée Cent soixante anecdotes, citations, contes, ou aphorismes divers, (parfois très cruels), sont insérés dans
                        les cinquante chapitres qui décrivent en détail les objections que les oiseaux opposent au projet de voyage proposé par la
                        Huppe ainsi que les étapes de celui-ci.
                        Par de nombreux textes poétiques, Attar expose donc aux lecteurs la doctrine soufi selon laquelle Dieu n'est pas extérieur ou
                        en dehors de l'univers, mais Il est plutôt la totalité de l'existence. L'oiseau est ici le symbole de celui qui est capable de quitter
                        la terre vers le ciel, puis d'y revenir. Même si cette révélation est apparemment proche dela notion occidentale du panthéisme,
                        l'idée de Dieu transcendant en est une idée intrinsèque à la plupart des interprétations du soufisme, qui remonte aux racines
                        de l'islam et peut être retrouvé à travers le Coran. Les soufis craignaient que l’on puisse assimiler leur pensée à toute idée de
                        fusion mystique entre l’homme et Dieu. L'oiseau revenant sur terre est le symbole de la trilogie Qaf-Tuba-Simorg.
                        Ce poème mystique a fait l'objet de plusieurs traductions françaises. En 2012 les éditions Diane de Selliers ont publié un
                        ouvrage illustré par des miniatures persanes par Michael Barry et traduit par Leili Anvar. Un nouveau titre a été proposé, Le
                        Cantique des oiseaux. C’est en partie ce texte qui a été en partie utilisé dans l’approche ici proposée de l’oeuvre de Farid Al-
                        Din Attar.
                        La Conférence (ou Cantique) des Oiseaux, c’est donc l'histoire d'une bande de trente mille oiseaux partant en pèlerinage,
                        sous la conduite d'une huppe fasciée, à la recherche du Simurgh, leur roi. Le récit est émaillé de nombreux contes,
                        d'anecdotes, de paroles de saints et de fous qui accompagnent la relation de l'aventure. Les oiseaux qui symbolisent les
                        hommes, doivent traverser sept vallées pour trouver le roi Simurgh. Ce sont les étapes par lesquelles les soufis peuvent
                        atteindre la vraie nature de Dieu. Les oiseaux decront traverser sept vallées pour trouver Simurgh, elles sont : Talab
                        (recherche, demande), Ishq (amour), Ma'refat (connaissance), Isteghnâ (détachement - se suffire à soi-même), Tawhid
                        (unicité de Dieu), Hayrat (stupéfaction), Faqr et Fana (pauvreté et anéantissement), Ce sont les étapes par lesquelles les soufis
                        peuvent atteindre la vraie nature de Dieu.
                        Qaf qui est la montagne, est douée de capacité de réaction à la détérioration par les hommes et de mouvements propres.
                        Tuba est le monde de l'humain avec la nécessité d’une prise de conscience de son environnement
                        Simorgh est l'oiseau royal par lequel la vie continue sur Terre, symbole des êtres aériens ailés, anges ou élévations, qui,
                        comme les oiseaux réalisent la vérité, ils doivent ensuite se rendre à la Station de Baqa (de subsistance) qui se situe au sommet
                        de la montagne Qaf.
                        A la fin de leur quête, ils découvrent leur moi profond (jeu de mots sur Simorgh signifiant également « trente oiseaux »).
                        Au début du récit, la Huppe invite tous les oiseaux à entreprendre un long voyage pour rechercher et rejoindre leur Roi,
                        Simorgh qui leur apportera joie et bonheur. Le texte relate longuement les hésitations et incertitudes des oiseaux, car les
                        oiseaux ont vite compris que le voyage sera difficile et ils hésitent à abandonner leur état confortable. Certains doutent et
                        d’autres ont vraiment peur. Un à un, les oiseaux critiquent ou refusent le projet de le voyage, chacun offrant une excuse qu'il
                        voudrait crédible.
                        Chaque oiseau symbolise un comportement ou une faute. La tête de file est la huppe, le rossignol symbolise l'amant. Le
                        perroquet est à la recherche de la fontaine de l'immortalité, et non pas de Dieu. Le paon symbolise les « âmes perdues » qui
                        ont fait alliance avec Satan.
                        Le Canard dit qu’il est heureux dans l’eau qui est source de tout. « Là où nous allons, dit la Huppe, l’eau coule à flots ».
                        Le Faucon prétend avoir déjà un maître. « Si tu aimes obéir, alors suis-moi ! ».
                        La Chouette préfère parcourir les ruines pour y trouver des trésors. ». « Viens donc avec nous explorer des lieux nouveaux ».
                        Le Rossignol dit qu’il vit pour l’amour et que sa rose et lui ne font qu’un. Comment pourrait-il la quitter ? « Méfie toi des
                        épines ! ».
                        Le Perroquet affirme qu’il se plait bien ici. Il s’y est en sécurité et reçoit de la nourriture tous les jours. « Te dit-on aussi que
                        penser ? ».
                        Le Paon se trouve déjà bien spécial, avec toutes ses couleurs. « Viens donc, et montre leur à tous qui tu prétends être ».
                        Au total, vingt deux chapitres exposent les objections de différents oiseaux. Enfin les oiseaux les plus audacieux se
                        rassemblent pour le vol Ils sont encore trente mille. Ils emplissent le ciel et prenant courage, ils s’envolent vers les sept vallées.

