Mohand Cherif Sahli est né le 06 octobre 1906 à Tasga (Commune Souk ou Fella, Daïra de Chemini, Wilaya de Béjaia, Douar des Ath Waghlis). Il fait l’école de Sidi Aich, l’Ecole Normale de Bouzareah, puis le Lycée Bugeaud (actuel Lycée Emir Abdelkader)
En 1932, il obtient son diplôme de philosophie à la prestigieuse université de la Sorbonne (Paris). Candidat à l’agrégation de philosophie, il écrit un opuscule intitulé « Théorie de la raison et de l’expérience dans la philosophie d’Emile Boutroux ». En préface, M. C. Sahli cite Leibnitz : « je voudrais bien savoir comment nous pourrions avoir l’idée de l’être si nous n’étions des êtres nous-mêmes et ne trouvions ainsi l’idée de l’être en nous ? ». Passionné de philosophie, M.C. Sahli devait faire paraitre en 1949 son essai philosophique sur «la théorie de la connaissance dans la philosophie » d’Emile Boutroux – non publié.
Très tôt, M.C. Sahli est sympathisant de l’Etoile Nord Africaine car au fait de la question algérienne. En 1933-1957, il enseigne la philosophie dans différents lycées français (Collège de Chinon à Poitiers, Lycée Descartes à Tours, Collège Colbert à Paris,…). En septembre 1939, en vertu du décret du gouvernement Daladier, il est rayé des cadres (c’est-à-dire, « tous les fonctionnaires figurant au Carnet B »). En été 1940, se trouvant en Algérie et recherché à Paris, il prend un poste d’instituteur à l’école de Toudja (W . de Bejaia). Après un long procès contre l’Etat Français, il réintègre l’enseignement (Lycée de Cambrai, Lycée de Meaux, …).
Proche du milieu estudiantin, il est élu en 1935-1936 Président des AEMAF (Association des étudiants musulmans algériens en France). Le bureau était composé de Hadj Said, Bouanami Allouache, Bouslama et Klouche). Il réalise l’unité d’action avec l’AEMAN (Association des étudiants musulmans d’Afrique du Nord) et permet ainsi grâce à cette fusion de « supprimer un foyer de particularisme et surtout un terrain de manœuvre pour l’administration coloniale qui à l’époque alléchait les faibles avec des espoirs de bourses, voyages gratuits etc.… ».Cette victoire de l’Union aura une profonde et lointaine résonnance politique.
Dès 1932, il collabore au journal « El Ouma », organe de l’Etoile Nord-africaine, « porte-drapeau de toutes les forces vives des musulmans nord africains ». Ce journal a commencé à paraître à Paris dès 1930. M.C. Sahli fait partie du comité directeur de l’ENA, puis des responsables de sections du parti du PPA en France à partir de 1937.
En Avril 1939, il fonde à Paris la revue « Ifrikia » où il écrit l’article intitulé : «le Moussabel Tarik ». Première revue de langue française et d’inspiration nationaliste, cette publication eu un grand écho au niveau de nos compatriotes et surtout de nos étudiants. Dans Paris occupée, M.C. Sahli édite un bulletin clandestin, antinazi et anti pétainiste intitulé « El Hayat ».La revue « Ifrikia », bien qu’ayant cessé de paraitre pendant la guerre ne reçut pas l’autorisation de réapparaitre au lendemain de la victoire alliée sous le
prétexte avancé par le Quai d’Orsay : « tendance défavorable à la France ». A la fin des années quarante, il collabore avec plusieurs journaux de l’époque : Journal La réforme (articles « islam au cent visages » et « Le vrai visage de l’Islam »), Journal L’étoile algérienne (journal du MTLD lancé par A. Filali . article : « l’illusion reformiste » ). Dès la création du « Jeune musulman », journal de l’Association des Ulémas d’Algérie, M.C. Sahli publie plusieurs articles : « Histoire d’un enseignement colonialiste » (octobre 1952),
« L’éclaireur Mohamed ibn Toumert » (novembre 1952)... De nombreux intellectuels des Ath Waghlis ont joué un rôle important dans l'animation du mouvement national tel Saïl Mohand Ameziane (1894 – 1953), anarchiste algérien qui a été l'un des pionniers de la lutte anti-coloniale. Né à Taourirt – Ath Waghlis. En 1923, il fonde le "comité de défense des indigènes algériens". En 1929, il est secrétaire du nouveau comité "de défense des Algériens contre la provocation du centenaire" (de la colonisation). Par la suite, Saïl adhère à la CGT-SR dans laquelle il créé la section des indigènes algériens. En janvier 1932, il devient le gérant de "L'éveil social, le journal du Peuple". Après le soulèvement franquiste et le début de la révolution espagnole. Saïl est l'un des premiers volontaires étrangers à rejoindre le groupe international de la colonne Durruti. Dès la libération, Saïl reconstitue le groupe d'Aulnay – sous – bois. Il essaye de réformer les comités d'anarchistes algériens.
