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Youcef Merahi à bâton rompus avec Yasmina Khadra

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  • Youcef Merahi à bâton rompus avec Yasmina Khadra

    Après Anouar Benmalek, les éditions Sédia ont publié, le mois dernier, un nouveau recueil d’entretiens dans sa collection A Bâtons rompus. Cette fois, le poète Youcef Merahi essaye de sonder un autre écrivain au talent planétaire.

    Yasmina Khadra se plie aux questions de l’interviewer et nous livre ses préoccupations, ses certitudes, tout en libérant l’homme qui est en lui. Parfois gauche, certes, mais singulièrement généreux.

    Décliné sur plusieurs chapitres, ce petit livre de 90 pages se lit d’une traite car il nous emmène en voyage au coeur de Monsieur Khadra. Ce dernier évoque son oeuvre, bien sûr, non sans parler de sa vie qu’il refuse de comparer à un destin, juste un coup de chance. Yasmina Khadra évoque ses tout débuts mais aussi sa vie d’enfant dans l’armée, sevré trop tôt de ses parents. Forcement, il sera un enfant pas comme les autres, lui qui commencera à dévorer les livres comme pour survivre à un destin qui ne devait pas être le sien. Artiste dans l’âme, peut-être, que faisait -il dans un univers peuplé d’armes? Evidemment, le petit Moulessehoul était perçu comme un paria, un marginal, voire un extraterrestre. «J’ai su me créer un monde parallèle».

    Aussi, Yasmina Khadra revient avec tendresse à parler sur ces épisodes de son parcours jonché de douleurs mais aussi de rencontres fantasques, comme celle qui le conduira à écrire La rose de Blida...De tous ses livres, c’est Cousine K qui trouve grâce à ses yeux car il confie: «J’ignore si c’est une grande oeuvre, mais elle m’a grandi. Pour moi, Cousine K est une bretelle décisive sur mon parcours de romancier. Ce livre, je le perçois comme une cure de désintoxication, une thérapie rédemptrice, une délivrance jubilatoire. C’est le texte des peines perdues. Il constitue ma source de fierté. Il m’arrive souvent de le relire, avec la même ferveur, la même curiosité. Quelque part, je retrouve intactes mes déchirures, mes incomplétudes et je mesure combien j’ai combattu pour ne pas ressembler à mon personnage. Si Dieu me prêtait vie, j’aimerais avoir, sur mon lit de vieillard finissant, Cousine K comme livre de chevet.» Au fil des pages se brosse le portrait de Khadra, avec ses goûts littéraires et sa démarche d’écriture, partant de la langue arabe.
    Yasmina décrit sa méthode de travail, évoque l’essence de ses personnages et jette un regard inquiet sur le problème linguistique en Algérie.

    Yasmina Khadra parle aussi de son emprunt à la langue française qu’il aime tant, celle-là qui lui permet de rendre compte d’«une sensibilité d’Algérien». Il souligne la part de solution au Proche-Orient: La prise de conscience qu’il exhorte dans ses romans ne justifie nullement la violence des uns et des autres.

    D’aucuns seraient aussi surpris, voire déçus de constater que Khadra est finalement un homme ordinaire, qui écrit parfois jusqu’à 16 heures d’affilé au grand dam de son épouse et couche ses pages sur son bureau, via un ordinateur, qui lui disputent souvent ses filles! Pas de luxe ni de chichi, Yasmina Khadra porte en lui cette humilité des gens des déserts, lui, l’enfant de Kenadsa, de la tribu de Doui Menîa...Assurément, Yasmina Khadra a quelque chose de blessé dans le regard mais du courage quand même qu’il extirpe de la vie et ses «hasards» qu’il affectionne, pour marcher en avant sur ses pages de fiction et réinventer son enfance.

    Loup des steppes est ce garçon solitaire, impulsif, qui se veut amarré au monde par un excès d’amour et de tendresse qu’il porte sur les gens. Cela se traduit souvent par une susceptibilité à fleur de peau qui l’accompagne dans ses bagages jusqu’à ces mots qu’il «accouche» du tac au tac sur ses pages ou lors de ses interviews, flairant le souffle vagabond d’une profonde «lumière» dont seul l’ écrivain possède les clés pour nous éblouir. Yasmina Khadra revient ainsi sur cette incompréhension dont il a fait souvent l’objet et la déception qui en a découlé, particulièrement des siens.

    Lire cet entretien, finalement, c’est débusquer l’homme et les conditions qui l’ont mené à devenir Yasmina Khadra.

    Une belle rencontre qui en dit long sur l’humaniste Moulesshoul, qui, découvrant son «double» en le Petit Poucet, saura prendre le temps qu’il faut pour devenir grand et asseoir une renommée mondiale aujourd’hui indiscutable. 390DA est le prix pour découvrir cet auteur aux allures indomptables et graves.

    Par L'Expression

  • #2
    Je recommande ce petit livre oû Yasmina KHADRA se livre sans pudeur, certains lui repprocheront son bavardage mais pour ma part j'accroche à cet entretien intimiste en support écrit!

    Je vous mets un extrait les loulous...

    Extrait page 68:

    Youcef Mehari: Que représente pour vous l'écriture?

    Y.K: Elle est l'extension du domaine de la vie. La vie en elle-même ne suffit pas, nous avons besoin de lui créer une fiction pour élargir son audience, apprivoiser les rêves qui nous échappent. La littérature, c'est le regard, peut-être le plus sincère, qu'on est capable de porter sur soi-même. J'ai dit quelque part que la fiction est la thérapie de la réalité: elle nous aide à mieux interpeller cette réalité, à la domestiquer, à la remodeler, à la réinventer en la purgeant de sa banalité. Le livre - "ce jumeau sombre" de l'homme, disait Faulkner (je préfèrerais "jumeau éclairé") - n'est pas forcément un faux frère ou un frère ennemi. Il est notre "jumeau" parcequ'il nous renvoie à notre propre image, tel un miroir. Il nous appartient d'en faire usage que nous voulons. Pour ma part, je dirais que le livre est le seul courage de l'homme, car il ne se rétracte jamais, scellé noir sur blanc. Il est le seul endroit où la pudeur reconnait sa fausseté, et où l'impudence se découvre des vertus. Ecrire, c'est vomir ses tripes, se libérer de son corps, rejoindre ses vieux démons dans un exercice salvateur. Après le vide, toutes les virgintés sont possibles, toutes les conquètes permises.
    Le capitalisme a survécu au communisme. Il ne lui reste plus qu'à se dévorer lui-même. Charles Bukowski.

    Investir dans l'agriculture et acheter des machines pour les felahs. Imran (18/10/07)

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