                        Les sept vallées
                        Les sept vallées à traverser pour trouver Simurgh sont les étapes par lesquelles les soufis peuvent atteindre la vraie nature de
                        Dieu.
                        1 / Talab, La vallée de la Quête (recherche, demande)
                        « Renoncez à vos obsessions, à votre pouvoir, à tout ce qui vous est cher ! ».
                        Les oiseaux y font halte pour la nuit et l’un exprima leur pensée. « J’essaie de trouver mon chemin, et je dois regarder
                        partout ».
                        « Lorsque ainsi tu te sens vide, il te faut ouvrir ton cœur et laisser le vent y souffler ! ».
                        2 / Ishq, La vallée de l’Amour
                        « Ici, le feu ardent est amour, et l’amour brûlant est feu ! Le bûcher de l’amour est frémissant et immuable. ».
                        Mais déjà, certains oiseaux s’éloignent dans la nuit. « J’ai peur de l’amour ! ».
                        « Sachez que l’amour peut vous soulever jusqu’au sommet du Monde ou vous précipiter en enfer. ».
                        « On a demandé à un vieux fossoyeur s’il est possible d’enterrer l’amour, et il a répondu qu’au fil des ans, il avait enterré
                        bien des cadavres mais n’avait jamais enterré es désirs. ».
                        3 / Ma'refat, La vallée de la mansuétude (ou de la connaissance)
                        « Ici chacun choisit sa propre voie, ses propres règles et ses propres écarts. Il n’y a ici ni commencement ni fin, mais
                        seulement un vol perpétuel »
                        Et les oiseaux réclament : « Où donc sommes nous ? Il n’est pas de mansuétude ni de connaissance dans cette vallée ».
                        « C’est qu’il faut être très vigilants. Nous suivons un chemin sans savoir si il est long et jusque où il va. Connaissez vous
                        l’histoire de l’oiseau qui perdit son chemin ? Ou celle de celui que personne ne vint chercher ? Ils se sont transformés en
                        pierres et ont fondu en larmes, et ces larmes étaient de petits cailloux. ».
                        4 / Isteghnâ, La vallée du détachement et de l’autosuffisance.
                        « Ici s’éteignent tous désirs et toutes curiosités. Si tous les cieux et toutes leurs étoiles explosaient en ces lieux, ce ne serait
                        ici qu’une feuille dans le vent. Le plus petit poisson est ici plus puissant que la baleine et personne n’en connaît la
                        raison. ».
                        Voici que l’oiseau savant dessina sur le sable toutes les constellations du ciel, puis le vent se leva et dispersa à l’instant
                        tous ses dessins dans le désert. Si solide parait le Monde qui n’est pourtant que sable au gré du vent ».
                        « Oiseaux, mes frères, n’espérez pas vous arréter ici ! ».
                        5 / Tawhid, La vallée de l’unicité de Dieu.
                        « Ici, tous sont liés au cou par une seule corde. Si vous croyez y voir une multitude, ils ne sont cependant que quelques
                        uns, et peut être aucun ».
                        Comme les oiseaux fatigués se posaient pour dormir, une chauve souris apparut : « Quelles nouvelles apportez vous du
                        Soleil, J’ai volé toute ma vie dans l’obscurité sans jamais le trouver. Croyez vous vraiment qu’il existe ? ».
                        Un petit oiseau se plaignait. « Je n’ai pas confiance en moi-même. Un jour, j’y crois, non pas le suivant. Un jour, je
                        désespère, et pas le lendemain. Je sui faible et fragile et ne trouve jamais ma place.
                        « Pourquoi ne dors tu pas ? Nous avons tous des moments de force et de faiblesse. Vole donc, petit oiseau, et lave et purifie
                        ton cœur ! ».
                        6 / Hayrat, La vallée de l’émerveillement et de la stupéfaction.