Pour M.C Sahli, à cette époque, « une œuvre signée
d’un algérien ne peut nous intéresser que d’un seul point de vue :
quelle cause sert-elle ? Quelle est sa position dans la lutte qui oppose
le mouvement national au colonialisme ?». Comment peut-on
admirer s’interroge M.C Sahli « cette obstination à vouloir faire des
Kabyles des traitres à la cause algérienne, alors que les faits les
montrent toujours à l’avant-garde du mouvement national ».
En 1955- 1956, M.C. Sahli est membre de la Commission de Presse et Propagande de la Fédération de France. Il travaille avec Salah Louanchi, et s’attèle à l’intensification du recrutement des militants parmi les étudiants algériens. Il collabore dans les journaux «La résistance », « El Moudjahid » et surtout «L’Algérie d’abord » que dirigeait Amar Ouzzegane à Alger. Dans ce journal, il publie le 02 août 1955, une étude sur l’histoire de l’Algérie qui, d’après Amar Ouzzegane, «a été particulièrement apprécié dans le milieu étudiant proche des Ulémas ».En mai 1955, dans la revue « Les temps modernes » que dirigeait Jean Paul Sartre, M .C Sahli rédige un article au titre catégorique «L’Algérie n’est pas la France » et «Colonialisme et racisme en Algérie » en collaboration avec Jean Cohen.
En janvier 1957, M.C Sahli est membre du secrétariat permanent de la Fédération de France avec Harbi et Reda Malek. Ce secrétariat était sous l’égide du comité fédéral ou siégeait Salah Louanchi, Ahmed Boumendjel. Il semble que la fameuse «Lettre du FLN aux socialistes » soit de sa plume. Ce comité entreprit de mobiliser la population algérienne pour la grève des 8 jours décidée en février 1957.
En mai 1957, il collabore avec le journal «L’étudiant » ou il écrit entre autre « la sainte alliance des colonialistes ». A la fin de 1957, il publie une étude sur la question algérienne qui sera présentée
devant l’ONU : « le problème algérien devant l’ONU ».Dans cette étude, il remet en question avec pédagogie et preuve irréfutable à l’appui le manque de sérieux de la tactique de Jacques Soustelle qui dit que « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes appartient aussi aux européens d’Algérie » (voir journal Carrefour du 09 /01/1957). M.C. Sahli met en garde quant à un partage de l’Algérie qui serait une source permanente de conflits, une catastrophe pour l’Algérie et une menace pour la paix dans la Méditerranée occidentale. Il souligne « l’urgence et la nécessité d’un règlement politique d’ensemble négocié sur la base d’une conciliation des intérêts français et des aspirations fondamentales du peuple algérien à la liberté ».
MC Sahli écrivain
En octobre 1945, M.C. Sahli fit la connaissance de Mostefa Lacheraf avec lequel s’établit une longue amitié basée sur l’engagement politique et l’amour qu’ils ont pour l’Histoire de l’Algérie. En 1947, au lendemain des événements du 08 mai 1945, préoccupé par la question nationale, toujours en France, il publie son premier livre« le message de Youghourta ».Lors de sa retraite à Alger , il disait souvent : « qu’à travers l’histoire de notre vieux pays, chaque fois que le malheur a voulu nous marquer de son sceau, nous
avons toujours imprimé à notre destin, le chemin de la résistance et celui de l’honneur .
Au lendemain de l’indépendance, Sahli publia son maître -ouvrage : « Décoloniser l’histoire ». Au terme d’une mûre réflexion, il avait compris que la domination coloniale, en introduisant une nouvelle dialectique sociale et culturelle, avait donné naissance à une « «école historique » qui a voulu imposer l’idée que le Maghreb n’avait jamais connue d’unité politique et qu’il fallait remonter à la domination romaine pour découvrir le faste que la France prétendait ressusciter. Même les historiens les plus honnêtes, les plus ouverts n’ont pu échapper à cette vision coloniale à cette filiation de « l’Algérie française » avec la « pax romana ».