                        « C’est un lieu d’obsédante douleur et d’effarement constant. On n’ose pas regarder. On n’ose pas respirer. Des douleurs
                        vous transpercent comme des épées ».
                        Et lorsque les oiseaux arrivèrent à cette sixième vallée, elle disparut, es laissant confus, désemparés et inquiets. Ils
                        attendaient et réfléchissaient : « Nous avons volé trop loin, nous ne pourrons pas revenir en arrière ! ».
                        « Allons, oiseaux ! Revenir en arrière n’a pas de sens. Nous volons en cercle comme le phénix. Il vit plus de mille ans
                        devenant chaque jour plus sage, et quand vient l’heure de son départ, il se couvre de feuilles, déploie ses ailes et
                        s’enflamme. Alors, un nouveau phénix naît de ses cendres. Amis, allons de l’avant ! ».
                        7 / Faqr et Fana, La vallée de la mort, de la pauvreté et de l’anéantissement.
                        « En ce lieu, on ne voit rien et on ne sent rien, car il n’y a rien ici. Le cœur demeure immobile et silencieux, celant en son
                        sein d’insondables mystères ».


                        Beaucoup d’oiseaux abandonnent ou périssent pendant le vol. Aux quatre coins du monde, des millier d’oiseaux avaient
                        entrepris l’aventure, mais ne purent aller jusqu’au bout du chemin. Certains désespéraient ou se décourageaient. D’autres
                        s’effrayaient, et d’autres encore, malgré leur courage, succombèrent, s’affolèrent, ou moururent de faim ou de soif, de la
                        chaleur du soleil ou de la froideur de la nuit, ou simplement se perdirent dans l’immensité des océans. De féroces prédateurs
                        les avaient dévorés en route, affolés et terrorisés par les dangers du voyage. Seulement un sur mille arrive au terme, (Sur
                        trente mille, trente seulement ont survécu,). Les survivants atteignent enfin la sortie de la septième vallée. « Sommes-nous
                        vivants ou morts ? Où donc trouverons- nous le roi ? Nous avons traversé toutes ces vallées et fait tout ce chemin pour lui !
                        Nous voulons le voir à présent ! ». « Des vallées ! N’étaient-elles qu’un rêve, une illusion ? Chers amis, en vérité, nous
                        n’avons rien traversé ! Mais ne sommes ici qu’au commencement du véritable voyage ! ».

                        Et voici qu’apparaît enfin la Montagne de Kaf. Ne restent que les trente compagnons qui s’efforcent encore et toujours de
                        voler en criant : « Montagne de Kaf ! Nous cherchons Simorgh, notre Roi ! ». « Rentrez chez vous ! Oiseaux, car vous n’êtes
                        que cendre et poussière ! ». « Pitié ! ». « Pardonnez- moi ! J’ai fait erreur ! Êtes-vous encore là ? Venez ! ». - Et la Montagne
                        de Kaf s’ouvre, comme un rideau, pour que puissent entrer les trente survivants. Unis dans leur quête, ils voulaient rejoindre
                        le Roi Simorgh.


                        Mais les oiseaux sont seuls dans la salle royale.
                        Ils découvrent alors qu’ils sont eux-mêmes le Roi.
                        En vérité, et tout à la fois,
                        Chacun d’eux pris en particulier est le Roi Simorgh
                        Mais ils le sont aussi tous ensemble.

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                        • #13
                          Omar Khayam avait écrit: « Ma tombe sera dans un lieu où le vent du Nord pourra l'ensevelir sous les roses effeuillées. »
                          A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
                          Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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                          • #14
                            « Ma tombe sera dans un lieu où le vent du Nord pourra l'ensevelir sous les roses effeuillées. »
                            La conviction de Omar Khayam que ce bas monde est futile et éphémère , le vent du nord est un vent froid et sec , sans chaleur et représente dans ce vers le dénuement affectif envers ce monde et tout ce qu'il comporte, et les roses effeuillées , dépourvues de leurs beauté , indiquent que la beauté du monde est illusoire et trompeuse , le vers nous dit que tout dans ce monde finira en laideur et n'aura plus aucune valeur .

                            ( selon mon interprétation )
                            Dernière modification par wahrani, 14 septembre 2020, 17h12.

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                            • #15
                              le vers nous dit que tout dans ce monde finira en laideur et n'aura plus aucune valeur .
                              Cher Wahrani,
                              Vous avez vu juste, mais le vers nous impose également en contrepartie la nostalgie profonde du divin. Ici Omar Khayam se définit par son évasion de ce monde. Parler un langage aussi ésotérique que peu savent déchiffrer nous montre le potentiel qu’avait son esprit, d’échapper aux liens de la vie terrestre et d’accéder à une réalité spirituelle plus élevée.
                              A chaque instant la vérité nous interpelle, y sommes nous attentifs.
                              Rien n'est de moi, Je vous irrigue des écrits et de la connaissance des grands.

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