L’ouvrage de Sahli n’est pas tant une réfutation de cette vision coloniale qu’un appel aux futurs historiens algériens pour prendre en charge l’histoire de leur pays sur des bases scientifiques objectives.
En 1932, il obtient son diplôme de philosophie à la prestigieuse université de la Sorbonne (Paris). Candidat à l’agrégation de philosophie, il écrit un opuscule intitulé « Théorie de la raison et de l’expérience dans la philosophie d’Emile Boutroux ». En préface, M. C. Sahli cite Leibnitz : « je voudrais bien savoir comment nous pourrions avoir l’idée de l’être si nous n’étions des êtres nous-mêmes et ne trouvions ainsi l’idée de l’être en nous ? ». Passionné de philosophie, M.C. Sahli devait faire paraitre en 1949 son essai philosophique sur «la théorie de la connaissance dans la philosophie » d’Emile Boutroux – non publié.
Très tôt, M.C. Sahli est sympathisant de l’Etoile Nord Africaine car au fait de la question algérienne. En 1933-1957, il enseigne la philosophie dans différents lycées français (Collège de Chinon à Poitiers, Lycée Descartes à Tours, Collège Colbert à Paris,…). En septembre 1939, en vertu du décret du gouvernement Daladier, il est rayé des cadres (c’est-à-dire, « tous les fonctionnaires figurant au Carnet B »). En été 1940, se trouvant en Algérie et recherché à Paris, il prend un poste d’instituteur à l’école de Toudja (W . de Bejaia). Après un long procès contre l’Etat Français, il réintègre l’enseignement (Lycée de Cambrai, Lycée de Meaux, …).
Proche du milieu estudiantin, il est élu en 1935-1936 Président des AEMAF (Association des étudiants musulmans algériens en France). Le bureau était composé de Hadj Said, Bouanami Allouache, Bouslama et Klouche). Il réalise l’unité d’action avec l’AEMAN (Association des étudiants musulmans d’Afrique du Nord) et permet ainsi grâce à cette fusion de « supprimer un foyer de particularisme et surtout un terrain de manœuvre pour l’administration coloniale qui à l’époque alléchait les faibles avec des espoirs de bourses, voyages gratuits etc.… ».Cette victoire de l’Union aura une profonde et lointaine résonnance politique.
Dès 1932, il collabore au journal « El Ouma », organe de l’Etoile Nord-africaine, « porte-drapeau de toutes les forces vives des musulmans nord africains ». Ce journal a commencé à paraître à Paris dès 1930. M.C. Sahli fait partie du comité directeur de l’ENA, puis des responsables de sections du parti du PPA en France à partir de 1937.
En Avril 1939, il fonde à Paris la revue « Ifrikia » où il écrit l’article intitulé : «le Moussabel Tarik ». Première revue de langue française et d’inspiration nationaliste, cette publication eu un grand écho au niveau de nos compatriotes et surtout de nos étudiants. Dans Paris occupée, M.C. Sahli édite un bulletin clandestin, antinazi et anti pétainiste intitulé « El Hayat ».La revue « Ifrikia », bien qu’ayant cessé de paraitre pendant la guerre ne reçut pas l’autorisation de réapparaitre au lendemain de la victoire alliée sous le
prétexte avancé par le Quai d’Orsay : « tendance défavorable à la France ». A la fin des années quarante, il collabore avec plusieurs journaux de l’époque : Journal La réforme (articles « islam au cent visages » et « Le vrai visage de l’Islam »), Journal L’étoile algérienne (journal du MTLD lancé par A. Filali . article : « l’illusion reformiste » ). Dès la création du « Jeune musulman », journal de l’Association des Ulémas d’Algérie, M.C. Sahli publie plusieurs articles : « Histoire d’un enseignement colonialiste » (octobre 1952),
« L’éclaireur Mohamed ibn Toumert » (novembre 1952)... De nombreux intellectuels des Ath Waghlis ont joué un rôle important dans l'animation du mouvement national tel Saïl Mohand Ameziane (1894 – 1953), anarchiste algérien qui a été l'un des pionniers de la lutte anti-coloniale. Né à Taourirt – Ath Waghlis. En 1923, il fonde le "comité de défense des indigènes algériens". En 1929, il est secrétaire du nouveau comité "de défense des Algériens contre la provocation du centenaire" (de la colonisation). Par la suite, Saïl adhère à la CGT-SR dans laquelle il créé la section des indigènes algériens. En janvier 1932, il devient le gérant de "L'éveil social, le journal du Peuple". Après le soulèvement franquiste et le début de la révolution espagnole. Saïl est l'un des premiers volontaires étrangers à rejoindre le groupe international de la colonne Durruti. Dès la libération, Saïl reconstitue le groupe d'Aulnay – sous – bois. Il essaye de réformer les comités d'anarchistes algériens.
Pour M.C Sahli, à cette époque, « une œuvre signée
d’un algérien ne peut nous intéresser que d’un seul point de vue :
quelle cause sert-elle ? Quelle est sa position dans la lutte qui oppose
le mouvement national au colonialisme ?». Comment peut-on
admirer s’interroge M.C Sahli « cette obstination à vouloir faire des
Kabyles des traitres à la cause algérienne, alors que les faits les
montrent toujours à l’avant-garde du mouvement national ».
En 1955- 1956, M.C. Sahli est membre de la Commission de Presse et Propagande de la Fédération de France. Il travaille avec Salah Louanchi, et s’attèle à l’intensification du recrutement des militants parmi les étudiants algériens. Il collabore dans les journaux «La résistance », « El Moudjahid » et surtout «L’Algérie d’abord » que dirigeait Amar Ouzzegane à Alger. Dans ce journal, il publie le 02 août 1955, une étude sur l’histoire de l’Algérie qui, d’après Amar Ouzzegane, «a été particulièrement apprécié dans le milieu étudiant proche des Ulémas ».En mai 1955, dans la revue « Les temps modernes » que dirigeait Jean Paul Sartre, M .C Sahli rédige un article au titre catégorique «L’Algérie n’est pas la France » et «Colonialisme et racisme en Algérie » en collaboration avec Jean Cohen.
En janvier 1957, M.C Sahli est membre du secrétariat permanent de la Fédération de France avec Harbi et Reda Malek. Ce secrétariat était sous l’égide du comité fédéral ou siégeait Salah Louanchi, Ahmed Boumendjel. Il semble que la fameuse «Lettre du FLN aux socialistes » soit de sa plume. Ce comité entreprit de mobiliser la population algérienne pour la grève des 8 jours décidée en février 1957.
En mai 1957, il collabore avec le journal «L’étudiant » ou il écrit entre autre « la sainte alliance des colonialistes ». A la fin de 1957, il publie une étude sur la question algérienne qui sera présentée
devant l’ONU : « le problème algérien devant l’ONU ».Dans cette étude, il remet en question avec pédagogie et preuve irréfutable à l’appui le manque de sérieux de la tactique de Jacques Soustelle qui dit que « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes appartient aussi aux européens d’Algérie » (voir journal Carrefour du 09 /01/1957). M.C. Sahli met en garde quant à un partage de l’Algérie qui serait une source permanente de conflits, une catastrophe pour l’Algérie et une menace pour la paix dans la Méditerranée occidentale. Il souligne « l’urgence et la nécessité d’un règlement politique d’ensemble négocié sur la base d’une conciliation des intérêts français et des aspirations fondamentales du peuple algérien à la liberté ».
MC Sahli écrivain
En octobre 1945, M.C. Sahli fit la connaissance de Mostefa Lacheraf avec lequel s’établit une longue amitié basée sur l’engagement politique et l’amour qu’ils ont pour l’Histoire de l’Algérie. En 1947, au lendemain des événements du 08 mai 1945, préoccupé par la question nationale, toujours en France, il publie son premier livre« le message de Youghourta ».Lors de sa retraite à Alger , il disait souvent : « qu’à travers l’histoire de notre vieux pays, chaque fois que le malheur a voulu nous marquer de son sceau, nous
avons toujours imprimé à notre destin, le chemin de la résistance et celui de l’honneur .
Au lendemain de l’indépendance, Sahli publia son maître -ouvrage : « Décoloniser l’histoire ». Au terme d’une mûre réflexion, il avait compris que la domination coloniale, en introduisant une nouvelle dialectique sociale et culturelle, avait donné naissance à une « «école historique » qui a voulu imposer l’idée que le Maghreb n’avait jamais connue d’unité politique et qu’il fallait remonter à la domination romaine pour découvrir le faste que la France prétendait ressusciter. Même les historiens les plus honnêtes, les plus ouverts n’ont pu échapper à cette vision coloniale à cette filiation de « l’Algérie française » avec la « pax romana ».
L’ouvrage de Sahli n’est pas tant une réfutation de cette vision coloniale qu’un appel aux futurs historiens algériens pour prendre en charge l’histoire de leur pays sur des bases scientifiques objectives.
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